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L

I I.

LES HI A.

Après J. C.

Lie-tai ki

Tein-chou.

tum-kao.

Es Princes de cette Dynastie étoient descendus des anciens Tanjou du midy, & n'ont pas ceffé de regner fur une partie de ces Huns. Quoique cet Empire Su eût été en quelque façon détruit après la mort du Tan- Kam mo. jou Lieou-mum, Kao-ching-yuen fils de Kiu-pi qui avoit Ven-bienété Vice-Roi d'Occident, & envoyé l'an deux cens feize par l'Empereur de la Chine de la dynastie des Goei pour gouverner les Huns, fe mit à la tête de ces peuples. On ignore combien il regna; mais il eft certain qu'il eut pour fucceffeur fon fils Lieou-hou. Ce chef des Huns demeuroit à Sin-hing (a) dans le Chanfi, & donna à sa nation le nom de Tie-fo ; c'eft-à-dire Mere. Il étoit alors foumis avec les Sien-pi à Lieou - yuen - hai, Roi des Han. Lieou-hou battu enfuite par un général de l'Empereur Licou-hou. des Tcin, fe retira avec les sujets du côté de l'Occident, L'an 309. paffa le fleuve Hoam & alla habiter dans la plaine nommée Seou-liu-tchuen, qui eft fituée dans le d'Ortous. Là il obtint de Lieou-tçong Roi des Han qui avoit beaucoup d'égards pour cette famille, le titre de Kum de Leou-fan.

pays

L'an 310.

Lieou-hou devint jaloux de l'établissement que les Tar- L'an 318. tares Topa faifoient alors dans la Province de Tai(b) dans le Chanfi, où ils étoient gouvernés par un Empereur nommé You-liu; il fortit du pays d'Ortous avec fes troupes, & alla attaquer les Hordes occidentales des Topa; mais cette entreprise ne réuffit pas : il fut vaincu & obligé de fe fauver dans le Nord. Alors un de fes parens à la tête de la plupart de fes Hordes, se soumir

(a) Dans les environs de Ta-yuen-fou. (b) Dans les environs de Ta-tong-fou.

L'an 341.

aux Topa, qui, n'ayant plus d'ennemis fur les frontiéres Après J. C. Occidentales de leur pays, étendirent leurs conquêtes jufques fur les bords de la riviere d'Ili dans le milieu de la Tartarie, à l'Occident de l'Irtifch. Ces revers ne le rebuterent pas; après avoir raffemblé de nouvelles troupes il rentra dans le pays des Topa où il ne fut pas plus heureux, & il fut à peine rentré dans fon petit Etat qu'il Vou-huon. mourut, laiffant pour fucceffeur fon fils Vou - huon, qui changeant de maximes, eut recours à ces mêmes Topa qui avoient été jufqu'alors les ennemis de fa Nation : il obtint d'eux la paix avec une Princeffe qu'il époufa. Il rechercha auffi l'amitié de Che-hou Roi des Tchao, dont il reçut le titre de Vice-Roi d'Orient. Il mourut après avoir regné feize ans : fon frere Yu-teou lui fuccéda & voulut porter auffi-tôt la guerre chez les Topa; mais lorfqu'il vit l'Empereur de ces Tartares, qui faifoit la visite de fes Etats, arrêté avec fes troupes fur le bord du Hoam, il craignit que ces armées n'entraffent fur fes terres, & il L'an 358. fe foumit. Dans la fuite il eut le chagrin de voir une partie de fes Hordes fe revolter contre lui, & paffer fur les glaces le Hoam-ho pour fe rendre chez les Topa, & les autres fe foumettre à Sie-vou-ki fils de Vou- huon. Abandonné de prefque toute fa Nation, il fut contraint de fe fauver chez les Topa.

Yu-teou. L'an 356. Lie-tai-ki

fu.

Sie-you-ki

L'an 359.

Le nouveau Roi des Huns mourut prefque auffi-tôt & Lie-tai-ki- fon fils fut tué par Goei-chin qui s'empara du Royaume & envoya des tributs aux Topa. Goei-chin étoit frere de Sie-you-ki.

Su.

Goei-chin.

L'an 360.

fu.

Goei-chin envoya des ambaffadeurs à Fou - kien Roi des Tfin dans le Chenfi pour lui demander des terres Lie-tai-ki- où il pût venir camper pendant le printems : il les obKam-mo. tint de ce Prince; mais il n'y fut pas plutôt arrivé qu'un gouverneur des environs pour le Roi des Tfin, l'attaqua avec les troupes qu'il avoit fous fon commandement, & fit fur lui un grand butin. Quoique cette conduite eût été défapprouvée par le Roi des Tfin qui punit le gouverneur, Goei - chin en retournant dans fon pays, enleva plufieurs fujets des Tfin, qu'il renvoya dans la fuite pour

L'an 361.

faire croire à Fou-kien qu'il ne défiroit que la paix, & pour fe mettre en état de quitter fon parti fans dan- Après J. C. ger. Il fe tourna alors du côté des Tartares Topa, mais il ne tarda pas à fe brouiller avec eux & à prendre les armes; il fut auffi - tot battu & obligé d'avoir recours L'an 365. aux Tfin, auprès defquels la même conduite lui fit éprouver le même fort. Le Roi des Tfin entra dans le pays d'Ortous, fit prifonnier Goei-chin & rétablit l'ordre parmi tous ces barbares , pardonnant à Goei - chin à qui il conféra le titre de Kum de Hia-yam. Un autre chef de Huns nommé Tsao-kou qui avoit le titre de Vice - Roi d'Occident, & qui avoit fuivi Goei-chin, fut fait Kum de Yen-muen. Mais l'Empereur des Tartares Topa ne laiffa pas tranquilles ces Huns. Le Hoam charioit alors un grand nombre de glaces, il y fit jetter une quantité d'herbes, qui fe prenant avec ces glaces formerent un espéce de pont. Les Topa s'en fervirent pour paffer ce grand fleuve & entrer dans le pays d'Ortous. Goei - chin se fauva auffi-tôt chez les Tfin qui le renvoyerent dans fon pays avec des troupes.

Dans la fuite Goei-chin envoya fon fils Tche - lie-ti L'an 391. avec quatre vingt-dix mille hommes faire la guerre con- Lie-tai-kiSu. tre les Hordes méridionales des Topa; mais ils furent Kam-mo. vaincus par cinq ou fix mille hommes, & l'Empereur de ces Tartares nommé Kuei profitant de fa victoire les pourfuivit jufqu'à Yue-po-tching. Toute la famille de Goeichin fe fauva en défordre. Son fils fut fait prifonnier & lui tué par fes fujets. Le pays d'Ortous fut foumis aux Topa qui y prirent trois mille paires de chevaux & quatre millions de bœufs & de moutons. Un fils de Goeichin nommé Po-po fe retira chez les Sien-pi de la Horde de Sie-kan d'où il fut obligé, pour fe fouftraire aux Tartares qui le redemandoient, de paffer chez Mo-y-kan, chef d'une autre Horde des Sien-pi qui étoit foumise aux Tfin & qui lui donna fa fille en mariage. Un autre fils de Goei-chin nommé Ven-tchin paffa chez les Topa où il époufa une fille de leur Empereur.

C'est ici proprement que les Hiftoriens Chinois fixent

L'an 399.

Après J. C.

L'an 407.
Tein chu.
Kam-mo.

le commencement de la Dynaftie des Hia; mais j'aurois cru manquer à l'exactitude que je me fuis prefcrite, fi j'eus paffé fous filence tout ce qui précéde. Ces détails, Lie-tai ki- quoique peu confidérables, deviennent intéreffans en ce qu'ils nous font connoître les différens degrès par lefquels les Princes des Hia font parvenus, prefque infenfiblement, à cette puiffance dont nous allons les voir jouir, & comment ces petits Chefs de Hordes tout foibles qu'ils étoient ont pu donner naissance à un Empire affez étendu.

Su.

Po-po qui s'étoit retiré chez les Sien-pi fe fit alors connoître à la Cour de Yao-hing Roi des Tfin (a), auquel ces Tartares étoient foumis. Son courage, fa grandeur d'ame & fon efprit lui donnerent du credit auprès du Prince, malgré les efforts que le frere du Roi des Tfin fit pour s'oppofer à fon avancement: ce Prince prévoyoit dès - lors ce qui arriva dans la fuite; le Roi des Tfin qui ne voyoit dans Po-po qu'un fujet fidéle, avec le fecours duquel il pouvoit foumettre tout l'Empire, le mit à la tête de fes armées pour aller au fecours des Sien-pi; mais enfin fe rendant aux inftances de fon frere qui ne ceffoit de lui repréfenter combien il étoit dangereux de confier à Po-po le commandement de fes troupes,

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il le

renvoya dans le pays d'Ortous. La bonne intelligence

qui regnoit alors entre les Tartares Topa & le Roi des Tfin déplut tellement à Po-po qu'il ne fongea plus qu'à fe révolter. Il fe faifit d'abord de plufieurs chevaux que les Tartares Geou-gen envoyoient aux Tfin. Cette premiére démarche le conduifit à une autre plus violente; il tua le chef des Sien-pi qui lui avoit donné retraite, & s'empara de fes fujets. Il quitta alors le nom de Tie-fo que portoit fa Nation, & prit celui de Hia, fe faisant nommer Celeste Roi du grand Hia, fous prétexte qu'il defcendoit des anciens Tanjou qui tiroient leur origine de la famille de Hia, la premiére Dynaftie Impériale qui ait regné à la Chine. Il prit pour nom de famille Ho-lien, éta

blit

(a) Ce font les feconds Tein. Voyez les tables.

blit en même-tems un grand nombre de miniftres & d'of

Su.

Kam-mo.

ficiers de toute efpéce, comme s'il eût poffedé un royau- Après J. C. me confidérable & bien affermi. Il marcha enfuite con- Po-o. tre les autres Hordes des Sien-pi qu'il foumit, & alla affiéger la ville de San-tching qui appartenoit aux Tfin; il fit mourir plufieurs de leurs généraux, ne s'occupa qu'à faire des courfes de tous côtés, & fe rendit maître de plufieurs places qui étoient fituées dans le Nord du Royaume des Tfin. If demanda en mariage une fille du Roi des Leam du midy, & fur le refus qu'on lui en fit, il alla les attaquer avec vingt mille hommes, les battit & s'empara de tout le pays qui eft depuis Yam-fi jufqu'à Tchi-yam. Le Roi des Hia ne fut pas moins heureux dans la guerre L'an 408. qu'il fit contre les Tfin. Il remporta fur eux plufieurs Lie-tai-kivictoires considérables, & leur prit un grand nombre de prifonniers ; mais l'énumération de tous ces combats que Tein-chou. les Hiftoriens ne font qu'indiquer, ne paroît pas affez importante pour être placée ici. C'eft après tant de fuccès L'an 413. qu'il bâtit la ville de Tum-van-tching dans le pays d'Ortous, au fud de la riviere He-choui, que les peuples voifins appellent Ho-la-ou-fo-ho, à l'est de Nim - hia, & qui va fe jetter vers l'occident dans le Hoam-ho. Il nomma cette ville Tong-van-tching, c'est-à-dire la ville qui domine fur dix mille, parce qu'il fe flattoit de regner un jour fur dix mille Royaumes. Pour la conftruction de cette ville, Po-po fe fervitd'un homme dont la cruauté caufa la mort à un grand nombre d'ouvriers. Ce miniftre en vifitant les briques quiavoient été faites, tenoit à sa main une machine de fer pointue & lorfqu'en fondant elle entroit dans la brique il faifoit auffi - tôt mourir l'ouvrier. Sa cruauté étoit encore plus grande envers ceux qui fabriquoient des inftrumens de guerre, tels que les cuiraffes, les lances & les fléches, l'épreuve étoit toujours funefte à l'un ou à l'autre des ouvriers, c'est-à-dire, que la cuiraffe devoit refifter à la lance, fans que celle-ci s'émouffât ou fe rompit. Auffi ces fortes d'inftrumens qui avoient été fabriqués dans ce pays étoientalors recherchés des Chinois pour leur bonté.

Tome I.

Kk

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