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d'Helene des peintures extravagantes, & differentes des faintes Images approuvées de l'Eglife; & cela par l'ordre de l'Empereur, qui aimoit les vifions des Manichéens. Cette nouveauté caufa une grande fedition à C. P. & l'Empereur craignant les Catholiques, zelez pour le Concile de Calcedoine, s'avifa de faire marcher le prefect de la ville dans les proceffions, à la fuite du peuple, ce qui paffa en coûtume. Il fit auffi venir à C. P. Sup. n. 18. Xenaias ou Philoxene, ce Perfan'impie que Pierre le Foulon avoit fait Evêque d'Hieraple. Xenaïas aiant pris en haine Flavien Patriarche d'Antioche, l'accufa d'être Neftorien ; & Flavien aiant Epift. ad anathematifé Neftorius & fa doctrine, Xenaïas Alcif. voulut qu'il condamnât auffi tous ceux qui Evag.III. Evag III avoient été foupçonnez de Neftorianifme; fçaV. Valef, voir, Diodore de Tarfe, Theodore de Mopfuehic. fte, Theodoret, Ibas, Eutherius de Tyane, &

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plufieurs autres: dont quelques-uns avoient été effectivement Neftoriens, les autres en aiant été foupçonnez, s'étoient justifiez & étoient morts dans la communion de l'Eglife. Xenaïas écrivit aux Eutyquiens pour les exciter contre Flavien. Eleufinius de Safime, Nicias de Laodicée en Syrie, & quelques autres qui étoient ennemis de Flavien pour divers fujets, fe joignirent à Xenaïas ; & étant venus à C. P. ils animerent l'Empereur contre Flavien, comme Partifan de Ma cedonius.

Theoph.an. Toutefois l'Empereur fut obligé de faire fortir 506. p.128. fecretement Xenaias de C. P. car fon arrivée avoit troublé tous les Catholiques, le Clergé, les Moines, le peuple; & le patriarche Macedonius ne communiquoit point avec lui, & n'avoit même daigné lui parler. L'Empereur Anastase ́ avoit dès-lors refolu la perte de Macedonius, & Sup n.21. la religion ne lui fervoit que de pretexte. Le patriarche Euphemius avant que de le couronner Em

Empereur, lui fit promettre par écrit de ne rien innover dans la religion : & cette promeffe fut confiée à Macedonius alors treforier de l'Eglife de C. P. Quand il fut devenu patriarche, l'Empereur voulut abfolument qu'il lui rendît cet écrit, comme honteux à fa dignité. Macedonius le refufoit constamment, & difoit, qu'il ne trahiroit point la foi; c'eft ce qui lui attira la perfecution. Ses ennemis fubornerent un nommé Acholius pour l'attaquer à coups d'épée; mais le patriarche pour faire le bien contre le mal, lui donna une pension, & en ufa de même envers quelques pauvres qui avoient pillé l'Eglife.

Perfecu

tion en

5:4.

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La perfecution avoit auffi recommencé en LVIE Afrique. Le Roi Gontamond ayant fuccedé à Huneric en 484. rendit la paix à l'Eglife, & rap- Afrique. pella les Catholiques exilez. Mais il y eut d'abord Sup. n. 12. quelque efpece de perfecution. La troifiéme an- Ifid. hift. née de fon regne, il rendit à ceux de Carthage Vand.ara. le cimetiere de faint Agillée, aiant déja rap- Tun,chr pellé d'exil l'Evêque Eugene. La dixième année, en 494. il ouvrit toutes les Eglifes, après qu'elfes eurent été fermées dix ans fix mois & cinq jours, depuis le feptiéme de Février de la huitiéme année d'Huneric jufqu'au dernier d'Août de cette année. Gontamond rappella auffi tous les autres Evêques, à la priere de faint Eugene; Procop. Ta mais il mourut deux ans après, & fon frere Tra- Vand.c.8. famond lui fucceda le 24. de Septembre 496. Il perfecuta les Catholiques, non violence comme fes predeceffeurs, mais leur promettant des charges, des dignitez, de l'argent, ou l'impunité des crimes. Il défendit d'ordonner des Evêques aux Eglifes qui en manquoient: mais ceux qui reftoient refolurent de concert, de ne point obeïr à cet ordre. Ils penferent que la colere du Roi s'appaiferoit: ou que fi la perfecution s'excitoit, les nouveaux Evêques confoleroient les

par

peu

Vita S..

Fulg.c. 16.
Boll Fan

peuples, & gagneroient la couronne du martyre. On croit que cette refolution fut prife l'an 507. & deux ans auparavant Eugene de Cartha

ge étoit mort à Albi dans les Gaules, où fa meMarty, moire eft encore celebre & honorée, comme R. 13. Jul. dans toute l'Eglife, le treiziéme de Juillet. Il pouvoit y avoir été envoié par Trafamond, ami d'Alaric Roi des Vifigoths & Arien comme lui. Saint Eugene mourut fous le confulat de Theodorè, qui eft l'an 505.

Vid. Tun.

Suivant la refolution prife par les Evêques, on éleut promptement plufieurs Prêtres & plufieurs. Diacres, que l'on enlevoit auffi-tôt, & on les confacroit Evêques chaque ville s'empreffoit pour n'être pas la derniere à remplir fon siege. La province Byzacene fut bien-tôt pleine d'Evêques, & le Roi irrité avoit déja refolu de les envoier tous en exil, & premierement le primat Victor, qui les avoit ordonnez. Il fut pris & mené à Carthage enforte que la joye des nouvelles ordinations fut fuivie d'une plus grande trifteffe. Alors faint Fulgence fut ordonné Evêque de Rufpe, ville celebre de la même pro-vince; mais il devint lui-même fi illuftre, qu'il faut reprendre fon histoire de plus haut. LVIII. Il étoit de la premiere nobleffe de Carthage.. Commen- Le Senateur Gordien fon Aieul chaffé avec les cemens de S. Fulgenautres par Genferic paffa en Italie & y mourut.. Deux de fes fils revinrent en Afrique, dans l'efVita c. 1. perance de recouvrer fa fucceffion. Mais ils ne purent demeurer à Carthage, où leur maison avoit été donnée aux Prêtres Ariens, & s'établirent à Telepte dans la Byzacene, où le Roi leur fit rendre quelques terres. L'un d'eux nommé Claude, époufa Mariane femme chrétienne, dont en 468. il eut ce fils qu'il nomma Fulgence, & mourut peu de tems après. Sa mere lui fit d'abord apprendre le grec afin qu'il le prononçât

ce.

mieux; & en effet il le parla toute fa vie comme un Grec naturel. Il fut obligé de bonne heure à prendre la conduite de fes affaires : mais il fe dégoûta bien-tôt de la vie du monde, & pre- .. nant plaifir à vifiter fouvent des Moines, il fut touché d'un defir ardent de les imiter. Il cacha c. 3. quelque tems fon deffein s'exerçant dans la maifon de fa mere à la retraite, au jeûne & à la priere; mais enfin touché d'un fermon de faint Auguftin fur le trente-fixiéme pfeaume, il refolut de fe déclarer.

Un Evêque nommé Faufte, relegué par ordre d'Huneric près de fon Diocese, avoit bâti un Monaftere dans le lieu de fon exil, & y vivoit fi faintement, qu'il fe faifoit refpecter de tous les Chrétiens. Saint Fulgence, qui en étoit fort connu, lui ouvrit fon cœur; mais le faint Evêque voiant un jeune homme noble, riche & élevé dans les délices, le rebuta d'abord, & ne le reçut qu'après l'avoir bien éprouvé. Sa mere quoique pieufe, fut fort troublée de fa retraite ; elle vint au Monaftere, criant & se lamentant, comme fi fon fils avoit été mort; & chargeant d'injures l'Evêque Faufte, elle le preffoit de le lui rendre. Saint Fulgence qui aimoit tendrement fa mere fut fenfiblement touché de fes cris, mais il demeura ferme; & après une telle épreuve le faint Evêque ne fit plus de difficulté de l'admettre dans fa communauté. Plufieurs de fes amis quitterent le monde à fon exemple, & entrerent dans des Monafteres. Il laiffa tous fes biens à fa mere, quoiqu'il eût un frere, nommé Claude c.7. \ plus jeune que lui : mais il aima mieux que fon frere, s'il fe conduifoit bien, les tînt de la liberalité de fa mere.

La perfecution recommençant, l'Evêque Faufte fut obligé de changer fouvent de place pour .8. fe cacher ce qui obligea faint Fulgence, de

l'avis de Faufte même, de paffer à un Monaftere voifin, dont l'Abbé nommé Felix étoit fon ami dès la premiere jeuneffe. Il voulut ceder à Fulgence le gouvernement du Monaftere, l'en jugeant plus capable que lui; & enfin du confentement de la communauté, ils convinrent de le gouverner ensemble. Fulgence étoit chargé particulierement de l'inftruction des freres & des hôtes: Felix du temporel & de l'hofpitalité. L'incurfion des barbares les obligea de quitter leur Monaftere pour chercher du repos plus loin. Ils fortirent avec toute leur communauté, & après un affez grand voiage, ils s'arrêterent au territoire de Sicque, attirez par la fertilité du lieu, & par la charité de quelques fidéles. Un Prêtre Arien nommé Felix gouvernoit une Paroiffe dans le voisinage, il étoit riche, barbare de naissance, cruel, & très-animé contre les Catholiques. Il prit faint Fulgence pour un Evêque déguisé en Moine, & craignit qu'il ne reconciliât fecretement plufieurs de ceux qu'il avoit feduits; & en effet, faint. Fulgence travailloit autant qu'il pouvoit à les convertir. Le Prêtre Arien mit donc des fentinelles fur le chemin pour arrêter les deux 6:10. amis; & en effet, ils furent pris. L'Abbé Felix portoit quelques pieces d'or, pour la fubfistance des freres, & il les jetta où il put, fans que les gardes s'en apperçuffent. On les mena tous deux liez au Prêtre Arien, qui leur demanda d'une voix terrible Pourquoi êtes-vous venus en cachette de votre païs, contre le fervice des Rois Chrétiens? Et fans attendre leur réponse, il commanda qu'on les frappåt. Alors l'Abbé Felix dit Epargnez mon frere Fulgence, il n'a pas la force de fouffrir les tourmens, & mourra peut-être entre vos mains. Tournez vôtre colere contre moi, je fçai que répondre, je fuis canfe de tout. Le Prêtre Arien étonné de cette

cha

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