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Apr. J. C.

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pour les employer aux travaux que Pierre le Grand faifoit faire vers la Mer Baltique, & prefque tous y moururent. Leur Hetman ayant été obligé de fe rendre à la Cour, & étant mort peu après fon retour en 1722, cette charge fut entiérement fupprimée. On trouva que le pouvoir qui y étoit attaché, étoit trop étendu.

La Cour de Ruffie paroiffoit réfolue de mettre les Cofaques tout-à-fait fur le pied de fes autres fujets, mais la mort de Pierre I. fit fufpendre l'exécution de ce deffein pour quelque tems. Sous l'Empire de Catherine on promit aux Cofaques la jouiffance de leurs priviléges. Cependant Bathurin qui étoit la réfidence de leurs Hetmans, fut donnée au Prince de Mentzikow, & on ne fe hâta point de leur nommer un autre Hetman. Ils en avoient eu un après le fupplice de Mazeppa qui fut pendu en effigie. C'étoit İvan Ilievitz Skorfpaaski que la févérité qu'on avoit fait éclater contre Mazeppa, avoit réconcilié avec le Roi de Suede qui d'abord le foupçonna d'avoir voulu le trahir. Mais il lui avoit rendu ensuite ses bonnes graces. Plufieurs d'entre les Cofaques qui avoient été indignés de fa trahison, eurent pitié lui quand ils virent avec quelle ignoininie la Cour le traitoit. Il ne fut pas difficile au Roi de Suéde de les attirer dans fon parti, & ce fut ce qui porta le Czar à abaisser cette

nation.

Par des conventions entre la Ruffie & la Pologne, cette derniere Couronne eft demeurée en poffeffion de toute la partie de l'Ukraine qui eft au couchant du Boryfthene. Mais elle eft dans un état bien trifte, en comparaison de ce qu'elle étoit du tems que les Cofaques en étoient les maîtres. On ne peut compter à préfent pour véritable pays des Cofaques que ce qui eft au Levant du Boryfthene ou Niéper, & qui s'étend d'un côté depuis la riviere de la Defzna, qui tombe

peu près vis-à-vis de Kiow dans ce fleuve, jusqu'à la Samara qui fépare préfentement les Cofaques d'avec les terres des Tartares de la Crimée; & de l'autre côté depuis le Boryfthene jusqu'à la ville de Bielgrod & les montagnes qui fe trouvent vers les fources de la riviere de Donetz Sevierski, ce qui peut faire une étendue d'environ soixante

milles

milles d'Allemagne en longueur, & à peu près autant en largeur.

Comme tout ce pays n'eft qu'une feule plaine, entrecoupée de quantité de belles rivieres & de forêts agréables, on peut aifément comprendre qu'il doit être extrêmement fertile & abondant en tout ce qui eft néceffaire à la vie. Toutes fortes de grains, de légumes, de plantes, le tabac, la cire, le miel s'y recueillent en telle quantité que ce pays en pourvoit une grande partie de la Ruffie ; & comme les pâturages de l'Ukraine font excellens, le bétail y furpaffe en grandeur celui de tout le refte de l'Europe; puifque pour pouvoir poser la main fur le milieu du dos d'un boeuf, il faut être d'une taille au-deffus de la médiocre. Les rivieres y fourniffent toutes fortes d'excellens poiffons, & le gibier s'y trouve en une égale abondance. Il ne manque rien à ce pays pour être un des plus riches de l'Europe, que d'avoir communication avec la Mer.

On trouve peu de bâtimens de brique dans ce pays, les villes & les bourgades n'y font bâties que de bois à la maniere des Ruffes. Les Cofaques font grands & bien faits, la plûpart ont le nez aquilin, les yeux bleus, les cheveux bruns & un air fort dégagé. Ils font robuftes, adroits, infatigables, hardis, braves & généreux. Ils facrifient tout à leur liberté dont ils font jaloux au-delà de tout ce qu'on peut s'imaginer. Mais ils font inconftans, doubles, perfides & grands ivrognes. Leurs femmes font belles, bien faites & fort complaifantes envers les étrangers. Les hommes & les femmes s'habillent à la Polonoife, à la réserve du bonnet qui differe un peu de la toque Polonoife. Leurs armes font, le fabre & le fufil, & leurs troupes ne consistent qu'en infanterie. Leur langue eft un compofé de la Polonoise & de la Ruffe; cependant elle approche beaucoup plus de la premiere. On affure que les expreffions en font délicates.

Apr. J. C.

Les Cofaques font profeffion de la Religion Chrétienne. telle qu'elle eft reçue en Ruffie. Il fe trouve néanmoins parmi eux des Catholiques en affez grand nombre. Le commerce qu'ils ont eu avec les Suédois a introduit parmi eux le Tom. III.

YYY

Luthéranifme que quelques-uns profeffent. Il y a apparence Apr. J. C. que Mazeppa avoit embraffé cette doctrine pendant qu'il étoit auprès de Charles XII. puifque le Czar Pierre le Grand ne le nommoit guères dans fes Manifeftes fans lui donner l'épithete d'Apoftat.

Les fuites de la bataille de Pultava produifirent un grand dérangement dans les forces des Cofaques. Cependant les derniers Mémoires qu'on ait eus de cette nation font voir qu'on la comptoit encore pour douze régimens nationaux de trois mille hommes chacun, commandés par un Colonel de la même nation.

COSAQUES DONSKI.

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LES Cofaques Donski habitent fur les bords du Don, depuis la rive méridionale de la riviere de Guiloi-donetz, qui vient du Couchant fe jetter dans le Don, vis-à-vis la ville de Guilocka, jusqu'à l'embouchure de ce fleuve dans les Palus Méotides. Ils font à peu-près de la même taille & du même extérieur que les Cofaques de l'Ukraine. Ils ont auffi les mêmes inclinations & les mêmes défauts. Ils font habillés, hommes & femmes, comme les du com gens mun de la Ruffie, mais ils ne font pas tout-à-fait fi maussades. Ils font pirates déterminés, & très-habiles voleurs.

Dans le tems que les Tartares s'étoient emparés de tout le Kaptchac, cette partie des habitans du pays dont defcendent les Cofaques Donski d'à -préfent, s'étoit retirée aux bords des Palus Méotides, & dans les Ifles du Don vers fon embouchure, où les Tartares, qui ne font rien moins que Mariniers, n'avoient garde de les fuivre, & d'où les Cofaques ne laiffoient pas de les incommoder beaucoup par les partis qu'ils envoyoient de tems en tems vers leurs habitations. Mais lorfque la puiffance des Tartares commença à décheoir, les Cofaques voyant que les Ruffes s'oppofoient ouvertement aux Tartares, ne manquerent pas de tomber fur les bras de ceux-ci avec toutes leurs forces, & vinrent dans cette occafion occuper les bords du Don, où ils font encore préfentement établis. Le Czar Jean Vafilowitz

ayant enfuite commencé de fe fignaler, les Cofaques du Don fe mirent en 1549. fous fa protection, aux mêmes Apr. J. C. conditions à peu-près que les Cofaques du Borifthene, accepterent dans la fuite la protection de la Pologne. Mais leur caractere inquiet les porte fouvent à la révolte. On en a vû un exemple dans ce qui a été dit de Stanco Razin. Ils avoient leur Hetman particulier, auffi-bien que les Saporowski; mais depuis l'avénement de Pierre I. au trône, on trouva bon de fupprimer cette charge.

Les Cofaques du Don font profeffion de la Religion Grecque comme les Ruffes, mais ils font extrêmement ignorans fur ces matieres. Ils occupent un bon nombre de villes & de villages le long du Don, dont les bords font extrêmement fertiles; ils ne s'étendent pas bien avant dans le pays, parce qu'il y manque de bonne eau en plufieurs endroits, & qu'il n'y a point de bois. Ils fe nourrissent de leur bétail & de l'agriculture, mais ils ne manquent aucune occafion de vivre aux dépens d'autrui. Leurs armes font les mêmes que celles des Saporowski, & leurs troupes ne confiftent pareillement qu'en infanterie. Il eft même rare de voir un Cofaque à cheval dans quelque expédition militaire. Toutes leurs villes & bourgades fur la rive gauche du Don au Midi du retranchement, qui commence auprès de Zaritza fur le Volga, & vient aboutir au Don, vis-àvis la ville de Twia, font retranchées & paliffadées contre les incurfions des Tartares Kubans, avec lefquels ils font continuellement aux prises.

Ces Cofaques en général font excellens pour les garnifons & pour les défenfes des villes. Par des Mémoires poftérieurs aux rigueurs qu'on avoit exercées fur cette Nation pour la réduire à l'obéiffance, il paroît que fes forces pouvoient monter alors à quarante mille hommes tout au plus.

COSAQUES JAIKZI.

LES Cofaques du Jaïck font defcendus de cette partie des anciens habitans du pays de Kaptchac, qui allerent gagner le rivage de la mer Cafpienne, lorfque les Tartares firent

Apr. J. C.

irruption dans leur patrie. Là, difperfés le long de la côte entre le Jaïck & le Volga, ils fe nourriffoient de la pêche & de la piraterie, jufqu'à ce que s'étant raffemblés peu-à-peu, ils allerent enfin occuper les bords méridionaux du Jaick, lorfque la puiffance des Tartares en ces quartiers commença à être fur fon déclin. Après que les Ruffes eurent conquis le Royaume d'Aftrakhan, ils fe foumirent volontairement à leur domination. Ces Cofaques font faits à peu-près comme les autres; mais comme leur vie eft plus ruftique, & qu'ils mélent affez fouvent leur fang avec celui des Tartares qui les environnent de tous côtés, ils n'ont pas tout-à-fait fi bonne mine que leurs autres compatriotes; cependant au fond leur extérieur, auffi-bien que leurs inclinations & coutumes, ne laiffent pas d'être abfolument les mêmes. Ils s'habillent communément de robes d'un gros drap blanc à manches étroites, & ces manches leurs viennent jufqu'au gras de la jambe. En hyver ils mettent par-deffus, de longues robes fourrées de peaux de brebis. Leurs bottes font faites de cuir de Ruffie, mais elles font façonnées à peu près comme celles des Perfans. Leurs bonnets font tout ronds avec un large bord de fourure. Les habits des femmes de cette bran che des Cofaques ne different gueres de ceux des hommes, excepté que leurs robes font plus longues & plus étroites. Elles vont en été la tête nue.

Les Cofaques Jaïckzi font répandus dans de grands villages le long de la rive droite du Jaïck, depuis le so degré de latitude jufqu'à fon embouchure fur la mer Cafpienne. Ils vivent de l'agriculture, de la pêche & de leur bétail, à quoi ils joignent ce qu'ils peuvent enlever dans les courfes qu'ils ont occafion de faire chez leurs voifins. Leur langue eft un mêlange de la langue Tartare avec celle des Calmouks, & de l'ancien langage de leur pays; ce qui forme un jargon particulier, qui leur fert à fe faire entendre aux différens Tartares de leur voifinage. Comme ils font inceffamment aux prises avec les Carakalpacs & les 1 artares de la Cafatschia orda, ils ont foin de fortifier tous leurs villages de bons foffés paliffadés, pour être en état de fe défendre contre eux. Dans l'hyver, lorfque la riviere eft

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