voir le Père Souciet. Il faut que je vous prie de lui faire mille complimens de ma part, & de lui communiquer l'extrait fuivant d'une Lettre de M. Keil, que je lui ai promis. I copyed that part of your letter about Chronology, and Shevved it to Sir Is. Newton. He faid that the treatice, vvich is in France, is but a short abstract of a much longer vvork, aud he hat not set dovon the proofs; but he faid according to his best remembrance, he found that the Ancients had recorded that at time of the Argonauts Chiron had found the equinoctial point to be in the middle or 15. th degree of the conftellation Aries. In Methon's time it vvas found to be in the 8. and in Hipparchus's time in the 4. degree of that conftellation. Hipparcus counted the préceffion to be a degree in a hundred years, and they are generally founded their Chronology uponthat computation. But the equinoxes move a degree in 72. years, and by that means, if we compute, we fhall find the time of the Argonautical expedition to have faller out at the time Sir Is. Newton puts it.« M. Newton, répond donc, que le Traité qui eft en France n'eft qu'un abregé court d'un ouvrage beaucoup plus gros; qu'il n'y a point mis les preu»ves, mais qu'autant qu'il s'en peut fouvenir, il a trouvé que les Anciens nous ont tranfmis qu'au tems des Ar"gonautes Chiron trouva que le point équinoxial étoit » au milieu au 15e degré de la conftellation d'Ariès; qu'au » tems de Méton il fut trouvé au 8e degré, & au tems d'Hipparque au 4o de la même conftellation. Qu'Hipparque croyoit que la préceffion des équinoxes étoit d'un degré en 100. ans, & que la Chronologie des Anciens ➡avoit été généralement fondée fur cette fuppofition. Mais que cette fuppofition eft fauffe; que le mouvement des équinoxes n'eft que de 72. ans par degré, & que calculant fur ce principe, nous trouvons que l'expédition des Argonautes tombe au tems où M. Newton la place. Voilà le raifonnement de cet illuftre Auteur; ou du moins ce qu'en écrivoit M. Keil en 1720.

1

Il paroît par là que M. Newton pofe cinq principes & qu'il en a tiré deux confequences.

Principe. Au tems de Méton l'équinoxe fut trouvé au 8 degré d'Ariès.

2. Principe. Au tems d'Hipparque, il fut trouvé au 47 degré de la même conftellation.

3. Principe. Hipparque croyoit que la préceffion des équinoxes étoit d'un degré en 100. ans.

4 Principe, fur cette fuppofition étoit généralement fondée la Chronologie des Anciens.

se Principe. Cette fuppofition eft fauffe, & l'équinoxe n'employe que 72. ans à rétrograder d'un degré. La diffé rence eft de 28. ans fur châque degré.

De ces Principes, M. Newton conclut,

1°. Que la Chronologie des Anciens étoit fauffe; qu'ils reculoient trop les commencemens de l'Hiftoire Grecque en général, & en particulier les tems de Chiron; qu'ils mettoient entre lui & Hipparque un intervalbeaucoup trop grand. Car l'équinoxe fe faifant au tems de Chiron au 15 degré. d'Ariès, & au 4 au tems d'Hipparque il s'enfuivoit que depuis Chiron jufqu'à Hipparque l'equinoxe avoit parcouru 11. degrez de l'écliptique, qui multipliez par 1oo. leur donnoient 1100. ans entre la formation des conftellations faite par Chiron & l'obfervation d'Hipparque, quoique réellement il n'y eut que 792. ans puifque ne demandant que

n'en demandent que.

1. degré

72

ans

Fr. degrez

792.

De même Méton l'an 432. avant J. C. ayant obfervé l'équinoxe au 8e degré d'Ariès, depuis Chiron jufque-là il avoit parcouru 7. degrez. Ainfi les Anciens dans leur fauffe fuppofition mettoient 700. ans entre Chiron & Mé ton. Cependant l'équinoxe ne mettant à parcourir un de gré que

il me met à en parcourir

que

72. ans

M. Newton conclut 20. Qu'il faut donc corriger cette Chronologie des Anciens, rapprocher Chiron de Méton, d'Hipparque & de l'ère Chrétienne, & le placer comme il a fait à l'an 939. avant cette ère.

ces,

Rien n'eft plus jufte en effet que toutes ces conféquen& rien par conféquent n'eft plus certain que le Systême de M. Newton, fi les principes fur lefquels il est fondé font vrays; mais par malheur autant les conféquences. font bien tirées, autant font faux trois des principes dont il les tire.

Il est vrai qu'Hipparque a cru le mouvement des équinoxes trop lent, & d'un degré feulement en 100. ans.

Il n'eft pas moins vrai qu'il fe trompoit, & qu'il eft d'un degré en 72. ans feulement. Mais les trois autres principes: ne le font pas de même.

Car 1. Méton n'a point trouvé l'équinoxe du printems au 8. degré d'Ariès.

2. Hipparque ne l'a jamais trouvé non plus au 4°. degré de la même conftellation.

3. Enfin la Chronologie des Anciens n'étoit point fondée fur la fuppofition fauffe que le mouvement des points cardinaux du ciel n'eft que d'un degré en 100. ans.

Trois principes que j'oppôle à ceux de M. Newton, & que je foûtiens être vrays. S'ils le font le Syftême de M, Newton croule. Examinons donc fi j'ai raison.

,

Je commence par là dèrnière de ces trois propofitions & je demande à M. Newton fur quoi fondé il prétend que toute la Chronologie des Anciens fut établie fur la fauffe fuppofition du mouvement trop lent des équinoxes. Où l'a-t-' il trouvé ? Qui jamais l'a dit ? Qui dans l'Antiquité a apporté le mouvement des équinoxes pour preuve de l'année de la prise de Troye, de l'expédition des Argonautes, du tems de Chiron, ou de quelque autre évenement que ce fut?

Il y a plus: Si c'étoit fur ce principe que la Chronologie ancienne étoit généralement fondée, comme l'on méttoit un interval trop long entre Hipparque & Chiron, l'on cût dû mettre auffi un interval trop long entre Hipparque & Méton ; & puifqu'il y avoit 4. dégrez de différence entre leurs obfervations, il devoit y avoir 400. ans entre les

tems où ils les firent. Qui cependant des Anciens mit jamais 400. ans de différence entre ces deux obfervations & leurs. époques. Méton obfervoit l'équinoxe l'an 433. avant J. C. Hipparque en obferva neuf que nous fachions en 30. ans, depuis l'an 158. avant J. C. jufqu'à l'an 128. du prémier à l'obfervation de Méton il n'y a que 274. ans, & 304. du dernier. Les Anciens difent que Méton floriffoit à la 86. & 87. Olympiade, & Hipparque depuis la 109. jufqu'à la 118. ou 119. Ils ne mettent donc que XXII. Olymdes ou 88. ans entre eux : toûjours beaucoup moins de 400. ans, & par conféquent ce n'étoit point fur le mouvement des équinoxes & les degrez qu'ils avoient parcourus que les Anciens fondoient leur Chronologie.

Il en eft de même de Ptolémée. Cet Aftronome auffi bien qu'Hipparque donnoit 100. ans aux équinoxes pour rétrograder d'un degré. A-t-il mis pour cela plus de tems de lui à Hipparque qu'il n'y en avoit effectivement? Non ; il n'en compte précisément que ce que nous en comptons nousmêmes, qui favons que les équinoxes n'employent que 72. ans à parcourir un degré. Encore un coup la Chronologic des Anciens n'étoit donc point fondée fur la fauffe opinion où ils étoient de la lenteur du mouvement des points cardinaux.

Enfin fi la Chronologie des Anciens Grêcs étoit fondée fur ce faux principe, c'étoit Eratoftène, ou même Timée de Sicile qui l'y avoit fondée, puifque c'étoient les prémiers qui avoient marqué le nombre des années, des fuc ceffions & des regnes; qu'Eratoftène avoit été fuivi par Apollodôre, & enfuite Eratoftène & Apollodore par tous les autres. Mais comment Timée, comment Eratoftène avoient-ils pû fonder leur Chronologie fur le faux princidu mouvement trop lent des équinoxes & des folftices, eux qui écrivoient cent ans avant qu'on eut la prémière connoiffance de ce mouvement, c'est-à-dire, ioo. ans avant Hipparque qui eft le premier qui en ait eu quetque idée ? Quel anachronisme !

pe

II. Hippar que n'a jamais trouvé l'équinoxe au 4°. degré d'Ariès. C'est ma feconde propofition. Hipparque dans l'ef pace de 30. ans, comme je l'ai déja dit, avoit obfervé neuf

équinoxes, fix d'automne, & trois du printems. Il avoit donné fes obfervations dans fon Livre, Du Changement des équinoxes & des folftices, & l'avoit fait avec une exactitude que Ptolémée femble ne pouvoir affez louer. Prolémée nous a confervé ce morceau d'Hipparque, ou plûtôt nous en a donné le précis dans le troifiême Livre de fon Almagefte, C. 2. Or de ces neuf équinoxes obfervez par Hipparque, il n'en eft aucun auquel Ptolémée ait marqué même en général l'endroit du ciel où il s'eft fait. Il marque exactement l'année, le mois, le jour, la partie du jour auquel ils font arrivez jamais le degré, la minute, ni même la conftellation dans laquelle Hipparque les a trouvez. Comment peut-on donc fçavoir qu'Hipparque avoit obfervé l'équinoxe au quatriême degré d'Ariès.

Bien plus, nous favons par une obfervation d'Hipparque qu'il n'a pû trouver l'équinoxe au quatrième degré d'Ariès. C'eft celle qu'il fit de l'épi de la Vierge l'an cinquantiême de la troifiême période de Calippe, c'est-à-dire, l'an 128. avant Jefus-Chrift. Il trouva cette étoile au vingt-quatriême degré de Virgo; c'est encore Ptolémée qui nous l'apprend, Almag. L. VII. C. 2. Gette obfervation eft affez jufte: car felon la correction du P. Riccioli, Afron. Reform. L. IV. C. 29. p. 256. l'épi de la Vierge étoit alors au 23. 54'. 7′′. de la Vierge la difference n'eft que de s'. 53". Nos Cartes plus récentes donnent le lieu de l'épi 24. 16. 27". Différence 16. 27. Or de cette obfervation il s'enfuit qu'Hipparque n'a pû dire qu'aucun des points cardinaux fut de fon tens au 4 degré de fa conftellation. Car felon la Remarque du P. Riccioli au commencement du même Chapitre, l'étoile dont il s'agit étoit alors peu éloignée du point de l'équinoxe. Elle n'en étoit donc pas à plus de 10. degrez, comme elle auroit dû être dans l'opinion de M. Newton, Car