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Apr. J. C. qu'ils infultaffent les habitans. Enfuite il quitta cette ville L'an 1400. où il laiffa Faroudge (a) pour la gouverner; il emmena avec Ahmed. lui fes femmes, fes enfans, enleva tous fes tréfors, & for

tit avec Cara-youfouf; ils pafferent ensemble l'Euphrate & se retirerent vers Alep. Timour-tafch (b) qui y comman doit pour le Sulthan d'Egypte, vint au-devant d'eux pour leur fermer le paffage, mais il fut vaincu (c), & tout le pays de Tell-bafcher & d'Ain-tab fut expofé au pillage jufScherfeddin qu'à ce que ces deux Princes fe retirerent dans l'Afie miTarikh Be- neure & allerent fe joindre à Bajazeth, Empereur des Turcs Ottomans, qui régnoit à Bruffe.

dreddin.

L'an 1401.

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La ville de Bagdad n'avoit pas encore été attaquée dans Scherfeddin cette nouvelle irruption. Aussi-tôt que Tamerlan fut maître des places voifines, il y fit marcher une armée (d) qui campa au Nord de cette ville. Le Gouverneur foutenu par une multitude de Turcs & d'Arabes, ofa rifquer une bataille. Il fut joint par Aly-calender de la ville de Mendely, par Dgian-ahmed de Bakou, & par d'autres; mais Mirza Rouftem & l'Emir Soliman fchah, s'étant mis promptement à la tête des troupes de Tamerlan, repoufferent celles d'Ahmed vers le Tigre, & diffiperent toute cette armée. Faroudge, malgré cet échec, refusa de livrer la ville, & exhorta les habitans à fe défendre; » Le Sulthan Ahmed mon Maître, leur dit-il, m'a fait promettre par ferment, de ne rendre Bagdad qu'à Tamerlan lui-même, & de la défendre jufqu'à la derniere extrémité, tant qu'elle ne fera affiégée que par fes Généraux ». Chacun fe pofta fur les murailles, & lui-même leur donna l'exemple. Cependant Tamerlan s'approchoit en perfonne de cette grande ville; il campa à la porte d'Akab, l'affiégea en forme, & établit les Sappeurs au pied des murailles. Faroudge ayant envoyé un homme de confiance pour fçavoir fi Tamerlan y étoit lui-même, fon Envoyé fut bien reçu dans le camp de ce Prince; mais Faroudge ne permit pas que la nouvelle qu'il rappor ta fe répandît dans la ville, & continua toujours de fe

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.

(a) Mogol de la Horde de Dgelaïr.
(6) Le Tarikh Bedreddin le nomme
Demirdafch

L'an 802, dans le mois Schoual
L'an 803 de l'Hegire.

défendre

L'an 1401

défendre avec tant de vigueur, que Tamerlan fut obligé de faire venir le refte de fon armée; Bagdad fut alors investie Apr. J. C. de tous côtés, & le paffage du fleuve fut gardé par d'habiles Ahmed. Archers qui étoient poftés fur un pont de batteau. Les habitans ne perdirent pas encore courage à la vûe d'un si grand nombre de troupes; auffi-tôt que les Tartares avoient fait une breche elle étoit réparée; mais ils étoient fort incommodés par les grandes chaleurs, & par les groffes pierres que Tamerlan faifoit lancer. Plufieurs fois fes Officiers fe jetterent à fes pieds pour lui demander la permission de monter à l'affaut ; ce Prince s'y oppofa toujours, dans l'efpérance que les Affiégés fongeroient à capituler; mais ils étoient résolus, malgré la famine & l'extrême chaleur, de se défendre. Après quarante jours de fiége, les habitans s'étant retirés dans leurs maisons vers l'heure de midi, pour se mettre à couvert de la grande ardeur du foleil, Tamerlan faifit ce moment, & fit appliquer les échelles. L'Emir ScheikhNoureddin monta le premier, & arbora fur les murailles le baton à queue de cheval couronné d'un croiffant. Tous les autres le fuivirent, bientôt les troupes y pénétrerent l'épée à la main, & cette grande ville fut prife (a). Les habitans, pour éviter la mort, fe fauverent de tous côtés, & furent taillés en pieces. Le Gouverneur avec fa fille eut le bon heur de s'échapper à la faveur du courant; mais les Tartares l'ayant atteint il se jetta dans l'eau avec fa fille, & s'épargna par-là les indignes traitemens qu'on lui préparoit. Le barbare Tamerlan ayant ordonné à chaque foldat d'apporter une tête des habitans de Bagdad, on n'épargna dans cette occafion ni les vieillards de quatre-vingts ans, ni les enfans à la mammelle. On ne put jamais compter le nombre de ces malheureuses victimes, dont les têtes fervirent à faire des trophées qui étoient des efpeces de pyramides; il y en eut cent vingt de cette efpece. C'étoit, dit un Hiftorien Perfan vil adulateur de ce barbare; pour fervir d'exemple à la postés rité, & afin que les hommes ne miffent pas le pied plus haut leur portée. Toutes les maifons furent rafées; on n'épar

que

(a) Le 27 de Dzoulcaada de l'an 803.

Tom. III.

Pp

Apr. J. C. gna que les Colléges, les Mofquées & les Hôpitaux. Le L'an 1401, refte fut renverfé, on ne fit grace qu'à quelques Sçavans, Ahmed. qui allerent fe jetter aux pieds du barbare. Après tant de

cruautés, Tamerlan alla vifiter le tombeau du célèbre Imam Abouhanifa, & fit des prieres à ce faint perfonnage. Ses fils & fes Généraux ravagerent tous les pays voisins jufqu'à

Hella & Vaseth.

Ahmed n'eut pas plutôt été informé du départ de Tamerlan, qu'il fe fépara de Bajazeth aux environs de Céfarée de Cappadoce, & revint dans l'Eraque Arabique paffa par Calaat-erroum, fe rendit à Hitha, & de-là à Bagdad qu'il fit réparer, & où il raffembla tous fes Sujets qui étoient difperfés dans les déferts. Tamerlan envoya auffi-tôt fon petit-fils Mirza Aboubekr à la tête d'une nouvelle armée. Ahmed fut fi furpris, qu'il fe jetta en chemise dans un batteau avec fon fils Taher & quelques Officiers, paffa le Tigre, & se fauva vers Hella. Dgihan fchah le poursuivit jufques dans cette ville; mais Ahmed qui avoit eu la précaution de rompre le pont, fe fauva par l'Euphrate dans les Illes de Khaled & de Melek; d'autres troupes allerent piller Mendely. Aly-calender, avec celles qu'il put ramaffer de l'autre côté du Tigre, ayant voulu faire quelque résistance, fut battu. C'eft ainfi qu'Ahmed fut obligé d'abandonner de nouveau fa capitale. Dans la fuite Taher de concert avec l'Emir Firouz, & plufieurs autres qui n'aimoient pas le Sulthan fe révolta; Ahmed fut obligé d'appeller à son secours Cara-youfouf, Prince des Turkomans, ils livrerent ensemble une bataille aux rebelles qui furent vaincus; Taher périt dans le fleuve en voulant fe fauver. Alors Ahmed fe brouilla avec fon Libérateur, & fe retira à Bagdad. Carayoufouf fortit auffi-tôt d'Hella, & alla prendre Bagdad, où Ahmed fut obligé de fe cacher. Un homme appellé CaraHaffan le fauva pendant la nuit, en le portant für fes épaules l'efpace de cinq lieues. Ayant trouvé alors un autre homme qui avoit un boeuf, Ahmed monta deffus, & se retira à Tekrit avec Cara-haffan. Il y fut joint par plufieurs Emirs & paffa de-là à Damas dans les Etats du Sulthan d'Egypte. Cara-youfouf également chaffé dans la fuite de Bagdad

,

que Mirza Aboubekr petit-fils de Tamerlan étoit venu rebâtir, fe retira en Syrie.

Apr. J. C
Ahmed.

Le Sulthan d'Egypte, maître alors de la Syrie, & qui ne vouloit point attirer dans fes Etats les armées nombreufes de Tamerlan, informa ce Conquérant de l'arrivée de ces deux Princes. Tamerlan demanda qu'on lui envoyât. Ahmed, & que l'on retînt prifonnier Cara-youfouf. Le Sulthan d'Egypte qui ne voulut point violer les droits de l'hofpitalité, fe contenta de garder à vûe les deux Princes, & refufa de livrer le premier entre les mains de fon ennemi. Ahmed & Cara-youfouf refterent dans cet état jufqu'à la mort de Tamerlan (a). Pendant cette efpece de captivité, L'an 1404 ils formerent une ligue étroite entre eux, s'engageant par ferment de demeurer inviolablement attachés au Sulthan d'Egypte, & de fe fecourir réciproquement auffi-tôt qu'ils auroient recouvré leur liberté. Ils l'obtinrent après la mort de Tamerlan, mais Cara-youfouf n'eut pas plutôt quitté les Etats du Sulthan, qu'il fe mit à la tête de fes Turkomans, & fe rendit maître en peu de tems d'une partie de l'Eraque Arabique & de la Méfopotamie. Le Sulthan fe plaignit de cette irruption à Ahmed, en faveur de qui elle paroiffoit être faite; mais n'ayant pû recevoir aucune fatisfaction, il ceffa de protéger ce Prince. Ahmed, ainsi abandonné, eut recours à la rufe; il prit un habit de pauvre, & entra fécretement dans Bagdad, où il ne tarda pas à exciter une fédition; il fe fit alors connoître, les habitans en chafferent le Gouverneur qui y commandoit de la part d'Omar Mirza, à qui Tamerlan l'avoit donnée, & le proclamerent Sulthan. Enfuite Ahmed (b) alla s'emparer de Tauriz, pendant que L'an 1405a Mirza Aboubekr étoit occupé au fiége d'Ifpahan. Mais il ne fe vit pas plutôt rétabli dans fes Etats, qu'il fe livra entierement aux plaifirs. L'Emir Ibrahim, un des Officiers de Mirza-aboubekr, le chaffa de Tauriz, & l'obligea de fe retirer avec précipitation à Bagdad. A la faveur des troubles qui régnoient parmi les enfans de Tamerlan, Cara-youfouf s'empara de l'Adherbidgiane. Comme ce pays avoit été an,

(a) L'an 807 de l'Hegire.

(6) L'an 808 de l'Hegire.

!

Apr. J. C. · Ahmed.

L'an 1410.

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ciennement de la dépendance du Royaume d'Ahmed, n'en fallut pas davantage pour exciter la jalousie d'Ahmed, qui vit à regret cette belle Province occupée par le Turkoman. Il réfolut d'attaquer ce dernier, & prenant le tems que Cara-youfouf étoit occupé dans l'Arménie contre Caraothman, il alla furprendre Tauriz (a), où il entra fans trouver de résistance. Cara-youfouf n'eut pas plutôt appris cette perfidie, qu'il marcha contre ce nouvel ennemi; ils en vinrent aux mains à deux lieues de Tauriz, Ahmed vaincu eut à peine le tems de fe fauver dans un jardin, où il demeura caché pendant quelque tems. Il fut enfuite conduit en préfence du Vainqueur, qui fe contenta de lui reprocher fa perfidie & le retint prifonnier. Dans la fuite les principaux Seigneurs de l'Eraque l'exhorterent à fe défaire d'Ahmed, Prince inquiet, & dont il y avoit tout à craindre. Carayoufouf fuivit leur confeil, fit mourir Ahmed & fes enfans; alors la Dynaftie des Il-khaniens fut détruite, & celle des Turkomans du Mouton noir lui fuccéda.

(c) L'an 813 de l'Hegire.

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