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fe refugia dans le Monaftere de Romain; & les partifans de Pierre Monge l'envoierent à C. P. folliciter leurs affaires : là il fe fit connoître à l'Empereur, qui le prit en affection, comme il a été dit. Severe étoit pur Eutyquicn: non feulement il rejettoit avec anathême le concile de Calcedoine, mais il ne recevoit pas même lhenouique de Zenon. Il foûtenoit qu'après l'incarnation il n'y avoit en JESUS-CHRIST qu'une nature, & qu'elle étoit corrupt.ble. Il recevoit le faux concile d'Ephefe, l'égalant au premier, & mettant Diofcore au même rang que faint Cyrille Il difoit que l'hypoftafe & la nature étoit la même chofe : ainfi il reconnoiffoit dans la Trinité, trois natures, trois divinitez, trois Dieux.

Vita S. Sab. n. 56.

1.56.

Afin de l'établir à Antioche, Anastase y en- Theoph. voia des officiers avec beaucoup d'argent, pour ta S. Sab. P. 134. Vidiftribuer au peuple. Ces officiers perfuaderent à Flavien de fortir de la ville, pour ceder un peu à la fedition: il fe retira au lieu nommé les Platanes, & auffi-tôt ils firent ordonner Severe Evêque d'Antioche, & envoierent Flavien en exil avec plufieurs autres, tant Evêques que Clercs & Moines. Severe fut ordonné ľan 561. d'Antioche, indiction fixiéme au mois Dius: c'est-à-dire, en Novembre l'an de JESUSCHRIST 512. Il envoia par tout aufli-tôt fes lettres fynodiques, où il anathematisoit expreffément le concile de Calcedoine. Mais elles ne furent point reçuës en Palestine: au contraire ceux qui les avoient apportées furent chaffez honteufement. Quant aux Evêques qui dependoient d'Antioche, les uns fe laifferent feduire, comme Marin de Beryte, les autres cederent à la force; & quelques-uns d'entre eux fe retraaterent, comme les Evêques dépendans d'Apamée. D'autres refuferent abíolument de rece

Epift.ad lyf. ap.

Evagr.

6.34.

voir les fynodiques de Severe: comme Julien de Boftre, Epiphane de Tyr, & quelques autres. Il y en eut même qui abandonnerent leurs Eglifes; comme Julien de Boftre & Pierre de Damas, & ils fe retirerent dans les monafteres de Palestine car Julien étoit difciple de faint Vita S. Theodofe. L'Abbé Mamas un des chefs des Sab. n. 55. fchifmatiques, qui à C. P. avoit combattu la foi avec Severe, & avoit grande familiarité avec P'Empereur, fut ramené à la communion de l'Eglife catholique par faint Sabas, étant choEvagr.III. qué de l'infolence de Severe. Cofme Evêque d'Epiphanie fur l'Oronte & Severien d'Arethuse fon voifin pafferent plus avant; & non contents de fe feparer de la communion de Severe, ils lui envoierent à Antioche un decret de dépofition. Ils en chargerent Aurelien Archidiacre d'Epiphanie, qui craignant la puiffance de Severe, quand il fut arrivé à Antioche prit un habit de femme, & en imitoit les geftes & les manieres, aiant la tête couverte d'un grand voile, qui defcendoit jusques à la ceinture: ainfi foûpirant & fe lamentant, il donna à Severe qui fortoit, la fentence de dépofition, comme fi c'eût été une requête; puis il fe mêla dans la foule, & s'enfuit avant que Severe eût lû l'écrit. L'Empereur l'aiant appris, ordonna à Afiatique Gouverneur de la Phenicie du Liban, de chaffer Cofme & Severien de leurs fieges. Mais le Gouverneur voiant qu'ils avoient beaucoup de partifans, & que leurs villes les foûtenoient vigoureufement, remontra qu'on ne pouvoit les chaffer fans effufion de fang: à quoi l'Empereur répondit, qu'il ne vouloit pas qu'on en répandît une goutte.

#.55.

Severe voiant qu'Elie Patriarche de Jerufalem, n'avoit pas voulu recevoir fes lettres fynodiques, les lui renvoia au mois de Mai de la

fixiéme

fixiéme indiction: c'est-à-dire, en 513. avec quelques Clercs, & des officiers de l'Empereur, pour leur prêter main-forte. Mais faint Sabas l'aiant appris, il vint à Jerufalem avec les autres Abbez du defert, chaffa de la ville ceux qui portoient les lettres de Severe; & aiant affemblé de tous côtez une grande multitude de Moines devant le Calvaire, avec le peuple de Jerufalem, ils crioient: Anathême à Severe & à ceux qui communiquent avec lui, & cela en prefence des magiftriens, des capitaines & des foldats que l'Empereur avoit envoiez.

Theol.lect.

Theoph. an.

Severe voulut auffi attirer à fon parti Almondar, qui commandoit les Sarafins, fujets des Perfes, & qui fit de grands ravages fur les Romains, en Arabie & en Palestine: mais il eft à croire, qu'il fut touché des miracles de faint Sabas, & des autres faints folitaires qui y demeuroient car il fe convertit & fut baptifé par des Catholiques. Severe lui envoia donc deux P.564. Evêques pour le pervertir: mais il leur dit: Je 22.p.137.. viens de recevoir des lettres qui portent que l'Archange faint Michel eft mort. Cela eft impoffible, dirent-ils. Il leur répondit: Et comment donc, JESUS-CHRIST étant purement Dieu, fans avoir la nature humaine, a-t-il été Crucifié pour nous; puifqu'un Ange même ne peut mourir? Ainfi il les renvoia confus.

Cependant Vitalien avoit fait de grands progrès. Il tua beaucoup de monde à l'Empereur pilla l'argent & les armes qu'il envoioit à fes troupes & prit fon neveu Hipace. Il conquit toute la Thrace, la Scythie & la Myfie, & vint aux portes de C. P. Alors l'Empereur Anaftafe voiant fes affaires defefperées, lui envoia des Senateurs pour demander la paix, promettant de rappeller les Evêques exilez. Vitalien demanda fur tout, que Macedonius de C. P. & Flavien

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d'An

XXI. L'Empe reur écrit au Pape.

Theoph. an. 83.

Marcell. chr.an.514.

AN. 515.

To 4. cons. . 1420.

d'Antioche fuffent remis dans leurs fieges : & que l'on affemblât un concile general, où le Pape fe trouvât, pour examiner les excès commis contre les Catholiques. L'Empereur, le Senat & les Magiftrats le jurerent. Vitalien fe retira & délivra Hypace neveu d'Anastase. ́

En exécution de ce traité, l'Empereur Anaftafe écrivit au Pape Hormifda, le douzième de Janvier 515. fous le confulat d'Anthemius & de Florentius. D'abord il tâche d'excufer la longueur de fon filence, la rejettant fur la dureté des Papes precedens. Puis il prie Hormifda de fe rendre Mediateur, pour appaiser les mouvemens de Scythie, qui obligeront à affembler un Concile. La lettre fut reçue à Rome de la main de Patrice, .1425. le vingt-feptiéme de Mars. Par une autre lettre Anastase marquoit que le Concile devoit fe tenir à Heraclée en Europe; c'est-à-dire, en Thrace: priant le Pape de s'y rendre dans le premier de Epift.2.& Juillet de la même année 515. Le Pape répondit à l'Empereur, lui témoignant fa joie de ce qu'il avoit enfin rompu le filence, & promettant de lui répondre plus amplement, quand il fçauroit le fujet de la convocation du Concile. La Epift-4 lettre eft du quatrième d'Avril 515. & par une autre du huitiéme de Juillet, il promit de lui envoier bien-tôt des Evêques chargez de fes ordres. Vitalien de fon côté avoit envoié des députez au Pape; & Theodoric Roi d'Italie le folFib Pontif. licitoit auffi d'envoier à C. P. Ainfi par deliberain Hermition d'un Concile, il envoia Ennodius Evêque de Pavie, fameux par fes écrits, un autre Evêque nommé Fortunat, Venance Prêtre, Vital Ticoph. Diacre, & Hilarus Notaire. Le Pape les chargea 137. D. d'une inftruction, qui commence ainsi: XXII. Quand vous arriverez en Grece, fi les EvêInftruction ques viennent au-devant de vous, recevez-les fes legats. avec le respect convenable; & s'ils vous prepa

da.

an. 23.

du Pape à

p. 1426.

rent

:

rent un logement ne le refufez pas, de peur qu'il ne femble aux laïques, que vous ne voulez point AN. 515. de réunion. S'ils vous prient à manger, excufezvous-en honnêtement, en difant Priez Dieu que nous communiquions auparavant à la table myftique, & alors celle-ci nous fera plus agréable. Ne recevez point les autres chofes qu'ils vous pourront offrir, fi ce n'eft les voitures en cas de befoin, dites que vous ne manquez de rien, & que vous efperez qu'ils vous donneront même leurs cœurs. Lorfque vous ferez à C. P. prenez le logement que l'Empereuf aura ordonné, & avant que de le voir, ne recevez perfonne que ceux qui feront zelez pour l'union: mais avec grande précaution, & pour vous instruire de ce qui fe paffe.

Etant prefentez à l'Empereur, rendez-lui nos lettres, en difant: Vôtre pere vous faluë, priant Dieu tous les jours pour la profperité de vôtre regne, par les interceffions de faint Pierre & de faint Paul; afin que comme il vous a donné le defir de le confulter, pour l'unité de l'Eglife, il vous en donne la volonté parfaite. Ne lui parlez de rien avant qu'il ait reçu vos lettres : & après qu'elles auront été luës, ajoutez : Le Pape a auffi écrit à vôtre ferviteur Vitalien, qui lui a envoié des gens de fa part, avec vôtre permif fion, à ce qu'il a écrit: mais le Pape a ordonné

que
les lettres que nous lui portons, ne lui
foient rendues que par vôtre ordre. Si l'Empe-
reur demande les lettres que nous envoions à
Vitalien, il faut répondre: Le Pape ne nous l'a
pas ordonné : mais afin que vous connoiffiez la
fimplicité de ces lettres, & qu'elles ne tendent
qu'à vous porter à la réunion de l'Eglife en-
voiez quelqu'un avec nous en prefence de qui
on les life. S'il dit : Vous pouvez encore avoir
d'autres ordres. Vous répondrez; Dieu nous en

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H 2

garde,

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