Imágenes de páginas
PDF
EPUB

comme je l'ai fait voir cy deflus, en montrant que Méton n'a pû trouver l'equinoxe au 8. degré, & que de fon tems il fe fit toûjours dans le prémier. De quelque manière donc que l'aient pris les autres qui différoient d'Eudoxe,c'eft la mêmechofe quant au lieu de l'équinoxe, & puifqu'ils différoient d'Eudoxe,qui le plaçoit au 8.degré,il eft clair que Méton & les autres ne l'yplaçoient pas, ainfi queM.Newton le croit.Ceci eft d'autant plus certain que cela montre qu'Hipparque ne s'eft point trompé, comme le P. Petau l'a crû, & qu'en effet il étoit impoffible qu'un fi habile homme fe trompât fi groffièrement. Ainfi nous avons dans Hypparque une preuve que Méton ne plaçoit point l'équinoxe au 8e, degré d'Ariès.

Si neanmoins ce témoignage d'Hipparque ne paroît point encore décifif, en voici un de Géminus plus precis, & auquel il eft difficile de ne fe point rendre.

Cet Auteur dit expreffément dans fes Elémens d'Aftronomie Chap. xvI. Uranol. Petavii, p. 65. Tòv à Sugòv diaπrogéveTay ὁ ἥλιῶν ἐν ἡμέραις λ. Εν ἢ τῇ πρώτη ἡμέρᾳ Ευκτήμονι ισημερία με Donwgwn, qu'Euctémon plaçoit l'équinoxe du printems au prémier degré d'Ariès, & non point au huitiême. On fçait qu'Euctémon étoit non feulement contemporain de Méton, mais encore qu'il observoit avec Méton. Ptolémée parlant même en particulier de l'observation du folftice dont il s'agit ici, L. III. C. 2. joint toûjours Méton & Euctémon enfemble: Méton ne pouvoit donc différer en cela d'Eu&témon; or Euctémon, dit Géminus, plaçoit les équinoxes au prémier degré de leurs conftellations, celui du printems au 1er degré d'Ariès, & celui d'automne au premier degré de la Balance. Comment eft - ce donc que Méton fon contemporain, fon coobsèrvateur les eût placé au 8. après les avoir observé de concert avec lui?

Le même Euctémon mettoit le folftice d'hiver au prémier degré du Capricorne, & celui d'été au prémier degré du Cancre, & par conféquent tous les points cardinaux au prémier degré de leurs fignes. Τὸν ἢ αιγοκερων ὁ ἥλι© διαπορεύεται ἐν ἡμέραις κθ'. Εν μὲν ἐν τῇ ἡ ἡμέρᾳ Ευκτήμονι τροπαι χειμεριναι ά monμawson, Geminus Elem. Aftronom. C. XVI. Uranolog. Petav. p. 67. Qui fe perfuadera donc que Méton qui vivoit,

travailloit & obsèrvoit avec lui, les ait placé ailleurs, & qui plus eft à huit degrés de différence ?

Mais cependant des Anciens ont dit que Méton plaçoit les points cardinaux au 8e degré des conftellations. The Ancients, dit M. Newton dans la Lettre de M. Keil, had recorded that in Meton's time it (equinoctial point) vvas found to be in the. 8. (degree.)

Ces Anciens fe réduifent à Columelle qui L. IX. c. 14. dit: Autumni aquinoctio quod eft ante Calendas Octobris, quum actavam partem Libra Sol attigit...... ad brumam quæ ferè conficitur circa VIII. Kal. Jan. in octava parte Capricorni... Nec me fallit Hipparchi ratio, qua docet folftitia & aquinoctia non octavis fed primis partibus Signorum confici. Verùm in hac ruris difciplina fequor nunc Eudoxi & Metonis, antiquorumque faftus Aftrologorum, qui funt aptati publicis facrificiis quia & notior eft ifta vetus opinio, nec tam Hippar. hi fubtilitas pinguioribus, ut aiunt,rufticorum literis neceffaria eft. Le P. Pétau l'a déja réfuté dans son Auctarium ad Lib. de Doctr. Temp. Variar. Differt. L. II. C. 4. Et je ne croi pas qu'on veüille comparer à cet égard Columelle non feulement à Hipparque, comme dit le P. Pétau, mais à Hipparque, à Ptolémée & à Géminus; un fimple Laboureur ou Jardinier à trois des plus habiles Aftronomes de l'Antiquité. Et d'ailleurs quoiqu'il en foit de toute autre preuve, le calcul Aftronomique, ainfi que je l'ai fait voir cy-deffus, démontre que Méton n'a pû obsèrver, ni conféquemment placer l'équinoxe au 8e degré d'Ariès,

Car pour remettre en deux mots ce calcul fous les yeux
Méton obferva le Solstice l'an avant J. C. 432.
De là à l'an de J. C.

Il y a

Le mouvement des points cardinaux en 2132. eft de

En 1701. le Solftice d'Eté fe fit environ à

Donc 2132. ans auparavant, ou l'an 432. avant J. Ć. il fe fit à

1700

2132. ans comp.

ans 29°. 36'. 40".

o. 59. 0.H

0.34.50.

Donc l'équinoxe du Printems s'étoit fait 3. mois aupara vant à peu près à 0°. 34'.37". 30". Ÿ

& par conféquent vèrs le milieu du prémier degré d'Ariès. C'eft donc là qu'il étoit au tems de Méton, & conféquemment il n'a pû le trouver au 8e degré de la même conftellation.

Mais encore comment Columelle a-t-il pû fe tromper jufqu'à prendre huit pour un? Il n'eft point néceffaire d'être Aftronome ni Mathématicien, il ne faut que des yeux pour ne s'y point méprendre.

Nous voici au dérnier retranchement de l'opinion que je combats, & à la fource de l'èrreur. L'Aftronomie nous a montré l'èrreur, la Critique venant au fecours, va nous en découvrir les causes.

Il me paroît qu'il pourroit abfolument y en avoir deux; car en prémier lieu fi l'on vouloit absolument excufer Columelle, on pourroit dire que Méton avant fon obsèrvation & jufques à ce tems-là, plaçoit les points cardinaux au 8e degré des conftellations, & que dans fes prémiers ouvrages, & fi l'on veut, jufqu'à la prémière année de la LXXXVIIe Olympiade, la 317. de Nabonaffar, & la 432. avant J. C. il avoit fuivi fes prédéceffeurs, comme Eudoxe les fuivit même encore après; mais qu'ayant découvèrt par fon obfervation le vray lieu du Solstice d'Eté, & par conféquent des trois autres points cardinaux, il les avoit fixés au prémier degré, & non au 8.

Car d'abord on ne connut point le mouvement des folftices & des équinoxes, ou fi l'on veut des étoiles fixes in confequentia Signorum. Dans ces premiers temps le dé faut d'inftruments & d'obfervations éxactes fit qu'on ne s'appercevoit du changement du lieu des étoiles ou des points cardinaux que lorfqu'ils s'étoient confidérablement & fort fenfiblement éloignés du lieu où on les avoit fixés jufque-là. On les fixoit de nouveau par quelque obfervation, & l'on s'en tenoit auffi là jufqu'à ce qu'ils fuffent encore affez éloignez de ce lieu pour que cela fit une èr reur fenfible, & jufqu'à ce qu'il vint quelque nouvel obfervateur qui montrât l'erreur & qui la corrigeât. De là viene

que nous ne trouvons point qu'on ait placé les points cardinaux ailleurs qu'au 15.au 12. au 8e, peut-être au 4o,& enfin au premier degré de leurs conftellations. Quand Chiron les cut placez ou trouvez au 15e degré, comme l'Aftronomic étoit encore fort imparfaite, & les obfervations fort groffières, on ne s'apperçût point qu'ils euffent quitté les lieux où il les avoit mis, qu'environ 5oo. ans après, lorfqu'ils furent reculez de 7. degrez, & on les plaça au 8. Environ autant de tems apres dans la LXI Olympiade, & prés de 100. avant Méton, Cleoftrate de Ténédos s'apperçut du changement, & obferva le commencement d'Ariès & du Sagittaire. Il ne paroît pourtant pas qu'on ait rien changé pour cela au lieu des folftices & des équinoxes jufqu'à ce que Méton la prémiere année de la LXXXVIIe Olympiade les obferva plus éxactement, & les mit au prémier degré des conftellations. Jufqu'à cette obfervation on pouroit croire que Méton lui-même fuivant le torrent & la dérniere fixation, les aura placé au 8e degré, comme tous les autres; & ce pourroit être de ce prémier ufage de Méton que Columelle aura parlé, ignorant peut-être l'obfervation de cet Aftronome, la correction qu'il avoit faite au lieu des points cardinaux, & fes dérniers ouvrages.

Mais aprés tout il eft plus vray-femblable, & il me pa roît plus naturel de dire que Columelle a mal lû le texte grec où il avoit pris le fentiment de Méton, ou que l'éxemplaire étoit corrompu.

Pour comprendre ceci, il faut favoir que les Grêcs écrivoient autrefois communément les nombres en chifres, & que leurs chifres étoient les léttres de l'Alphabeth. C'est ainfi que les années & les époques font le plus ordinairement marquées fur les médailles grecques. A peine en ttouve-t-on quelques-unes fous Hadrien & fous les Antonins où le nombre foit tout au long. L.AEKATOT. L. ENAEKATOY, Il faut favoir de plus qu'on écrivoit en létres capitales, & dans ce caractère rien n'est si semblable que la létre qui fignifie un, & celle qui marque buit. Il est trèsaifé & très-ordinaire de les confondre & de prendre l'une pour l'autre : L'une eft la prémière létre de l'Alphabet A, & l'autre l'H; toutes deux ont deux jambages; toutes deux

joignent leurs deux jambages par une traverse horizontale, qui va de l'un à l'autre. Il y a cette difference que les deux jambes de l'A font inclinées l'une fur l'autre, fe joignent par le haut, & forment un angle ; & que celles de l'H doivent être perpendiculaires & paralléles; mais en écrivant à la main on ne les fait pas fouvent fi perpendiculaires, & pour peu que les deux jambes de l'A ne foient pas jointes ou que le tems en ait effacé la pointe, l'A eft un H, où il en diffère fi peu, qu'il n'eft rien de fi facile que de s'y méprendre. Or il n'eft rien de fi aifé non plus que de ne pas bien joindre les deux jambes de l'A par en haut, principalement en écrivant à la main, & en écrivant vîte & négligemment comme font fouvent les Copiftes. Sur les médailles même où cette négligence ne peut, ce femble, avoir de lieu, parce que la gravure ne fe fait point en courant comme l'écriture, que l'on y revient fouvent, que l'on repaffe plufieurs fois fur une mème létre, & que les derniers traits ajoûtent, retranchent, corrigent en un mot ce qui manquoit aux prémiers; fur les médailles cependant nous fommes fouvent embaraffez fi c'eft un A ou H qu'il faut lire. C'est la même chôse en latin pour l'A & pour I'H, fur les médailles. Nos Compofiteurs d'Imprimerie par cette raifon les confondent auffi fouvent. Ils lifent quelquefois un H pour un A dans la copie. Voici un exemple fur lequel je tombe fort à propos. Dans la Trigonométrie de M. Volphius tom. 1. p. 212. col. 1. lig. 27. le Compofiteur a mis HC pour AC, fans doute parce que dans la copie les jambes de l'A n'étoient pas bien jointes, ou en général parce qu'il eft aifé de prendre un A pour une H. Cet exemple m'en a fait chèrcher d'autres, & je trouve que dans la Méchanique du même Auteur pag. 661. col. 1. ligne 1. on a mis encore H pour A. L'on a donc pû de même très-aifément prendre dans le texte de Méton H huitiême pour A prémier. Et c'eft à mon fens, ce qui a fait dire à Columelle que Méton plaçoit les équinoxes & les folftices au 8e degré de leurs conftellations, au lieu qu'il l'avoit incontestablement fixé au prémier, comme il paroît par les preuves que j'en ai rapportées cy-deffus. Méton ou l'Auteur qui rapportoit fon fentiment avoit écrit:EN TO ME

« AnteriorContinuar »