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Apr. J. C.

Marakefchi

dans leurs courfes, lorfqu'il s'agit de quelque grande expédition.

LES KHANS DE SIBERIE,

SUIVANT un Hiftorien Arabe, les Turcs font répan Hift. géné. dus dans toute la Sibérie jufqu'à la mer glaciale, où ils ples Tatars. vivent comme des fauvages. Les defcendans de Genghiz khan par Scheibani y ont fondé un Empire confidérable, fur lequel on n'a aucune connoiffance; il paroît cependant que la Sibérie étoit de la dépendance des Khans du Touran dont j'ai parlé plus haut, puifqu'Aboulghazi nous apprend que Kutfium-khan (a), dernier Khan de Sibérie, descendoit de Bekkondi, fils de Mangou-timour, un des Khans du Touran; ce Kutfium-khan a régné pendant 40 ans, & a été chaffé par les Ruffes.

Bernard

Muller,

Un Voyageur moderne qui a raffemblé fur l'Histoire de ce pays tout ce qu'il a pû trouver, rapporte qu'il y avoit autrefois un Khan appellé On, qui étoit établi fur les bords de l'Uchim, riviere qui fe décharge dans l'Irtifch. Un de fes Sujets nommé Zingidi, après avoir foulevé le peuple contre lui, le détrôna & s'empara de l'Empire. Ce nouveau Khan régna paisiblement fur fes fujets, & dépouillé des fentimens de vengeance ordinaires aux ufurpateurs, il fit venir auprès de lui Taibouga, fils du dernier Khan, auquel il donna un Gouvernement. Taibouga fçut fi bien gagner la confiance de Zingidi, que celui-ci l'envoya à la tête de fes troupes vers l'Oby, où il battit les ennemis. Ces fervices lui ayant mérité la permiffion de s'établir dans le pays qu'il voudroit choisir; il fe retira avec toute fa famille fur les bords de la riviere de Tura où il bâtit une ville qu'il appella On-zingidin, dans l'endroit où eft aujourd'hui Tumen, Zingidi étant mort fans poftérité, Taibouga hérita de fon Empire. Il eut pour fucceffeur fon fils Chod, dont le fils appellé Mar, épousa une foeur d'Upak, khan de Kafan. Ce Prince étant parvenu à l'Empire fut vaincu par fon beau

(a) Il étoit fils de Murtafa khan, fils de Mamudak khan, fils d'Hadgim mo

hammed khan, fils d'Aly oglan, fils de Bekkondi.

pere qui s'empara de tous fes Etats. Il laiffa deux fils Obder & Jerbelak, qui moururent pendant le regne d'Upak en Sibérie; mais Mohammed fils d'Obder, ayant ramaffé quelques troupes, défit Upak, le fit mourir, & rasa la ville d'On-zingidin. Enfuite il pénétra plus avant dans la Sibérie & alla bâtir fur les bords de l'Irtifch la ville de Sibir, que les Ruses ont agrandie depuis, & qu'ils ont appellée Tobolsk, il eut pour fucceffeur Agifch fils de Jerbelak, auquel fuccéda Kufim fils de Mohammed. Kufim eut deux fils Gotiger & Bekbula, qui furent tués par Kutfium-khan, le même que celui dont nous avons parlé, & que l'on dit ici être Chef de Horde des Cofaques.

Apr. J. C.

Le Gotiger dont il s'agit ici, eft le même que celui Ann. Ruff que les Ruffes appellent Ediger Duc de Sibérie, qui en 1555 offrit de fe foumettre au Czar, & qui en 1557 envoya à Moskou fept cens peaux de martes zibelines pour le tribut qu'il s'étoit engagé de payer. Mais comme il devoit en donner un plus grand nombre, il s'excufa fur ce que le Czarevitz Szibanski étoit venu piller fon pays, ce qui Hist. géné. mécontenta beaucoup le Czar qui fit arrêter son Ambaffa- des Tatars. deur. L'année fuivante Ediger envoya fon tribut entier, & fon Ambaffadeur fut relâché. En 1583 Kutfium-khan régnoit en Sibérie. Dans ce même-tems les Cofaques qui habitoient le long du Tanaïs & du Volga, où ils pilloient continuellement les caravanes qui venoient de Perfe & de la Bukharie, le Czar Ivan-vafilovitz, 600 d'entre eux ayant été chaffés par conduits par leur Atman ou Chef nommé Jermack-timophevitz, allerent par la Kama dans les terres de Stroganow, qui les avoit appellés. Là, ayant entendu parler de la Sibérie, ils remonterent avec Jermack la riviere Serebrennoy, d'où ils transporterent par terre dans la Tura leurs vaiffeaux. Ils entrerent dans l'Irtifch, & remontant ce fleuve jufqu'à la ville où régnoit Kutfium-khan, ils contraignirent ce Prince de prendre la fuite, & firent prifonniers fa femme & fes enfans, parmi lefquels il y en avoit un appellé Altanai fulthan. Après avoir ainfi foumis la capitale de la Sibérie, ils poufferent plus loin leurs conquêtes. Pendant ce tems-là Jermack envoya en 1584 cinquante Cofaques à Moskou pour

Apr. J. C. y apprendre cette nouvelle, & obtenir fon pardon. Le Czar Théodore en fut fi fatisfait, qu'il lui donna le titre de Prince de Sibérie, & fit partir avec les Cofaques deux de fes Généraux, Simeon Bolchow skoi & Ivan-gluchow. Jermack qui s'étoit mis en marche vers la riviere de Voschai avec 150 Cofaques, pour furprendre une caravane qui venoit de Bukharie, fe laiffa furprendre par Kutfium-khan qui tua tous les Cofaques. Un feul qui échappa alla porter cette nouvelle aux autres, qui avec le Général' İvan-gluchow, defcendirent l'Oby, & fe réfugierent à Moskou, les uns par eau, les autres par terre. Alors le Czar Théodore envoya Bafile Borifovitz-sukin avec une armée; ce Général bâtit Tumen, & détacha Daniel Cziuscow, qui alla conftruire à l'embouchure du Tobol dans l'Irtisch le château de Tobolsk. En 1591 les Généraux Ruffes firent de grandes conquêtes en Sibérie, & en 1598 ils battirent Kutfium-khan, & prirent fes femmes & fes trois fils qu'ils envoyerent à Moskou. Kutfium-khan fe réfugia chez les Mankats ou Carakalpaks où il mourut. L'année fuiyante les Ruffes bâtirent dans ce pays la ville de Mangas, peut-être Mangajeia fur la Jenifea. Dans la fuite ils ont foumis tous ces vaftes pays.

Je n'entreprendrai pas de décrire ici tous les peuples qui habitent dans la Sibérie, ils n'étoient pas tous foumis aux Khans dont je viens de parler; d'ailleurs ils ont paffé fous une autre domination, & tous les ouvrages qui parlent de la Ruffie en donnent une defcription fort étendue. En général tous ces peuples, à l'exception de ceux qui ont embraffé le Mahométisme, vivent dans les forêts & fur les bords des rivieres où ils fe nourriffent de la pêche pendant l'été, & de la chaffe en hyver. Ils regardent comme une folie de s'amufer à nourrir des animaux dans le tems que la nature en offre de toutes parts qui font élevés, & qui peuvent fournir la nourriture & l'habillement. Ils font pour le moins auffi barbares que les fauvages de l'Amérique; mais ils fe croyent heureux, & le font en effet, puifqu'ils le croyent,

HISTOIRE

V.LS

ben 174

HISTOIRE

GÉNÉRAL E

DES HUNS.

LIVRE DIX-NEU VIEM E.

LES KHANS DE KHARIZ ME.

L

'EMPIRE du Kharizme eft une conquête Apr. J. C faite fur les Perfans par Ilbars Prince Uzbek, defcendu de Scheibani, frere de Batou, premier Khan du Kaptchac. Ce n'eft point un Empire fameux, comme la plûpart de ceux dont on a vû l'Hiftoire précédemment. Les Uzbeks du Kharizme n'ont point fait de conquêtes au-dehors; leurs guerres ont prefque toujours été des guerres civiles, ou de fimples incurfions dans le Khorafan foumis à la Perfe, qui étoit pour eux une barriere infurmontable. Ils n'avoient plus cette ambition démésurée, qui avoit animé les defcendans de Genghizkhan, & ils fe Tom, III.

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contentoient d'attaquer les Turkomans qui demeurent fur Apr, J. C. le bord de la mer Caspienne, pour s'enrichir des troupeaux qu'ils leur enlevoient, ou qu'ils exigeoient comme un tribut. Ürghens étoit leur capitale, c'est-à-dire, la réfidence du Khan, qui étoit fouvent moins puiffant que les autres Princes de fa famille difperfés dans le refte du pays, où ils étoient maîtres des principales villes.

Après que Schah Ifmael (a) Roi de Perfe eut vaincu Schaibek-khan, & qu'il eut conquis toutes les villes du Khorafan, il établit trois de fes Officiers pour gouverner le pays de Kharizme. Le premier eut les villes de Kaïouk (b) & de Haffarafap (c); le fecond nommé Subhan-kouli, celle d'Urghens; & le troifieme appellé Rahman-kouli, celle d'Uafir (a), ces deux derniers étoient freres. Le Gouverneur d'Uafir donna à fon arrivée dans cette ville un magnifique feftin à tous les principaux & les combla de préfens. Le feul Cady d'Uafir appellé Omar, homme eftimé pour la régularité de fa conduite & pour fes mœurs, qui avoit évité de se trouver à cette fête, & qui s'étoit même dispensé d'aller voir le nouveau Gouverneur, fous prétexte de maladie, fit prier le lendemain cinq ou fix des premiers de ceux qui s'y étoient trouvés de le venir voir, & après les avoir félicités fur les préfens qu'ils avoient reçus, il ajoûta qu'il ne doutoit point qu'ils n'embraffaffent auffi la Religion du Gouverneur. Ce difcours ayant paru les furprendre, il leur dit que les Perfans fuivoient une Doctrine différente de celle qui étoit adoptée par les Tartares; que le petit nombre de troupes Perfannes dans ces villes, ne permettoit pas que le Gouverneur s'expliquât encore fur ce fujet, mais qu'il étoit per

(a) Je ne cite point mes autorités dans ce Livre, parce que je n'ai d'autre fource que l'Hiftoire généalogique des Tatars par Aboulghazi, à laquelle je fuis obligé de me conformer.

(6) Kaiouk, ville du Kharizme fur les frontieres de la grande Bukharie, à 40 deg. 45 min. de lat. à une demi-journée de la riviere de Khefel. Quoique toutes les maisons ne foient que de miférables cabannes fort mal- propres elle eft après Urghens la meilleure vil

le du Kharizme. Tout fon territoire eft très-fertile, mais mal cultivé. Il y a quelques vignes dont les Sartes ont foin.

(c) Haffarafap, ville du Kharizme fur la rive feptentrionale du Khefel; à 40 deg. 45 min. de lat. & 89 de long.

(d) Uafir, ville du Kharizme fur la rive feptentrionale de la riviere d'Amou, à 39 deg. 45 min. de lat. & à 88 deg. 30 min. de long. C'eft à présent une ville peu confidérable.

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