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écrit n'a pû obliger aucun Evêque de Rome, parce qu'un Laïque n'a pas eu le pouvoir de rien or- AN. 503, donner dans l'Eglife; vû principalement que le Pape n'y a point foufcrit, ni aucun metropolitain. Pierre de Ravenne en dit autant: Eulalius de Syracufe ajoûta; que les Evêques qui avoient confenti à ce decret, n'avoient pù faire préjudice au Pape, le faint Siege étant vacant. Tout le Concile fut de même avis, que l'on ne devoit avoir aucun égard à cet écrit. Ensuite le Pape voulant pourvoir à l'avenir, prononça le decret fuivant: Il ne fera permis à aucun Pape d'aliener à per- p. 1337 petuité aucun heritage de la campagne, ni de le ".4 donner en ufufruit, fi ce n'eft aux clercs, aux captifs & aux étrangers. Les maisons des villes, qui ne pourroient être entretenues qu'à grands. frais, pourront être baillées à rente. Les Prêtres des titres de la ville de Rome, feront tenus de la même loi, fous peine de dépofition: celui qui aura reçu la chofe alienée fera frappé d'anathême, le contract fera nul. Tout ecclefiaftique pourra repeter les chofes alienées avec les fruits. Cette ordonnance n'eft que pour le faint Siege : chaque Evêque dans les provinces fuivra felon fa confcience la coûtume de fon Eglife..

LV

Apologies pour Sym

maque.

L'année fuivante 503.après le consulat d'Avienus, il fe tint encore un concile à Rome, que l'on compte pour le cinquième, sous le Pape Symmaque. Les Evêques étant affis devant la to.4.2.1364. confeffion de faint Pierre, le Pape dit: Qu'on apporte l'écrit compofé par Ennodius, contre ceux qui ont ofé attaquer nôtre quatriéme concile, tenu à Rome à la palme, & qu'on le life: devant tout le monde. Ennodius étoit un Diacre en grande reputation pour fon éloquence; & nous avons ce traité, compofé pour la défense Edit. Sirmi du Pape Symmaque, en réponse à un écrit pu- P-317.tp 4. blié par les Schifmatiques, fous ce titre : Con-on.p.1340.

E 6

tre

Ibid.p.1343°

D.

tre le fynode de l'absolution irreguliere. Leur prinAN. 503. cipale objection étoit, qu'en difant que le Pape ne pouvoit être jugé; on fembloit dire que faint Pierre & fes fucceffeurs avoient reçu de Dieu la licence de pecher avec les prerogatives de leur fiege. Ennodius nie cette confequence, & dit, parlant de faint Pierre : Il a transmis à fes fucceffeurs un avantage perpetuel de merites avec l'heritage de l'innocence. Ce qui lui a été accordé pour la gloire de fes actions, s'étend à ceux dont la vie ne brille pas moins. Car qui peut douter que celui-là ne foit faint, qui est élevé à une fi haute dignité? S'il manque des avantages acquis par fon merite, ceux de fon predeceffeur lui fuffifent. JESUS-CHRIST éleve des hommes illuftres à cette place fi éminente, ou rend illuftres ceux qu'il y éleve lui fur qui l'Eglife eft appuiée, prévoit ce qui eft propre à lui fervir de fondement. En un mot, Ennodius pretend que le faint Siege rend impeccables ceux qui y montent, ou plûtôt que Dieu n'en permet l'entrée qu'à ceux qu'il a predeftinez pour être Saints. Et veritablement la plupart des Papes, qui avoient été jufques alors, avoient vécu fi faintement, qu'ils pouvoient donner lieu à cette pensée.

P.1244. D.

Les Schifmatiques difoient encore: S'il eft vrai que le Pape n'ait jamais fubi le jugement de P. 1346. F. fes inferieurs, pourquoi a-t-il été cité, & emmené en jugement? A quoi Ennodius répond : qu'il l'a fait par humilité, & fans y être obligé; & que ce font leurs violences qui l'ont obligé à fe retirer. Ils foûtenoient que le Pape devoit recevoir un Evêque vifiteur, comme il en donnoit aux autres Eglifes. Ennodius le nie, & ajoûte : Dieu a voulu peut-être terminer par des hommes les caufes des autres hommes: mais il a refervé à fon jugement l'Evêque de ce fiege; & fi vous

dites que toutes les ames font fujettes à ce jugement, je répondrai qu'il n'a été dit qu'à un feul: Tu es Pierre, & le reste.

Matth

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Après que l'écrit d'Ennodius eut été lû dans le concile de Rome, les Evêques l'approuverent tout d'une voix, & dirent: Que cet écrit foit P. 13644 reçu de tout le monde, & gardé à la pofterité entre les actes de nôtre Concile, comme aiant été composé par fon autorité. Le pape ordonna qu'il fût mis au nombre des Decrets apoftoliques. Les Evêques demanderent ensuite la condamnation de ceux qui avoient accufé le Pape, & attaqué le Concile. Mais le Pape pria que fes perfecu- p.1365. ! teurs fuffent traitez plus doucement, déclarant qu'il leur pardonnoit. Toutefois, pour prévenir de tels maux, il demanda l'obfervation des anciens canons, fuivant lefquels les ouailles ne doivent accufer leur pasteur s'il n'erre contre la foi, ou s'il ne leur a fait tort en particulier. La premiere de ces exceptions eft remarquable; puifque le Pape y reconnoît que tout Evêque, & lui-même, peut être accufé d'erreur contre la foi. Il ajoûte, qu'un Evêque dépouillé de fon bien, ou chaffé de fon fiege, doit être reintegré, & toutes chofes rétablies en leur entier, avant qu'il puiffe être appellé au jugement. Le P. 1366. D. Concile confirma toutes ces regles, fous peine de dépofition pour les Clercs; & pour les Moines & les Laïques, fous peine d'être privez de la communion, & s'il ne fe corrigent, d'être frappez d'anathême. Où l'on voit clairement que l'excommunication étoit moins.

Il paroît par quelques endroits de l'apologie d'Ennodius, que la calomnie inventée contre le Pape Symmaque étoit un adultere ou quelque cri- P. 134. C. me femblable. On croit que ce fut l'occafion d'u-P. 1347. B. ne ordonnance, faite par le Pape en ce même tems, mais on ne fçait pas en quel Concile, pour

t. 4. conc. 1.1266.

obliger les Evêques, les Prêtres & les Diacres d'a voir toûjours auprès d'eux une perfonne de probité connue, qui fût témoin de leurs actions; & ceux qui n'avoient pas affez de bien pour entretenir un tel compagnon, devoient fervir de compagnons à d'autres; afin que la vie des ecclefiaftiques fût à couvert, non feulement du mal, mais du foupçon. Nous avons une ordonnance dreffée au nom d'un Evêque par Ennodius, en exécution de ce decret : & c'étoit ces compagnons. infeparables que l'on appelloit Syncelles.

pu

Le Pape Symmaque écrivit une apologie pour lui-même, fervant de réponse à un libelle, .1297. D. blié contre lui par l'Empereur Anaftafe. Il l'accufoit d'être Manichéen, à quoi le Pape répond : Suis-je Eutyquien ou protecteur des Eutyquiens, dont l'erreur favorife principalement celle des Manichéens? Rome m'eft témoin, & fes archives font foi: fi je me suis écarté de la foi que j'ai reçue du faint Siege, en fortant du paganisme.. Au refte, on rapporte que ce même Pape aiant trouvé à Rome des Manichéens, brûla leurs livres devant la porte de la Bafilique de Conftantin, & les envoia en exil. Il poursuit ainfi fon. apologie: Vous dites que j'ai confpiré avec le Senat pour vous excommunier, il eft vrai : mais je ne fais en cela que fuivre ce que mes predeceffeurs ont eu raifon de faire. Que m'importe, dites-vous, ce qu'a fait Acace? Abandonnez-le donc, pour montrer que vous n'y prenez point d'interêt nous ne demandons pas mieux. Ce n'eft pas vous, Seigneur, que nous excommunions, c'eft Acace, feparez-vous de lui, vous vous retirez auffi de fon excommunication, autrement ce n'eft pas nous qui vous excommunions, c'est vous-même. Ces paroles font croire que l'excommunication dont fe plaignoit l'Empereur; n'étoit pas un jugement prononcé nommé

ment

ment contre lui; mais une ceffation de commerce, fuivant l'ufage de ce tems-là. Encore le Pape marque-t-il qu'il lui avoit écrit ; quoi qu'il n'en eût point reçu de lettre fur fon ordination, fuivant la coûtume. Il fe plaint enfuite de la perfecution que l'Empereur faifoit fouffrir aux Catholiques : leur défendant à eux feuls le libre exercice de la religion, tandis qu'il le permettoit à toutes fortes d'Heretiques. Quand ce feroit une erreur, dit-il, il faudroit la fouffrir comme les autres. Si vous l'attaquez, il faut les attaquer

toutes.

LVI.

Anaftafe

A&.5.

L'Empereur Anaftafe n'étoit pas proprement Eutyquien mais de la fecte des Acephales que perfecute l'on nomma auffi les hefitans; parce qu'ils n'é- les Catho toient proprement d'aucun parti. Au commence- liques. ment de fon regne, fous pretexte de maintenir la Leone.de paix, il défendit toute nouveauté; c'eft-à-dire, fedt. to 4. qu'il voulut que chaque Eglife demeurât dans la Bibl. PP. poffeffion où elle étoit, de recevoir ou de rejet- P. 97. Sup. n.11. ter le Concile de Calcedoine; & il chaffoit les Evêques qui les recevoient ou le rejettoient de .. 30. nouveau: voulant que l'on s'en tînt à l'henotique de Zenon.

Evagr.III.

c.18. Theod. le&...

Les guerres qu'il eut à foûtenir contre les Ifau- Lib. brev. res, & enfuite contre d'autres Barbares, & contre les Perfes, l'empêcherent pendant plufieurs P.561. années de perfecuter les Catholiques; mais étant Theophan. délivré de ces guerres la feizième année de fon p. 118. regne 506. de JESUS-CHRIST, il recommença à les attaquer, & particulierement Macedonius Patriarche de C. P. Plufieurs Evêques pour faire leur cour, fe declarerent contre le Concile de Calcedoine, & le premier fut Eleufinius de Safime, dans la feconde Cappadoce. L'Empereur fit venir de Cyzique un Syrien demi Perfan habillé en prêtre, quoique Manichéen de religion, & Peintre de profeffion, qui fit dans le Palais

d'Hele

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