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Apt. J. C.

glacée, & pendant toute cette faifon, ils fe tiennent renfermés chez eux, tandis que ces mêmes Tartares rodent de tous côtés autour des habitations pour enlever des prifonniers. Mais au retour de la belle faifon les Cofaques ont leur tour, & vont chercher les Tartares avec leurs barques; alors ils courent toute la côte Orientale de la mer Cafpien& pillent fouvent l'ami comme l'ennemi. Pour cet effet ils tiennent toujours prêt un grand nombre de barques, dont chacune peut porter trente ou quarante hommes. Vers l'hyver ils les tirent à terre, & les mettent à couvert dans leurs villages. Leurs armes font le fabre, l'arc & les fléches. Ce n'eft que depuis le regne de Pierre I. qu'ils ont eu des armes à feu, encore ne leur en permet-on l'ufage que durant l'hyver. On leur défend d'en porter l'été à caufe de l'abus qu'ils en feroient dans leurs courses fur la mer Caspienne, & on ne les leur diftribue qu'au commencement de l'hyver afin de fe pouvoir mieux défendre contre les Tartares. Dès que la rivière commence à fe dégeler, ils font obligés de les reporter à la ville de Jaïkskoi, fituée fur la rive droite du Jaick à quarante verftes de fon embouchure. Le Gouverneur qui y réside a l'inspection fur ces Cofaques, & reçoit d'eux en grains, en cire, en miel & en beftiaux, les contributions qu'ils doivent payer annuellement à la Ruffie. Ils ne laiffent pas d'avoir des Chefs de leur Nation, qui les gouvernent felon leurs anciennes coutumes.

Ces Cofaques profeffent à préfent pour la plûpart la Religion Grecque, telle qu'elle eft reçûe en Ruffie; mais ils confervent encore beaucoup de chofes du Mahométisme & du Paganisme. Ils font braves & très-bons fantassins comme tout le refte de cette Nation. Mais ils ne font pas fi remuans que les autres ; ils vivent en paix avec les Calmouks, fujets du Contaisch, qui viennent en grand nombre pendant l'été fur le bord oriental du Jaick pour commercer avec eux. Les bords du Jaïck font d'une fi grande fertilité, que pour peu que la terre y foit cultivée, elle rapporte abondamment tout ce qui eft néceffaire à la vie. Depuis environ trente-cinq ans, on a découvert qu'en remontant cette

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Apr. J. C.

riviere vers fes fources, il y avoit beaucoup de bois, & mềme des chênes. Cette découverte a été d'une grande utilité aux Cofaques qui manquoient souvent de bois auparavant ; à préfent, on en va couper en quantité durant l'été, & enfuite on le fait defcendre en grands radeaux de trois à quatre cens arbres chacun jufqu'à Jaïckskoi & à la mer Čafpienne. Les Cofaques du Jaïck peuvent faire environ trente mille combattans.

FIN DU TROISIEME VOLUME.

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