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une autre contrée pendant que lui avec un pareil nombre de Avant J. C. troupes, fe mit en état de fe défendre contre les entrepriY-chi-fic. fes de Ta-lou.

Sfu ki.

Kam-mo.

L'an 114.

que

Telle étoit la fituation du Royaume des Ou-fiun, lorfTcham-kiao arriva chez eux : ces troubles furent cause le Kuen-mo n'osa traiter avec lui. Envain l'Ambafque fadeur lui propofa de faire alliance avec les Chinois contre les Huns, lui promettant une fille de l'Empereur: on ne put déterminer la Nation qui n'avoit point une fi haute idée de la puiffance de la Chine. Les Ou-siun aimerent mieux refter dans leur pays & vivre même fous la domination des Huns, que d'aller chercher vers le Chenfy de nouvelles demeures, & le Kuen-mo, qui d'ailleurs étoit vieux, ne pouvant fe faire obéir, fe contenta de renvoyer Tchang-kiao avec des préfens pour l'Empereur. Il fit partir en même-tems des Ambaffadeurs, moins pour remercier le Monarque Chinois, que pour s'informer fecrettement de la fituation, des forces, & des richeffes de la Chine.

Les Huns ne furent pas plutôt inftruits des traités qui fe projettoient entre les deux Nations, qu'ils fe difpoferent à faire la guerre aux Ou-fiun; de forte que les Ambaffadeurs de ceux-ci qui étoient encore à la Chine, pour éviter de tomber entre les mains de leurs ennemis en prenant la route ordinaire, furent obligés pour s'en retourner chez eux de gagner le Tibet, enfuite la Bactriane, & de revenir vers le Nord-eft dans leur pays. D'un autre côté, les Ou-fiun, allarmés des préparatifs que les Huns faifoient, fe hâterent de conclure le traité avec la Chine: ils envoyerent des préfens confidérables à l'Empereur & le prierent de donner à leur Roiune Princeffe Chinoife; mais ce mariage ne fe fit que quelques années après; & il ne fe paffa plus rien de remarquable dans l'Empire des Huns jufqu'à la mort du Tanjou Y-chi-fie, ou au moins la connoiffance des événemens ne nous a point été tranfmife. Ce Prince avoir regné pendant treize ans, & il eut pour fucceffeur fon fils Ou-goei.

Pendant les premiéres années de ce nouveau regne,

Kam-mo.

les Huns furent affez tranquilles du côté de la Chine, Avant J. C. qui étoit alors occupée à faire la guerre dans le midi Ou-goei. vers la Cochinchine. Ils fe contentoient seulement d'in- Sfu-ki. terrompre, autant qu'ils le pouvoient, le commerce que Kam mo. les Chinois s'efforçoient d'établir entre la Chine & les pays occidentaux. Mais auffi-tôt que l'Empereur eut fini la guerre qui occupoit fes troupes dans le midi, il L'an i. envoya les Généraux Kum-fun-ho & Tchao-pou-nou en Tartarie : l'un & l'autre ne firent aucune rencontre, & ne retirerent d'autre fruit de cette expédition que celui d'avoir inutilement fatigué leurs Soldats dans ces déferts. Lie-tai-kiL'Empereur Chinois, qui vouloit à tel prix que ce fut fe fu venger de toutes les infultes que les Huns avoient faites depuis-long-tems à fes Sujets, se mit lui-même à la L'an 110. tête d'une armée de cent quatre-vingt mille hommes prit fa route par le pays de Si-gan-fou & d'Yen - ganfou dans le Chenfy, paffa la grande muraille & entra dans le pays de Tço-fam ou d'Ortous. Après avoir visité le pays qui eft fitué au Nord du fleuve Hoam, vers Piljotai-hotun, il envoya un de fes Officiers au Tanjou pour lui faire fçavoir qu'il étoit entré dans la Tartarie, avec une armée nombreuse. L'Officier Chinois arrivé chez le Monarque des Huns, après s'être étendu fur la force & la multitude des troupes de fon Maître, fur l'impoffibilité de lui réfifter, fomma le Tanjou de fe rendre, repréfentant qu'il lui étoit inutile de fe refugier dans les pays qui font au Nord du defert, pays, que les grands froids rendoient inhabitables. Le Tanjou indigné de ce difcours fit arrêter & conduire l'Officier dans le fond de la Tartarie vers le Lac Pai-kal. C'est tout ce qui résulta de la marche de cette grande armée Chinoife, & l'Empereur de la Chine fut obligé de reprendre la route de fes Etats. Cependant le Tanjou, qui vouloit ménager les Chinois, défendit à fes fujets de faire des courses fur les terres de la Chine, & cet ordre fut caufe que les Huns accoutumés à trouver dans le pillage, les chofes qui leur étoient néceffaires, manquerent de tout, & furent obligés d'aller

A vant J. C. Ou-goei. Sfu-ki.

L'an 108.

chaffer dans leurs forêts. Plufieurs fois le Tanjou envoya des Ambaffadeurs à la Chine pour demander la paix. D'un autre côté les Chinois avoient donné ordre à Vang-où & à d'autres Officiers de paffer en Tartarie pour s'informer exactement de la fituation des Huns, pendant que ceuxci faifoient la même chose à l'égard de la Chine. Mais ce qui les inquiétoit le plus étoit ce commerce que les Chinois entretenoient avec les peuples Occidentaux, c'est-à-dire vers la Bactriane, le Khorafan & les Indes. Les Huns étoient continuellement occupés à chercher les moyens de l'interrompre, & engageoient les peuples voifins à entrer dans leurs vûes, en leur faifant entendre qu'ils y étoient également interreffés.

Tous ces petits Royaumes, dont la plupart confiftoient en cinq.ou fix villes, étoient fouvent forcés d'obéir aux Huns, parce qu'ils n'étoient pas affez puiffants pour leur réfifter, & par la même raison ils fetrouvoient enfuite expofés à la colere & à la vengeance des Chinois. C'eft ce qui arriva particulierement aux Leou-lan, qui arrêtoient & faiHan-chou. foient périr ceux que l'Empereur de la Chine envoyoit dans l'Occident. Ce Prince fut obligé de faire partir le Général Tchao-pou-nou à la tête de fept cens cavaliers pour leur faire la guerre. On prit la capitale des Leou

Kam-mo.

Sfu-ki.
Kam-mo-

fituée fur les bords du Lac de Lop: on tua leur Roi, & de-là on paffa dans le passa dans le pays des Igours dont les troupes furent défaites. Les Huns informés que les Leou-lan étoient devenus tributaires des Chinois, leverent aussi-tôt une armée & entrerent dans ce pays. Le nouveau Roi fut obligé d'envoyer un de fes enfans en ôtage chez le Tanjou, pendant qu'un autre étoit retenu chez les Chinois, dont il redoutoit également la puiffance: ces peuples venoient de foumettre toute la Corée jusqu'à la mer Orientale.

Le Tanjou avoit fait demander plufieurs fois la paix; mais les Chinois exigeant de lui qu'il leur envoyât fon fils aîné en ôtage, il ne voulut jamais y confentir. Il répondit que c'étoit agir contre les anciens traités, puisque les Chinois au contraire avoient coutume d'envoyer en

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Avant J. C.

Tartarie une de leurs Princeffes avec de grands présents, afin que les Huns ne fiffent point de courfes chez eux. En agiffant ainsi, le Tanjou avoit moins envie de faire la Ou goci. paix que de tirer des Chinois des fommes & quelques préfents; & pour en impofer d'avantage, il dit à Vam-ou alors Ambassadeur de la Chine auprès de lui, qu'il vouloit se rendre en perfonne à la Cour de l'Empereur pour conclure le Traité. Vam-ou en donna avis à fon Maître, qui fit auffi-tôt préparer un Palais magnifique à Si-gan-fou pour y recevoir le Tanjou ; mais le hazard voulut que dans le même tems, l'Ambaffadeur des Huns tomba malade & mourut, malgré les foins que les Chinois employerent pour lui conferver la vie. L'Empereur fit porter en Tartarie le corps de cet Ambaffadeur avec des préfens confidérables. Le Tanjou crut ou feignit de croire qu'on avoit fait mourir fon Miniftre, retint prifonnier l'Envoyé des Chinois, & comme Vam - ou n'avoit pû jufqu'alors faire partir pour la Chine le Prince héritier de l'Empire des Huns; ceux-ci, qui n'avoient point de mefures à garder, recommencerent leurs courfes fur les frontieres des Chinois : ce qui obligea l'Empereur d'établir un camp & des pays troupes dans le d'Ortous.

L'an 107.

Ces nouvelles garnifons rendirent inutiles toutes les L'an 105. tentatives des Huns du côté de la Chine. Dans l'impoffibilité d'y remporter des avantages, ces Peuples tournerent leurs armes contre les Ou-fiun, que leurs liaifons avec les Chinois faifoient regarder comme ennemis du Tanjou. Les Ou-fiun effrayés envoyerent auffitôt à la Chine pour se mettre fous la protection de l'Empereur & faire un traité, à condition que leur Roi épouferoit une Princeffe Chinoife: ce qu'ils obtinrent. Mais le traité ne fut pas plutôt conclu, que le Tanjou obligea le Prince des Ou-fiun d'époufer une de fes filles : tant les Huns étoient alors redoutables dans la Tartarie. La Princeffe Chinoife au défefpoir de fe voir dans un pays fi éloigné & fi barbare, s'occupoit quelquefois, pour diffiper fon ennui, à faire des vers, dans lefquels Han-chou. elle dépeignoit fon malheur. Voici la traduction de

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Kam-mo.

Sfu-ki.

Ulh.

Sfu-ki.

quelques-uns que les Hiftoriens ont confervés.

Ma famille m'a donné un Epoux,

Et m'a forcé de demeurer dans un pays éloigné.

Là de miférables tentes font mes Palais,

Des pieux en forment les murailles,

La chair crue fait toute ma nourriture

Le lait caillé est ma boisson.

Ah chere partie, je pense continuellement à vous:

Mon cœur eft mortellement bleffé:

Que ne fuis-je oiseau

Pour aller vous rejoindre!

Dans la même année le Tanjou Ou-goei mourut après. un regne de dix ans. Son fils Ou-fu-liu lui fucceda, & comme ce Prince étoit jeune, on lui donna le titre de Ulh-Tanjou ; c'eft-à-dire, du Tanjou enfant. A fon avenement au thrône il renvoya l'Officier Chinois qui avoit été chargé de conduire le corps de cet Ambaffadeur des Huns dont j'ai parlé plus haut, & qui étoit retenu en Tartarie depuis trois ans ; il fixa fon habitation vers le Nord-ouest, & mit le Vice-Roi d'Orient à Yun-tchum dans le pays de Ta- tum - fou, & celui d'Occident vers Kan tcheou & So-tcheou.

L'Empereur de la Chine informé du changement qui venoit d'arriver à la Cour des Huns, renvoya deux Ambaffadeurs en Tartarie pour faire des compliments de condoleance, l'un au nouveau Tanjou, & l'autre au Vice-Roi d'Occident. Il étoit contre l'ufage de s'adreffer à ce dernier dans ces fortes de cérémonies; mais l'Empereur avoit deffein de faire naître des foupçons dans l'efprit du Tanjou contre cet Officier, & de mettre par ce moyen la divifion entre eux. En effet le Tanjou irrité de ce procédé, fit arrêter les Ambaffadeurs Chinois. Kam-mo. L'Empereur de la Chine fit de même à l'égard de ceux Lie-tai-ki- des Huns qui étoient à fa Cour, & fes projets eurent

Sfu-ki.

Su.

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