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ceux qui les concernoient; mais revenons aux Huns.

Chaque année ces peuples recommençoient leurs cour- Avant J. C. ses tant dans le Chenfy, que dans le Chanfy, le Petcheli Lao cham, Leao-tong. L'Empereur de la Chine touché des maux que fes Peuples fouffroient fit propofer au Tanjou de renouveller les anciens Traités. On s'engagea de part & d'autre à les obferver, & l'on convint que ceux qui entreroient fur les frontieres de l'un & de l'autre Enipire, pour y faire Sfu-ki. quelque incurfion, feroient punis de mort. Peu de tems . après le Tanjou Lao-cham mourut.

(a) Kiun- tchin Tanjou fils de Lao-cham monta fur

Lie-tai-ki

le Thrône. Ven-ti Empereur de la Chine fit la paix avec Kiun-tchin. lui. Mais il paroît que le nouveau Tanjou n'avoit au- L'an 158. cun deffein d'obferver ce Traité. Il ne tarda pas à le rompre, & envoya trente mille cavaliers Huns qui entrerent dans le Chanfy, pillerent Ta -tum - fou & plufieurs autres places, où ils firent un butin très - considérable; l'Empereur de la Chine fit partir auffi- tôt plusieurs Généraux qui s'avancerent jufques fur les frontieres: mais les Huns s'étoient déja retirés. Il arriva pendant le cours de cette campagne un événement, qui, par fa fingularité mérite de trouver place dans cette Hiftoire. L'Empereur de Lie-tai-kila Chine visitoit tous fes différens camps; les Généraux & su. les Officiers alloient au-devant de lui & le conduifoient avec autant de refpect que d'empreffement. Tcheou-ya-fou au contaire ferma la porte de fon camp, & fit dire à l'Empereur que les Loix & les regles de la guerre ne permettoient pas que ceux qui étoient fous les armes quittafsent leurs poftes pour acccompagner une perfonne qui ve noit vifiter un camp; les Officiers & les Soldats obéirent à l'ordre de Tcheou-ya-fou & l'Empereur qui n'entra su-ki. point dans le camp, touché de la fermeté de fon Gé- L'an 157 néral, approuva fa conduite & lui accorda de nouveaux

(a Kiun- tchin Tanjou eft je crois le Kiun-khan que les Hiftoriens Perfans font fuccéder à Ogouz-khan comme on peut le voir dans la vie d'Ogouz-khan. Chez les Chinois, il eft le fücceffeur de

Lao-chang; mais je ne crois pas que
l'on regarde la fucceffion donnée par les
Perfans comme bien exacte, ils paroiffent
n'avoir nommé que quelques Princes &
non une fuite des Khans.

Kam-mo.

Kam-me.

titres d'honneur. Ce Prince qui mourut l'année suivante; Avant J. C. eut pour fucceffeur Hiao-kim-ti.

Kiun-tchin

L'an 154.

L'ants

L'an 144.
Kam-mo.

Au commencement de fon regne, plufieurs Grands de l'Empire avoient eu des mécontemens fous le précédent Empereur fe révolterent. L'un d'eux nommé Soui Roi de Tchao, voulut engager fecrétement les Huns dans fon parti: les Roi de Ou, & de Tchou, qui fe préparoient à fe joindre à lui, furent battus avant que de pouvoir éxécuter leur dessein. Le Tanjou ne leur donna aucun secours,l'Empereur de laChine renouvella avec lui les anciens Traités & lui envoya une Princeffe Chinoife,avec de grands Han-chou préfens. Ainfi les Huns, pendant tout le tems que ce Prince fut fur le Thrône de la Chine, n'y firent que de petites incurfions, dont les Hiftoriens ont négligé de nous conferver le détail. C'eft dans une de ces courfes que le Général Chinois nomme Li-kouam avec peu de foldats, répandit Lie tai-ki- l'allarme dans le camp des Huns, & les obligea de reculer. Ils étoient entrés dans le district de Yen-gan-fou dans le Chenly dont Li-kouam avoit la garde. N'étant un jour fuivi que de cent cavaliers il fe trouva en préfence d'un gros corps de Cavalerie des Huns, fes Soldats vouloient fe retirer, Li-kouam les retint & les engagea, en leur repréfentant que leur falut dépendoit de la contenance qu'ils feroient, de tenir ferme, afin que les Huns cruffent que les Chinois étoient en bien plus grand nombre. Il continua de s'avancer, & leur ordonna, auffi - tôt qu'ils feroient arrivés à peu de diftance des. Huns, de mettre pied à terre & d'ôter les felles de leurs chevaux. Un Officier des Huns monté fur un cheval blanc & fuivi de quelques troupes s'approcha des Chinois, Li-kouam avec quelques cavaliers fondit fur lui & le tua. Toute l'armée des Huns épouvantée se retira pendant la nuit, & Li-kouam

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Lie-tai-kisu.

Kam-mo.

s'en revint.

Dans la fuite & après que Vou-ti fut monté fur le Thrône de la Chine, le Tanjou demanda à faire la paix. On délibéra à cette occafion dans le Confeil de la Chine. Vam

L'an 135 kuei, qui avoit une grande connnoiffance des affaires des Huns, étoit d'avis qu'on ne la leur accordât pas, fous pré

texte que les fiécles paffés fournissoient un trop grand nombre d'exemples de l'inconftance & de la légereté de cette Avant J.C. les Huns, fembla- Kiun-tchin Nation. Han-gan-koue répondit que les Huns, bles à des oifeaux qui prennent la fuite, ne peuvent être atteints ni vaincus ; qu'on ne remporte avec eux aucun avantage; que les hommes & les chevaux destinés à les poursuivre périffent de mifere, qu'ainfi l'on doit préférer la paix. Ce fut auffi l'avis de tous les Miniftres, & il fut fuivi. En conféquence les Huns venoient tranquillement commercer fur les frontieres de la Chine; mais il paroît que cette paix n'étoit pas fincére de la part des Chinois. Pendant que les Huns étoient dans la bonne foi, on cher- L'an 133. choit à les attirer dans quelque ambufcade. C'étoit un confeil de Vam-kuei, qui prétendoit que l'on devoit employer l'artifice. Han-gan-koue qui étoit d'un avis contraire avoit rapporté fous les yeux l'exemple de l'Empereur Kao-ti que les Huns avoient tenu affiégé pendant fept jours. »> Ce Prince, difoit Han-gan-koue, après la levée du siége ne fe laiffa point emporter par des fentimens de vengeance & de fureur, parce qu'il eft du devoir d'un grand Roi de » chercher le bien de fes Sujets & non de les facrifier à fes haines particulieres. Il ne fongea qu'à faire la paix, & on s'en trouva bien depuis. C'est donc le parti le plus avantageux que nous avons à prendre. Envain Vamkuei, qui vouloit la guerre, lui répondit que fi Kao-ti n'avoit pas tiré vengeance de l'affront qu'il avoit reçu, c'eft qu'il n'avoit pû le faire; que les craintes continuelles où l'on étoit que les Huns n'entraffent fur les frontieres, & le dégât même qu'ils y avoient déja fait, devoient exciter la compaffion des Miniftres zelés pour le bien public, & les réunir tous pour exterminer une Nation qui causoit tant de maux. Han-gan-koue avoit toujours perfifté dans fon premier avis. » Un Prince, difoit-il, qui médite une entreprise d'importance, doit fe conformer à la maniere dont fes ancêtres fe font comportés, & il ne doit agir qu'après avoir attentivement refléchi fur leur conduite & » leur maximes. Ceux qui aiment les armes ne cherchent » que les combats, dans la paix ils ne foupirent qu'après

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30

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Avant J C.

Kiun-tchin

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voilà

les troubles; ils ne veulent être occupés qu'à ravager les Provinces & renverser les murailles. Etre toujours au milieu de fes Miniftres & dompter fes ennemis quelles doivent être les maximes d'un grand Monarque. » A présent on endosse tout d'un coup la cuiraffe & l'on » court à l'Ennemi. Peut-il fe faire de belles actions avec » une telle conduite? Si la fortune eft favorable,on en pro» fite; mais fi le fort est égal, on se tue les uns & les au» tres, on ne remporte aucun avantage, & une armée pé» rit de mifere; c'eft perdre des hommes pour faire des » efclaves.

Ce confeil avoit été rejetté. Vam - kuei, chargé de conduire cette expédition, ne voulut point s'engager dans le pays des Huns; mais paroiffant fe conformer aux idées du Tanjou, il efperoit l'attirer fur les frontieres & fe rendre maître de fa perfonne & de fon armée, en difpofant des Soldats en ambuscade de tous côtés. Conformément à la réfolution que l'on avoit prife, on avoit envoyé une armée de trois cens mille hommes, commandée par Han-gan-koue, Li-kouam & Vam-kuei; ils camperent dans une vallée de la Province de Chanfy, Kam-mo. proche la ville de Ma-ye. Là ils ordonnerent fecrettement à un Officier de paffer chez les Huns & d'offrir au Lie-tai-ki- Tanjou de lui remettre cette place avec toutes les ri

Sfu-ki.

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chefses qui y étoient. L'Officier exécuta ces ordres & fçut engager le Tanjou à fe mettre à la tête d'une armée de cent mille hommes avec lefquels il entra dans la Chine. Il vint à Vou-tcheou près de Ta-tum-fou; il s'approcha même de Ma-ye, où il vit dans les campagnes une quantité de troupeaux difperfés & abandonnés dont il fe faifit; mais cette négligence de la part des Chinois lui fit naître quelques foupçons. Il marcha enfuite vers une tour dont il fit le fiége; il y arrêta un Officier Chinois qui étoit venu pour examiner fes⚫ démarches, & il apprit de lui que toute l'armée étoit cachée & n'attendoit que le moment de le furprendre. Il récompenfa l'Officier & fe retira auffi-tôt. Les Chinois voulurent aller à fa poursuite, mais ils ne purent le re

Avant J. C.

joindre. Vam-kuei auteur de toute cette grande expédition attaqua fans beaucoup de fuccès les bagages: on Kiun-tchin. lui fit fon procès, & il fut condamné à perdre la tête ; mais il prévint fon fupplice en fe donnant la mort.

Lie-tai-ki

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Ces Hoftilités devoient néceffairement rompre la paix. L'an129. Auffi-tôt, les Huns recommencerent à faire le ravage dans le territoire de Pao-gan-tcheou dans le Petcheli : l'Empereur Vou-ti envoya Goei-tcing & plufieurs autres Généraux pour les repouffer. L'armée de Li-kouam dont on a déja parlé fut battue par les Huns. Dans l'action ce Kam-mo. brave Officier, qui étoit tombé entre leur mains, n'échap- Su-ki. pa qu'avec peine, après avoir contrefait le mort & s'être enfuite faifi d'un cheval avec lequel il rejoignit fes troupes. Suivant les loix de la Chine il méritoit la mort; ilfe racheta en donnant une fomme d'argent, & on fe contenta de le dégrader de toutes fes charges & de toutes fes dignités. Goei-tcing enleva quelques Prisonniers, & c'est tout le fruit que l'on tira de cette expédition. Comme les Huns ne ceffoient de faire des courses, l'Empereur fit camper le Général Han-gan-koué à Yu-yang dans la Province de Peking avec ordre de refter dans ce pays; mais cette armée ne put empêcher que ces peuples ne continuaffent leurs ravages, & L'an 128. pour en garantir le territoire de Yum-pim-fou, l'Empereur de la Chine fut obligé de pardonner à Li-kouam & de lui confier la garde de cette contrée. Les Huns qui le redoutoient & lui donnoient le nom de Général volant

n'oferent le venir attaquer. Ils tournerent d'abord leurs Sfu-ki. forces du côté du Leao-tong où ils envoyerent vingt Kam-me. mille hommes qui y firent deux mille Prifonniers; enfuite marchant dans le Pet-cheli ils vinrent attaquer Yu-yam où ils prirent mille hommes. Ils voulurent affieger le Général Han-gan-koue; mais ils furent repoufTés. De-là ils pafferent dans le Chanfy vers Ta-yuenfou & y firent des Prifonniers. Ils effuyerent cependant quelque échec de la part des Goei-tcing & de quelques autres Généraux qui commandoient des troupes dans cette Province, ce qui les obligea d'en fortir.

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