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T. SHER- déplia, les porta à fes yeux,

LEY.

,

les mit fur fa tête, les baifa, & les prefentoit déja au Perfan, qui felon la coutume en devoit faire autant, lorfque celui-ci fe leva tout à coup de fon eftrade, alla droit à Sherley, lui arracha les lettres, & après les avoir déchirées, lui donna un coup de poing dans le vifage. Milord Cleveland fe mit entre deux, mais le fils du Perfan fecondant fon pere, s'approcha de Sherley, & lui donna encore deux ou trois coups. Les Gentilshommes Anglois porterent auffitôt la main à leurs épées, mais fans les tirer, fe contentant de dire au Perfan, que s'ils ne refpectoient en fa perfonne le Monarque qu'il réprefentoit, ils n'épar gneroient ni lui ni aucun des fiens.

Nogdi-Beg parut alors revenir de fon emportement, & dit qu'il étoit fâché d'en être venu à cet excès en leur prefence; & que ce qu'il en avoit fait n'avoit été que par un depit extrême contre une perfonne qui avoit ofé contrefaire le feing du Roi fon Maître, qui le mettoit toujours au haut des Lettres, & non

pas

pas au revers, comme il l'avoit vû T. SHERdans celles que Sherley lui avoit LEY. montrées, & contre un impofteur, qui ofoit fe vanter d'avoir époufé la niéce du Roi fon Maître..

Sherley prit alors la parole, & déclara qu'il n'avoit jamais dit que fa femme fût Niece du Roy, mais feulement parente de la Reine, & qu'à l'égard du feing, il étoit vrai que le Roy le mettoit en haut dans les Lettres qu'il donnoit à fes fujets, qu'il envoyoit aux Princes étrangers; mais que quand il envoyoit un Etranger comme lui en Ambaffade c'étoit l'ufage qu'il fignât au dos des Lettres, afin qu'on pût voir, avant de les ouvrir, de quelle part ils étoient envoyés. Le Perfan ne répondit à cette explication que par des regards dédaigneux, & on le quitta brufquement.

que

Le Roy fut informé de cette fcéne; ce qui lui fit differer l'audience qu'il devoit donner au Perfan.

Cependant la patience que Sherley eut en cette occafion, où il avoit été fi indignement outrage, ne lui Tome XXIII.

L

LÉY.

T. SHER- fit pas d'honneur; quelques-uns mê me douterent de fa bonne foy, & ce doute l'obligea de présenter une Requefte au Roy, pour lui demander qu'on le renvoyât en Perfe avec fes Lettres, afin qu'on y décidât de leur verité.

Le Roy lui accorda fa demande; & après avoir donné audience le 6 Mars à Nogdi-Beg, il obligea les Marchands malgré eux à les condui→ re tous deux en Perfe, avec Dodmer Cotton, qu'il envoyoit en Ambaffade au Roy de Perfe, foit pour regler le Commerce des foyes, que Nogdi. Beg avoit propofé, foir pour s'y informer fi Sherley étoit un impofteur

ou non.

La flotte compofée de fix grands waiffeaux partit de Douvres le 23 Mars 1626. Cotton, Sherley & Nogdis Beg étoient en trois differens Navires; du moins le dernier n'étoit avec aucun des deux autres. Thomas Herbert, qui étoit du Voyage, en a donné une belle Relation.

Ils arriverent le 9 Decembre à Souali près de Surate, & le même jour Nogdi-Beg mourut. Craignant

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la feverité de Cha-Abbas, & le châ- T. SHERtiment de plufieurs fautes affez con- LEV. fiderables qu'il avoit faites en Angleterre, il avoit pris du poifon, & ne mangeoit depuis quatre jours que de l'Opium. Son fils Ebrahim, Chan conduifit fon Corps à dix lieues dans le pays, & le fit enterrer à un jet de pierre du tombeau de Thomas Coryat.

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Le 20. Janvier 1617. ils débarquerent à Gomron, & ayant traversé Car, Schiras & Hifpahan, ils allerent tous trouver le Roy à Asharaf à cinq milles de Ferabath fur la mer Cafpienne.

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Dodmer Cotton ayant reprefenté à ce Prince, qu'il étoit venu en pattie pour demander justice des fauffes accufations de Nogdi-Beg contre Sherley, le Roy lui promit de lui donner une entiere fatisfaction, Mais les chofes changerent de face à Casbin, où le Roy alla enfuite.

Mahomet-Alli-Beg, premier favori du Roi, gagné par les ennemis de Sherley, déclara à Cotton que Nogdi-Beg étant mort, Sherley ne devoit attendre aucune autre fatis

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LEY...

T. SHER- faction que ce que le Roi lui avoit dit à Asharaf, ajoûtant que Sherley avoit propofé lui-même toutes les Ambaffades pour lesquelles il avoit été envoyé dans les Etats des Princes Chrétiens,& qu'aucune n'avoit réuffi.

me,

Cotton repliqua que Sherley avoit fes lettres de Créance en bonne for& qu'il s'agiffoit de les verifier. Mahomet engagea Cotton à les lui confier pour les faire voir au Roy; mais trois jours fe pafferent, fans qu'on en eût de nouvelles, & il vint dire enfin à l'Ambaffadeur, que le Roi avoit vû les Lettres, mais qu'il nioir de les avoir fignées, & même que dans fa colere il les avoit jettées au feu, ajoûtant qu'il feroit bien aife que Sherley ne troublât plus le repos de fon Royaume, & qu'il en fortit.

Les Anglois furent tous perfuadés que Makomet n'avoit point par lé au Roy de cette affaire, & qu'il ne lui avoit point montré les Lettres. Cha-Abbas, qui affectoit d'être · équitable, en auroit ufé tout autrement; puifqu'il ne voulut pas qu'E

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