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Après J. C.

mille hommes, d'autres diminuent ce nombre (a). Après l'action, les Goths ne furent occupés que des fu- L'an 45 nerailles de leur Roi Théodorick. Enfuite Thorifmmond fon fils fut déclaré fon fucceffeur. Il fe difpofoit à attaquer de nouveau les Huns, mais Aetius qui craignoit que la deftruЄtion entiére de ceux-ci, ne rendit les Goths trop puiffans, & que par-là ils ne fuffent en état de s'emparer de l'Empire, détourna ce Prince, & lui confeilla d'aller promptement prendre poffeffion du thrône que fes autres freres pouvoient lui difputer s'il leur laiffoit le tems de former un parti. En conféquence Thorifmond fe retira à Toulouse, capitale du royaume des Vifigoths. Attila qui n'étoit pas inftruit de toutes ces menées, cru td'abord qu'on vouloit lui tendre un piége pour le furprendre ; mais lorsqu'il fçut que les Vifigoths s'étoient véritablement retirés, il reprit courage & fortit de fon camp. Trop foible pour attaquer Aetius il s'en retourna vers le Rhin, rentra dans fon pays où il ne s'occupa qu'à reparer fes pertes pour entreprendre une autre expédition.

Jornandes.

Ce Prince mit fur pied de nouvelles armées, quitta la L'an 453. Pannonie & marcha du côté de l'Italie où l'alarme fut bientôt repandue partout. Comme on ne s'attendoit point à cette incurfion, le pays étoit dégarni de troupes, les paffages étoient mal gardés, & il n'y eut que la honte feule qui empêcha Aetius & l'Empereur de quitter l'Italie. Tout fe paffa à la Cour en délibérations inutiles, pendant qu'Attila s'avançoit & portoit le ravage de tous côtés; il pilla les campagnes, ruina les villes & ne fut arrêté dans fa marche que par celle d'Aquilée où il y avoit une forte garnifon. Il y trouva plus de résistance qu'il ne s'y attendoit, fes troupes en murmurerent & vouloient fe retirer, lorfque le hazard lui fit appercevoir quelques cigognes qui retiroient leurs petits du nid qu'elles avoient fait aux murailles de la ville, & les portoient à la cam-pagne; il le fit remarquer à fes foldats & fçut leur per

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(a) Calanus Dalmata prétend que Bleda n'étoit pas encore mort & qu'il étoit dans cette grande bataille.

Tome I.

Rr

fuader que ces oifeaux ne délogeoient que parce qu'ils Après J. C. prévoyoient la ruine de la ville. Le foldat le crut, redouL'an 453 bla fes efforts & Aquilée fut emportée d'affaut, pillée & faccagée; de maniere qu'il n'en refta plus que quelques veftiToutes les autres villes de la Venetie fubirent le mêges. me traitement.

Conftant.

Porph.de

C'est à cette invafion d'Attila que l'on fait remonter les commencemens de la fondation de Venife. Tous les Adm. Imp. peuples des contrées voisines s'étoient retirés dans un en

Jernandes.

Prifcus.

droit défert & marécageux & dans les Ifles de la mer, où, fe trouvant en fureté, ils s'établirent & jetterent les fondemens de cette puiffante République. Attila pendant ce tems continua de ravager l'Italie, pilla Milan, Pavie & plufieurs autres villes. Son deffein étoit d'aller à Rome; mais il balançoit, furtout lorfqu'on lui repréfentoit le fort d'Alarick qui étoit mort peu de tems après avoir pris cette ville, & il craignoit que le même accident ne lui arrivât. D'ailleurs les maladies & la difette avoient confidérablement diminué fes troupes ; Aetius avec les fecours que Marcien avoit envoyés en Italie avoit défait quelques partis des Huns. Dans le tems qu'il étoit incer tain fur le parti qu'il avoit à prendre, arriva le Pape St. Léon, chargé de la part de Valentinien pour traiter avec lui. C'est ce qui fauva Rome : on fit une efpéce de trêve & on promit de payer tous les ans aux Huns un tribut; mais Attila ne diffimuloit point qu'il ne tarderoit pas à revenir en Italie fi on ne lui envoyoit Honoria, en abandonnant à cette Princeffe ce qui lui appartenoit.

Après la conclusion de ce traité, Attila reprit le cheJornandes. min du Danube & retourna dans fes Etats, où ennuyé d'une paix qui lui paroiffoit trop longue, il envoya des Ambaffadeurs à Marcien pour lui faire dire qu'il alloit ravager tout l'Empire s'il ne lui payoit les tributs auxquels Théodofe s'étoit engagé; mais ceci ne tendoit qu'à couvrir un plus grand deffein, c'étoit, à ce que l'on prétend, celui de rentrer dans les Gaules & d'aller foumettre les Alains qui demeuroient dans le Valentinois. Il quitta la Dace & la Pannonie. Thorifmond de fon côté

avoit rejoint les Alains, & de concert ils s'avancerent au devant d'Attila (a) le battirent & l'obligerent à fe retirer Après J. C. en défordre.

Dans la fuite, malgré le grand nombre de femmes que priscus. ce Prince avoit déja, il ne laiffa pas d'en époufer une Jornandes. nouvelle nommée Ildico ou Idilco; mais pendant les re- L'an 454. jouiffances qui fe firent à cette occafion, il but une fi grande quantité de vin qu'on le trouva noyé le lendemain dans for fang. A cette vue les barbares s'arracherent une partie de leurs cheveux & fe firent des incifions fur le vifage, prétendant qu'on ne devoit pas pleurer la mort de ce Prince, comme pleurent des femmes, mais avec des larmes de fang. On dreffa enfuite au milieu du camp une tente de foye, fous laquelle on plaça fon corps dans une bierre d'or qui étoit enfermée dans une d'argent & celleci dans une de fer. Plufieurs cavaliers firent des courfes autour de cette tente, en chantant les louanges d'Attila; on fit enfuite un grand feftin & on l'enterra fecrettement pendant la nuit ; on mit avec lui fes armes & tout ce qui lui avoit fervi, & par la même raifon, fuivant la coutume des Tartares, on égorgea plufieurs de fes domeftiques qui avoient affifté à la cérémonie. Ainfi finit misérablement celui qui avoit fait trembler les Romains & qui fe difoit le fleau de Dieu. Avec lui périt l'Empire des Huns fi l'on peut appeller ainfi le regne paffager d'un Prince qui vraisemblablement n'avoit été qu'un chef de Horde, devenu plus puiffant que les autres chefs.

Après fa mort la division se mit parmi les Huns, & ces peuples ne fe trouverent plus affez forts pour contenir les nations qui leur étoient foumises. Attila laiffa plufieurs enfants, entre lefquels nous n'en connoiffons que trois; l'aîné nommé Ellac auquel il avoit destiné la couronne, Denghifick & Hernack (6). Le partage des pro- Jonander

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.

Après J.

L'an 454.

C.

Jornandes.

vinces occafionna des disputes, dont Arderick Roi des Gepides profita pour recouvrer la liberté & se souftraire à la domination des Huns. Les autres nations fuivirent cet exemple & il fe donna un grand combat dans la Pannonie auprès du fleuve Netad. Arderick remporta la victoire & les Huns perdirent trente mille hommes: Ellac fut tué, fes autres freres mis en déroute fe fauverent ver le Pont-Euxin, & les Gepides refterent maîtres du pays des Huns, c'eft-à-dire de la Dace. Les Sarmates & les Semandres s'établirent dans l'Illyrie proche, le château de Mars. Les Goths ou plûtôt Oftrogoths, gouvernés alors par les trois freres Valemir, Théodemir & Videmir partagerent entre eux la Pannonie, depuis Sirmick jufqu'à Vindomine. Hernack fils d'Attila fe foumit aux Romains & alla habiter dans l'extrêmité de la petite Scythie. Emnedzar & Uzindar fes parens s'établirent dans une partie de la Dace (a), où ils furent connus fous le titre de Faderati ou d'alliés.

Dans la fuite les Goths, ne fe trouvant pas affez au large dans la Pannonie, firent des incurfions fur les terres de leurs voisins, & particuliérement fur celles de Denghifick qui avoit encore fous fa domination les Ulfingours, les L'an 461. Angifcires, les Bittugors & les Bardores. Ce Prince se mit à la tête de ses troupes & affiégea Bassiana en Pannonie, dont il ravagea tous les environs. Les Goths quitterent alors la guerre qu'ils faifoient contre les Satages pour venir au fecours de leurs provinces. Les Huns furent vaincus & obligés de fe retirer.

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Dans le tems que la puiffance de ces peuples s'affoibliffoit de plus en plus, il fe fit une nouvelle migration de Scythes venus du nord ou plutót de l'Orient; car les Hiftoriens ont fouvent confondu ces deux points. Les Saragours, les Ouroges & les Ounogours (b) ou plutôt Ouigours avoient été chaffés de leur pays par les Sa

Bendegucz encore vivant, & que par
fon
confeil il époufa une fille de la race des
Corofmans, c'eft-à-dire des Kharifmiens,
dont il eut Edemen & Ed.

(a) Dacia ripenfis.
(a) Jornandes dit que

les Romains ti

roient d'eux les Martes Zibelines, il les nomme Onogours, Menandre Ouigours.

Après J. C.

Su.

Hift généal.

birs, & ceux-ci par les Abares. Pour être inftruit plus à fond de ces événemens, il faut fçavoir qu'un Prince nom- Lan 462. mé Vou-goei qui étoit devenu très-puiffant dans la Tartarie, s'étoit depuis peu rendu maître de Turphan; & fous la protection de l'Empereur de la Chine, de la Dynastie des Sum, il avoit pris le titre de Roi. Il étoit mort l'an quatre cens quarante-quatre de J. C. & avoit eu pour Lie-tai-kifucceffeur fon frere Gan-tcheou, qui l'an quatre cens foi- ; xante fut attaqué par les Tartares Geou-gen, enfuite tué & des Tatars. fon royaume donné à un homme appellé Han-pe-tcheou Kam-mo. qui prit le titre de Roi d'Igour. Un grand nombre de ces tum-kao. peuples après la mort de leur Roi Gan-tcheou fe retire- Jornandes. rent fur les bords de la riviere d'Irtifch, où ils étoient occupés à faire la chaffe aux Zibelines; de-là ils s'avancerent du côté de l'occident & fe cantonnerent dans les plaines qui font le long du Volga. C'étoit eux qui fourniffoient aux Romains les Martes Zibelines qu'ils prenoient dans la Siberie vers l'Irtifch. On leur a donné indifféremment les noms d'Ouigours & d'Onogours ou Unouigouri, ces derniers étoient les Igours du nord.

ger

Ven-bien

Prifcus.

Cette nouvelle invafion des peuples Tartares a dû occafionner de nouveaux troubles parmi les Huns & les oblià fe refferrer d'avantage dans les pays qu'ils poffedoient. Il paroît cependant qu'ils refferent ensemble, puifque nos Hiftoriens les confondent toujours & ne 464 les défignent que fous le nom général de Huns. Quoiqu'il en foit, ces Etrangers vainquirent d'abord les Huns Ácatzires, voifins alors des Romains & envoyerent à ceuxci des Ambaffadeurs pour faire alliance avec eux. L'Empereur Leon les reçut avec bonté & leur fit des préfens. Dans la fuite ils continuerent leur route vers le midi & s'étant joints aux Acatzires, ils entreprirent de faire une irruption dans la Perfe. Ils prirent leur chemin le long de la mer Cafpienne par ce fameux paffage que les Anciens ont appellé Portes Albaniennes, & que nous nommons aujourd'hui Derbend. On y voit une ville du même nom fituée précisément dans l'endroit où les montagnes, qui fuivent en quelque façon la côte, s'approchent

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