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Apr. J. C.

queroient de courage. La Biim fa belle-mere qui ne l'aimoit pas, le réprimanda dans des termes injurieux, & en Avanasch lui donnant le nom de Tugma, qui dans la langue des Uz- khan. beks défigne un enfant né d'une efclave. A l'âge de 19 ans ayant appris que les Uzbeks qui habitoient dans la partie du Khorafan qui étoit foumise au Khan d'Urghens, envoyoient de tems en tems des partis vers le territoire d'Ifterabad & vers la partie du Khorafan dépendante de la Perfe, il partit à l'infçu du Khan fon pere, avec quarante hommes. Après avoir côtoyé pendant quelque tems le bras de la riviere d'Amou qui paffoit alors devant Urghens, il alla il alla gagner l'autre bras de cette riviere, qu'il traverfa dans un endroit appellé Sidalik-taka, & entra dans un défilé appellé Dinar, où il rencontra quelques troupeaux que l'on conduifoit à Mohammed ghazi fulthan, & qui étoient le tribut que des Turkomans payoient à ce Prince. Din mohammed fulthan demanda une chevre jaune pour fournir du lait à fes gens pendant la route; le conducteur la lui ayant refusée, il le maltraita, & lui prit tous les beftiaux qu'il avoit. Cet événement devint la caufe de la deftruction d'Urghens, & a donné occafion au proverbe commun chez les Uzbeks : Que cette ville a été ruinée par une chevre jaune. Din mohammed fulthan fit enfuite des courfes fur les terres d'Ifterabad, où il enleva beaucoup de beftiaux qui appartenoient aux Perfans. Pendant ce tems-là Mohammed ghazi fulthan qui avoit été inftruit de l'infulte qui venoit de lui être faite, envoya des troupes fur la route que Din mohammed fulthan devoit tenir, & leur ordonna de fe faifir de fa perfonne. En effet dans le tems que Din mohammed fulthan s'en retournoit tranquillement avec fon butin, il tomba au milieu de ces troupes qui enleverent fes beftiaux, & le conduifirent à Mohammed ghazi fulthan. Tous fes gens furent difperfés, les uns reprirent la route d'Urghens, les autres n'ayant pas ofé rentrer dans cette ville après ce qui étoit arrivé à Din mohammed fulthan, refterent dans la campagne pour y attendre quel feroit le fort de leur Chef. Ceux qui étoient retournés à Urghens, inftruisirent Avanasch khan de la captivité de fon fils; mais comme ce Prince ne l'aimoit point, Mmm iij

Apr. J. C.

khan.

& que d'ailleurs il avoit époufé à l'âge de cinquante ans la Avanafch foeur de Mohammed ghazi fulthan, il ne crut pas devoir se brouiller avec fon beau-frere. Din mohammed fulthan fut renfermé dans une maison particuliere, où on le garda à vûe, enfuite on le fit punir, & on le renvoya à fon pere Avanasch, avec une escorte de fix hommes commandés Rifcha chudai birdi de la Horde des Igours, qui étoit chargé de dire au Khan qu'il lui ramenoit fon fils, après avoir été obligé de le punir pour avoir fait des courses fur les terres des Perfans fans la permiffion de Mohammed ghazi fulthan, & pour avoir dépouillé quelques-uns de ses gens.

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Pendant qu'on le conduifoit, Din-mohammed fulthan jettoit de tems en tems de grands cris, dans l'efpérance que quelques-uns de fes gens qui fe trouvoient fur fa route, viendroient le délivrer; en effet, il s'en trouva quelques-uns dans le pays de Gordifch (a), qui l'ayant reconnu le fuivirent de loin: Din-mohammed fulthan pria fon conducteur qui vouloit paffer la nuit en cet endroit de ne point s'y arrêter, & de paffer outre, afin de lui éviter le déplaifir d'être en fpectacle à une quantité de peuple qui réfidoit dans ce lieu. Rifcha-chudai-birdi continua de marcher jufqu'à la pointe du jour, qu'il fit faire halte dans un endroit éloigné du paffage ordinaire pour faire paître fes chevaux, & prendre du repos. Dans le tems qu'il dormoit profondément avec fes gens, ceux de Din-mohammed fulthan s'étant approché, vinrent le remettre en liberté. Aussi-tôt ce Prince fit égorger les gens de fon escorte; & après les avoir fait enterrer dans un endroit écarté, & avoir pris toutes les précautions pour n'être pas découvert, il s'en retourna à Urghens, où il fit accroire au Khan fon pere qu'on l'avoit renvoyé avec quelques préfens. Cependant Din-mohammed fulthan qui vouloit fe venger, fit graver deux cachets, l'un portant le chifre de fon pere, & l'autre celui de fa belle

(a) Gordifch, petite province du Kharizme fituée entre le pays de Pifchga & celui de Kumkant, très fertile à Caufe de l'Amou, C'eft dans ce pays que

le bras feptentrional de ce fleuve a quit té fon ancien canal qui paffoit à Urghens pour aller fe joindre à la riviere de Khe fel.

Avanasch

mere, fœur de Mohammed Ghazi fulthan, & il s'en fervit pour écrire à ce dernier au nom des deux ; que fa fœur étant Apr. J. C. dangereufement malade, fa présence étoit néceffaire; il s'atta- khan. cha enfuite de bons traitemens les quarante perfonnes qui par l'avoient suivi dans fon incursion. A la réception de ces lettres, Mohammed ghazi fulthan se rendit à Urghens, où il fut furpris d'apprendre que fa foeur n'avoit pas été malade. Avanasch khan étoit alors abfent. Agité de violens foupçons il quitte fa fœur & fonge à fe retirer; mais un grand bruit qu'il entend hors du Palais, l'oblige à gagner les écuries d'Avanaschkhan, pour s'échapper fécretement. Ce deffein échoue à caufe d'une foule de monde qu'il apperçoit, & il va fe cacher dans un monceau de paille. Din-mohammed fulthan le cherche, le découvre, & lui fait trancher la tête. Au bruit de cette nouvelle qui fe répand dans toute la ville d'Urghens, un des gens de Mohammed Ghazi fulthan, court à Uafir pour y annoncer à Sulthan Ghazi (a) la mort de fon frere. La fureur dont celui-ci eft tranfporté tombe toute entiere fur Aly fulthan, neveu d'Avanasch-khan, qui fe trouyoit dans cette ville, & il le fait mettre à mort.

Pendant ce tems-là Din-mohammed fulthan avoit pris la fuite, & fon pere Avanasch-khan avoit fait affembler fon Confeil pour délibérer fur cet événement imprévû. On avoit à peine achevé de prendre des réfolutions convenables, qu'un courier apporta la nouvelle de la mort d'Aly fulthan; ce Prince en fut déconcerté. Les neveux d'Avanasch-khan, qui étoient tous de la postérité d'Amounak, ayant été informés de ces affaffinats, & prévoyant qu'on alloit en venir à une fanglante guerre civile, fe rendirent à Urghens, pendant que ceux du parti de Mohammed Ghazi fulthan fe retirerent à Uafir. Avanasch-khan n'étoit point porté à entreprendre la guerre, & ne prit ce parti qu'à la follicitation de tous les Princes de fa famille. Auffi-tôt que Sulthan Ghazi eût été informé qu'Avanasch s'avançoit vers Uafir avec une armée, il envoya demander du fecours aux descendans de Bilbars fulthan, qui étoient en poffeffion de Yegnifchar; mais fon

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(a) Ce Prince avoit époufé la fille & niéce d'Avanasch,

de Sophian khan, foeur d'Aly fulthan,

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khan..

impatience ne lui permettant pas de les attendre, il se mit Apr. J. C. Avanafch en campagne avec ce qu'il avoit de troupes, & s'avança audevant d'Avanasch khan jusques dans le pays de Kumkant qui eft à l'Occident de la ville d'Uafir. Les deux armées qui fe cherchoient ne tarderent pas de fe rencontrer ; Sulthan Ghazi n'avoit point affez de troupes pour faire un front égal à celui des ennemis, & fes foldats mal payés & mal entretenus, étoient mécontens de lui. Dans l'embarras où il se trouvoit, il entendit une voix inconnue,qui partoit du milieu de fon armée, & qui difoit : C'eft dans cette occafion, qu'il eft tems de fuppléer au défaut des foldats par tes chevaux & tes beftiaux, dont tu-as tenu plus de compte jufqu'à préfent que de tes gens de guerre. Les deux armées en vinrent aux mains, Sulthan Ghazi perdit la bataille, & fut tué avec quinze autres Princes; tous fes enfans furent faits prisonniers (a) par Akattai fulthan qui les envoya dans la grande Bukharie. Les Princes de la poftérité de Bilbars fulthan, qui s'étoient rendus à Uafir, & qui fe hâterent de le joindre, en apprenant la défaite & la mort de Sulthan Ghazi, fe fauverent dans la grande Bukharie, & n'oferent fe hazarder de revenir à Yegnifchar. Les Princes victorieux firent mourir tous les mâles de la famille Royale qui étoient tombés entre leurs mains, & garderent comme des captives les filles & les femmes. Par cette victoire, la poftérité d'Ilbars-khan qui étoit auparavant très-nombreuse, fut prefque entierement éteinte, & il ne s'en trouva prefque plus dans le Kha

rizme.

Après une fi grande révolution, tout le pays fut partagé entre les descendans d'Amounak: Avanasch-khan se contenta de fon ancien domaine & de la ville d'Urghens ; & il diftribua les autres villes à fes parens; Din mohammed fulthan eut pour lui la ville de Duruhn, & tous ces Princes vécurent depuis dans une étroite union. Omar Ghazi fulthan, fils de Sulthan Ghazi, qui s'étoit fauvé dans la grande Bu-. kharie, se mit au fervice d'Obeïd-khan, & malgré fa jeu

(a) Il avoit eu de la fille d'un Chef des Turkomans nommé Uligtou bafmal begh, deux fils, Omar ghazi ful

than & Schir ghazi fulthan, & deux filles, Sahhara khatoun & Nonasch khatoun,

neffe

Avanasch

Heffe il fe fignala dans plufieurs occafions, & fit concevoir de lui de grandes espérances: il ne ceffa de folliciter Obeïd- Apr. J. C. khan de lui donner une armée pour aller à Urghens, & khan. la plupart des autres Princes de la postérité d'Aboulkairkhan, qui étoient alors dans ces quartiers, avoient envie de l'accompagner. Obeid, khan de la grande Bukharie, Dfuanmart, khan de Samarcande, Hainfa fulthan, & les Defcendans de Mahadi fulthan, réfolurent à son instigation d'entrer avec toutes leurs forces dans le Kharizme. A cette nouvelle les Princes de la postérité d'Amounak qui poffédoient Kaïouk, Haffarafap, & les autres villes voifines vinrent fe joindre à Avanasch-khan; mais ce Prince n'ofant attendre ses ennemis dans Urghens, fe retira dans les déferts. Obeid-khan & fes Alliés entrerent dans cette ville, d'où ils détacherent quelques troupes pour le fuivre; Avanasch-khan se laiffa prendre dans le pays de Baijalkiri (a),& fut conduit à Obeid khan avec plufieurs Princes de fa maison, tous furent faits prifonniers & diftribués entre les Princes alliés. Omar Ghazi fulthan eut pour fa part Avanasch-khan, qu'il fit mourir auffi-tôt, comme un facrifice qu'il devoit aux manes de fon pere. Obeid-khan garda pour lui Akattai fulthan, frere d'Avanasch-khan, & donna Kahl fulthan, autre frere d'Avanasch-khan à Hainfa, & la ville d'Urghens à son fils Abdolaziz fulthan; les Turkomans & les Sartes furent laiffés en poffeffion de leurs établissemens; mais on partagea les quatre Tribus des Uzbeks qui habitoient dans les diverfes Provinces de la dépendance du pays de Kharizme entre Obeid khan, le Khan de Samarcande, le Khan de Taschkunt, & les Princes de Hifar. Enfuite chacun de ces Princes ayant établi un Gouverneur Intendant fur la Tribu qui lui étoit tombée, ils s'en retournerent dans leurs Etats.

Lorfqu'Avanasch-khan fut fait prifonnier, fes deux fils Mahmoud & Aly fe réfugierent à Duruhn, avec plufieurs autres Princes de la même famille (b) auprès de Din Mohammed fulthan leur frere aîné. Hadgim fulthan, âgé de

(a) Baijalkiri, petite province du Kha- (b) Youfouf & Younous, fils de Sorizme au Nord d'Urghens. Elle eft fort phian khan, Tabloneufe & déferte faute d'eau.

Tome III.

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