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l'an 209.

pératrice, ni fon fon fils, ni ceux des Grands qui ne voulurent point se foumetrre. Tant de meurtres furent les dégrès qui fervirent à élever ce Prince barbare fur le trhône. Avant J. C. Cet événement arriva l'an deux cens neuf avant JefusChrist, la premiere année du regne d'Ulh-chi Empereur de la Chine, & la vingt-neuviéme du quarante-deuxième cicle Chinois.

tous

Me - té.

Kam-mo.

Les Tartares Orientaux fitués au Nord du Leao - tong Suki. étoient devenus alors très-puiffants. Informés de la révolution qui venoit d'arriver chez les Huns, & du grand nombre de mécontens que la cruauté de Me-té avoit fait foulever, ils ne fongerent qu'à porter la guerre dans fes Etats, pour s'y enrichir par les vols & les brigandages, ou lui ravir quelques-unes de fes Provinces. Une chofe, qui chez toute autre Nation que des Tartares auroit été méprisée, fixa l'attention des Grands & fervit de prétexte pour faire la guerre. Me-té avoit dans fes haras un cheval de prix qui faifoit, dit-on, mille li (a) en un jour. Les Tartares Orientaux le firent demander par des Ambaffadeurs qu'ils envoyerent Su-ki. exprès. Me-té affembla les chefs de la Nation étoient d'avis qu'on ne l'accordât pas aux Tartares; mais l'Empereur ne croyant pas ce motif fuffifant pour rompre avec fes voifins, fit remettre le cheval. Cette conduite ne fervit qu'à augmenter l'orgueil & l'infolence des Tartares Orientaux. Ils crurent en avoir impofé aux Huns. Devenus plus entreprenans, ils exigerent de nouveau qu'on leur donnât une des femmes de l'Empereur, & ce Prince, qui ne cherchoit que la paix, la remit malgré l'avis de fon Confeil, proteftant que fon attachement pour une femme ne le conduiroit jamais à rendre fes fujets malheureux, en les obligeant de foutenir une guerre avec des voifins redoutables. Mais plus il s'efforçoit de maintenir la paix, plus les Tartares Orientaux s'empreffoient de trouver des moyens pour la rompre. Il y avoit alors un terrain abandonné qui fervoit à féparer les deux Nations, mais qui étoit de la dépendance des Huns. Les Tartares Orientaux vou

(a) C'est une expreffion Chinoife pour fignifier un cheval qui peut faire de grandes courfes. Li est une mesure Chinoife.

l'an 209. Me-té.

loient qu'on le leur abandonnât, & les Chefs des Huns; Avant J. C. confidérant le peu d'avantage que l'on retiroit de cette terre, paroiffoient affez indifférens à cet égard. Il n'en fut pas de même de Me-té. Cette terre n'étoit point un bien qui lui fût propre, c'étoit une partie des Etats que fes ancêtres lui avoient laiffés ; c'étoit un bien appartenant à ses fujets, & dont il ne croyoit pas pouvoir difpofer comme il avoit fait de l'Impératrice & de tout ce qu'on avoit exigé jufqu'alors. D'ailleurs ces demandes réïtérées des Tartares Orientaux l'irritoient. Il monta à cheval, ordonna que tous fes Cavaliers le fuiviffent, & fit mourir ceux qui resterent les derniers à éxécuter fes ordres. Il furprit les Tartares qui n'étoient point préparés à le recevoir; il les défit, tua leur Roi, fit un grand nombre de prifonniers & emmena quantité de troupeaux. Les reftes de cette Nation fe fauverent dans les montagnes de Tartarie fituées au Nord de la Province de Pekim, dans le pays qui porte aujourd'hui le nom de Cartchin ils s'y partagerent en deux bandes qui formerent deux Nations confidérables dont il fera fouvent fait mention dans la fuite, & qui ont été très-puiffantes dans la Tartarie. Les uns ont pris le nom Sien-pi qui étoit celui des montagnes qu'ils avoient choifies pour faire leur demeure, & les autres, pour la même raison, étoient appellés Ou-huon. Ces deux Nations parloient la même langue, & avoient à peu de chofes près

Ven-bientum-kao. Hequ han bou.

Han-chou. Ven bientum-kao.

les mêmes coûtumes.

:

Après que les Tartares Orientaux eurent été ainfi difperfés, Me-té tourna fes armes victorieufes du côté de l'Occident & du Midi. Il battit les Tartares Yue-chi qui habitoient vers Kua-tcheou & Cha-tcheou.Il foumit les hordes des Tartares qui demeuroient dans le pays d'Ortous & fit le dégât jufques dans la Province de Tai, aujourd'hui Ta-tum-fou dans le Chanfi. Ces victoires le rendirent maître en peu de tems de tous les pays que les Tfin avoient enlevés aux Huns. Ses nombreufes armées qui étoient de trois cent mille hommes, & les guerres civiles qui affoibliffoient la Chine, lui donnerent la fupériorité fur tous fes voifins, & il devint le plus puiffant Monarque qui fût alors dans ces extrémités Orientales de l'Afie.

Ce

Avant J. C.

Me-té.

Ven bien

tum-kao.

Ce Prince, de même que fes ancêtres, portoit le titre de Tanjou ou Chen-ju, qui eft une abbréviation de Tcemli-ko-to-tan-jou (a), c'est-à-dire fils du Ciel dans la langue des su-ki. Huns. Son nom de famille étoit Lien-ti-chi (b). Il avoit fous Han-chu. lui deux (c) principaux Officiers, l'un de la gauche & l'autre de la droite, c'est-à-dire, l'un de l'Orient & l'autre de l'Occident, qui portoient le titre de Roi. Celui de la gauche demeuroit à Cham-kou, pays fitué dans le territoire de Pao-gan-tcheou,& fon Gouvernement s'étendoit du côté de l'Orient jufqu'à la Corée. L'autre demeuroit dans la Province de Cham, à préfent Yen-gan-fou dans le Chenfi, il commandoit à tous les peuples qui habitent vers l'Occident,du côté deCha-tcheou& duTou-fan ou Tibet. Le Tanjou, car c'est ainsi que je l'appellerai dans la fuite, résidoit quelquefois à Yun-tchong aujourd'hui Ta-tum-fou dans le Chanfi. On voit par-là que ces Huns poffédoient la partie

(a) Dans la Langue des Huns, Teengli fignifie le Ciel, & Ko-to-tan-ju fils lelon Ma-tuon-lin dans fon Ven-bien-tumKao. L'Hiftorien des Han donne une autre explication de ce terme: Tceng-li le Ciel, Koto, fils & Tan-jou grande & large figure; c'est-à-dire, la grande reflemblance du fils du Ciel. Teeng-li eft une altération du mot Tangri qui fignifie encore Dieu, dans la langue des Turcs de Conftantinople.

(b) Il y avoit chez les Huns après la famille de Lien-ti-chi ou Hiu-lien-ti-chi, ou Lan-ti-chi, qui étoit celle du Tanjou, trois autres principales, les plus nobles de toutes celles qui formoient la Nation. La premiére nommée Hou-yen chi, la feconde Lan-chi, & la troifiéme Su-po-chi. Le Tanjou s'allioit toujours dans la premiére & la troifiéme; dans la fuite on a ajouté une quatriéme nommée Hicou-lin-chi. La famille Hou Hien-chi tenoit toujours la gauche ; c'est-à-dire, qu'elle avoit le pas fur les autres.

(c). Les differentes charges de l'Empire des Huns font,

1. Le Hien-vam de la droite & celui de la gauche.

2°. Le Ko-li-vam de la droite & celui de la gauche.

3°. Le Ta-tciam de la droite & celui de la gauche.

4°. Le Ta-tou-goei de la droite & celui de la gauche.

5°.Le Ta-tam-heu de la droite & celui de la gauche.

6°. Le Ko-tou heou de la droite & celui de la gauche.

Par la droite ils entendent l'Occident & par la gauche l'Orient; ce côté étoit le plus noble comme il l'eft encore aujour→ d'hui chez les Turcs, & c'est pour cela que celui qui devoit fucceder au Tanjou portoit toujours le titre de Hien-vam de la gauche,c'étoit comme le Vice-Roi d'O

rient.

Tous ces grands Officiers excepté les Ko-tou-heou avoient dix mille hommes de Cavalerie fous leur commandement leurs charges étoient héréditaires. Il y avoit enfuite des Officiers de mille hommes, de cent hommes & de dix hommes, divifion qui répond à celle qui fubfiftoit du tems de Genghif-khan qui avoit donné le commandement de ces troupes à des Chefs de Touman, ou de dix mille hommes, qui avoient fous eux des Chefs d'Hezare ou de mille hommes, ceux-ci des Chefs de Sede ou de cent & ces derniers des Chefs de Dehe ou de dix hommes.

D

Me té.

Septentrionale des Provinces de Chenfi, de Chanfi & de Avant J. C. Petcheli. Tout ce vafte Empire étoit gouverné par vingtquatre principaux Officiers qui commandoient chacun un corps de dix mille Cavaliers. Ils avoient fous leurs ordres des Chefs de mille hommes, de cent hommes& de,dix hommes; mais les deux plus grands Officiers de la Cour du des Tanju étoient le Hien-vam de la gauche & celui de la droite. Le premier étoit toujours regardé comme l'héritier préfomptif de la Couronne & le fucceffeur à l'Empire. Hien-vam en Chinois & Tou-chi dans la Langue des Huns Han-chou. fignifie Roi fage. Ces charges ou dignités étoient héréditaires dans les familles.

Sfu-ki.

Sfu ki.

A la premiere Lune de chaque année tous ces Officiers, grands & petits, tenoient une Affemblée générale à la Cour du Tanjou & y faifoient un facrifice folemnel à la cinquiéme Lune ils s'affembloient à Lum tching où ils facrifioient au Ciel, à la Terre, aux Efprits & aux Ancêtres. Il fe tenoit encore une grande Affemblée à Tai-lin dans l'Automne, parce qu'alors les chevaux étoient plus gras, & on y faifoit en même - tems le dénombrement des hommes & des troupeaux ; mais tous les jours le Tanjou fortoit de fon camp, le matin pour adorer le Soleil, & le foir la Lune. Sa tente étoit placée à gauche, comme le côté le plus honorable chez ces Peuples, & regardoit le couchant. Sa principale résidence étoit en Tartarie à la montagne In-chan, fituée au Nord du Leaotong, où il avoit un très-grand nombre d'ouvriers qui fabriquoient des arcs & des fléches.

Ces anciens Huns dans leurs funérailles obfervoient certaines pratiques que nous voyons encore en ufage chez les Tartares. Leurs cercueils étoient ornés de chofes précieuses (a): comme d'or, d'argent & de bijoux, à proportion des richesses

(a) En plufieurs endroits de la grande Tartarie, vers les frontieres de la Siberie, on voit, dit l'Auteur des remarques fur l'Hiftoire Généalogique des Tatars, des petites colines fous lefquelles on trouve des fquelettes d'hommes accompagnées de squelettes de chevaux&de plufieurs

fortes de petits vafes & joyaux d'or & d'argent. L'on y trouve même des fquelettes de femmes avec des bagues d'or aux doigts. On a cru en conféquence que la Tartarie avoit été habitée anciennement par des Peuples beaucoup plus civilifés & que ceux qui y font à présent

Mc-té.

du mort ; mais ils n'élevoient point de tombeaux. Un grand Avant J. C. nombre de domeftiques & de concubines fuivoient le corps & le fervoient comme s'il étoit vivant. Plufieurs braves l'accompagnoient,& à la pleine Lune ils commençoient des combats qui n'étoient terminés qu'à fon déclin. On coupoit alors la tête de plufieurs prifonniers,& les braves recevoient pour recompenfe une mefure de vin fait de lait aigre.

Sfu-ki.

Après que le Tanjou eut foumis les Tartares Orientaux vers la Corée & le pays des Niuché, & ceux qui étoient à Ven-hien l'Occident de la Chine, il réduifit fous fa puiffance les tum-kao. peuples de Tim-lim, (a) de Li-kuen, de Sin-li & plufieurs autres qui font fitués au Nord de l'Empire des Huns vers les rivieres de Selinga, Obi & Angara dans la Siberie. Alors le refte des Grands qui avoient fuivi le parti de l'ancien Tanjou le reconnut pour Empereur, & ce Prince, devenu par-là plus puiffant, fongea à faire de nouvelles entreprises contre la Chine.

Sfu-ki.

Cet Empire, après de grands troubles & de violentes agi- Kam-motations capables de le faire paffer fous une domination étrangere, s'il eut été attaqué au - dehors, venoit d'être enfin foumis à une famille Chinoife qui avoit pris le nom de Han. Kao-ti, qui en étoit le fondateur, s'appliquoit à réparer tous les défordres caufés par les guerres civiles; il avoit confié la garde de la Province de Tai ou Ta-tumfou dans le Chanfi à Sin qui portoit le titre de Roi de Han, & qui demeuroit ordinairement dans la ville de Ma-yé. Ce fut par ce côté que les Huns entreprirent de pénétrer dans la Chine à la tête de trois cens mille hommes. Ils affiégerent d'abord Ma-ye. Sin qui n'étoit point en Kam-no. état de résister à des armées fi nombreuses, envoya deman- Lie-tai-kider du fecours à l'Empereur; mais on n'eut aucun égard à ses représentations, on le foupçonna même de s'entendre avec les Huns, & on lui en fit des reproches. Irrité de la

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L'an 201

(u.

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