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Princes héritiers à la Cour de la Chine. Le Tanjou fit
demander la paix par fes Ambassadeurs
fes Ambaffadeurs que Pan-kou avoit
été chargé de recevoir; mais comme les Huns Méridionaux
follicitoient vivement laCour de la Chine pour que l'on con-
tinuât la guerre contre ces Huns,& qu'on les détruifit,Teou-
hien fut obligé d'envoyer des troupes contre le Tanjou.
Il y eut un combat dans lequel le Tanjou fut bleffé: alors un
grand nombre de Déferteurs se retirerent chez les Huns
Méridionaux qui devinrent très-puiffans.

Après J. G.

Les fuccès de l'armée Chinoise & la foibleffe du Tan- L'an 91. jou acheverent de réfoudre Teou-hien à continuer la guerre il envoya un de fes Généraux avec des troupes qui pénétrerent à cinq mille li en Tartarie & battirent le Tanjou à la montagne Kin-vi vers l'Irftisch les Chinois n'avoient pas encore pénétré fi avant dans la Tartarie. Le Tanjou fe fauva dans des endroits éloignés & l'on fit fa mere prifonniere..

kien.

Après la fuite du Tanjou, fon frere Yu-chu-kien qui lui avoit fuccédé envoya des Ambaffadeurs à la Chine. L'an 9. Teou-hien vouloit qu'on le reconnût Tanjou; mais quel- Kam-me. ques Miniftres s'y oppoferent fous prétexte que c'étoit enfraindre les traités qu'on avoit faits avec les Huns du Midi. Teou-hien ayant été tué dans cet intervalle, le Tanjou du Nord fe vit par-là deftitué de l'appui dont il avoit befoin. Il fe révolta de nouveau & retourna dans le L'an 3. Nord; mais il fut défait, eut la tête coupée & tous fes Sujets furent difperfés. Alors les Tartares Sien-pi s'emparerent du pays des Huns du Nord & s'y établirent. Une multitude innombrable de Huns confondus avec ces nouveaux Habitans prirent le nom de Sien-pi: le refte avec fes Chefs paffa du côté de l'Occident & alla s'établir dans pays des Baschkirs comme on le verra dans la fuite. A cette époque finit l'Empire des Huns qui avoit fubfifté pendant environ 1323 ans ; c'eft-à-dire depuis l'an 1230 avant J. C. jufqu'à l'an 93 de J. C. mais nous ne connoiffons la fuite de leurs Tanjou ou Empereurs que depuis environ l'an 210 avant J. C.

le

Il est encore fait mention de ces Peuples dans l'histoire Après J.C. de la Chine, & l'on apperçoit que, quoiqu'ils ayent été chaffés de leur pays, ils étoient devenus très - puiffans dans les pays où ils allerent s'établir; mais nous ne voyons nulle part le nom des Princes qui les ont gouvernés jufqu'à leur paffage en Europe.

Fin du premier Livre.

HISTOIRE

GÉNÉRALE

DES HUNS

LIVRE SECO N D.

I.

LES HUNS MERIDION AUX.

L

Hou-han

ES prétentions de plufieurs Princes qui afpiroient au Thrône de la Tartarie, avoient oc- Après J. C. casionné la division de l'Empire des Huns. Le Lan 48. Tanjou Pou-nou, pour avoir voulu faire périr fie. Pé qui étoit de la famille Impériale, fut dépouillé d'une partie de fes Etats par ce Prince, qui avoit été informé affez à tems de ce qui fe tramoit contre lui, & affez heureux pour fe fauver. Pé étoit parvenu à raffembler auprès de lui huit Hordes des Huns qui demeuroient dans le Midi. Elles pouvoient former environ quarante ou cinquante mille fujets.. Avec ces troupes il fut en état de résister aux dix mille hommes que le Tanjou

fie

Kam-mo.

envoyoit pour le combattre. On n'ofa l'attaquer, & ce Après J. C. premier fuccès augmenta le nombre de ses sujets, lui Hou-han- acquit une grande réputation dans la Tartarie, & détermina les chefs des huit Hordes à tenir une Affemblée générale, dans laquelle ils arrêterent que Pé feroit proclamé Tanjou, ce qui fut exécuté auffi-tôt, avec l'agrément & fous la protection de la Chine. Ce nouveau Monarque des Huns prit le titre de Hou-han-fie, & les Chinois le placerent à Moei-tfi du côté du Chanfy dans le Nord de l'Empire, pour y fervir de barriere contre les irruptions des Huns Septentrionaux & des Tartares Sien-pi. Ce Prince, dans le deffein d'affermir de plus en plus fon autorité, & de fe faire craindre davantage des Tfin chou. Peuples du Nord, envoya des Ambaffadeurs à Kouamvou-ti qui regnoit alors dans la Chine, pour se déclarer folemnellement fon Vaffal. Cette marque extérieure de fa foumiffion n'en impofa pas aux plus fages d'entre les Miniftres Chinois. Ceux-ci n'envisageant que l'intérêt particulier de l'Empire qui avoit toujours été expofé aux infultes des Huns malgré les Traités, & prévoyant qu'il le feroit encore fi ces peuples devenoient puiffans, propoferent à l'Empereur de porter la guerre dans leur pays. Ils étoient d'autant mieux fondés à croire qu'elle feroit avantageufe aux Chinois, que les Huns par toutes les divifions précédentes, & plus encore par une famine qui achevoit de les ruiner, fe trouvoient confidérablement affoiblis. Mais l'Empereur préféra la paix à des fuccès incertains, & crut devoir laiffer ces Peuples fe détruire d'eux-mêmes. Il accorda fa protection au nouveau Tanjou, qui, fe fentant foutenu du côté du Midi, porta toutes fes forces dans le Nord. Les Huns n'eurent plus alors de plus grands ennemis qu'eux-mêmes. Ce ne fut plus la paffion extraordinaire qu'ils avoient de piller, mais une haine qui étouffant en eux tout autre motif, leur fit entreprendre une guerre dont la ruine entiere de l'Empire du Nord fut la fuite. Les Huns Septentrionaux furent détruits. Quelque tems après, ceux du Midi éprouverent le même fort, & la Chine fe vit délivrée pour un tems de ces voifins dangereux,

:

L'an 49.

Hou-han

chou.

L'an for

Hou-han-fie envoya dix mille hommes dans les pays Septentrionaux. Cette armée y remporta une grande vic- Après J. C. toire fur le frere du Tanjou: la plupart des Peuples avec leurs chevaux & leurs beftiaux accoururent en foule vers fic. le midi & fe foumirent à Hou-han-fie, pendant que leur Kam-mo. Prince étoit obligé de fe fauver plus avant dans le Nord Heon-hamde la Tartarie. De fi grands fuccès firent craindre au Tanjou du Midi que les Chinois ne vouluffent prendre la deffenfe de fes ennemis ou ne s'allarmaffent de fa puiffance il ne fe croyoit point encore affez appuyé du côté de la Chine, & il craignoit toujours que quelques foupçons de l'Empereur ne fillent naître une nouvelle guerre. Pour le délivrer de ces inquiétudes & s'attacher de plus en plus les Chinois: il prit le parti, en leur envoyant fes tributs, de faire demander qu'il fût permis à four fils de fe transporter à la Cour de la Chine pour y rendre hommage à l'Empereur, conformément aux anciens ufages. Cette flatterie fut caufe que l'Empereur donna ordre aussi-tôt à plufieurs de fes Officiers de fe rendre auprès du Tanjou pour l'installer en cette qualité & établir fa Cour dans le pays d'Ou-yuen (a). Le Tanjou ne fut pas fatisfait de ce que les Chinois venoient lui donner un titre qu'il portoit fans eux. Cette cérémonie d'ailleurs exigeoit de fa part des marques de refpect & de foumiffion dont les Miniftres de l'Empereur étoient fort jaloux. Il auroit fou haité pouvoir s'en difpenfer; mais il fallut obéir, aller au-devant des Ambaffadeurs & recevoir les ordres de l'Empereur d'une maniére trop humiliante pour un Souverain. Le cérémonial étoit reglé pour ces fortes d'hommages; & les Chinois qui étoient bien aifes de voir à leurs pieds les Monarques de la Tartarie, ne fe relâchoient en rien. Tout ce qu'il put obtenir fut que, pendant tout le tems que, les Ambaffadeurs feroient à la Cour, il feroit difpenfé de les faluer. Il craignoit que ces Sujets, le regardant comme un homme vendu aux Chinois

"

(a) Ou-yuen étoit alors un canton fitué dans le territoire d'Yen gan-fou dans La Province de Chenfi,

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