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E. PA-tés de l'Eglife Gallicane. Tout ce VILLON. favoir foûtenu d'un grand fens d'une mémoire admirable, d'une belle preftance, d'une façon de s'exprimer heureufe & facile, & enfin d'une prononciation telle qu'on la peuť fouhaiter pour la perfection d'un Orateur; tout cela fe trouvoit réuni dans Pavillon, & lui donna en peu* de temps une très-grande réputa

tion.

Il fit les fonctions d'Avocat Ge-neral pendant dix ans avec tant d'approbation & de fuccès, qu'il a fouvent dit à fes intimes amis, qu'il n'avoit jamais parlé dans aucune af faire, fans dicter l'Arrêt par fes con

clufions.

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Un fibeau genie & de fi rares qualités demandoient un plus grand Théatre que Metz; auffi le Cardinal Mazarin voulut-il lui procurer la Charge d'Avocat General au Parlement de Paris; mais n'ayant pas trouvé dans fon efprit & dans fes fentimens toute la déference pour fes volontés, & toute la foupleffe qu'il auroit fouhaitée, la chofe en demeura là.

Cette circonftance jointe aux E. PAchangemens qui s'étoient faits dans VILLON. les affaires de fon pere, lequel ne fe trouvoit plus en état de l'avancer dans des Charges, où l'on ne peut parvenir qu'avec des biens confiderables, le détermina à vendre fa Charge d'Avocat General, & dè revenir à Paris pour y vivre dans un état de liberté & d'independanceSi le Public y perdit, Pavillon y gagna un loifir auquel il ne s'étoit pas attendu, & dont les charmes neanmoins ne lui étoient pas indif ferens.

C'eft dans cet agréable loifir, que confervant toujours la gravité d'un Magiftrat, il s'étoit établi une forte de Tribunal, dont les meilleurs efprits reconnoiffoient l'empire avec plaifir. Il voyoit beaucoup de monde; il étoit aimé & confideré de diverfes perfonnes diftinguées par leur naiffance & par leur merite, dont il avoit toute la confiance.

Si l'ambition avoit eu quelque place dans fon cœur, il n'auroit pas manqué d'occafions pour s'avancer; & le commerce que la beauté de fon

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E. PA- efprit & l'agrément de fa converfa VILLON. tion lui procuroient avec tout ce qu'il y avoit de plus fpirituel à la Ville & à la Cour, auroit pû lui fervir à regagner ce que la fortune lui avoit ôté. Mais foit par Philofophie, foit par une jufte crainte des perils où les grands emplois expofent un homme fage, foit enfin par l'amour du repos, qu'il avoit commencé à goûter, il ne voulut plus entendre parler de Charges ni d'emplois.

Ainfi étant appellé dans la fuite pour travailler à l'éducation du Duc du Maine, auprès duquel il pou voit fe promettre une fortune éclatante, on ne put jamais le réfoudre à s'y engager, quelques facilités & quelques agrémens, qu'on pût lui offrir. Il s'en défendit d'une manière fi modefte & fr-raifonnable, que fes amis ne purent s'empêcher d'admirer la fageffe de fes raisons.

,

On lui avoit fouvent dit qu'une place dans l'Academie Françoise lui convenoit extrémement furtout depuis qu'il n'étoit plus gueres occu pé: mais fa modeftie le retenoit, & Ies follicitations qu'il croyoit necef

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E. PA

faires l'avoient toujours detourné d'y penfer. Cette Academie fe trou- VILLON. vant un jour balancée entre deux perfonnes, qui partageoient les voix, & formoient deux partis qu'on ne pouvoit accorder, il arriva à l'Abbé Tallemant de parler de M. Pavillon. Il ne l'eut pas plutôt nommé, qu'il fe fit un applaudiffement general; on abandonna les deux partis auxquels on avoit paru fi attaché, & tout le réunit en un moment en faveur d'un merite qui parut fuperieur à tout autre.

Cette élection peu ufitée étonna tout le monde, & Pavillon en fut lui-même dans une furprise extraordinaire. Mais vaincu par la maniere honnête & obligeante dont s'étoit fait un tel choix, il fut très-fenfible à l'honneur qu'il recevoit, & fon remerciment fit éclater fa reconnoiffance. Il fut reçu le 17 Septembre 1691. à la place d'Ifaac de Benfera

.de..

La goute commença bientôt après à le retenir dans fa maifon, & à l'attacher à fon fauteuil, d'une maniere peu douloureuse à la verité,

E. PA- mais qui lui ôtoit la liberté de marVILLON. cher. Sa chambre devint alors le rendez-vous de plufieurs perfonnes illuftres par leur naiffance, leur favoir & leur merite. Comme fa tête étoit libre & faine, il fournilfoit à la converfation, y décidoit en maî tre, mais fans fafte, & parloit fur toutes fortes de matieres avec une facilité admirable.

La mort de M. Racine arrivée en 1699. lui procura une place dans l'Academie des Infcriptions ой malgré fon abfenee involontaire il ne laiffa pas de donner de bons confeils fur differentes productions qui en font forties.

Il mourut le 10 Janvier 1705. âgé de 73 ans, ayant confervé jufqu'à fon dernier moment fon bon fens, fes amis, & fa réputation.

Le Roi l'avoit honoré, d'une pen fion long-temps auparavant, on

Il étoit bien fait, de grande taille, & d'une mine avantageufe, qui impofoit par elle-même, & par un air de gravité bien entendu, qui lui étoit naturel,

Sa profe & les vers ne laissent rien

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