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LIO.

P: M. done, à Ravenne, à Boulogne, & à VERMI-Verceil. Il expliqua même Homere dans cette derniere ville, à la priere de Benoist Cufani, qui avoit été à Padoue fon compagnon d'étude dans la langue Gréque, & avec lequel il paffoit fouvent les nuits entieres fur les livres Grecs.

La lecture de l'Ecriture Sainte, à laquelle il fe donna alors avec affiduité, lui fit fentir qu'il lui manquoit quelque chofe pour la bien entendre, je veux dire, l'intelligence de la langue Hebraïque. Ce fut ce qui l'engagea à l'apprendre, pendant qu'il étoit Sous-Prieur à Boulogne, ayant pris pour Maître un Medecin Juif, nommé Isaac.

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La bonne opinion que les Religieux de fon ordre avoient de fon merite, le fit nommer quelque temps après Abbé de Spolete, & il s'acquit dans cette place l'eftime & l'affection des habitans de cette vil le, tant en rétablissant la regularité dans les maifons de fon Ordre, qui étoient de fa dependance, qu'en faifant ceffer les divifions qui regnoient à Spolete, & qui caufoient tous les jours des batteries & des meurtres.

Après trois années de féjour dans P. M. cette ville, Pierre Martyr fut en- VERMI voyé par le Chapitre General de LIO. POrdre à Naples, en qualité de Superieur du College de S. Pierre.

Pendant qu'il y demeuroit, if lut les Commentaires de Bucer fur les Evangiles & fur les Pfeaumes, le traité de Zwingle de la vraye & de la fauffe Religion, & quelques autres Ouvrages des Pro reftans, qui lui infpirerent du goût pour leurs fentimens; goût qui fur bien augmenté par les converfations qu'il eut avec Jean Antoine Flaminio, Jean Valdés, Galeas Caracciot & plufieurs autres, qui profeffoient déja en fecret la nouvelle Religion.

dit

It expliquoit alors en public la premiere Epitre de S. Paul aux Corinthiens. Mais étant aux verfets 13 & 14 du 3 Chapitre, il prétenque les paroles qu'on y lifoit ne pouvoient fervir de rien pour prouver le Purgatoire; ce qui deplut à plufieurs perfonnes & lui attira une défenfe de continuer fes explications. Martyr refufa de deferer à cette défenfe, & en appella au Pa='

P. M. pe, qui prévenu par les amis qu'il VERMI- avoit auprès de lui, la leva, & lui permit de continuer.

LIO.

Il n'y avoit pas encore trois ans qu'il étoit à Naples, lorfqu'il tomba dangereufement malade. Ses Superieurs attribuant fa maladie à l'air de cette ville, qui lui étoit contraire, jugerent à propos de l'en retirer, & le nommerent Vifiteur General de l'Ordre.

La feverité avec laquelle il exerça cette Charge, & la maniere dont il punit quelques particuliers & même des Superieurs qui menoient une vie fcandaleufe, lui attirerent leur inimitié, & lui procurerent plufieurs chagrins.

Il fentit l'effet de l'animofité qu'on avoit conçue contre lui dans le Chapitre General qui fe tint quelque temps après à Mantoue, où fous prétexte de lui faire honneur, on lui tendit un piege, dont cependant il fe tira heureufement par fa prudence. On le nomma Prieur de S. Fridien à Lucques. C'étoit à la verité un pofte fort honorable, puifque ce Prieur a la Jurifdiction Epifcopale

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fur la moitié de la ville; mais auffi P. M. les Lucquois haïffent mortellement VERMI les Florentins, & l'on comptoit que LIO. Martyr auroit beaucoup à fouffrir par-là dans cette place, & qu'on lui fufciteroit fans ceffe des chagrins. Mais ces vûes malignes n'eurent point leur effet; car Martyr fçut fi bien gagner l'affection des Lucquois, qu'ils le traiterent toujours comme un de leur Compatriotes, & qu'ils demanderent inftamment aux Superieurs de fon Ordre, qu'on ne le leur ôtât point.

Il n'oublia rien pour faire fleurir les études dans le College de Lucques. Paul Lacifi Veronois y enfeignoit la langue Latine, Celfe Martinengo la Gréque, Emanuel Tremellius l'Hebraïque ; pour lui, il expliquoit les Epîtres de S. Paul, ant pour exercer la jeuneffe dans la langue Gréque, que pour les inftruire de la Religion, & prêchoit tous les Dimanches.

Cependant il fe formoit contre lui un orage à Genes, où le Chapitre General étoit affemblé. Il reçut un ordre d'y comparoître, apparem

P. M. ment pour fe défendre fur plufieurs VERMI-erreurs qu'il avoit enfeignées dans fes Sermons; mais il n'eut gardé de le faire, & fongea au contraire à fortir de l'Italie, pour fe retirer dans des pays Proteftans.

LIO.,

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Ayant pour cela mis ordre à fes affaires, il fortit fecrétement de Luques avec Paul Lacifi, qui fut de-puis Profeffeur en langue. Gréque à Strasbourg, où il mourut, Theodofe. Trebellius, & Jules Terentianus. IL alla d'abord à Pife, où il celebra la Céne à la maniere des Proteftans avec quelques perfonnes qui étoient dans les mêmes fentimens que lui. & écrivit à Renaud Polus & aux Luquois par deux perfonnes affidées deux Lettres qui devoient leur être remifes un mois après fon depart, & par lefquelles il leur faifoit part, du deffein qu'il avoit & des motifs. qui l'y avoient engagé.

Il paffa enfuite à Florence, où il trouva Bernardin Ochin, à qui il confeilla de fe retirer dans les Pays. étrangers, au lieu d'aller à Rome, où il étoit cité. Après avoir die adieu à fa patrie, pour ne la plus

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