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XXXIII.

ture. Que vous en femble? Les Orientaux dirent: Diofcore devoit exiger d'Eutychés, de reconnoître JESUS-CHRIST Consubstantiel à sa mere; s'il l'a juftifié fans cela, il est tombé dans l'aveuglement. Hypace dit : Reprenons donc ce. que nous avons dit. Dites-vous qu'Eutychés fut catholique ou heretique ? Ils répondirent: Heretique. Donc, ajoûta-t-il, Eufebe eut raifon de l'accufer, & Flavien de le condamner. Ils en convinrent. Hypace ajoûta: Diofcore & fon concile eurent donc tort de le recevoir ? Ils en convinrent encore ; & il poursuivit : Il falloit donc un autre concile univerfel, pour corriger les injuftices de celui de Diofcore? Ils reconnurent qu'il le falloit. D'où Hypace conclut qu'il étoit donc jufte d'affembler le concile de Calcedoine. Les Orientaux dirent: Il étoit jufte & neceffaire de l'affembler; la queftion eft de fçavoir, fi la fin en a été auffi jufte. C'est ce qui fut fait en la premiere journée.

Le fecond jour, l'Archevêque Hypace aiant Seconde remis l'état de la question, demanda aux Orienjournée. taux ce qu'ils reprenoient dans le concile de P. 1766. Calcedoine. Premierement, dirent-ils, la nouveauté des deux natures. Car faint Cyrille & fes Predeceffeurs, difoient at que de deux natures, s'étoit faite après l'union une nature du Verbe de Dieu incarné. Hypace dit: Toute nouveauté n'eft pas mauvaise. Pretendez-vous que celle-ci le foit? Oui, dirent les Orientaux: car faint Cyrille, faint Athanafe, Felix & Jules, Evêques de Rome, faint Gregoire Thaumaturge, & faint Denis l'Areopagite, aiant decidé qu'il n'y a qu'une nature du Verbe après l'union : ceux-ci ont ofé dire au mépris de tous ces Peres, qu'il y a deux natures après l'union. C'est ici la premiere fois qu'il eft fait mention des écrits attribuez à faint Denis Areopagite. Hypace répondit: Ces auto

ritez font fi faufses, que faint Cyrille n'en rapporte aucune. A Ephese il rapporta des paffages de douze Peres contre les blafphêmes de Nestorius, dont il n'y a aucun pour l'unité de nature. Cependant c'étoit-là, qu'il eût dû les rapporter en prefence du Concile.

Les Orientaux dirent: Quoi donc, nous p. 1767. foupçonnez-vous de les avoir falfifiez? Hypace dit: Nous ne vous en foupçonnons pas : mais les Apollinariftes; & venant enfuite aux écrits de faint Denis, il dit: Quant à ces paffages, Ibid. D. que vous dites être de Denis l'Areopagite, comment pouvez-vous montrer qu'ils foient veritables? S'ils étoient de lui, faint Cyrille n'auroit pû les ignorer. Et que dis-je, faint Cyrille? Saint Athanafe, s'il eût été affuré qu'ils fuffent de lui, les auroit produits avant tout autre, contre Arius dans le concile de Nicée. Que fi aucun des anciens n'en a fait mention, je ne fçai comment vous pouvez montrer maintenant qu'ils font de lui.

Les Orientaux infiftoient fur cette expreffion, qui fe trouve en quelques lettres de faint Cyrille : Une nature incarnée. Soutenant qu'il ne reconnoiffoit point deux natures fubfiftantes après l'union. Hypace dit : Nous recevons ce qui s'ac- p. 1770.B. corde avec fes lettres fynodiques, qui ont été approuvées dans les Conciles: c'est-à-dire, la lettre à Neftorius, & la lettre aux Orientaux. Ce qui ne s'y accorde pas, ni nous ne le condamnons, ni nous ne le recevons comme une loi ecclefiaftique. Les lettres écrites en secret à un ou deux amis, ont pû facilement être cor- P.1771.D. rompues. Toutefois après cette proteftation, Hypace ne laiffa pas d'expliquer les paflages qu'ils alleguoient des lettres à Euloge & à Succeffus. Les Orientaux fe plaignirent qu'on avoit reçu Ibas & Theodoret comme catholiques. Hypace p.1775. Co

répon

répondit, que l'un & l'autre avoient été reçus,
en anathematifant Neftorius. Les Orientaux
foutinrent, que
Theodoret ne l'avoit pas
fait
de bonne foi. Hypace répondit : Quoi donc,
parce qu'Eufebe de Nicomedie, Theognis de
Nicée, & quelques autres, ont foufcrit de mau-
vaife foi au concile de Nicée, & foutenu en-
fuite ouvertement Arius devons-nous moins
recevoir le concile de Nicée ? Nous ne défen-
dons point Theodoret : mais nous défendons le
Concile, qui a eu raifon de le recevoir; fça-
chant qu'il s'étoit reconcilié avec faint Cyrille.
Et comme les Orientaux vouloient nier cette

reconciliation, Hypace en rapporta les preuves. Quant à Ibas, les Orientaux infiftoient fur fa .1776. C. lettre à Maris, comme favorable à Neftorius, & injurieufe à faint Cyrille à quoi Hypace réP. 1777. pondit: Cette lettre a été publiée du vivant de faint Cyrille; & il n'en a point été touché pour ébranler la paix, comme il a témoigné dans la lettre à Valerien d'Icone. Et toutefois le concile de Calcedoine n'a reçu Ibas, qu'après avoir anathematisé Neftorius & fa doctrine. Neftorius & Eutychés auroient été eux-mêmes reçus ainfi, en renonçant à leurs erreurs. Le concile de Calcedoine a donc traité Ibas & Theodoret, plus rigoureufement que n'avoit fait faint Cyrille. Car il s'étoit conten é qu'ils confentiffent à la condamnation de Neftorius, & à l'ordination de Maximien de C. P., & le Concile les a obligez à anathematifer publiquement Neftorius." Les Orien aux témoignerent être contens de cette réponse; & ainfi finit la feconde journée.

XXXIV.

conference.

A la troifiéme, l'Empereur affifta à la conFin de la ference avec le Senat & le Patriarche Euphemius. L'Empereur aiant fait affeoir les Evêques, les exhorta à la paix, avec une douceur dont ils furent charmez: Les Orientaux lui firent en

tendre

tendre fecretement, que les Catholiques ne confeffoient pas que Dieu eût fouffert dans fa chair, ni que celui qui a fouffert fût un de la Trinité, que les miracles, & les fouffrances fuffent de la même perfonne: fur quoi l'Empereur aiant interrogé Hypace, il répondit: Nous confeffons avec l'Eglife catholique, que les fouffrances & les miracles appartiennent à la même perfonne de JESUS-CHRIST, mais non à la même nature. La chair eft paffible, la divinité impaffible. Il eft un de la Trinité felon la nature divine, & un d'entre nous felon la chair. Il eft confubftantiel au Pere felon la divinité, & à nous felon l'humanité.

P. 1778.

Après la conference, l'Empereur parla encore aux Evêques mais il n'y eut qu'un des Seve- p.1779.B. riens qui fe laiffa perfuader: fçavoir Philoxene de Dulichium. Toutefois plufieurs des Clercs & des Moines qui les accompagnoient, fe réunirent, & retournerent avec joie à leurs Eglifes & à leurs Monafteres. Quelques-uns parlant en leur fyriaque par interprete, difoient aux Evêques catholiques: Ils nous ont feduits, & nous en avons feduit plufieurs autres. Car ils nous difoient, que le Saint-Efprit s'étoit retiré des Eglifes & du baptême des Catholiques. Nous efperons par la grace de Dieu, ramener la plûpart de ceux que nous avons trompez. Ainfi finit la conferencee de C. P., dont nous n'avons point les actes mais une relation fidéle dans une lettre d'Innocent Evêque de Marone ; à un Prêtre nommé Thomas. On la rapporte à l'an 532. Peu de tems après, l'Empereur Juftinien envoia à Rome le même Hypace Archevêque d'Ephefe, & Demetrius vêque de Philippes, conE fulter le Pape & le faint Siege, contre Cyrus & Euloge, députez du Monaftere des Acemetes : qui étoient déja allez à Rome, foûtenir qu'on

ne

XXXV.

Moines

Acemetes

à Rome. Liber bref.

C. 20.

ne doit pas dire, que la fainte Vierge Marie AN. 533. foit vraiment & proprement Mere de Dieu, & qu'un de la Trinité fe foit incarné. Avec les lettres de l'Empereur & du Patriarche de C. P., les Evêques députez apporterent des prefens pour l'Eglife de faint Pierre : fçavoir, un vafe d'or Lib Pontif. du poids de cinq livres entouré de pierreries, in Joan. deux calices d'argent de fix livres chacun, deux autres de quinze livres, & quatre voiles tissus d'or.

L. 6. Cod.

Cependant l'Empereur publia un édit, adreffé de S. Trin. au peuple de C. P., où il fait fa profeffion de foi, fur la Trinité & l'Incarnation, & anathematise nommément Neftorius, Eutychés & Apollinaire. Cet édit eft daté du quinziéme de Mars 533. fous le troifiéme confulat de Juftinien. Il fut foufcrit par le Patriarche de C. P., & par tous les Evêques & Abbez qui s'y trouverent. Ensuite il fut envoié à Ephefe, à Cefarée de Cappadoce à Cyzique, à Amide, à Trebifonde, à Jerufalem, à Apamée, à Juftinianople, à Theopolis, c'eftà-dire, à Antioche, à Sebaste, à Tarse & à An2.7. Cod. cyre: toutes villes metropolitaines. Onze jours après, l'Empereur publia une autre constitution adreffée au Patriarche Epiphane: où il fait mention de l'édit precedent, & de fa lettre au Pape; qu'il nomme le Chef de tous les Evêques, & reconnoît que toutes les fois qu'il s'eft élevé des herefies en Orient, elles ont été reprimées par le jugement du faint Siege. Il rapporte l'erreur des Moines Acemetes, comme dans la lettre au Pape, & on y oppose la confeffion de foi de fon édit.

On croit que ce fut en ce tems, & à l'occafion de cette deputation des Moines Acemeres, qu'Anatolius Diacre de e Eglife Romaine, confulta Ferrand Diacre deit glife de Carthage, & difciple de faint Fulgencin fur cette expreffion : Ferr.epift. Un de la Trinité a fouffert. Ferrand l'approuve,

Anatol

pour

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