fan. Le Czar envoya à Aftrakhan Ivan Czeremifinow ComApr. J. C. mandant des Strelitz. La plupart des Mirzas étoient divifés; les uns défendoient leur patrie, & cherchoient à fecouer le joug qu'on vouloit leur faire fubir; les autres s'étoient déclarés contre eux en faveur du Czar. Ifmail-mirza, un des principaux de ceux-ci étoit celui contre lequel ils réuniffoient tous leurs efforts; auffi fut-il obligé de demander que le Czar lui accordât Kasan ou Aftrakhan pour asyle, afin d'y être à couvert contre les entreprises des enfans de Scheikh Mamai. Cependant Ivan Czeremifinow s'étoit rendu (a) à L'an 1557. Aftrakhan que Derbiff avoit abandonnée ; il avoit fortifié cette ville, & avoit fait poursuivre ce Khan: enfuite il l'avoit exhorté à rentrer dans le devoir, & celui-ci paroifsoit y être difpofé; mais on apprit bientôt qu'à la follicitation de ceux de Crimée, il perfiftoit dans fa révolte. Pendant ce tems-là Ifmail-mirza, après avoir tué Arflan-mirza, avoit fait la paix avec Youfouf, & tous ces Mirzas étoient enfin réfolus de fe foumettre au Czar, auquel ils envoyerent un Ambassadeur pour lui faire part de cette nouvelle, & lui apprendre en même tems que Derbiff les avoit quittés, & s'étoit enfui à Mick. Ils demandoient même la permiffion d'entrer en Crimée. En effet, après avoir promis par ferment d'être fideles au Czar, ils allerent à la pourfuite de Derbiff, le battirent, & lui enleverent toute l'artillerie que le Khan de Crimée avoit envoyée à fon fecours. Derbiff se sauva à Azof & de-là à Mecca. Après cette victoire, tous les habitans d'Aftrakhan qui étoient difperfés fe raffemblerent, & implorerent la clémence du Czar, accufant leur Khan & leurs Mirzas de les avoir portés à la révolte. Le Czar fit fçavoir à Ifmaïl & aux autres Mirzas par des Ambassadeurs, qu'il avoit donné ordre à Czeremifinow, & à fes autres Officiers qui commandoient fur le Volga, de défendre les Nogaïs contre les entreprises des Cofacs & des Tartares de Crimée, & de leur accorder la liberté du commerce. Tous les Mirzas fe rendirent en conféquence à Aftrakhan, où ils renouvellerent leurs fermens; les Nogaïs vinrent trafiquer fous les murailles de cette ville, & on y vit arriver une caravane de Derbend. Dans la même année quelques Mir- Apr. J. C, -zas eurent des difputes entre eux, mais ils refterent foumis au Czar. Il y en eut même neuf qui fe retirerent d'abord auprès de Doulet-kerai, Khan de Crimée, & qui revinrent enfuite, ayant été mécontens de ce Prince, auquel depuis ils firent la guerre. L'union qui régnoit alors parmi tous les Mirzas des No- L'an 1599. gais déplût au Czar Boris-godunow, qui craignoit (a) qu'elle L'an 1613 ne devînt préjudiciable à la ville d'Aftrakhan : ce Prince fit mettre par fes Officiers la divifion parmi eux, & il y réuffit. Dans la fuite (b) les Nogaïs ravagerent, non-feulement toute l'Ukraine, mais encore pafferent l'Occa, & firent des incurfions jufqu'à Colomna & Serpuchow, & même jusqu'à Mofkou, ils avoient pour Chef Iftzerek, qui ayant appris que Michel venoit d'être couronné Czar, défavoua cette course. Les Monumens nous manquent ici pour la fuite de l'histoire des Nogais, qui d'ailleurs devient peu intéreffante; ces peuples foumis à la Ruffie, & gouvernés par leurs Mirzas, ne peuvent plus faire que des courfes qui reffemblent moins à des expéditions militaires qu'à des brigandages exercés par des voleurs. Tels font les restes de cet Empire du Kaptchac, qui avoit été fi formidable aux Nations feptentrionales de 1'Europe. ca. Les Nogais fubfiftent encore à préfent, & font difperfés Jenkinson, dans les plaines qui font au Nord & au couchant de la Mer Jean de Lu→ Cafpienne, où ils font divifés par hordes, dont les noms Hist. géné. nous rappellent encore les anciens Mogols (c). On les dif- des Tatars. tingue en grands & petits Nogaïs (d); ces derniers habi- Erepking (a) L'an du monde 7107. (b) L'an du monde 7121. (c) Les Hordes de ces Nogais qui font auprès de la fortereffe de Stauropol font, 1. les Kaptchac, 2. les Naimans, 3. les As, 4. une autre de Naimans, 5. une autre de Kaptchac, 6. les Boitegi & Bojatatafch, 7. les Czevdzeli, 8. les Mandzab, 9. les Kasan kulak, 10. les Kajafful, 11. une autre de Kajaf ful, 12. les Irkhan cangli, 13. les Dzevlan, 14. les Keliczi & Krotojaki, 15. les Igours, 16. les Czidziut, 17. les Can- Apr. J. C. que tent entre le Don & la riviere de Kuban. Chaque Horde mangent avec la viande. Ils tirent des Circaffiens du millet dont ils font une espéce de potage. Avec de telles nourri- Apr, J. C. tures il n'y a point de pauvres parmi eux ; fi quelqu'un n'a rien à manger, il peut aller où l'on mange, s'affeoir librement fans rien dire, & fe retirer de même après le repas. Ils ont de nombreux troupeaux, avec lefquels ils parcourent toutes ces vaftes plaines. Ils portent des veftes d'un gros drap gris, fur lesquelles ils mettent une espece de cafaque de peau de mouton noir, dont ils tournent la laine en-dehors ou en-dedans, fuivant la faifon. Ils font la même chose à l'égard de leurs bonnets qui font de la même peau. Leurs bottes qui font fort lourdes, font faites de cuir de cheval. Leurs femmes s'habillent communément d'une robbe de toile blanche avec un bonnet rond & pointu de la même toile. En hyver elles mettent par-deffus ces robes une peliffe de peau de mouton noir. Ces Tartares vivent de la chaffe, de la pêche, & de leur bétail qui confifte en chameaux chevaux, bœufs, vaches & brebis. Ils prennent dans les forêts des loups, des ours, des renards, des loups-cerviers, des élans dont ils vendent les peaux. Leurs chevaux font fort petits, mais excellens pour la course. Ces Nogaïs qui ne cultivent point la terre, viennent en grand nombre à l'approche de l'hyver à Aftrakhan, pour fe pourvoir des chofes dont ils ont befoin, & le Gouverneur leur fait diftribuer des armes, avec lefquelles ils fe défendent contre les autres Tartares leurs voifins, qui pendant que les rivieres font gelées font des courfes les uns chez les autres.. Au printems: ils font obligés de rapporter ces armes à Aftrakhan, parce qu'on fe défie toujours d'eux. On retient même quelquesuns de leurs Mirzas dans cette ville pour répondre de leur fidélité. Quoique fujets de la Ruffie, ils ne font chargés d'aucune contribution, mais on les oblige à prendre les armes dans certaines occafions. Ils peuvent armer jufqu'à vingt mille hommes qui ne combattent jamais qu'à cheval. Tel eft l'état où se trouvent actuellement ces peuples qui faifoient auparavant la principale partie de l'Empire du Kaptchac, qui comprenoit encore la Crimée & le Royaume de Kafan, outre les autres pays de la Ruffie qui avoient été foumis.. Apr. J. C. Jean de Luca. Michou. Cromer. Duban. I I. SUITE DES KHANS MOGOLS APPELLE'S L KHANS DE CRIME' E. , tantôt Es Tartares ou Mogols defcendus de Genghizkhan, & qui lors de la décadence de l'Empire du Kaptchac ont formé un Royaume particulier dont Hadgi-kerai eft le fondateur, font appellés communément parmi nous les petits Tartares. Quelques Ecrivains les ont nommés Oulans, du Beauplan. mot Mogol Oglan, qui fignifie un jeune homme, ou, felon Ferrand. Michou, celui qui eft né d'une fille qui n'a point eu de commerce avec un homme, ce qui fait allusion à l'origine fabuleuse de Genghizkhan. D'autres les ont encore appellés tantôt Précopites du nom de la ville de Précop Tauricaniens, parce qu'autrefois on donnoit à la Crimée le nom de Taurique ou Cherfonnèfe Taurique. Les Ruffes les nomment Tartares Crimski, & parmi nous les Princes de ces Tartares font appellés Khans de Crimée. Ces Princes qui font les plus puiffans de tous ces Tartares, occupent la prefqu'ifle de la Crimée, & la partie de la terre ferme qui eft au Nord de cette prefqu'ifle féparée de l'Ukraine par la riviere de Samara, & de la Ruffie par celle de Mius. Il y a dans ce pays peu de villes qui en méritent le nom. A l'entrée de la gorge de la péninfule qui n'a qu'une demilieue de largeur, on trouve une méchante ville fans murailles, qui n'a pour toute fortification qu'un foffé large de 20 pieds, & profond de fix à fept, à demi comblé, avec un rempart de même hauteur & large d'environ 15 pieds. Cette ville eft appellée par les Turcs & par les gens du pays Orcapi, ou la porte d'or, & par les Polonois Prekop, c'est-àdire ,terre creusée. On y voit un château de pierre qui a dou ble muraille, il y a environ 400 feux : de-là jufqu'à la rive occidentale de la Mer on a tiré un foffé. Les autres villes font Kofefou qui eft fort ancienne, fituée sur la Mer, où |