Imágenes de páginas
PDF
EPUB

on craignoit particuliérement que ceux de ces Peuples Après J. C. qui étoient reftés dans la Chine n'y caufaffent quelques troubles, l'Empereur des Goei les divifa en cinq claf- Tein-chou. fes, établit fur chacune des Chefs, dont le principal fe tum-kao. nommoit Pao.

Ven-bien

Dans la fuite vingt-mille familles des Huns qui étoient reftés en Tartarie vinrent se soumettre à l'Empereur, qui les plaça vers Y-yam-tching dans le Ho-fi (a). Tous ces Peuples vécurent paifiblement avec les Chinois pendant le regne de la Dynaftie des Goei, dont les Empereurs étoient devenus affez puiffans pour recevoir des tributs ou plutôt des préfens des pays de Chen-chen (6) d'Akfou & L'an 222. de Khoten. Plufieurs années après, l'Empereur de ces Kammo. Goei fit un nouveau partage des Huns; il les divifa en deux bandes & leur donna des campemens en différens endroits du Chan-fi vers Pim-yam-fou & Ta-yuen-fou.

Pendant que les Huns étoient dans cet état de difperfion & de captivité, foumis aux Chinois, une Horde des Tartares Sien-pi nommé So-teou, qui depuis long-tems habitoit dans le Nord fans avoir de commerce avec les Peuples Méridionaux, commença à fe faire connoître. On appelloit encore ces Peuples Topa. Un de leurs anciens Rois nommé Mao avoit poffedé trente- fix Royaumes qui devoient occuper tous les vaftes pays qui font le long de l'Angara & de l'Obi. Toui-in, un de fes Defcendans à la cinquiéme génération, s'étoit avancé du côté du midi proche un grand lac dont on ignore la fituation.

[ocr errors]

L'an 251.

Lin-khan, fept générations après, avoit partagé tous fes Sujets en dix familles; fon fils Kie - fuen étoit venu dans le midi & avoit pris poffeffion de l'ancien pays des Huns. Après fa mort, Lie-vi qui lui fuccéda vint habiter aux environs de Ta-tum-foù dans le Chan-fi, & soumit les Peuples voisins. Ce fut lui, qui le premier envoya fon L'an 161 fils Cha-mo-han vers l'Empereur des Goei; ce Tartare fut retenu comme en ôtage à la Chine jufqu'à ce que les

(a) Ce Canton étoit fitué où font aujourd'hui Kan-tcheou & So-tcheou, à

l'extrémité Occidentale du Chenfi.
(b) Vers le Lac de Lop.

L'an 271.
Tcin-chu.

L'an 275.

144

Tein devenus maîtres des Etats que poffedoient les Goei Après J. C. le renvoyerent en Tartarie: c'eft ainfi que ces Tartares Topa jetterent les fondemens d'une puiffante Monarchie qui s'empara d'une grande partie de la Chine, devenue comme on le voit la proye de tous ces Barbares de la Tartarie & de la Siberie. Quelques Chefs des Huns voulurent profiter de la foibleffe où fe trouvoit alors cet Kam-mo. Empire. Lieou-mum qui prenoit le titre de Tanjou fe révolta contre les Tcin, fit des courfes dans la Province de Pim-tcheou (a); mais l'année fuivante il fut tué par fes propres fujets qui fe foumirent aux Tcin. Lie-vi, Chef des Tartares Topa, reconnut auffi l'Empereur des Tein qui commençoit à s'établir, & lui renvoya son fils Cha-mo-han; mais à fon retour en Tartarie Cha - mohan fut tué par les Grands de la Nation, ce qui fit mourir de chagrin Lie-vi. Lie-hou fut mis fur le Throne, & fous fon regne ces Tartares furent confidérablement affoiblis. Les Huns au contraire fe rétablirent entiérement dans le midi & formerent un nouvel Empire qui penfa renverser celui de la Chine. C'est ce que la fuite de l'hiftoire va nous apprendre.

L'an 177.

(a) Dans le territoire de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.

I I.

LES HUNS,

Autrement appellés HAN ou premiers TC HAO.

Après J. C

IEOU-YUEN-HAI, Fondateur de cette nouvelle Dynastie des Huns, né parmi les Hordes qui étoient établies à Sin-hing (a), étoit fils de Pao, Chef des Hordes d'Orient, auquel les autres Chefs avoient donné le titre de Lieou-chi. Lieou eft le nom de famille de la Tein-chou Dynastie des Han, que les Huns avoient pris, parce qu'ils fe prétendoient defcendus de ces Empereurs Chinois, en conféquence des alliances qu'ils avoient contractées avec eux, & particulierement du mariage de l'ancien Tanjou Me-té avec une Princeffe de la Chine. Pao avoit épousé une femme de la famille appellée Hou-yen-chi, qui étoit la premiere & la plus illuftre parmi les Huns. Comme Lieou-yuen-hai fut un grand homme, & fur-tout le Chef d'une Dynastie & le Restaurateur de la Nation des Huns, on a crû devoir orner l'Hiftoire de fa naiffance de prodiges qui annonçoient ce qu'il devoit être dans la fuite. On prétend qu'un jour fon pere demandant au Ciel un fils, apperçut un grand poiffon qui avoit deux cornes fur le fommet de la tête; ce monftre s'approcha de l'endroit où l'on faifoit le facrifice, & difparut après y avoir refté pendant quelque tems. Les Devins annoncerent cette apparition comme un heureux présage. La nuit suivante la femme de Pao vit en fonge le même monftre changé en homme, tenant dans fa main quelque chofe qui repandoit une lumiere extraordinaire & qu'il lui donna en lui`annonçant qu'elle auroit un fils. A fon reveil elle inftruifit Pao de cet événement, & celui - ci rappellant dans fa mémoire

(a) C'étoit alors un canton dont la Capitale s'appelloit Kio yam, qui eft aujourd'hui Sicou-yong dans le pays de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.

Tome I.

T

gure

que fa mere lui avoit prédit qu'il auroit une poftérité qui s'éAprès J. C. tendroit jufqu'à la troifiéme génération, tira un heureux audu rapport de toutes ces chofes. Mais on ne s'en tient point à ces fables: on y ajoute de nouveaux prodiges, que je ne rapporte que parce qu'ils peuvent fervir à nous faire connoître le caractere de cette Nation.

Lieou-yuen vint au monde à treize mois, ayant en écrit dans fa main gauche le nom de Yuen-hai qu'on lui donna. Il avoit beaucoup d'efprit & de fagacité. Il perdit fa mere à fept ans. La vive douleur qu'il témoigna dans cette occafion, fes larmes & fes cris toucherent toute fa famille, & lui mériterent de juftes éloges de la part des étrangers. Les Hiftoriens Chinois font cette remarque, parce qu'il n'y a pas de pays où les devoirs que les enfans font obligés de rendre à leurs parens, foient plus recommandés qu'à la Chine, & où celui qui s'en acquite foit plus eftimé; en même-tems que celui qui y manque eft couvert d'un mépris univerfel. Liequ-yuen attira donc par-là fur lui l'attention des principaux Officiers de la Province. Souvent de pareilles actions chez les Anciens Chinois faifoient fortir de la pouffiere un Sujet pour l'élever aux plus grandes dignités de l'Empire.

Quoi que j'écrive l'Hiftoire d'un Prince Hun ou Tartare, il ne s'agit plus ici de ces Barbares qui habitoient dans les plaines de la Tartarie fous des tentes & au milieu de leurs troupeaux. Depuis que les Huns étoient venus demeurer dans la partie Septentrionale de la Chine, les principaux de la Nation s'étoient policés. Ils aimerent les Sciences, les cultiverent, les apprirent à leurs enfants & imiterent en tout les Chinois à cet égard.

Lieou-yuen donna tout le tems de fa jeuneffe à l'étude & à la lecture de ces anciens livres fi refpectés des Chinois, c'eft-à-dire des King, ou livres canoniques qui contiennent les principes d'un bon gouvernement. Il méditoit fans ceffe fur ces fameux ouvrages; c'eft ainfi qu'il vit l'Y - king, le Chi - king, le Chou-king, & le Tchun

tcieou.

Le premier de ces King, l'Y-king eft le monument le

plus ancien qui fe foit confervé parmi les Chinois & même parmi les hommes. L'Empereur Fo-hi, fuivant tous les Hiftoriens, en eft l'Auteur. Il confifte en lignes droites, entieres ou coupées en deux parties, toujours placées horisontalement, réunies les unes avec les autres en différentes manieres, dont la combinaison monte à foixante-quatre, que l'on appelle les foixante quatre Koua. C'eft véritablement un livre inintelligible que la feule antiquité a rendu refpectable, & qui l'eft devenu d'avantage par les Commentaires que Ven-vam, & enfuite Confucius, les Fondateurs de l'Ecole Philofophique des Chinois y ont ajoutés, tirant des principes de morale, tant pour la Société que pour le Gouvernement, de l'accord & de la réunion de toutes ces lignes. Mais le plus grand ufage que l'on fait de ce livre eft la divination. Plus il eft enveloppé de ténébres, & plus les Chinois y découvrent de connoiffances. L'Y-king fert à tout, il eft la fource de toutes les Sciences, & on l'employe à prédire aux hommes ce qui doit leur arriver.

Le Chi-king beaucoup moins ancien, eft un recueil de piéces de Poëlies faites à la louange des grands hommes fous les trois premieres Dynasties Chinoifes. Selon Confucius rien n'étoit plus propre que ce livre pour porter les hommes à la vertu & les inftruire de leurs devoirs. On chantoit ces Odes dans toutes les Cérémonies publiques, dans les Sacrifices, dans les Affemblées; car la Mufique faifoit alors une partie considérable du Gouvernement & de la Religion. L'accord & l'harmonie des fons qui fervoient à exprimer ces chanfons, portoient dans le cœur des peuples le même accord, & leur infpiroient la douceur les uns pour les autres, & le refpect pour les Dieux. Un des principaux Officiers de l'Empire préfidoit à la Mufique; il étoit chargé de l'enseigner aux Princes & aux Grands de la Nation. Il mettoit en vers & en chant les préceptes qu'il leur donnoit & les fentimens qu'il vou→ loit leur infpirer.

Le Chou-king encore plus inftructif & plus utile par le détail des vertus & des vices des Empereurs de la Chine

Après J. C.

« AnteriorContinuar »