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NON.

J. Bi- qui lui fit dès-lors meriter la qualité d'Auteur. C'eft une Chorographie, ou Description de la Terre Sainte; qui fut une preuve des connoiffances qu'il avoit déja acquifes dans l'Hitoire, la Geographie & l'Ecriture Sainte. Il n'en demeura pas-là, & l'on fut encore furpris de voir trois. ans après paroître deux autres Ouvrages de fa compofition; Ouvrages qui le firent connoître à tout cè qu'il y avoit de perfonnes habiles & confiderables dans la France.

Le Roi Henri IV. ayant entendu parler de lui, voulut le voir, & le choifit pour être en qualité d'Enfant d'Honneur auprès du Dauphin, qui fut depuis le Roi Louis XIII.

Le jeune Bignon parut à la Cour avec des manieres tout-à-fait aifées & polies. L'aufterité d'une étude affidue n'avoit point obfcurci les difpofitions naturelles qu'il avoit pour paroître dans le grand Monde; & le tumulte & les engagemens de la Cour ne furent point capables d'af foiblir l'inclination qu'il fe fentoit pour les Sciences.

Il compofa en ce temps-là un

J. BI

Traité de l'excellence des Rois &
du Royaume de France, pour prou- GNON
ver que les Rois de France doivent
avoir la préfeance fur tous les autres
Rois, qui lui attira bien des applau-
diffemens. Il le dedia au Roi Henri
IV. qui l'engagea par ordre exprès
à pouffer plus loin fes recherches
fur cette matiere.

Mais la mort funeste de ce Prince

arrivée peu de temps après, interrompit ce projet, & détermina même M. Bignon à fe retirer de la Cour. Ce ne fut pas cependant pour longtemps; il y fut bientôt rappellé à la follicitation de Nicolas le Fevre, nouveau Précepteur du Roi Louis XIII. & ne put fe défendre d'y demeurer jufqu'à la mort de cet ami. Il travailla dans cet intervalle à l'Edition des Formules de Marculphe.

En 1614. il fit un voyage en Italie, & y vifita par tout les plus illuftres d'entre les Savans, qu'il convainquit par fa préfence de ce que la Renommée leur avoit appris de plus incroyable en fa faveur.

Le Pape Paul V. lui donna des narques fingulieres de fon eftime;

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J. Br-le Cardinal de Sainte-Suzanne,

GNON.

qui n'étoit alors que Secrétaire des Brefs, établit avec lui un commerce d'ami tié très-étroite, & le celebre FraPaolo, charmé de fa converfation, L'arrêta quelque temps à Venife pour en profiter..

Au retour de ce voyage, M. Bignon fe donna tout entier aux exercices du Barreau, où fes premieres actions eurent un grand fuccès.

Son pere le fit pourvoir en 1620.. d'une Charge d'Avocat General au Grand Confeil, dans les fonctions. de laquelle il furpaffa tout ce qu'on: pouvoit attendre de lui, & il s'acquit une fi grande réputation, que le Roy quelque temps après le nomma Confeiller d'Etat, & enfin Avocat General au Parlement, à la place de M. Servin, fur la fin de l'année 1625.

Tout le monde applaudit à ce choix; le Clergé même, qui avoit nommé des Deputés, pour prier le Roi de faire revivre en fa faveur l'ancien Droit, fuivant lequel un des Avocats Generaux devoit être Clerc, ayant fçu le choix que le

Roi avoit fait de M. Bignon, ne fe J. Br Contenta pas de renoncer à fes pré- GNON. tentions en faveur de cet illuftre Magiftrat, mais deputa encore vers fa Majefté pour lui en faire des remercimens, & vers M. Bignon, pour l'en feliciter.

En effet jamais cette importante place n'avoit été remplie plus dignement: car fans parler de fes talens naturels qu'on y vit briller dans toute leur étendue il fignala en mille occafions fa vigueur à foutenir les interêts du Parlement, for zele inviolable pour la juftice, & fa fermeté inébranlable contre toutes les attaques de la faveur. Vertus: dont fes envieux entreprirent de lui faire des crimes, après la Harangue fincere, quoique refpectueufe, qu'il prononça devant le Roi Louis XIII. feant en fon lit de Juftice, pour la verification de quelques Edits. Mais ce Prince juftement prévenu en fa faveur, oppofa la parfaite connoiffance qu'il avoit de fes bonnes intentions, aux complots & à l'avidité des gens d'affaires dechaî-nés contre la trop grande probité..

GNON.

J. BI- En 1641. refolu de ne plus vaquer qu'aux emplois qui l'occupoient dans le Confeil d'Etat, il ceda fa Charge d'Avocat General à M. Briquet, fon gendre.

L'année fuivante le Cardinal de Richelieu, quoiqu'affez mal intentionné à fon égard, le fit nommer Grand Maître de la Bibliotheque du Roi, dans la perfuafion que le Public le deftinoit par avance à cette Charge, & feroit choqué qu'elle fût remplie par un autre. L'Amour que M. Bignon avoit pour les Lettres, la lui fit accepter, & fon défintereffement lui fit refufer dans la fuite celle de Surintendant des Finances.

M. Briquet, fon gendre, étant mort en 1645. il fut obligé de reprendre fa Charge, pour la conferver à fon fils, & continua de l'exercer jufqu'à fa mort, quoique de premier Avocat General, il fût devenu le fecond.

Il fut outre cela employé à d'autres affaires importantes pour l'Etat. On fait combien il eut de part POrdonnance de 1639. & avec combien d'équité il exerça les Commif

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