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L'an 1219

hommes. Les principaux d'entre les Mogols en prirer Fun pareil nombre qu'ils réduifirent à l'esclavage, & le ren Apr. J. C. obtint la permiffion de demeurer dans la ville, après avoir Genghizpayé une fomme de deux cens mille pieces d'or

rachat.

pour leur Lorfque Genghizkhan s'étoit mis en marche pour venir faire le fiége de Samarcande, il avoit appris que le Sulthan Mohammed avoit quitté cette ville pour se retirer plus loin dans fes Etats. Il détacha auffi-tôt trois de fes Généraux (a), Zena-novian, Sudai bahadour, & Togazar kantaret, avec trente mille chevaux pour aller à la pourfuite de ce Prince, leur ordonnant de traiter avec douceur les villes qui ouvriroient leurs portes, & de détruire celles qui feroient quelque réfiftance, & de prendre prifonniers tous leurs habitans. Ces Mogols pafferent l'Oxus, & après plufieurs marches & contre-marches, ils arriverent devant Herat où commandoit Sulthan Khan melik (6), qui leur fit dire qu'il se soumettoit à Genghizkhan,alors Zena-novian & Sudai bahadour pafferent outre ; mais Togazar kantaret qui fuivoit ces Généraux, ne croyant pas que l'on dût ajoûter foi avec tant de précipitation aux paroles d'un ennemi, voulut donner un affaut à la ville, il fut repouffé & bleffé à la tête d'un coup de fleche dont il mourut peu de tems après.

Zena-novian & Sudai Bahadour revinrent auffi-tôt fur leurs pas vers Herat, les habitans leur envoyerent promptement des préfens, & leur ayant fait voir qu'ils n'avoient aucune part à ce qui venoit de fe paffer entre Togazar kantaret & les troupes du Sulthan Khan melik, ils en furent quittes pour quelques fubfides qu'ils donnerent aux Mogols, & ceux-ci prirent la route de Nifabour. Le Sulthan qui fe proposoit alors de fe réfugier dans l'Eraque Perfique, & d'envoyer fa famille à Carendar, fortit de Nifabour, & alla à Casvin avant que les Mogols s'approchaffent de la premiere de ces villes. Lorfqu'ils y furent arrivés, ils firent aussi-tôt fommer les habitans de fe rendre ; ceux-ci répondirent en leur envoyant des préfens, qu'il étoit plus à propos qu'on

(a) Pétis les nomme Hubbé-novian, Suida-behadour, & Emir-touquer.

Pétis le nomme Emin-malek.

khan.

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Apr. J. C
L'an 1219
Genghizou

khan.

L'an 1220.

it à poursuivre le Sulthan Mohammed qui fuyoit' quand on fe feroit rendu maître de fa perfonne, ils pient leurs portes. Les Mogols prirent ce parti, & accompagnés de quelques guides, ils marcherent vers la ville de Mazanderan qu'ils forcerent, & dont ils firent égor ger tous les habitans. Ayant été informés là que Mohammed étoit à Cafvin, ils prirent la route de l'Eraque. Plufieurs villes furent mifes au pillage, les autres fe racheterent en fe foumettant d'elles-mêmes. Ils pafferent devant Ilan qui étoit une place très-fortifiée, & dans laquelle la mere du Sulthan s'étoit renfermée, mais ne jugeant pas à propos de s'y arrêter, ils allerent détruire Roudin.

Mohammed en apprenant leur arrivée voulut fe retirer à Carendar; mais il fut furpris en route par quelques troupes Mogoles & il n'échappa qu'avec beaucoup de peine, après avoir perdu toute son escorte, & après avoir eu un cheval tué fous lui. Il gagna heureusement Carendar, où il ne crut pas devoir attendre les Mogols qui ne ceffoient de le poursuivre, il entra dans le Ghilan, paffa par Efterabad, & s'embarqua fur la mer Cafpienne pour fe réfugier dans l'Ifle d'Abefcoun, où il mourut miférablement, abandonné de tout le monde.

Les Mogols n'ayant pû fe faifir de fa perfonne, allerent affiéger la ville de Carendar (a) qui fut prise d'affaut, ils y trouverent la Sulthane, épouse de Mahommed, & fon fils Gaïatheddin. Enfuite ils allerent camper devant Ilan. Cette ville dans laquelle il pleuvoit très-fréquemment, & qui tiroit de-là les eaux dont elle avoit befoin, en manqua dans cette occafion, & il ne tomba pas une goutte de pluye pendant quarante jours. Par-là les habitans furent réduits à la derniere extrémité, & obligés de fonger à fe rendre; le Gouverneur nommé Nasireddin capitula, & remit la ville aux Mogols. Cette place étoit la retraite de Tarkhan khatoun mere de Mohammed, & cette Princeffe y avoit enfermé tous fes tréfors qui devinrent la proye de l'ennemi. La Princeffe, elle-même, avec tous fes enfans, furent faits.

(a) Les Chinois la nomment Kantolocul

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khan.

prifonniers; on les conduifit à Genghizkhan qui fit mar les Princes, donna les Princeffes aux Seigneurs Mogols L'an 1220. Apr. J. C. l'égard de la Sulthane, il la faifoit venir quelquefois en fa Gerghizprésence, & lui jettoit quelques morceaux. Telle fut le fort de cette puiffante Reine auparavant fi fiere. Mohammed en Pétis, apprenant tous ces malheurs mourut de défefpoir (a). Les Mogols marcherent enfuite vers Rei dans l'Eraque Perfique qui fe foumit; Hamadan, Cafvin, Maraga (b), Com, Dinever, Carmifin, Souvan, Houlouan, Nehavend, & plusieurs autres places fe rendirent ou furent prifes d'affaut.

Pendant que ces chofes fe paffoient ainfi du côté de la Perfe, & après la prife de Samarcande, Genghizkhan avoit envoyé les trois fils Toufchi, Oktai & Zagatai à la tête d'un grand corps de troupes vers le Kharifme pour foumettre ce pays, & faire le fiége de la capitale. La Reine Tarkhan khatoun avoit pris le parti de fe retirer à Ilan en apprenant l'arrivée des Mogols. Sa retraite avoit occafionné de grands défordres dans la ville de Kharizme qui étoit réfolue de fe défendre, mais qui perdit courage au départ de la Reine. Un homme de la populace nommé Courd Rougan fe rendit maître du Gouvernement. Les chofes refterent dans cet état de tumulte jufqu'à la mort du Sulthan Mohammed. Dgelaleddin qui avoit fuccédé à ce Prince rentra dans Kharizme, d'où quelques féditions l'obligerent bientôt de fortir. Quatre principaux Officiers, Khamar (c), Mogul, Hadgib & Pheridoungheri, eurent le commandement; mais Khamar, comme proche parent du Sulthan, fut déclaré le Chef. Ignorant encore que les Mogols fuffent déja arrivés affez proche de la ville, il permit à quelques habitans de faire paître leurs troupeaux dans les environs. L'avant-garde des Mogols en ayant enlevé la plus grande partie, dix mille hommes, tant infanterie que cavalerie, fortirent de la ville, & fe rendirent auprès d'un grand jardin, réfolus d'attaquer les Mogols qui fe retiroient au petit pas. Ceux-ci avoient eu la précaution de mettre quelques

(a) L'an 617 de l'Hegire, ou l'an du Serpent, felon les Tartares.

(4) Cette ville fut prise dans le mois

Sepher de l'an 618, de J. C. 1221.
(c) Petis le nomme Himarteghing

Apr. J.

L'an 12

Genghiz khan.

fi

és en embuscade dans le jardin. Lorsque les Khariztoutes ces troupes fondirent deffus, & $ parurent, toutes ne il en échappa cent hommes; en les poursuivant, Tes Mogols entrerent dans les fauxbourgs; ils les pillerent, y mirent le feu, & le lendemain la ville fut affiégée. Ils firent fçavoir à Pheridoun gheri, qui étoit chargé de la défense d'une porte avec cinq mille hommes, que la garnison vouloit fe rendre, elle auroit la liberté de fe retirer armes & bagages où elle le jugeroit à propos. Pheridoun gheri en fit part aux autres Généraux, qui rejetterent toutes ces propofitions. Après un fiége de fept mois, les Mogols effayerent de détourner le cours du Gihon qui paffoit devant Kharizme; mais les trois mille hommes qui étoient occupés à ce travail, furent repouffés par les Affiégés.

Les divifions qui régnoient alors parmi les Mogols étoient cause que le fiége n'étoit point pouffé avec fuccès, & que tout l'avantage étoit du côté des Kharizmiens. Les trois freres prétendoient être abfolus, & l'un détruifoit ce que l'autre avoit fait. Genghizkhan qui en fut informé donna le commandement à Oktai feul. Touschi en devint fi mécontent, qu'il fe retira dans le Captchac, où la plupart des peuples fe foumirent à lui. Oktai recommença les attaques, & fe difpofa à un affaut général. Les Mogols s'y porterent avec une ardeur incroyable, la ville fut emportée, & plus de cent mille hommes furent paffés au fil de l'épée; ils mirent le feu de tous côtés, réduifirent tous les habitans en efclavage, & le nombre en fut fi grand, que chaque foldat Mogol eut vingt-quatre perfonnes pour fa part. Il y avoit dans cette ville un Scheikh ou Religieux Mufulman nommé Nodgemeddin hafret coubrou, les Mogols qui avoient voulu le fauver lui firent offrir plufieurs fois la permiffion de fortir de la ville; mais le Scheikh leur répondit qu'ayant vécu pendant foixante-dix ans avec les Kharizmiens, & leur étant attaché par les liens de la Religion, il étoit résolu de mourir avec eux. En effet, il fe défendit avec beaucoup de courage dans les attaques, & il périt les armes à la main.

Après que Genghizkhan eût féjourné pendant quelque tems dans les environs de Samarcande, & dans le tems que

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L'an 1220

khan.

fes fils alloient faire le fiége de Kharizme, il alla en perfe s'emparer de Nakhfchab & enfuite de Termed (a). Apr. J. C. habitans de celle-ci qui avoient voulu faire quelque réfiftance Genghiz furent égorgés. Une vieille femme qui étoit reftée seule dans la ville, offrit pour conferver fa vie une perle très-grosse; mais lorsqu'on lui eut demandé où elle étoit, & qu'elle eût répondu qu'elle l'avoit avalée, les Mogols lui ouvrirent le ventre où ils la trouverent; ils poufferent enfuite l'inhuma nité jufqu'à faire la même chofe à tous les morts pour chercher des perles au milieu de leurs entrailles. Genghizkhan conduifit de-là son armée devant la ville de Balkh (6) ; cette L'an 1221 ville n'avoit point de fortifications, mais elle étoit très-grande & très-peuplée; on y comptoit jufqu'à douze cens grandes Mofquées, outre les petites, & deux cens bains publics. pour les Etrangers & les Marchands qui y venoient en foule. Les habitans fongerent à capituler; mais le cruel Mogol aimant mieux la prendre d'affaut fit faire mainbaffe fur tous les habitans & rafa cette belle ville.

C'eft de-là qu'il envoya fon fils Touli avec un grand corps de troupes pour faire la conquête du Khorafan. La capitale de cette Province qui porte auffi le même nom, étoit alors une ville très-considérable & fi riche, que fes habitans vivoient en quelque façon dans l'indépendance. Affez près delà étoit une autre ville appellée Merou, qui n'étoit pas moins puiffante; autrefois le Sulthan Mohammed en avoit donné le Gouvernement à Medgir oulmoulk, qu'il avoit ensuite déposé pour mettre à fa place Bacha-oulmoulk. Celui-ci qui avoit ordre à l'approche des Mogols de ne point expofer fa ville à un fiége, & de la remettre par capitulation, s'étoit retiré à Vafir, & une partie de la garnison s'étoit difperfée dans les villes voifines. Touli informé que cette ville étoit ainfi abandonnée, envoya deux de fes principaux Officiers pour en aller prendre poffeffion. Le Scheikh-eliflam ou Moufti, pere de Bacha-oulmoulk, alla au-devant d'eux avec des préfens, & leur remit les clefs

mi.

(a) Les Chinois la nomment Tie-li- Les Chinois nomment cette ville Pan-
leki.
(b) Au commencement de l'an 618,

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