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ner cent coups de bâton à tous les Catholiques AN. 484. qui étoient prefens. Alors l'Evêque Eugene s'écria Que Dieu voie la violence qu'on nous fait, & la perfecution que nous fouffrons. Les Evêques catholiques dirent à Cyrile, Faites vôtre propofition. Il répondit, Je ne fçai pas le latin. Son pretexte étoit que les Vandales, comme les autres barbares parloient la langue Tudefque. Les Evêques catholiques répondirent: Nous fçavons certainement, que vous avez toûjours parlé latin: ainfi vous ne devez pas apporter cette excufe: vu principalement que c'est vous qui avez allumé ce feu. Comme il vit les Evêques catholiques mieux preparez au combat qu'il ne penfoit: il emploia diverfes chicanes, voulant abfolument éviter la conference. Les Catholiques l'avoient bien prevû; & avoient écrit une profeffion de foi, qu'ils firent lire publiquement.

Victor lib.

3.

Elle eft fort ample, & contient d'abord l'explication de l'unité de fubftance en Dieu avec la Trinité de perfonnes. La neceffité d'emploier le mot grec homoonfios. Enfuite on prouve par l'Ecriture, que le Fils eft de même fubftance que le Pere, qu'ils font égaux, qu'il y a deux natures en JESUS-CHRIST, comment fa generation eft inexplicable, comment le Pere non engendré, & le Fils engendré font de même fubftance, comment la fubftance de Dieu eft indivifible. Que le Saint-Efprit eft consubstantiel au Pere & au Fils, & que fous le feul nom de Dieu les trois Perfonnes font comprifes. Les Evêques s'étendent particulierement fur la Divinité du Saint-Efprit, & concluent en ces mots : Telle eft nôtre foi appuiée fur l'autorité des Evangeliftes & des Apôtres, & fondée fur la focieté de toutes les Eglifes catholiques du monde : dans laquelle par la grace de Dieu tout-puiffant, nous efperons perfeverer jufques à la fin de cette vie.

Ce

Ce memoire a été envoié le douziéme des calen

des de Mai par Janvier de Zattare & Villatique An. 484. de Cafes-moyennes, Evêques de Numidie, Boniface de Foratiane & Boniface de Gratiane, Evêques de la province Byzacene. La date répond au vingtieme d'Avril 484.

A la lecture de cette confeffion de foi, les Ariens s'écrierent, fe plaignant que leurs adver- Id lib.44 faires priffent le nom de Catholiques; & auffitôt ils rapporterent au Roi, qu'ils avoient fait du bruit, pour éviter la conference. Alors il envoia fecretement par toutes les provinces un decret, qu'il tenoit tout prêt en vertu duquel, tandis que les Evêques étoient à Carthage, il fit fermer en un jour toutes les Eglifes d'Afrique, & donna à fes Evêques tous les biens des Eglifes & des Evêques catholiques appliquant aux Catholiques les peines portées contre les Heretiques par les loix des Empereurs. Dans cet édit Huneric dit: que les Evêques Homooufiens étant arrivez à Carthage pour la conference, après y avoir demeuré du tems, ont encore obtenu un délai de quelques jours. Quand ils ont dit, ajoûte-t-il, qu'ils étoient prêts au combat, nos Evêques leur ont propofé qu'ils prouvaffent par l'Ecriture l'Homooufion : ou du moins qu'ils condamnaffent, ce que plus de mille Evêques affemblez aux Conciles de Rimini & de Seleucie, ont condamné: ils n'en ont voulu rien faire, tournant tout en fedition, par le moien du peuple qu'ils avoient excité; en forte qu'on n'a pû en venir à la difpute. Enfuite il leur donne un délai pour meriter le pardon, jufques au premier de Juin de la même année huitiéme de fon regne; c'est-à-dire, 484. l'édit eft daté du vingt-cinquiéme Février.

Après avoir envoié cet édit, Huneric commanda de chaffer hors de Carthage tous les Evêques qui y étoient affemblez, fans leur laiffer ni

-che

VII.

Evêques

chaffez.

n. 3.

cheval, ni esclave, ni habit à changer : mais les AN. 484. dépouillans de tout, après leur avoir pris ce qu'ils avoient chez eux. Il y avoit même défenfe de les loger ni leur fournir des vivres fous peine aux contrevenans d'être brûlez avec toute leur mai fon. Les Evêques ainsi chaffez, refolurent de ne point s'éloigner, de peur qu'on ne dît qu'ils avoient fui la conference: auffi-bien n'avoient-ils plus ni Eglifes ni maifons. Comme ils étoient ainfi gemiffans, & expofez à l'air autour des murailles de la ville le Roi fortit par hazard, & ils vinrent tous à lui, en difant: Quel mal avons-nous fait pour être traitez ainfi? Si nous fommes affemblez pour une conference pourquoi nous dépouiller, nous chaffer, nous faire mourir de faim & de froid? Le Roi les regardant de travers, avant que d'avoir ouï leur remontrance, fit courir fur eux des cavaliers, qui en blefferent plufieurs, principalement des plus vieux & des plus foibles.

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On leur donna ordre de fe trouver en un lieu #.4. nommé le temple de Memoire. Là on leur montra un papier roulé, & on leur dit : Le Roi, quoi qu'irrité de vôtre defobéïffance, veut toutefois vous bien traiter. Si vous jurez de faire ce qui eft contenu dans ce papier, il vous renvoiera à vos Eglifes, & à vos maisons. Tous les Evêques répondirent: Nous difons, & nous dirons toûjours, que nous fommes Chrétiens & Evêques. Nous tenons la Foi apoftolique feule & vefitable; & comme on les preffoit de faire ce ferment, Hortulan & Florentien dirent au nom de tous: Sommes-nous des bêtes, pour jurer au hazard, fans fçavoir ce que contient ce papier? Les Emiffaires du Roi leur dirent: Jurez qu'après la mort du Roi vous defirez que fon fils Hilderic lui fuccede, ou qu'aucun de vous n'envoiera des lettres outre mer. Si vous prêtez ce

fer

ferment, il vous rendra à vos Eglifes. Plufieurs crurent par fimplicité qu'ils pouvoient faire ce AN. 48+ ferment: de peur que le peuple ne leur reprochât qu'il n'avoit tenu qu'à eux qu'on ne rendît les Eglifes. Les autres, connoiffant la fraude, ne voulurent point jurer : & dirent, qu'il eft défendu dans l'Evangile, par ces paroles de N. S. Matthi Vous ne jurerez point du tout. Alors les Offi- 1 34. ciers du Roi dirent: Que ceux qui veulent jurer fe retirent d'un côté, & comme ils fe feparerent, les notaires écrivoient ce que chacun difoit, & de quelle ville il eftoit; tout de même de ceux qui ne vouloient point jurer, & auffitôt les uns & les autres furent mis en prifon. Puis les Vandales dirent à ceux qui offrirent de jurer: Parce que vous avez voulu jurer, con- n. 5. tre le precepte de l'Evangile, le Roi ordonne que vous ne voïiez jamais vos villes ni vos Eglifes; mais vous ferez releguez, & on vous don nera des terres à cultiver comme ferfs: A la charge toutefois, que vous ne chanterez, ni ne prierez, ni ne porterez point à la main de livre pour lire; que vous n'adminiftrerez ni les ordres, ni le baptême, ni la penitence. On dit auffi à ceux qui refufoient de jurer: Vous n'avez pas voulu jurer, parce que vous ne fouhaitez le regne du fils de nôtre Roi. C'est pourquoi vous ferez releguez dans l'île de Corfe, & occupez à couper du bois, pour la conftruction des vaiffeaux.

pas

Saint Eugene de Carthage voiant qu'on l'em- Greg. Tur. menoit en exil, fans lui donner le tems d'exhor-11.bit.c.3. ter fon troupeau : écrivit une lettre, où il les conjure par la Majesté de Dieu & l'avenement de JESUS-CHRIST, de demeurer fermes dans la foi de la Trinité & d'un feul baptême, fans fouffrir d'être rebaptifez. Il protefte, qu'il fera innocent du fang de ceux qui periront, & que cette lettre fera lãë contre eux devant le tribunal de

JESUS

2.6.8.

JESUS-CHRIST: il leur recommande la priere, le jeûne & l'aumône, & de ne point craindre ceux qui ne peuvent tuer que le corps. Avec lui étoient Vindemial Evêque de Capse dans la proRuin. hift. vince Byzacene, & Longin de Pamaré dans la perfec. part. Mauritanie Cefarienne. Nous avons le catalogue des Evêques de toutes les provinces d'Afrique, qui étoient venus à la conference, & qui furent Notit. Afr. envoiez en exil. Sçavoir, 54. de la province Proconfulaire, 125. de Numidie, 107. de la province Byzacene, 120. de la Mauritanie Cefarienne, 44. de celle de Sitifi, 5. de Tripoli, 8. de Sardaigne & des îles voifines; en tout 466. Evêques, dont il en mourut 88. Il y en eut 46. releguez en Corfe, 302. ailleurs, 28. s'enfui- . rent. Plufieurs Evêques furent releguez près de Vita S. leur pais; ce qu'Huneric faifoit par malice, afin Fulg.c.4. de les tenter plus violemment de renoncer à la

VIII. Vigile de

P. 133.

foi.

· Entre les Evêques qui furent bannis dans cette perfecution, le dernier de la province Byzacene Tapfe. Not. Afr. eft Vigile de Tapfe, celebre pour fes écrits. La crainte d'aigrir la perfecution, lui fit cacher fon nom, & il emprunta ceux des Peres les plus illuftres, pour donner plus de cours à fes ouvrages, principalement chez les Vandales & les autres barbares Ariens, peu fçavans dans la criti

614. edit.

1698.

To. 3.0p. que. Ainfi il compofa une difpute entre faint Athan. Athanafe & Arius, qu'il fuppofe s'être paffée publiquement à Laodicée, par ordre de l'Empereur Conftantius, en prefence d'un juge nommé Probus; & il y rapporte tous leurs difcours, comme s'il en avoit trouvé les actes mais il reconnoît lui-même dans un autre ouvrage, que ce n'eft qu'une fiction dont il est l'auteur. Il le declare encore dans une feconde édition qu'il fit de la même difpute, y ajoûtant Sabelius & Photin avec Arius, contre faint Athanafe; & il dit qu'il

Lib. V. adv. Entych c.2. Eod.to.3.

p. 642.

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