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le concile de Calcedoine, & les plus attachez AN. 511. aux erreurs d'Eutychés & de Diofcore. Soteric avoit été ordonné par Macedonius de C. P. & avoit declaré par écrit, qu'il recevoit la définition du concile de Calcedoine comme regle de la foi. Mais depuis il étoit devenu tellement ennemi de Macedonius, qu'il étoit allé en Orient ⚫ concerter avec Xenaïas, & tous deux enfemble avoient demandé à l'Empereur ce concile de Sidon, pour abolir entierement celui de Calcedoine.

an. 511.

Mart.chr. Il fe trouva à Sidon environ quatre-vingts Evêques, qui y tinrent le Concile l'an 511.indiction quatriéme. Ils ne furent pas long-tems affemblez; & l'Empereur envoia pour les feparer le tribun Eutrope, qui confeilla à Flavien d'Antioche & à Elie de Jerufalem, d'écrire à l'Empereur ce qui s'étoit fait en ce Concile. Flavien déclara par fa lettre, qu'il recevoit les trois premiers Conciles & l'henotique de Zenon, fans faire mention du concile de Calcedoine. Elie le rejettoit, mais en des termes, qui ne contenterent pas Soteric & Xenaïas. C'est pourquoi ils écrivirent à l'Empereur, que Flavien & Elie avoient concerté ensemble, pour fe mocquer de Marcell. lui, & il en fut fi irrité, qu'il refolut de les faishr an 512. re chaffer l'un & l'autre.

à C. P.

Vite S. Sa

ta. n. 51 P. 298.

XIII. Cependant faint Sabas & les autres Abbez de Saint Sabas Palestine étant arrivez à C. P. demanderent audience à l'Empereur, qui commanda qu'on les fît tous entrer. Quand ils furent à l'anti-chambre, les filentiaires qui gardoient la porte les laifferent tous paffer, hormis faint Sabas, qu'ils prirent pour un mandiant, le voiant couvert d'un habit craffeux & recoufu de plufieurs pieP. 199. ces. L'Empereur reçut humainement les autres,

car il aimoit les Moines, & lût la lettre du Patriarche Elie, qu'ils lui prefenterent, conçuë en

ces

AN.

511.

ces termes: Je vous envoie l'élite des bons & fideles ferviteurs de Dieu, des Superieurs de tout le defert, entre autres le feigneur Sabas, la lu- p. 297.1 miere de toute la Palestine. L'Empereur demanda où il étoit, & les Abbez regardoient de côté & d'autre, ne fçachant comment il les avoit quittez. L'Empereur ordonna qu'on le cherchât exactement, les Officiers de la chambre firent du bruit, & les filentiaires étant fortis, le trouverent debout en un coin qui recitoit des pleaumes. Ils l'emmenerent au dedans du voile : l'Empereur crut voir un Ange devant lui, & les fit tous affeoir.

Après quelques difcours chacun recommanda les interêts de fon Monaftere. L'un demanda les terres qui l'environnoient, l'autre quelque autre grace de l'Empereur : il les fatisfit tous, puis il dit à faint Sabas: Calogere, c'eft-à-dire, bon vieillard pourquoi avez-vous entrepris un fi grand voiage, fans vouloir rien demander? Saint Sabas pi 300; répondit: Je fuis venu premierement pour baifer les pieds de vôtre pieté, pendant que je fuis encore en ce monde: enfuite pour vous fupplier au nom de la fainte cité de Jerufalem & de nôtre faint Archevêque, de donner la paix à nos Eglifes, & ne point troubler le facerdoce: afin que nous puiffions prier tranquillement jour & nuit pour vôtre ferenité. L'Empereur fit apporter mille fols d'or, & lui dit : Prenez cela, mon Pere, & priez pour nous : car j'ai ouï dire que vous gouvernez plufieurs Monasteres dans le defert. Saint Sabas dit: Je veux paffer ici l'hiver, & vous rendre encore mes refpects. L'Empereur rénvoia les autres Abbez en Palestine; & ordonna que faint Sabas entrât au Palais toutes les fois qu'il voudroit, fans fe faire annoncer. Quelques jours après il l'envoia querir, & lui n. 52 dit: Votre Archevêque s'eft declaré défenseur

du concile de Calcedoine, qui a autorifé la doAN. 511. trine de Neftorius. De plus il a perverti Flavien d'Antioche, & l'a attiré à lui: en forte que comme

les decrets de Calcedoine alloient être anathématifez generalement au concile qui eft maintenant P.301. affemblé à Sidon, il l'a feul empêché de concert avec Flavien, & croit s'être mocqué de moi, m'écrivant en ces propres termes : Nous rejettons toute herefie qui a introduit quelque nouveauté contre la foi orthodoxe, fans recevoir ce qui a été fait à Celcedoine, à caufe des fcandales qui en font arrivez. Il croit par là nous avoir trompez mais nous voions bien, qu'il eft le défenfeur du concile de Calcedoine, & de toute l'herefie de Neftorius; & nous l'avons vû auparavant, quand il a refufé de confentir à la dépofition d'Euphemius & de Macedonius, tous deux Neftoriens. C'eft pourquoi nous voulons qu'il foit chaffé, & que l'on mette en ce Siege apoftolique un homme digne & orthodoxe; afin que les lieux faints ne foient pas prophanez par les dogmes de Neftorius.

:

Saint Sabas répondit: foiez perfuadé, Seigneur, que nôtre Archevêque inftruit par nos anciens peres, faifeurs de miracles, & les lumieres du defert, rejette également la divifion de Nestop. 302. rius & la confufion d'Eutychés marchant au milieu par le chemin de la foi catholique : nous fçavons qu'il ne refpire que la doctrine de faint Cyrille d'Alexandrie. Nous vous fupplions donc de conferver fans trouble la fainte cité de Jerufalem, où le myftere de nôtre falut a été manifefté; & de n'y point ébranler le Sacerdoce. L'Empereur touché de la Sainteté & de la fimplicité du Prov. X. 9. vieillard, luidit: L'Ecriture a bien dit, que celui qui marche en fimplicité, marche avec confiance. Priez pour nous, & n'aiez point d'inquiétude je n'ordonne rien contre vôtre Archevê

que,

22.p.135.

que, à vôtre confideration; & je veux que vous retourniez pleinement fatisfait. Saint Sabas étant AN. 511. ainfi forti de chez l'Empereur, entra chez l'Imperatrice Ariane & après lui avoir donné sa n.53. benediction, il l'exhorta à maintenir la foi de l'Empereur Leon fon pere. Elle lui dit : Vous P⋅ 303. dites bien, faint Vieillard, fi on le vouloit entendre. Aiant ainfi quitté l'Imperatrice, & voulant éviter le tumulte, il fortit de la ville, & demeura dans le fauxbourg de Rufin. Il étoit vifité par Juliene & Anaftafie, Dames très-catholiques & très-vertueufes, qui alloient fouvent lui baifer les pieds & recevoir fes inftructions. Juliene étoit petite fille de l'Empereur Valentinien III. Elle avoit fait bâtir une Eglife de la mere de Dieu, Theoph.an au lieu nommé honorat, du côté d'Afie. L'Em- Cang.C.P. pereur Anastase ne put jamais l'obliger à com- lib. 4. 15. muniquer avec le Patriarche Timothée, quelquen. 14. artifice qu'il y emploiât : quelque foin que prit Timothée, lui-même, de lui rendre des vifites. Anaftafie étoit femme du Patrice Pompée, neveu de l'Empereur Anastase: qui les maltraita en plufieurs manieres, comme partifans du concile de Calcedoine & de Macedonius, à qui ils fourniffoient de quoi fubfifter pendant fon exil. L'Empereur aiant encore envoié querir faint Vitan.540 Sabas peu de jours après: il le pria de remettre à la ville de Jerufalem, quelques reftes du tribut nommé Chryfargyre, qu'il avoit ôté par tout l'empire, treize ans auparavant en 499. Ces reftes montoient à cent livres d'or provenant des non-valeurs, & on les avoit impofées même fur les Eglifes. L'Empereur ordonna à Zotique pre- p. 304. fet du pretoire, de décharger de cette fommele bureau de Palestine. Mais Marin, qui avoit grand credit fur fon efprit, étant furvenu, dit, queles habitans de Jerufalem étoient des Neftoriens & des Juifs, indignes de cette grace. Saint Sabas

G 6

lui

Sup liv.

XXX.n.21.

lui dit Ne vous oppofez pas à la bonne volonAN. 512. té de l'Empereur pour les Eglifes, renoncez à P. 305. l'avarice, & prenez garde à vous: autrement vous vous attirerez dans peu de grands maux. Vous perdrez tous vos biens en un inftant, vôtre maison sera brûlée, vous mettrez l'empire même en peril. Enfuite faint Sabas pria l'Empereur de le renvoier en Palestine, & reçut encore de fa main mille pieces d'or : mais il n'obtint pas la remife des reftes du Chryfargyre. Il s'embarqua pour fon retour, au mois de Mai de la cinquiéme indiction: c'est-à-dire, l'an 512. Quelques mois après Marin s'étant trouvé dans une fedition, fa maifon fut brûlée, & le refte de la prophetie accompli.

XIV.

cieux.

Depuis le commencement de l'Empereur AnaSaint Jean ftafe, les Monafteres de Palestine étoient tombez le silen- dans une efpece d'anarchie, tant par le relâcheSup. XXX, ment des fucceffeurs de faint Paffarion, trop attachez au temporel, que par le fchifme des AceVita S. phales & la protection que l'Empereur leur donSab.n.30. noit. Ainfi les Moines du defert vinrent trouver

2.25.

Vita S. Joan. Si

le Patriarche Salufte, qui étoit malade, & s'étant affemblez autour de lui, ils choifirent faint Theodofe & faint Sabas, qui furent établis exarques ou fuperieurs generaux de tous les Monafteres. dépendans de Jerufalem : fçavoir, faint Theodofe des Cenobites, & faint Sabas des Anacoretes. Entre les difciples de faint Sabas, étoit Jean, que fon amour pour la retraite fit furnommer Hefycafte ou filencieux, & qu'il avoit reçu dans Mai. to.14. fa laure, du tems que fon Eglife Theoctiste fut dédiée c'eft-à-dire, en 491. Il fit de fi grands progrès dans la vertu, que fept ans après faint Vita S. Sabas voulut le faire ordonner Prêtre. Il le mena Sab. n. 21. donc à Jerufalem, & le prefenta au Patriarche V.S. 7o. Elie, fucceffeur de Salufie: qui voulant l'ordonSup. XXX, ner de fa main, le mena à l'Eglise du Calvaire.

lent.ap.Bol land. 13.

P. 232

Sap XXX.

72.23.

6.6.7

22.37.

:

Alors

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