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Νου. 77.

141.

851.

grands trefors en vases facrez & en meubles
précieux; & de grands revenus en terres & en
maifons, qui faifoient fubfifter beaucoup de par-
ticuliers, même catholiques. On fe plaignoit
encore que ces converfions étoient forcées &
précipitées ce qui faifoit beaucoup d'hipocri-
tes, & de deferteurs, qui paffoient en païs étran-
gers. Souvent auffi les plus ruftiques en venoient
à des feditions. Quelques-uns de defespoir, fe
tuoient eux-mêmes. Il y eut des Montanistes en
Phrygie, qui s'enfermerent dans leurs Eglifes,
y mirent le feu, & fe brûlerent.

il

fur

Juftinien poursuivit auffi les Aftrologues, & y eut des vieillards, qui furent promenez des chameaux à C. P. pour ce feul crime. Il fit. des loix très-feveres contre les blafphêmes, & contre l'impudicité, en differentes années de fon Theoph. p. regne; & dès la feconde année, il fit punir severement Ifaïe Evêque de Rodes, & Alexandre Evêque de Difpolis en Thrace dépofez pour leurs crimes abominables, & par la dépofition reduits au rang des Laïques. On les promena par la ville après les avoir mutilez, & le crieur difoit Evêques ne deshonorez pas vôtre faint habit. Plufieurs autres impudiques furent punis, Nov. 14. ce qui répandit une grande crainte. Il défendit Proc. I. les lieux de debauche, principalement à C. P., adif.c.3. & y fonda un Monaftere de penitentes avec de grands revenus.

XXVIII.

des Sama

ritains.

Les Samaritains furent traitez comme les heRevolte retiques; & les pourfuites que l'on fit contre eux cauferent de grands defordres en Palestine. Il eft vrai qu'à Cefarée, & dans les autres villes plufieurs firent profeffion du Chriftianifme : quelques-uns de bonne foi; mais la plûpart feulement en apparence, indignez de la violence qu'on leur faifoit, & il y en avoit qui devenoient Manichéens ou Païens. Mais dans le plat païs

tous

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Procop Anecd.c.11. Vita S.Sab.

c. 70. Chr.

tous les laboureurs s'affemblerent, & prirent les
armes au mois de Mai de l'an 530. pillant &
brûlant les Eglifes, & les villages entiers, tuant
après de cruels tourmens tous les Chrétiens
qu'ils rencontroient, fans diftinction; enforte pafch.
qu'il n'y avoit plus de fûreté fur les grands che-
mins. Ils exercerent ces hoftilitez, principale-
ment autour de Naples ou Samarie: où l'Em-
pereur Zenon avoit mis une garnison, pour les
punir d'une fedition, dans laquelle l'Evêque
Terebinthius avoit pensé être tué. Il leur ôta
donc le mont Garizim, qui étoit proche; y fit
bâtir une Eglife de la Vierge, enfermée d'une
muraille, avec dix hommes pour la garder. Mais
en bas dans la ville de Samarie, il mit une bonne
garnifon. Sous Anaftafe les Samaritains furpri-
rent l'Eglife d'en haut mais la garnison retint
la ville baffe. En cette revolte, fous Juftinien,
les Samaritains fe rendirent maîtres de Samarie.
Ils y couronnerent Empereur un d'entre eux
nommé Julien égorgerent l'Evêque nommé
Ammonas, & prirent des Prêtres, qu'ils mirent
en pieces, & les firent frire avec des reliques
de martyrs. L'Empereur Juftinien fut donc obli-
gé d'envoier contre eux des troupes reglées ; &
il y eut un combat, où on en tua grand nom-
bre, entre autres Julien leur chef. Plufieurs fe
firent baptifer, & feignirent d'être Chrétiens.
Mais ils garderent long-tems leur ancienne fuper-
ftition enforte que fous les gouverneurs feve-
ils fauvoient les apparences: mais fous les
gouverneurs negligens ou intereffez, ils vivoient
en Samaritains, & en ennemis declarez du Chri-
ftianifme.

res,

Pendant cette guerre un nommé Silvain, Samaritain très-puiffant, & grand ennemi des Chrétiens, étant entré à Scypolis fans ordre de l'Empereur, fut pris par les Chrétiens, & brûlé N 5

au

Vita S.Sab.

c 61.

au-milieu de la ville, comme S. Sabas avoit preAN. 531. dit dix ans auparavant. Arfene fils de Silvain étoit à C. P. où il portoit le titre d'illuftre, & avoit grand credit auprès de l'Empereur & de Ibid. c.70. l'Imperatrice. Ainfi les plaintes qu'il fit de la mort de fon Pere, attirerent leur indignation contre les Chrétiens de Palestine. Alors Pierre Patriarche de Jerufalem, & les Evêques de fa dépendance, prierent faint Sabas d'aller à C. P. & de demander à l'Empereur une remife des impofitions, pour la premiere & la feconde Paleftine, à caufe des ravages des Samaritains. Saint Sabas fit donc une feconde fois le voiage de C. P. au mois d'Avril de la neuviéme indiction : c'està-dire, l'an53 1. étant âgé de quatre-vingts-treize ans. Deux ans auparavant, il avoit perdu fon ami l'Abbé faint Theodofe, qui mourut l'onziéMartyr. R. me de Janvier, jour auquel l'Eglife honore en11. Janu. core fa memoire.

S. Sabas à

C. P.

XXIX. Le Patriarche Pierre avoit écrit par avance à l'Empereur, le voiage de faint Sabas; & l'Em4.71. pereur ravi de cette nouvelle, envoia au-devant de lui fes galeres, avec lefquelles fortirent le Patriarche Epiphane, Hypace Evêque d'Ephese, & un autre Evêque nommé Eusebe. Ils prirent le faint vieillard, & le prefenterent à l'Empereur qui l'aiant reçu avec eux au-dedans du voile, crut voir fur fa tête une couronne de lumiere il courut fe profterner devant lui, lui baifa la tête, & reçut fa benediction. Puis il le fit entrer chez l'Imperatrice Theodora, qui se profterna auffi, & lui dit : Mon pere, priez pour moi, afin que Dieu me donne un fils. Saint Sabas répondit: Le Dieu de gloire confèrve vôtre Empire, dans la pieté & la victoire. L'Imperatrice fut affligée qu'il ne lui eût pas accordé fa demande; & quand il fut forti, les Peres qui l'accompagnoient lui en demanderent la raison.

Il leur dit : Croiez-moi, mes Peres, il ne fortira point de fruit de ce ventre de peur qu'il ne foit nourri de la doctrine de Severe, & ne trouble l'Eglife plus qu'Anaftafe.

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1 17. C. de

Les faints Abbez furent logez dans le Palais, & faint Sabas aiant rendu à l'Empereur les requêtes des Eglifes de Palestine, fa colere se tourna contre les Samaritains, & il fit une con- her." ftitution, par laquelle il leur défendit d'avoir des Synagogues, d'exercer aucune charge publique, de fucceder les uns aux autres, ni fe faire des donations. Il ordonna auffi d'en faire mourir plufieurs, principalement les chefs & les feditieux. Arfene étoit du nombre: mais il fe cacha quelque tems, puis il eut recours à faint Sabas, qui étoit encore à C. P., & fe fit baptifer avec tous les fiens.

Quelques jours après, l'Empereur envoia querir faint Sabas, & lui dit : Mon pere, j'ai ouï dire que vous avez fondé plufieurs Monasteres dans le defert: demandez tel revenu que vous voudrez pour la fubfiftance des Moines, afin qu'ils prient pour nous & pour nôtre empire. Saint Sabas répondit: Ils n'ont pas besoin d'un tel revenu, leur partage eft le Seigneur, qui dans le defert a fait pleuvoir le pain du ciel fur le peuple rebelle. Nous vous demandons feulement pour les fidéles de Palestine, la décharge des impofitions, & le rétabliffement des Eglifes brûlées par les Samaritains: un fecours pour les Chrétiens, qui ont été pillez & reduits à un petit nombre d'établir un hôpital à Jerufalem, pour les malades étrangers: d'achever le bâtiment de l'Eglife de la Mere de Dieu, commencé par le Patriarche Elie; enfin, à caufe des incurfions des Sarrafins, de faire bâtir un château dans le defert, au-deffous des Monafteres que j'ai fondez. Je croi qu'en recompenfe de ces

N 6

cinq

cinq œuvres, Dieu ajoûtera à vos Etats, l'Afri AN. 531. que, Rome, & le refte de l'Empire d'Honorius, que vos Predeceffeurs ont perdu. A la charge encore que vous delivrerez les Eglifes de trois herefies, d'Arius, de Neftorius & d'Origene. Par les Ariens, il entendoit les Goths & les Vandales par les Neftoriens, les défenfeurs de Theodore de Mopfuefte. Car il y en avoit entre les Moines de fa fuite. Il s'en trouva auffi un, fçavoir, Leonce de C. P., qui fous pretexte de défendre le concile de Calcedoine, foutenoit la doctrine d'Origene: mais faint Sabas le retrancha de fa compagnie.

6.73. L'Empereur lui accorda tout ce qu'il avoit demandé. Il envoia des ordres à Pierre Patriarche de Jerufalem, & aux Magiftrats de Palestine, portant qu'Antoine Evêque d'Afcalon, & Zacarie Evêque de Pella vifiteroient les villages de la premiere & de la feconde Palestine, brûlez par les Samaritains; & qu'on les déchargeroit de treize cens livres d'or, fur les impositions de la neuviéme & de la dixiéme indiction : c'est-àdire, des années 531. & 532. à proportion du dommage que chacun avoit fouffert. Ils devoient auffi vifiter les Eglifes brûlées; & tout ce qui feroit neceffaire pour les reparer, devoit être fourni du tréfor public, ou des biens des Samaritains, par le Comte Etienne, qui devoit en tout aider les Evêques. L'Empereur ordonna encore de bâtir un hôpital au milieu de Jerufalem, auquel il attribua d'abord un revenu de 1850. fous d'or pour cent lits, puis il en ajoûta encore autant pour cent autres. Il fit auffi bâtir à Jerufalem l'Eglife neuve de la fainte Vierge, par les foins du Patriarche & de Barach Evêque de Bacathe, qui eut l'intendance de l'ouvrage. Precap.5. Theodore en fut l'Architecte : on fut douze ans dif. c.6. à l'achever, & on l'orna magnifiquement. Enfin

l'Em

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