Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tianisme, est donc une institution née, pour ainsi dire, de l'âme même de l'Église. Les Souverains Pontifes n'ont fait que lui donner sa forme. Ils sont intervenus pour en régler, pour en modifier les conditions, suivant les besoins des peuples. Et ici nous devons signaler surtout deux de leurs titres à notre reconnais

sance.

D'abord, ils n'ont pas voulu que cette Indulgence fût exclusivement attachée au Pélerinage de Rome, que ceux qui n'auraient point rempli cette condition en fussent irrévocablement privés. D'après un usage déjà anciennement établi, l'année sainte, au moment où elle est fermée à Rome, s'ouvre pour le reste du monde. La grâce du Jubilé, après avoir été offerte sur le tombeau des Apôtres, comme à sa source, s'épanche sur tout l'univers; le pardon vient chercher ceux qui ne sont pas venus à lui.

En second lieu, cette période séculaire, pendant laquelle un si grand nombre de générations traversaient la terre sans pouvoir arriver à l'Indulgence du Jubilé, a été ramenée à des limites plus en proportion avec le cours si ra pide de la vie de l'homme. Dieu a fait le temps, il l'a mesuré comme l'espace; il a établi entre ses révolutions mobiles et l'économie des desseins éternels de merveilleuses harmonies dont Rome est le centre. Rome ramène à l'unité la foi des siècles comme la foi des peuples : elle

conduit le concert d'adoration qui s'élève de tous les points du temps et de l'espace vers le trône de Dieu. C'est un dernier point de vuc sous lequel nous nous proposions d'envisager le Jubilé. Nous devons y renoncer.

Nous finirons, N. T. C. F., en vous faisant remarquer combien ces grâces, ajoutées à une grâce déjà inestimable, combien cette condescendance toujours croissante avec laquelle l'Église et les Souve-rains-Pontifes, se rapprochant de votre faiblesse, vous rendraient coupables, si vous repoussiez le don qui vous est offert. Pour acquitter toutes les dettes dont vous pouvez être redevables envers la justice de Dieu, on ne vous demande pas de vous arracher à tous vos intérêts, à toutes vos affections, comme firent vos pères; d'affronter, à la suite d'un nouveau Pierre l'Ermite, le fer, des infidèles, et le ciel enflammé et l'air contagieux de l'Orient. Il ne s'agit même pas d'entreprendre un voyage moins lointain et rendu si facile, d'aller à Rome vous agenouiller sur les reliques des Apôtres. Non, et vous êtes réellement, N. T. C. F., les enfants privilégiés de la miséricorde de Dieu : vos pasteurs vous expliqueront les faciles conditions auxquelles l'Indulgence du Jubilé est attachée. Nous savons que nous pouvons nous en remettre de ce soin au zèle qui les anime pour vos intérêts éternels. Mais, si vous résistiez à leurs paroles,

aux exhortations pressantes de leur charité, de bonne foi, quelle excuse vous resterait au tribunal de la justice de Dieu?

Nous concevons de vous de meilleures espérances, N. T.-C. F., ou plutôt ce que nous avons vu par nous-même, ce qui nous est annoncé de toutes les parties de ce vaste diocèse, nous prouve que déjà votre foi s'est réveillée, que votre piété s'est émue à l'annonce de la grâce qui allait vous être dispensée. Tout nous promet que vous vous montrerez dignes de vos aïeux, que vous réaliserez tout ce que nous avons droit d'attendre de vous, et que cette Indulgence solennelle du Jubilé, la plus précieuse de toutes celles que renferme le trésor de l'Église, ne passera pas sur vous sans produire dans vos cœurs des fruits abondants et durables de bénédiction et de salut.

MANDEMENT DE MS DUPANLOUP

Évêque d'Orléans

POUR LE JUBILE DE 1851.

C'est avec joie qu'au retour d'un lointain voyage, où nous avons recueilli, pour les répandre sur vous, toute l'abondance des bénédictions apostoliques, nous venons faire retentir à vos oreilles, avec l'exhortation solennelle de la pénitence quadragésimale, le grand nom de JUBILE:

Ce nom si sacré et si cher encore, ce nom si encourageant et si doux; ce nom toujours si populaire et si puissant sur les cœurs!

Ce nom, d'une si véritable antiquité, que Moïse faisait déjà retentir il y a plus de trente siècles au pied de la montagne sainte; ou plutôt que le Dieu du Sinaï prononçait lui-même pour la première fois comme un nom de paix et de joie, comme un nom de grâce, de réparation et de retour! Que la trompette sacrée retentisse; que tous les enfants d'Israël, que tous les habitants de la terre livrent leur âme à une sainte allégresse, parce que voici la rémission générale, voici la cinquantième et bienheureuse année, voici le divin Jubité : QUIA JUBILÆUS EST1.

1 Lévit., XXV, 11.

Et n'est-ce pas cette grande et sainte année, dont Isaïe célébrait autrefois les bienfaits avec une douceur et une magnificence de langage que rien ne saurait égaler? L'Esprit du Seigneur s'est reposé sur moi, disait-il, parce que le Seigneur m'a rempli de son onction, et m'a envoyé annoncer la bonne nouvelle du salut aux âmes dociles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, prêcher la liberté aux captifs et la délivrance à ceux qui sont dans les chaines. Voici, continue le Prophète, la grande année de la réconciliation du Seigneur! Voici le jour où notre Dieu ne se vengera des pécheurs qu'en répandant ses consolations sur tous ceux qui pleurent, en comblant de ses plus riches grâces les enfants de Sion qui sont dans les larmes, en mettant sur leur front une couronne de joie au lieu de cendres, en leur donnant l'huile et l'onction de la sainte allégresse au lieu des gémissements et des pleurs, en préparant un vêtement de gloire à tous ceux qui auront affligé leur âme par les saints travaux de la pénitence!

C'est pendant cette grande année que les faibles deviendront forts, que tous les enfants de Dieu deviendront puissants en sainteté et en justice; que les ministres du Seigneur relèveront la gloire de ses temples dans les lieux déserts, répareront les ruines des âmes; et là où de génération en génération il n'y avait plus qu'une lamentable solitude, feront germer et fleurir les plus saintes et les plus odorantes vertus!

« AnteriorContinuar »