on lui annonça le grand danger où il 1656. étoit. Cette nouvelle ne lui caufa aucune frayeur : il fe confeffa, il fe munit de tous les Sacremens de l'Eglife, & enfuite il travailla à fon teftament avec Pierre de Vieira de Silva, Secretaire d'Etat. Lorfqu'il fentit fes forces entierement épuisées, il fit appeller tous les Grands de la Cour, les principaux Miniftres, les Chefs des Tribunaux Royaux, les Magiftrats de la Ville, les Chanoines de Lisbonne, & tous les Chefs des Ordres Religieux. Il leur recommanda à tous de veiller attentivement à la confervation de la foi, & à la defense du Royaume pendant la minorité de fon fils. Il dit que cette idée le confoloit, & qu'il efperoit qu'elle ne feroit point vaine, connoiffant par fa propre experience leur zele pour leur Prince, & pour leur Patrie. Le Comte de Vimiofo avoit été tué dans un combat qui s'étoit paffé entre les Comtes de Caftelmelhor, de Saint Laurent, & Dom Michel de Portugal, le Comte de Saint Jean, & Fernandes d'Almada : ils étoient tous retenus dans les prifons pu 1656. bliques. Le Roi craignant que leur haine n'entraînât des fuites plus fâcheufes après la mort, les fit tous venir, les reconcilia, & les exhorta à s'unir étroitement,& à travailler unanimement au bien de l'Etat. Il ordonna au Comte de Soure de ferendre en pofte dans la Province d'Alenteyo, pour veiller à tous les mouvemens que les ennemis ne manqueroient pas de faire à la nouvelle de fa mort. Enfin il entretint la Reine fur la maniere dont elle devoit fe comporter durant fa Regence, il embrassa tendrement fes enfans, & il arracha des larmes à tous les fpectateurs. Tous les difcours qu'il tint furent remplis de fageffe & d'un grand fens. Il rendit le dernier foupir le 6. de Novembre, âgé de cinquante- deux ans, fix mois, ayant regné seize ans moins un mois. Le Roi Dom Juan IV. laiffa trois Princes & une Princeffe; il avoit encore une fille naturelle, à laquelle il affigna dans fon Teftament des biens confiderables pour être mariée convenablement; mais la Reine qui ne l'aimoit point, l'obligea à s'enfermer dans un cloître. Il étoit d'une taille médiocre, & 1656. affez mal fait; mais il avoit les cheveux blonds, de la grace dans les traits de fon vifage, les yeux pleins de feu, & le teint vif & animé. Il s'étoit rendu fort & vigoureux par l'exercice penible & continuel de la chaffe. Il étoit fomptueux dans fes habits, & galant naturellement. Cependant, comme la galanterie n'est ordinairement qu'un commerce de flatterie, & fouvent de fourberie où le cœur prend rarement part, il fe retenoit, & il étoit toujours grave auprès des Dames, pour qui d'ailleurs il avoit des attentions qui alloient jufqu'au refpect. Il étoit fimple & familier avec les petits; grave, mais ferieux avec les Grands. Au reste, il fut furnommé l'Heureux, parce qu'il étoit monté heureufement fur un trône, qui étoit occupé par un Monarque puiffant, & qu'il s'y étoit maintenu par une fuite prefque continuelle de profperitez. Il eut une pieté solide, & fa dévotion éclatoit en tout. Il fut jufte, bon, ami fincere, politique, rafiné, ferme ou plutôt intrepide. Cependant il ne fe montra prefque jamais à la tête des armées, & Tome VII. Dd G26 HIST. DE PORTUGAL. 1656. l'on peut dire de lui, ce que le grand Edouard roi d'Angleterre, difoit de Charles V. dit le Sage, roi de France, « Qu'il n'y avoit point de Mo» narque qui endoffât moins la cui» raffe, & qui remportât plus fouvent des victoires. دو Fin du Tome VII. Contenues dans ce Volume. A Branches (Alvarés d') chargé de l'E- bonne, 71. Commandant de la Province de Beira; fes préparatifs de guerre, 325. Piége qu'il tend aux Efpagnols, affiége in- utilement Albergaria, 327, fuiv. Ses ra- vages; marche contre le Duc d'Albe, 328. Fort qu'il fait bâtir, 329. pourfuit le Géné ral Caftillan, 330. entre en Castille, 366. force & faccage Fontaine Guinal; marche vers Zarca, 367. qu'il traite de même, 368 Abreu (Antoine d') & Dominique Silva, Enfeignes, 216. fe fauvent en Portugal; Acugna (Dom Rodrigue d') Archevêque de Lisbonne, 52. Conjuration qu'il approu fe |