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Nicopolis. Si Dorothée demeure obstiné, vous AN. 517. poursuivrez cette affaire auprès de l'Empereur, fuivant les lettres que nous lui en écrivons ; & vous lui direz: Si vous n'arrêtez cette vexation, il femblera que Jean de Nicopolis la fouffre, pour être rentré dans la communion du faint Siege; & ceux qui s'attendent que vous procurerez l'union, commenceront à en douter. Nous croions expedient, ajoûté le Pape, que vous rendiez publiques en divers lieux nos lettres, à l'Evêque de Theffalonique, & principalement dans fa ville. Cela pourra arrêter la perfecution, & le corriger lui-même.

Lib.Pontif. Cette feconde legation n'eut pas plus d'effet in Horm. que la premiere. L'Empereur Anaftafe refufa le 20.4 cone formulaire de réunion, & s'efforça de corrom2.1460. pre les legats par argent; mais n'y aiant pas réuffi, il les fit fortir par une porte de derriere, & embarquer avec des magiftriens, & deux prefets, Heliodore & Demetrius : défendant de les laiffer entrer en aucune ville. Les legats ne laifferent pas de répandre leurs dix-neuf prote ftations, par des Moines qui les expoferent dans toutes les villes. Mais les Evêques qui les reçurent, craignant d'être accusez, les envoierent toutes à C. P. Alors l'Empereur Anastase fort irrité écrivit au Pape l'onziéme de Juillet, la même année 517. une lettre, où après un grand lieu commun fur la douceur de JESUS-CHRIST il conclut en ces mots : Nous ne croions pas raifonnable de prier ceux qui rejettent opiniâtrement les prieres; car nous pouvons fouffrir les injures & les mépris, mais non pas les commandemens. C'est à quoi fe terminerent les paroles qu'il avoit données, de procurer la réunion de l'Eglife; & il renvoia fans rien faire environ deux cens Evêques qui étoient venus pour le concile, qui fe devoit tenir à Heraclée. Le peu

ple

ple & le fenat lui reprocherent fon parjure: mais il dit qu'il y avoit une loi, qui ordonnoit AN. 517. à l'Empereur, de fe parjurer & de mentir au befoin. Auffi le croioit-on imbu des maximes

des Manichéens.

Quand il apprit qu'Elie Patriarche de Jerufa- XXVII. lem avoit refufé la communion de Severe, faux Elie chaffe Patriarche d'Antioche: il entra en grande co- lem. de Jerufalere, & envoia Olympius Duc de Palestine, qui Vita S. Sab. aiant emploié plufieurs artifices, chaffa Elie de n. 56.p.310. fon fiege, l'envoia en exil à Aïla, & mit en fa Theoph. P. 134. place Jean fils de Marcien, qui avoit été gardien de la croix, & qui promit d'embraffer la communion de Severe. Il fut fait Evêque de Jerufalem, le troifiéme jour de Septembre, au commencement de l'onziéme indiction : c'est-àdire l'an 517. Saint Sabas & les autres Peres du defert aiant appris que Jean avoit fait cette promeffe, le conjurerent de ne point recevoir Severe à fa communion ; & de s'exposer plutôt à toute forte d'extremité, pour le concile de Calcedoine offrant tous de le foûtenir de tout leur pouvoir. Jean cut tant de refpect pour eux, qu'il manqua à la parole qu'il avoit donnée au Duc Olympius.

Sur cette nouvelle la colere de l'Empereur monta jufques à la fureur; & pour en profiter, un nommé Anaftafe fils de Pamphile, defirant Theopi. d'être Duc de Palestine promit 300.livres d'or, P. 1236.4. s'il n'obligeoit pas Jean à recevoir Severe à fa communion, & à anathématifer le concile de Calcedoine. Il fut donc envoié à la place d'Olympius. Etant arrivé à Jerufalem, il furprit le Patriarche Jean & le mit dans la prifon publique. Tous les habitans s'en réjouïrent, regar dant Jean comme un traître, qui avoit fuplanté le Patriarche Elie. Mais un nommé Zacharie Magiftrat de Cefarée, étant entré dans la prison

en

en cachette, parla ainfi à Jean: Si vous voulez conferver l'Epifcopat, ne vous laiffez pas perfuader de recevoir Severe à vôtre communion: mais faites femblant de confentir au Duc, & lui dites Je ne refufe pas de faire ce que j'ai promis mais de peur qu'on ne dife que je l'ai fait par force, tirez-moi d'ici, & Dimanche je ferai ce que vous ordonnez. Le Duc perfuadé par ce difcours, le fit fortir de prison.

Auffi-tôt Jean envoia de nuit à tous les MoiVita S.Sab. nes pour les faire venir à Jerufalem. Ils s'y renP.312 dirent de tous côtez, & on prétendit en avoir compté jufques à dix mille : mais comme l'Eglife Cathedrale ne pouvoit contenir une telle multitude, on refolut de s'affembler dans celle de faint Eftienne, qui étoit beaucoup plus grande. Tous y étant donc affemblez, tant les Moines que les habitans, le Duc Anastase & le confulaire Zacharie s'y rendirent. Hypace neveu de P'Empereur s'y trouva auffi. Car étant délivré de la prifon de Vitalien il étoit venu à Jerufalem accomplir un vou. Comme le Duc Anaftafe s'attendoit à voir exécuter la volonté de l'Empereur, le Patriarche Jean monta fur l'ambon, aiant à fes côtez Theodofe & Sabas, chefs de tous les Moines. Le peuple cria pendant plufieurs heures: Anathematifez les heretiques, confirmez le concile. Auffi-tôt tout d'une voix, ils anathematiferent Neftorius, Euthychés, Severe d'Antioche, Soteric de Cefarée en Cappadoce; & quiconque ne recevoit pas le concile 318. de Calcedoine. Après qu'ils eurent ainfi parlé, ils defcendirent: mais S. Theodofe remonta, & dit à haute voix : Si quelqu'un ne reçoit pas les quatre Conciles, comme les quatre Evangiles, qu'il foit anatheme. Le Duc fut fort furpris, & craignant la multitude des Moines, s'enfuit à Cefarée mais Hypace protesta aux Abbez avec

:

fer

ferment, qu'il étoit venu à Jerufalem pour entrer dans leur communion, fans avoir jamais pris part à celle de Severe, il offrit cent livres d'or pour le faint Sepulchre, le Calvaire & la fainte Croix, & en donna autant à faint Theodofe, & à faint Sabas, pour diftribuer aux Moines du païs.

L'Empereur aiant appris ce qui s'étoit paffé à " 57. Jerufalem, fe preparoit à emploier la force pour envoier en exil le Patriarche Jean, faint Theodofe & faint Sabas. Mais les faints Abbez en aiant reçu la nouvelle, affemblerent tous les Moines, & d'un commun accord écrivirent une proteftation, qu'ils envoierent à l'Empereur. Elle étoit conçue en forme de requête au nom P. 314. de Theodofe & de Sabas : Archimandrites, des autres Abbez, & de tous les Moines qui habitoient la fainte cité, le defert d'alentour, & le Jourdain ; & disoit en substance :

Lettre des

Moines de
Palestine.

Dieu vous a confié l'Empire, pour procurer XXVIII. la paix à toutes les Eglifes: mais principalement à la Mere des Eglifes, en laquelle le myftere du falut a été accompli. Habitant cette fainte terre nous avons reçu la foi de ce myftere, non par imagination, mais réellement par la Croix de JESUS-CHRIST, fon fepulchre, & tous les faints lieux que l'on y adore. Nous l'avons reçue dès le commencement, de la bouche des Prophetes & des Apôtres nous la confervons entiere, & la conferverons toûjours par la grace de Dieu, fans être épouvantez par fes adverfaires, ni emportez par tout vent de doctrine. Et comme c'eft dans cette fainte créance que p. 315. vous avez été nourri, & que vous avez reçu l'Empire: nous nous étonnons comment fous vôtre regne, il s'eft élevé un fi grand orage contre la fainte cité en forte que les Evêques, les miniftres facrez, les folitaires en aient été chaffez

chaffez avec violence, en prefence des paiens, des Juifs & des Samaritains; & traînez au milieu des villes, en des lieux prophanes & impurs, pour les obliger à faire des chofes qui bleffent la foi. De façon que ceux qui viennent ici par devotion, au lieu d'y être édifiez, retournent scandalifez dans leur païs.

:

Si c'est à cause de la foi que l'on attaque ainsi la fainte cité comment pretend-on nous apprendre nôtre créance, cinq cens & tant d'années après la venue de JESUS-CHRIST? Il paroît clairement que la reformation que l'on veut maintenant introduire dans la foi, eft la doctrine de l'Ante-chrift qui veut troubler la paix des Eglifes. L'auteur de tous ces maux eft Severe Acephale, & fchifmatique de tout tems, dont Dieu a permis pour nos pechez l'élevation P.317. fur le fiege d'Antioche. Nous rejettons fa communion, & vous fupplions d'avoir pitié de Sion, la Mere de tous les Eglifes. Car en matiere de foi, s'il faut choifir entre la vie & la mort, la mort nous fera plus chere; nous ne communiquerons jamais en aucune maniere avec les ennemis de Dieu, & de l'Eglife; & nous recevons, comme les Evangiles, les quatre faints Conciles qui expriment le même fens, en differentes paroles. On ne pourra jamais nous unir à ceux qui n'obeïffent pas à ces Conciles, quand 2.318. on nous menaceroit de mille morts. Et pour vous en affurer, nous disons anathême à Nestorius, qui divife JESUS-CHRIST; & à Eutychés, qui confond la divinité & l'humanité. Après cette declaration par écrit de nôtre part, faites ceffer les maux qui fe commettent tous les jours contre la fainte cité, & contre nôtre P. 319. faint Archevêque Jean. Autrement nous vous

proteftons devant la fainte Trinité, que nous fouffrirons plutôt que l'on répande nôtre fang,

&

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