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Apr. J. C.

novian (a) alla attaquer Kefchlouk, qui étoit le plus puiffant & le plus redoutable de tous ces ennemis. Les Kang-li L'an 1218. les Captchac, les Khitans, & d'autres peuples avoient em- Genghizbraffé fon parti, trois cens mille Khitans avoient pris les khan. armes en la faveur. Avec une armée fi fupérieure à celle des Mogols, il vint au-devant d'eux. Genghizkhan qui étoit luimême à la tête de fes troupes, remporta une grande victoire fur Keschlouk. Dans cette bataille Couba (b) ayant été bleffé dangereufement, Genghizkhan lui rendit vifite, & le fit panser en fa présence. Tchepe-novian poursuivit Kefchlouk, & lui tua encore beaucoup de monde. Kefchlouk, avec quatre perfonnes, fe fauva auprès de Sarekoll, dans le voifinage de Badakschan, mais le Général Mogol, qui ne ceffoit de le poursuivre, ayant appris par quelques payfans qu'il prenoit cette route, le joignit auprès de Sarekoll, lui fit couper la tête, & revint enfuite joindre Genghizkhan. Ce Prince avoit détaché Couba, qui étoit rétabli de fa bleffure, vers Bischbalig. Almaligh, Bedakhschan & les pays voifins furent foumis à Genghizkhan, de même que la ville de Kaschgar, & ce Prince fut reconnu Empereur par les Carakhitans, par les Naïmans, & par les Kang-li.

Après avoir ainfi foumis toute la Tartarie, les Mogols marcherent vers Otrat (c), qui appartenoit au Sulthan de Kharizme. Nous avons vu dans le Livre précédent quels étoient les motifs qui engagerent Genghizkhan à porter la guerre dans l'Empire des Kharizmiens (d) : le maffacre de fes Ambaffadeurs commis à Otrår (e) par Ghaïrkhan, Gouverneur de cette ville, étoit un motif légitime, & plus que fuffifant, pour déterminer ce Prince à entreprendre cette guerre contre un Monarque auffi puiffant que Mohammed. L'un & l'autre avoient de nombreuses armées, & Mohammed étoit en état de réfifter aux Mogols. Auffi Genghizkhan prit-il les mesures néceffaires pour ne point fuccomber dans une entreprise fi délicate. Outre ces motifs il étoit encore (a) On le nomme encore Zena no

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ta-la.

(d) Les Chinois nomment ces peuples, les peuples de Si-yu.

(e) Les Chinois le nomment Atchil.

F

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Apr. J. C.

khan.

Aboulfa

radge.

follicité par le Khalif Nafer, ennemi irréconciliable du SulL'an 1218. than, depuis que celui-ci avoit eu la témérité de nommer Genghiz dans fes Etats un autre Khalif qu'il vouloit conduire à Bagdad. Genghizkhan qui n'étoit occupé que du projet de cette guerre, fit publier que Dieu lui accordoit fa protection. I prétendoit avoir vû en fonge un Evêque qui étoit venu lę lui annoncer de la part de Dieu; ce perfonnage, comme il le dépeignit à fon réveil, étoit Mar-denha, Evêque du pays d'Igour. Genghizkhan voulut le voir. On ajoute que c'eft depuis ce tems-là qu'il protégea toujours les Chrétiens. Quoi qu'il en foit, après avoir été joint par Arflan, Khan des Karlicks, par Idikout, Khan d'Igour, par Saphtac, Khan d'Almaligh, il fe mit en marche vers les Etats du Sulthan de Kharizme.

Pendant ce tems-là Toufchi, qui revenoit d'une expédi→ tion qu'il avoit faite au Nord du Sihon, & qui marchoit pour rejoindre l'armée de fon pere Genghizkhan, rencontra un corps de Kharizmiens, proche les rivieres de Cabli & de Camzi (a), qu'il tailla en piéces. Le lendemain le Sulthan de Kharizme, qui efpéroit furprendre ce détachement des Mogols, arriva avec toute fon armée. Après s'être informé de quelques foldats bleffés quelle route Toufchi avoit prise, il marcha en diligence, & fe trouva bientôt en préfence des Mogols. Toufchi qui n'avoit pas d'ordre de livrer bataille à Mohammed, & dont l'armée étoit inférieure, fit affembler ses Officiers pour délibérer fur le parti que l'on prendroit. Tous étoient d'avis qu'il ne falloit point s'expofer à une bataille; mais Toufchi, perfuadé qu'il feroit honteux pour lui de reparoître devant fon pere après avoir pris la fuite, penfa qu'il étoit plus à propos de livrer un combat, que de périr en fuyant; il mit auffi-tôt fes troupes en bataille, & marcha à l'ennemi. Dans la mêlée il perça plufieurs fois les rangs des Kharizmiens, joignit le Sulthan de Kharizme, auquel il porta plufieurs coups de fabre, que celui-ci para heureufement. Les Kharizmiens, malgré leur fupériorité, étoient fur le point de prendre la fuite; Mohammed les ranima par

(a) Elles fe jettent dans le Sirth,

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L'an 1218.

fon exemple, & les engagea à tenir ferme jufqu'à la nuit par-là il évita la honte d'une fuite, & lorfque la nuit eût fé- Apr. J. C. paré les combattans chacun rentra dans fon camp. Les Genghiz Kharizmiens étoient réfolus de recommencer le combat le khan. lendemain; mais Toufchi, qui croyoit en avoir fait affez pour en imposer aux ennemis, fit allumer plufieurs feux, décampa à la faveur de la nuit, & alla rejoindre Genghizkhan (a).

Ce Prince qui venoit d'être informé que le Sulthan de Hift. géné Kharizme avoit difperfé fes troupes dans fes places, & qu'il des Tatars, s'étoit retiré dans l'intérieur de fes Etats, détacha fes deux fils, Oktai & Zagatai, avec un grand corps de troupes pour aller faire le fiége d'Otrar; il envoya fon autre fils Toufchi vers la ville de Nadgiand ou Jonde & fes Généraux Alan (b) novian & Suktubouga, avec cinquante mille hommes, du côté de Khojend & de Pharnacande ou Phenaket, autrement' Toncat, pendant qu'avec le refte de fon armée il alla, fuivi de Touli, vers Bokhara. La premiere ville qu'il rencontra fut celle de Sarnouc. Ses foldats jetterent de fi grands cris, L'an 12198 en s'approchant de cette place, que les habitans effrayés Aboulfafermerent leurs portes & réfolurent de fe défendre; mais radge. Hijt. géné. Genghizkhan leur ayant envoyé un homme appellé Da“ des Tatars, nifchmend hadgib, pour les engager à fe foumettre, & Peris. leur faire voir qu'ils ne pourroient réfifter long-tems à Les armées innombrables, ils prirent le parti d'aller audevant de lui avec des préfens. Genghizkhan les reçut avec bonté, ordonna que leur ville porteroit déformais le nom de Koutlouk-baligh, choifit enfuite tous les jeunes gens qu'il deftina à renforcer fon armée, & permit au reste de demeurer dans la ville. Il marcha enfuite vers Nour, située entre Bokhara & Samarcande. Les habitans qui efpéroient que le Sulthan de Kharizme leur enverroit des fecours, fe laifferent fommer plufieurs fois de fe rendre & n'obéirent que lorfque Genghizkhan fut irrité de leur ré-, fiftance. Pour les punir il ordonna qu'ils miffent à part les beftiaux, les grains & les légumes, dont ils avoient un

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(b) M. Pétis le nomme Elac noïan.

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Apr. J. C.

L'an 1219.

Aboulfedha

Aboulfaradge. Pétis.

befoin actuel, & abandonna tout le refte au pillage. Ce Prince arriva (a) enfin devant Bokhara (b), une des Genghiz- plus célèbres villes de ce pays, tant par fa grandeur, par khan. le nombre de fes habitans, que par fon Université où les Musulmans venoient apprendre les Sciences. Le Sulthan Mohammed y avoit laiffé une garnison de vingt mille hom Hift.géné. mes fous les ordres de Kouk khan, de Siundge khan & des Tatars. de Kefchlouk khan. Avec une fi nombreuse garnifon, plu fieurs des principaux habitans efpéroient que les Mogols feroient obligés de lever le fiége, plufieurs fe préparoient déja à une vigoureufe défense; d'autres propofoient qu'on fe foumît. Les trois Commandans firent une fortie à la faveur de la nuit avec toutes leurs troupes ; mais ils furent repouffés & cet échec leur ayant fait perdre courage, ils rentrerent dans la ville pour en fortir auffi-tôt par une porte oppofée avec tous leurs gens, dans le deffein de fe retirer dans le Kharizme, Genghizkhan les fit poursuivre par un détachement de fa cavalerie, & ils furent taillés en pieces au bord de l'Amou ou de l'Oxus. Les habitans ainfi abandonnés par les troupes, ne fongerent plus qu'à capituler. Tout y étoit dans le trouble & dans la confufion, les cruautés que les Mogols exerçoient fur les vaincus faifoient craindre un pareil' traitement, & alors on n'écoutoit plus que le défefpoir; on' vouloit prendre les armes pour fe défendre jufqu'à l'extrémité, & vendre cherement fa vie. Enfin tout fe calina, les principaux habitans, précédés de gens de Loi & des Sçavans, ouvrirent les portes, & vinrent préfenter à Genghiz

khan les clefs de la ville.

Genghizkhan en entrant dans Bokhara; paffa dans une rue où il vit un grand bâtiment qu'on lui dit être une Mosquée, il defcendit auffi-tôt de cheval, monta fur la tribune, & ent ayant arraché l'Alcoran, il le jetta fous les pieds des chevaux. Cette action fit murmurer quelques Mufulmans; mais la crainte où l'on étoit impofa filence. Les foldats Mogols fans refpect pour ce lieu,y commirent plufieurs excès. Enfuite Gen

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L'an 1219.

ghizkhan fe rendit dans l'endroit où les Musulmans s'affembloient aux grandes Fêtes, monta de rechef fur la tribune Apr. J. C. én présence des habitans, leur rapporta dans un difcours Genghiz qu'il fit, la perfidie du Sulthan Mohammed, & fur-tout le khan. maffacre des Ambaffadeurs Mogols à Otrar, il ajouta que Dieu l'avoit envoyé pour venger fur eux les crimes de leur Maître, & il exigea qu'ils lui remiffent toutes les ri cheffes qu'ils tenoient cachées, en les menaçant que s'ils n'obéiffoient pas il fçauroit les y contraindre par les tourmens. Il établit à cet effet des Bureaux dans tous les quartiers de la ville, & défendit à fes foldats de maltraiter perfonne. Pendant le tems que ces malheureux habitans s'empreffoient d'exécuter fes ordres, Genghizkhan apprit que quelques foldats Kharizmiens fe tenoient cachés dans un endroit de la ville, il fit mettre le feu dans ce quartier, & comme toutes les maisons de Bokhara n'étoient que de bois, toute la ville fut réduite en cendres, & les habitans obligés de fe difperfer dans le Khorafan.

Pendant que Genghizkhan étoit occupé du fiége de Bokhara, fes deux enfans Oktai & Zagatai étoient devant Otrar, dont Ghaïrkhan, auteur du massacre des Ambaffadeurs, étoit Gouverneur. Le Sulthan de Kharizme avoit eu la précaution d'y envoyer quinze mille hommes, dont dix mille étoient commandés par Caradgia hadgib (a) & le refte par Ghaïrkhan; celui-ci qui campoit hors de la ville y étoit rentré auffi-tôt qu'il eût été informé de la marche des Mogols, & s'étoit préparé à faire une vigoureuse réfiftance. Il fit plufieurs forties fur les Travailleurs, & les incommoda beaucoup. Les Mogols qui étoient depuis cinq inois devant cette ville, commençoient à fe rebuter; ils fe difpofoient même à convertir le fiége en blocus; mais les ordres de Genghizkhan qui vouloit abfolument que l'on s'en rendît maître, leur firent faire de nouveaux efforts. Alors Caradgia had- Pétis. gib, défefpérant de pouvoir réfifter plus long-tems, & crai- Hift. génés gnant que fi l'on différoit encore de fe rendre, les Mogols Aboulfane vouluffent point écouter aucune proposition

(a) D'autres le nomment Carajacas.

des Tatarss

confeilla radge.

Fj

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