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ne, & après s'être abbaiffées confidérablement, elles fe relevent, vont gagner la ville de Samara, où elles portent le nom d'Arall-tag ou montagne des Aigles, & courant alors directement du fud au nord, elles fervent à féparer la Ruffie de la Siberie, & vont se terminer vis-à-vis le Détroit de Naffau & la nouvelle Zemble.

Telle eft la vafte charpente qui foutient la plus grande partie de l'Afie. A ces chaînes & furtout à celles du midi c'est-à-dire à la montagne du ciel, depuis Caschgar jufqu'à Hami,& enfuite plus au midi encore, c'est-à-dire à la chaîne qui va depuis Khoten jufqu'à la Chine, & qui fert à renfer mer toute la petite Bukharie comme dans un cercle, tous les grands terreins font comme fufpendus, & s'abaissent à mefure qu'ils s'éloignent de ce centre, qui eft comme la voûte & la partie la plus élevée de tout l'édifice. De-là part une grande quantité de fleuves qui font entraînés en différens fens, felon la pente des terres, les uns du côté du midi,comme l'Indus & le Ganges qui vont fe rendre dans la mer des Indes; les autres coulent vers l'occident; ceuxci font le Gihon & le Sihon qui fe jettent dans la mer Caf pienne. L'Obi, la Jenifea, le Selinga, la Lena fe précipitent vers le nord, & fe déchargent dans la mer feptentrionale. L'Amour, le Hoam-ho & le Kiam,après un long cours vont fe rendre dans la mer orientale. Tous ces grands fleuves partent de la ceinture qui environne le terrein compris entre Caschgar & la Chine d'un côté, le Tibet & la Tartarie proprement dite de l'autre. On lui a donné dans ces derniers tems le nom de petite Bukharie.

Dans cet intérieur, la terre brûlée par l'ardeur du Soleil, n'y est plus une terre, mais une cendre fluide qui coule au gré des vents, & qui, après avoir enfeveli les voyageurs fous de grands monceaux, ne laiffe plus appercevoir qu'un fond pierreux & brûlé. La providence y a menagé cependant quelques endroits moins mauvais, comme pour fervir de paffage pour pénétrer dans les pays plus orientaux, c'est-à-dire dans la Chine. On y trouve auffi quelques rivieres. Je ne parle point de celles qui font le long des montagnes; celles-ci n'ont pas un grand cours, je parle

'de deux ou trois qui fortent de la partie des montagnes qui eft à l'occident, c'est-à-dire vers Kaschgar & Khoten, & qui coulent vers l'orient. L'une, foit que le terrein n'ait pente, pas affez de les fables accumulés en emfoit que pêchent le cours, s'arrête & fe perd au milieu du defert. Les deux autres vont plus loin, & après s'être réunies, elles fe jettent dans un grand lac appellé Lop, qui eft fitué dans la partie la plus baffe de tout ce grand terrein. Les anciens Chinois penfoient que les deux fleuves dont je viens de parler étoient le même que le Hoam-ho, qu'après être entrés dans le lac de Lop,ils s'enfonçoient dans des abîmes, paffoient par-deffous les terres, & repareffoient dans l'endroit où le Hoam-ho prend fa fource. Cette derniere idée mife à part, Ptolémée paroît avoir auffi confondu le Hoamho avec ces deux fleuves fous le nom d'Oechardes.

Après ces refléxions générales fur toute la Tartarie, je viens à la Defcription plus particuliere de fes différents pays. D'abord je parlerai de ceux qui font fitués entre Kafchgar & la Chine, c'eft-à-dire de la Scythie au-delà de l'Imaüs & d'une partie de la Serique ; car il paroît que ce nom ne doit pas appartenir à la feule Chine feptentrionale, comme quelques-uns l'ont prétendu,mais qu'il faut encore y joindre les conquêtes des Chinois du côté de l'occident, c'est-à-dire Hami, Turphan & les autres pays voifins dont ils étoient maîtres. De-là je pafferai à la Scythie, qui eft au nord d'Igour, & qui doit faire partie de celle dont je viens de parler; mais dont Ptolémée n'a point eu de connoiffance, ou tout au plus, dont il n'a cité que quelques noms. Enfuite je viendrai à la Scythie en deça de l'Imaüs, qui comprend le Captchaq & le Maouarennahar. Je m'attache principalement aux anciens Géographes Chinois, afin de faire connoître l'état & la fituation de ces pays, fous la Dynaftie des Han, c'eft-à-dire environ deux fiécles avant Jefus-Chrift, & un fiécle après. S'il eft furvenu dans la fuite des changemens par rapport aux limites des Empires & des Royaumes de cette contrée l'Hiftoire nous les fera connoître à mesure qu'ils fe préfenteront dans l'ordre des tems. Mais afin que ceux qui

s'appliquent à la Géographie puiffent travailler fur les Mémoires que je leur préfente, s'ils le jugent à propos, j'ai rapporté avec beaucoup de foin tout ce que les Chinois nous apprennent, & fi j'ai entrepris de fixer plufieurs de ces lieux, je l'ai fait de maniere que les relations Chinoises feront toujours diftinguées de mes refléxions. Je propofe mon fentiment, mais je n'exige pas qu'on l'adopte fans examen.

CHAPITRE PREMIER.

PETITE BUKHARIE,

Et partie de la Scythie en-deçà & au-delà de l'Imais.

H

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Kam-me.

A MI eft connue depuis long-tems des Chinois & il en eft fouvent fait mention dans leur histoire. Tout le canton étoit appellé anciennement Y-ou-liou, il a fouvent été de la dépendance de la Chine; mais vers l'an 713 de J. C. une famille nommée Tchin en forma un Royaume. Ces Princes, qui portoient le titre de Roi, s'y maintenoient encore fous la Dynaftie des Sum, & il y Tetum-chi. avoit eu jufqu'alors dix générations. Autrefois ce pays étoit rempli de villes, mais prefque toutes font ruinées à préfent. La principale eft Y-ou-hien la même que Hami, & où les Empereurs des Han avoient une garnifon Chinoise. Dans la fuite les Tam l'appellerent Y-tcheou, suivant un ufage reçu à la Chine qui laiffe aux Fondateurs de Dynafties & généralement à tous les Empereurs, la liberté d'affigner de nouveaux noms aux Provinces & aux Villes; ce qui fait naître de grandes difficultés lorsqu'on yeut reconnoître les anciens lieux.

Distances de Hami à plufieurs autres endroits fuivant la
Géographie des Mim.

De Hami à So-tcheou dans le Chenfi

Vers le S. à Yo-muen-kuan

Vers le S. E. à Yam-kuan

1510 li.

800 li.

2730 li.

Les autres Villes font 1°. Na-che-hien au S. E. des frontieres de Hami vers le Lac de Lop. Les Han y avoient

autrefois une garnifon. 2°. Jeou-yuen-hien fur les frontieres de Hami.

Au Nord du pays de Hami on trouve la montagne Tien chan ou Montagne Celefte, qui portoit chez les anciens Huns le nom de Ki-lo-man-chan. On l'appelle encore Sioue-chan ou montagne de neige. Elle fait partie de cette longue chaîne de montagnes qui vient de Kafchgar. Au midi de cette montagne à deux li, il y a un lac nommé Yen-tchi qui doit être le lac Parkol.

Ma-piao-chan eft une montagne fituée au Sud-eft de Hami fur les frontiéres du pays. Dans le voisinage est une autre montagne appellée Vang-hiang-ling. Your-ho eft une riviere fituée à 130 li de Hami vers l'Orient.

Niang-tfu-tchuen eft une riviere ou fource à l'E de la riviere Your. Les gens du pays l'appellent Ko-tun-che-la.

Ho-lo-tchuen riviere fur les fronieres de Hami au Sud. Il y a dans ce voisinage le lac Tang-tfuen-tchi.

Kan-lo-tchuen autre riviere à 300 li au Sud. Il y a dans le voifinage le lac Tang-tfuen-tchi.

Kan-lo-tchuen autre riviere à 300 li au N. O. de Hami. M. Paul donne au pays de Hami le nom de Camoul, & il en fait une Province du Royaume de Tangout qu'il dit être voifin de deux déferts, dont l'un eft le grand défert de fable. Il ajoute que l'on y trouve toutes les chofes né ceffaires à la vie, que les habitans étoient fort adonnés à leurs plaisirs, qu'ils étoient idolatres, & que par religion ils étoient fort hofpitaliers, principalement envers les étrangers, leur abandonnant leurs maifons & leurs propres femmes pour les fervir en tout ce qu'ils défiroient; & ne rentrant qu'après s'être affurés du départ. Les peuples de Hami croyoient que cette proftitution étoit agréable à leurs Dieux, & les ordres de l'Empereur Kublai-khan ne purent leur faire abandonner cette pratique.

Benoît Goez parle de cette Ville fous le même nom & dit qu'elle eft éloignée de Kia-yu-kuan près de So-tcheou de neuf journées de marche. Il place dans les environs la ville d'Aramuth.

Les places les plus occidentales de la Province de Chen

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