Imágenes de páginas
PDF
EPUB

forts éclairons de concert sur leurs véritables intérêts ces pauvres pécheurs qui ne craignent la Religion que parce qu'ils ne la connaissent pas, qui ne refusent de se soumettre à ses lois que parce qu'ils ignorent par quelles douceurs elle en paie toujours la fidèle observance, el qui fuient enfin le vrai bonheur quand ils croient éviter les assujettissements de ce joug divin qui est si doux, de ce fardeau qui est si léger. Pour y réussir, essayez, dans vos prédications, de leur montrer que le pécheur converti trouve sa paix dans les sacrifices que la Religion lui demande, que le pécheur converti trouve sa consolation dans les devoirs que la Religion lui. prescrit. Faites-leur entendre la parole si tendre du divin Pasteur qui leur crie: Venez à moi, vous tous qui êtes chargés et qui gémissez sous le poids de vos péchés et de vos peines, et je vous soulagerai. Venite ad me, omnes qui laboratis et onerati estis, et ego reficiam vos 1.

Matth., XI, 30.

[blocks in formation]

Le Successeur de Pierre, Nos Très Chers Frères, vient d'user encore une fois de deux des plus grandes prérogatives de sa Charge souveraine, celle de mettre le monde entier en prière, et celle d'ouvrir au monde entier les trésors de l'indulgence divine: double exercice de cette juridiction plénière et universelle qui n'est échue en partage qu'au Vicaire de Celui auquel toute puissance a été donnée au Ciel et sur la terre.

La prière est la plus active et la plus énergique de toutes les forces qui résident au sein de l'humanité. Lors donc que le Pasteur sùprême de l'Église, laissant tomber une de ses paroles dans toutes les âmes régénérées par le baptême et vivifiées par l'Esprit-Saint, fait jaillir de toutes les parties de l'univers chrétien un concert de supplications dirigées vers les fins qu'il se propose, on peut dire qu'il met en jeu les ressorts d'une puissance qui n'a point d'égale ici-bas, et qui n'a au-dessus d'elle que la toutepuissance de Dieu, sur laquelle elle exerce même un empire et une pression irrésistibles. N'est-il pas écrit, en effet, que Dieu fait la volonté de

ceux qui l'invoquent, et qu'il obéit à la voix de l'homme qui le prie1? Et cela étant, n'est-ce pas une des attributions les plus considérables du Roi de nos âmes, d'avoir dans son domaine la prière du monde entier, et de pouvoir mettre en mouvement, par la seule impulsion de ses lèvres, l'instrument mystérieux qui meut toutes choses au Ciel et sur la terre? Ah! malgré la faiblesse apparente de son pouvoir humain, le monarque qui pèse d'un pareil poids sur le gouvernement du globe terrestre et sur l'équilibre social, demeurera toujours le plus haut négociateur de tous les grands intérêts de l'humanité. Car, nous le répétons, la prière est la Reine du monde, attendu que sa voix prévaut jusque dans les conseils célestes; or, c'est du Pape que dans toutes les grandes conjonctures, la prière catholique reçoit son mot d'ordre et sa direction d'intention. Les néophytes des pays barbares disent, sans s'en douter, un mot profond quand ils appellent le Pontife romain le grand chef de la prière. Le recours à la prière de toute l'Église, c'est pour l'héritier de Pierre une des façons d'exercer le pouvoir souverain des Clefs. Par l'emploi opportun de ce moyen, tout ce qu'il juge utile ou désirable d'obtenir pour la terre, est promptement résolu et accordé dans les Cieux.

1 Ps. CXLIV, 19.

Mais le Vicaire de Jésus-Christ jouit encore d'un autre attribut qui est le privilége exclusif de sa suprématie spirituelle. S'il n'appartient qu'à lui de convoquer à une même croisade toutes les phalanges de l'Église militante pour livrer au Ciel l'assaut général et toujours victorieux de la prière, lui seul aussi possède le pouvoir d'exciter efficacement toutes les âmes fidèles à s'engager dans ces généreuses entreprises. Le trésor des Indulgences dont il a la dispensation souveraine, contient un appât spirituel qui n'a jamais été présenté en vain aux enfants de l'Eglise. Nous croyons utile, Nos Très Chers Frères, de vous rappeler ce que la doctrine chrétienne enseigne sur cette matière. í

II

Le Fils de Dieu fait homme, Notre-Seigneur Jésus-Christ, a consommé par une oblation unique le rachat de tous les hommes, ses frères 1. Dans la valeur de ses œuvres et de ses souffrances, dans le fruit de sa vie et de sa mort est le prix général de notre rédemption; là est pour chacun de nous le principe de la grâce et de la gloire, là est la source de la sanctification et la vertu des Sacrements. Mais une goutte du Sang de Jésus-Christ, que dis-je? un soupir de son cœur eût suffi à produire tous ces effets. A

1 Una enim oblatione, consummavit in sempiternum sanctificatos. Hebr., X, 14.,

quoi servira donc ce surplus immense de sacrifice que s'est imposé avec tant de générosité et d'amour le Verbe fait chair? Car, assurément, l'ordre divin demande que rien de ce qui est bon ne demeure sans résultat. Il est vrai, toutes les œuvres du Fils de Dieu, considérées sous le rapport de leur bonté et de leur mérite, ont obtenu ou obtiendront leur récompense sublime dans le séjour éternel. Dieu a exalté son Christ, il lui a donné un Nom au-dessus de tout nom, et il a commandé à tout ce qui respire au Ciel, sur la terre et dans les enfers, de lui rendre hommage dans la proportion de tous les mérites acquis pendant sa vie mortelle 1. Et si la théologie peut dire, dans un certain sens, que cette béatification et cette glorification du Christ ressuscité n'atteignent pas encore toute la mesure exacte et adéquate de ses mérites, au moins est-il certain que quand l'humanité sainte, qui est la tête, possédera le développement et la plénitude de son être mystique par l'adjonction et le complément de tous ses membres qui sont les élus, à partir de cette consommation et de cet achèvement du Corps de Jésus-Christ, tous les mérites personnels de sa vie et de sa mort, et tous les mérites subséquents des élus qui sont nés de ses propres mérites, jouiront de leur total et éternel épanouis

1 Philipp., II, 9.

« AnteriorContinuar »