Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Symmaque avoient été prouvez devant le Roi, ce qui parut être faux; puifqu'il avoit renvoié AN50 1. la caufe aux Evêques comme entiere l'autre défaut eft, que les accufateurs prétendoient convaincre Symmaque par fes efclaves, & demandoient qu'il les livrât pour cet effet. Ce qui étoit contraire aux loix civiles, & par confequent aux canons, qui ne recevoient point en jugement ceux qui étoient exclus par les loix.

Ennod.

apol.

Cependant le Pape venoit au Concile, fuivi d'un grand peuple de l'un & de l'autre fexe, qui témoignoit fon affection par fes larmes. Mais il fut attaqué en chemin par une troupe de fes ennemis: qui lui jetterent une grêle de pierres, blefferent plufieurs des Prêtres qui l'accompagnoient, & les auroient tuez, fans trois officiers du Roi qui les arrêterent, & reconduifirent le To 4. tone. Pape à faint Pierre, d'où il étoit parti. Ces offi- P. 1326. ciers étoient le Comte Aligerne, Gudila, & Bedulfe, maîtres de la maifon du Roi, qui avoient apporté au concile un ordre de finir cette affaire. Les Evêques envoierent au Roi une relation de ce qui s'étoit paffé, où ils difoient : Nous avons envoié au Pape jufques à quatre fois des p. 330. Evêques pour lui demander, s'il vouloit encore fe prefenter au jugement du concile. Il a répondu par d'autres Evêques, que le defir de fe juftifier l'avoit fait relâcher de fon droit & de fa dignité : mais qu'après un tel danger, où il avoit penfé perir, le Roi feroit ce qu'il lui plairoit, que pour lui on ne pouvoit le contraindre par les canons. Quant à nous, ajoûtent les Evêques, nous ne pouvons prononcer contre un absent ni accufer de contumace celui qui a voulu fe prefenter; & ils conclurent en priant le Roi, de, les délivrer des perils où ils font exposez à Rome, & de leur permettre de retourner à leurs Eglifes.

[blocks in formation]

En

En effet il fe commit à cette occafion des AN. 501. violences & des meurtres. Des vierges furent Lib. Pon- tirées de leurs monafteres & de leurs maisons, tif.in Sym. dépouillées honteusement, battuës & bleffées : on tua plufieurs Prêtres, entr'autres Digniffime & Gordien.

Le Roi Theodoric répondit ainfi au Concile: Si j'avois voulu juger cette affaire, je croi que j'aurois pu la terminer à la fatisfaction de tout le monde mais je n'ai pas crû qu'il m'appartint, de decider les affaires ecclefiaftiques. C'eft à vous à juger comme vous estimerez à propos : foit en examinant la cause soit sans l'examiner, pourvu que vous rétabliffiez la paix dans Rome. Cette réponse étoit datée du premier d'Octobre. Le Concile l'aiant reçuë, envoia des Députez au Senat, lui déclarer, que les caufes de Dieu devoient être laiffées au jugement de Dieu, principalement s'agiffant du Succeffeur de faint Pierre; que prefque tout le peuple étoit dans la communion de Symmaque, & qu'il falloit remedier promptement au mal que pouvoit caufer la division. Ils firent par plufieurs fois au Senat des remonp.323. trances femblables. Enfin ils tinrent le vingt-trois d'Octobre leur derniere féance dont nous avons les actes. On y rapporte tout ce qui s'étoit paffé dans les trois precedentes: la premiere, tenuë à Ravenne par les Evêques qui y pafferent la feconde, à Rome dans la Bafilique de Jule : & la troifiéme, encore à Rome à fainte Croix de Jerufalem. Enfuite on prononça le jugement en ces termes Nous déclarons le Pape Symmaque, quant aux hommes, déchargé des accufations intentées contre lui, laiffant le tout au jugement de Dieu. Nous ordonnons, qu'il adminiftrera les divins Myfteres, dans toutes les Eglifes qui dépendent de fon Siege. Nous lui rendons, en vertu des ordres du Prince qui nous

en

en donne le pouvoir, tout ce qui appartient à l'Eglife au dedans ou au dehors de Rome. Ceci AN. 501. fe doit entendre du temporel, qui avoit été usurpé. Nous exhortons tous les fidéles à recevoir de lui la fainte Communion, fous peine d'en rendre compte au jugement de Dieu. Quant aux Clercs qui ont fait fchifme en donnant fatisfaction au Pape ils obtiendront pardon, & feront rétablis dans leurs fonctions. Mais quiconque après ce jugement, ofera celebrer des Meffes en quelqu'un des lieux confacrez à Dieu de l'Eglife Romaine, fans le confentement du Pape Symmaque, il fera puni canoniquement comme fchifmatique. Ce jugement eft foufcrit de foixante & feize Evêques dont les premiers font Laurent p. 1364. D. de Milan & Pierre de Ravenne. C'est cette quatriéme féance qui eft nommée dans un Concile, fuivant le quatriéme fynode, ou le fynode de Palme, Palmaris, peut-être à caufe du lieu où elle avoit été tenuë.

LI

S. Avit.

Ce decret du Concile de Rome aiant été apporté en Gaule, tous les Evêques en furent alar- Lettre de mez, & chargerent faint Avit Evêque de Vienne d'en écrire au nom de tous. Il adreffa fa lettre aux deux premiers du Senat, Faufte & Symmaque, tous deux Patrices, & tous deux anciens Confuls, Faufte de l'an 483. Symmaque de 485. Saint Avit marque d'abord que le malheur des p.1 36. D. tems & la divifion des Royaumes, ne permettoit plus aux Evêques des Gaules d'aller librement à Rome, ni même de s'affembler tous. Entrant en matiere, il fe plaint que le Pape étant accufé devant le Prince, les Evêques fe foient chargez de le juger, au lieu de le défendre. Car, dit-il, comme Dieu nous ordonne d'être foumis aux puiffances de la terre: auffi n'est-il pas aifé de comprendre comment le Superieur peut être juge par fes inferieurs, & principalement le Chef

LII.

avec les

de l'Eglife: il loue toutefois le Concile, d'avoir refervé au jugement de Dieu cette cause, dont il s'étoit chargé un peu legerement: & d'avoir fait entendre, que ni lui ni le Roi Theodoric n'ont point vû de preuve des crimes qu'on reprochoit au Pape. Il conjure le Senat de conferver l'honneur de l'Eglife, de ne pas fouffrir que l'on attaque tout l'Epifcopat en la perfonne du Pape, & ne pas donner aux troupeaux le mauvais exemple de s'élever contre leurs Pasteurs.

Saint Avit joint dans cette lettre la qualité de Senateur Romain à celle d'Evêque; & en effet, il étoit de la premiere nobleffe de Rome, petit fils de l'Empereur Avitus & fils du Senateur Hefyquius, qui avoit été avant lui Evêque de Vienne. Le Roi Gondebaud quoi qu'Arien, eftimoit particulierement faint Avit, & le confultoit fouvent, comme il paroît par fes lettres, fur differentes queftions de l'Ecriture. Dans la premiere, il nous apprend l'origine du mot de Messe, en marquant que l'on ufoit de cette formule: Ite Miffa eft, non feulement à l'Eglife, mais au Palais du Prince, & aux Pretoires des Juges, pour congedier le peuple quand l'affemblée étoit finie. 'Il affifta vers l'an 500. à une conference avec les Ariens, où il fit le principal perfonnage; ce qui fe paffa ainfi.

L'exemple de faint Remi, qui après la conConferen- verfion de Clovis détruifoit par tout les autels ce de Lion des idoles, & étendoit la foi par la multitude de Ariens. fes miracles, excita plufieurs Evêques à s'affemColl. epifc. bler, pour effaier de réunir les Ariens. Mais 10. 4. conc. afin qu'il n'y parût point d'affectation, Eftienne V. fpicil. Evêque de Lion, les invita à la fête de faint Juft, P.110. qui étoit proche; fçavoir, le fecond jour de Martyr. Septembre. Plufieurs y vinrent, entre autres faint Usuar. 2. Avit de Vienne, fon frere Apollinaire de Valence, Eonius d'Arles. Ils allerent tous faluer le

p. 1318. to

Sept.

Roi Gondebaud qui étoit à Savigny ; & eurent audience, malgré quelques-uns des plus puiffans Ariens. Saint Avit, à qui les autres déferoient le plus, quoi qu'il ne fût ni le plus ancien, ni le premier en dignité, porta la parole, & demanda au Roi la conference pour procurer la paix.

P.4319.

CENTRAL

Le Roi répondit: Si vôtre foi eft veritable, pourquoi vos Evêques n'empêchent-ils pas le Roi des François de me faire la guerre, & de fe joindre avec mes ennemis pour me détruire? La foi ne permet pas de defirer le bien d'autrui, & d'être alteré du fang des peuples qu'il montre fa foi, par fes œuvres? Seigneur, dit faint Avit, nous ne fçavons pas les raifons du Roi des Fran çois mais l'Ecriture nous enfeigne, que fouvent les roiaumes font renverfez pour le mépris de la religion. Revenez avec vôtre peuple à la loi to 4.Conc. de Dieu; mettez-vous en paix avec lui, & vous l'aurez avec tout le monde. Le Roi dit : Parce que je ne veux pas reconnoître trois dieux, vous dites que je ne profeffe pas la loi de Dieu. Je n'ai point lû dans l'Ecriture qu'il y ait plufieurs dieux, mais un feul. Saint Avit répondit : Dieu nous garde, Seigneur, d'adorer plufieurs dieux: mais ce Dieu un, en effence, eft en trois perfonnes le Fils & le Saint-Efprit ne font pas d'autres dieux, mais le même Dieu. Il commença à lui expliquer la Foi catholique, & voiant qu'il l'écoutoit paifiblement, il ajoûta: O fi vous vouliez connoître par vos lumieres comme nôtre foi eft bien fondée, quel bien nous en viendroit, & à vôtre peuple! Mais les vôtres étant ennemis de JESUS-CHRIST attirent la colere de Dieu fur vous. Cela n'arriveroit pas, fi vous vouliez nous écouter, & commander à vos Evêques de conferer publiquement avec nous. Aiant ainfi parlé, il fe jetta aux pieds du Roi, & les embraffant il pleuroit amerement:

E 3

tous

« AnteriorContinuar »