Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Avant J.C. conduite de la Cour, Sin fit mourir ceux qui avoient été Me-té. chargés de lui porter les ordres de l'Empereur, & remit enfuite entre les mains des Huns fa perfonne & la ville de Ma-ye. A la faveur de cette place,ceux-ci entrerent plus avant dans le Midi, vinrent attaquer Tai-yuen, & s'avancerent jufqu'à Tcin-yam ( a ).

Sfu-ki
Катто.

Lie-tai-ki

Su.

Kao-ti Empereur de la Chine, informé des fuccès que les Huns avoient remportés, fe mit lui-même à la tête de fes armées. Les Chinois battirent en plufieurs rencontres le corps des Huns commandé par Sin, qui s'étoit avancé jufqu'à Tcin-yam, & ils auroient remporté de plus grands avantages, fi le froid & l'abondance des neiges, qui incommodoient beaucoup les foldats, n'euffent rallenti leur courage. Cependant l'Empereur de la Chine s'avançoit toujours dans le deffein d'attaquer le Tanjou, qui étoit campé dans une vallée près de Ta-tum-fou dans le Chanfi. Pour être mieux inftruit de l'état & de la fituation des Huns, il avoit envoyé des efpions dans leur camp; mais la prudence du Tanjou les trompa. Me-té avoit fait retirer dans des lieux écartés tout ce qu'il avoit de meilleurs foldats, & n'avoit laiffé dans le camp que les malades avec de mauvais chevaux & peu de beftiaux; les efpions Chinois rapporterent à l'Empereur que les Huns ne pouvoient tenir long-tems, & qu'il n'étoit pas douteux que, fion les attaquoit, ils ne priffent auffi-tôt la fuite; cependant l'Empereur ne voulut point hazarder un combat qu'il n'eut reçu de nouvelles inftructions. Il chargea Lieou-kim de cette commiffion : celui-ci plus expérimenté, découvrît tout le statagême, & repréfenta à l'Empereur qu'entre deux peuples ennemis & prêts à fe livrer bataille, chacun s'attache à montrer fes forces & à faire voir fes plus braves foldats; que la conduite toute oppofée que tenoient les Huns n'étoit qu'un artifice pour engager les Chinois à venir les attaquer, qu'ils avoient caché dans des embufcades deux cens vingt mille hommes, prêts à fortir au premier signal; qu'ainfi on ne pouvoit fans imprudence aller

(a) Cette ville dépendoit alors de hien dépendante de Ta-yuen-foudans le Tai-yuen. C'est aujourd'hui Tai-yuen- Chanfy.

Me-té

Te-tum-chi.

Han-ehou.

tum-kao.

en avant. L'Empereur, loin d'écouter cet avis, repro- Avant] C. cha à Lieou - kim de vouloir, par fes difcours, rallentir le courage de fes troupes, le fit mettre aux fers, & marcha auffi-tôt avec fon armée vers Pim-tchim, ancienne ville détruite & qui étoit fituée à cinq li à l'Occident de Ta-tum-fou. Toute l'armée Chinoife étoit de trois cens vingt mille hommes; mais il n'y en avoit qu'une partie qui avoit accompagné l'Empereur ; le refte étoit en marche Sfu-ki. pour le fuivre, lorfque le Tanjou parut avec quatre cens Kammo. mille hommes (a). Il furprît l'armée Chinoise, la coupa, & Ven-hienaffiégea pendant fept jours l'Empereur qui s'étoit retiré dans une Fortereffe (b) près de Ta-tum-fou, où il ne pouvoit recevoir ni fecours ni vivres. La Cavalerie des Huns, divifée en quatre corps qui étoient diftingués par la couleur des chevaux ( c ), l'environnoit de tous les côtés. Kao-ti ne trouva d'autre parti, pour fe tirer d'un fi mauvais pas, que d'engager la femme du Tanjou à prendre fa défense. Élle parla à Me-té & lui représenta que l'Empereur de la Chine avoit des reffources extraordinaires, que les Huns lui faifoient inutilement la guerre, puifque, quand ils parviendroient à s'emparer de fes Etats, ils ne pourroient jamais les conferver. Le Tanjou fe rendit à ces raisons, & faifant reflexion d'ailleurs que Vam - hoam & Tchao-li, Su-ki Généraux du Roi Sin, n'étoient pas venus au rendez-vous Lie-tai-kiavec leurs troupes, il appréhendoit qu'ils ne fuffent retournés du côté des Chinois. Quoique ceci ne fut qu'un foupçon mal fondé, il ceffa d'être attentif à obferver & à bloquer les Chinois & leur laiffa un côté de libre. Les Chinois en profiterent. A la faveur des brouillards ils alloient & venoient fans que les Huns paruffent s'en appercevoir. Le Général Tching-ping, avec les meilleurs Ar

(a) Le Sfu-ki mer quarante mille hommes. L'hiftoire des Han dit trente mille hommes d'élite. Celle qui eft intitulée Lic-tai-ki-fu met quatre cens mille hom

mes.

(b) A fept Li de diftance de Ta-tumfou dans le Chanfy du côté de l'Orient, il y a une montagne nommée Pe-teng fur

laquelle on a conftruit une forteresse où
l'Empereur Kao-ti s'étoit retiré.

(c) Les Cavaliers qui campoient à
l'Occident montoient des chevaux blancs,
ceux de l'Orient des chevaux pommelés.
ceux du nord des chevaux noirs & ccux
du midi des chevaux ifabeles.

fu.

Me-té.

chers conduifit l'Empereur. Ce Prince vouloit qu'on fe Avant J. C. hâtât, mais un Officier s'y oppofa, & fit marcher les troupes en bon ordre. Alors l'Empereur de la Chine, ayant rejoint le reste de fon armée, punit les efpions Chinois, tira des fers Lieou-kim & le récompenfa. Ainfi finit cette grande expédition qui paroiffoit devoir caufer la ruine de l'un ou de l'autre Empire.

Kam-mo. Ven-bientum-kao.

L'an 199.

Su-ma-kum

Cependant on s'étoit feparé fans faire la paix, & les Huns, dès la même année, avoient recommencé leurs courfes dans le territoire & les environs de Ta-tum-fou. Hi, Roi de Taľ avoit été obligé d'abandonner fon Royaume. Ces courfes devenant plus frequentes, l'Empereur qui en étoit fincérement affligé, à caufe des maux qui affligeoient fes Sujets, cherchoit tous les moyens d'y remédier; il paroiffoit difpofé à entreprendre une nouvelle guerre. Lieou-kim l'en détourna en lui repréfentant que L'Empire avoit befoin de la paix afin que les troupes nouvellement licentiées euffent le tems d'aller fe reposer dans leur Patrie. Il ajouta qu'avec un Prince tel que le Tanjou, qui étoit un barbare encore couvert du fang de fon pere, qui vivoit avec fa belle-mere dont il avoit fait fa femme, qui n'étoit redoutable que par la violence & la tyrannie, qui ne connoiffoit ni la juftice ni la piété, il falloit employer la rufe & l'artifice. Afin que par la fuite on parvint à le réduire, fans répandre le fang des Chinois, il propofa de lui donner en mariage une Princeffe Chinoife fille de l'Empereur, dans l'efpérance qu'elle adouciroit le caractère barbare de fon mari,& que fi elle avoit un fils, les Huns fe trouveroient gouvernés un jour par un Prince du fang Impérial de la Chine. Son deffein étoit, lorfque ce jeune Prince feroit en âge, de le faire venir à la Chine où il feroit élevé fuivant les coûtumes des Chinois; parlà, pendant tout le tems que Me-té regneroit en Tartarie KEmpereur étoit sûr d'avoir un gendre, & après fa mort un petit-fils Maîtres de ces grands Etats, les armes devenoient inutiles, & les Peuples fe foumettoient d'eux-mê

mes.

Quelques Historiens Chinois guidés, moins par le bien

Avant J. C.

Me-té.

Lie-tai-ki

Su.

public, que par cette fierté infupportable qui forme le caratère de cette Nation, défapprouverent ce confeil, prétendant que la Puiffance & la Majefté de l'Empereur de la Chine devoient feules en impofer aux Huns, & qu'il étoit deshonorant pour les Chinois, de voir le fang de leur Empereur mêlé avec celui d'un Barbare. Soit que ce motif prévalût dans l'efprit de l'Impératrice Liu-heou mere de la Kam-mo. Princeffe, foit que ce fût par attachement & par tendreffe pour fa fille, elle ne voulut jamais confentir qu'on l'envoyât en Tartarie; mais prenant une fille efclave, à laquelle l'Empereur donna le titre que portoient les Princeffes de fa famille, elle la fit conduire au Tanjou qui l'époufa comme fille de Kao-ti. Alors Lieou-kim conclut le traité entre les deux Nations. Dans la fuite, & lorfque les Chinois furent obligés de donner des Princeffes du Sang Impérial aux Souverains de Tartarie, ce ne fut, le plus fouvent, que des filles efclaves qu'ils leur envoyerent, après les avoir honorées du titre de Kum-tchou ou Princeffe du Sang.

La paix qui venoit d'être faite, n'empêcha pas que les Chinois ne fe tinffent toujours fur leur garde. Les Huns poffedoient alors le pays d'Ortous qui n'eft éloigné de Sigan-fou que de fept cens li. Ils pouvoient fe rendre dans Kam-mo. cette Capitale en peu de tems; & avant que l'on eût pâ mettre fur pied des troupes fuffifantes pour les chaffer, ils fe feroient trouvés au centre de l'Empire. Lieou-kim qui, pendant fon voyage en Tartarie avoit été à portée de s'en convaincre par lui-même, confeilla à l'Empereur de placer fur les frontieres plufieurs familles Chinoifes, connues par leur bravoure & capables de deffendre l'entrée de la Chine cet avis fut fuivi & l'on difperfa dans ces terres environ un million d'hommes.

Ces familles fervirent à contenir pendantquel que tems les L'an 197. Huns; au moins il eft certain que ces peuples, foit qu'ils ne fuffent pas en état de remuer ou qu'ils n'ofaffent le faire à caufe de ces nouvelles garnifons; foit qu'ils vouluffent observer les Traités, ne prirent aucune part dans une revolte qui arriva à la Chine, malgré les vives follicitations des principaux rebelles qui leur envoyerent demander du fe- L'an 195

avant J. C.

Me-té.

Kam-mo. Sfu-ki.

Sfu-ki.
Kam-mo.

Lie tai-ki

Su.

cours. Mais quelque tems après un de ces rebelles nom mé Liu-van Roi de Yen s'étant retiré en Tartarie avec dix mille hommes, les Huns ne firent plus de difficulté de recommencer leurs courses. Il eft vrai que l'Empereur Kao-ti venoit de mourir, & quoique fon fils Hiao-hoei-ti lui eût fuccédé, toute l'autorité étoit entre les mains de l'Impératrice Tai - heou. Le Tanjou avoit beaucoup de mépris pour cette Princeffe. Dans les lettres qu'il lui écrivit il L'an 192. S'exprimoit dans des termes fi peu convenables, que l'Impératrice fit affembler fon Confeil, pour délibérer fi elle ne feroit pas fur le champ couper la tête aux Ambaffadeurs, & fi elle ne porteroit pas enfuite la guerre dans la Tartarie. Un Miniftre nommé Fan-hoei ofa fe vanter de traverfer & de fubjuguer tout l'Empire des Huns avec cent mille hommes. Un autre Miniftre appellé Li-pou que ce difcours irritoit dit hautement que Fan - hoei méritoit la mort, puifqu'autrefois avec trois cens mille hommes il commandoit n'avoit pu débarraffer le feu Empereur Kaoti ; » Vous l'avez - vû, dit-il, affiégé par les Huns » fans ofer le fecourir. Aujourd'hui les Peuples ont en» core ce défaftre préfent à leurs yeux ; on » leur entend dire nous avons été fept jours fans vivres vivres, le bruit de leurs plaintes n'eft point encore ceffé, les malades ne font point encore guéris de leurs bleffures. Prétendez» vous, Fan-hoei, par des paroles trompeuses, exciter tout » l'Empire à recommencer la guerre, & pouvoir avec cent mille hommes ravager celui des Huns. Non, c'eft avoir trop d'orgueil; ne croyez point que ces barbares reffem» blent à des animaux incapables de diftinguer le bien d'a» vec le mal. C'eft avoir trop de mépris pour des hommes. Oui j'ofe le dire, dans l'état d'affoibliffement où nous fommes,la paix eft préferable. Ce difcours fit impreffion : l'Impératrice fe contenta d'exiger que le Tanjou écrivit d'une maniere plus refpectueufe, ce qu'il fit; s'excufant, pour le paffé, fur ce qu'il n'étoit point affez inftruit des ufages de la Chine. Alors la paix fut conclue. Il paroît qu'elle dura affez long-tems, & qu'elle ne fut interrompue que par deux incurfions que les Huns firent dans le territoire de

Sfu-ki. Ven-bientum-kao. Lie-tai-kiSu.

L'an 181,
Kam-mo.
Lie-tai-ki-

Su.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Lin-tao-fou

« AnteriorContinuar »