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qu'environ un mois : car Diofcore mourut le AN. 531. douziéme de Novembre. Boniface pouffa fon reffentiment jufqu'à le faire condamner, & anathematifer après fa mort ; & il en fit figner un écrit, qu'il extorqua au clergé par artifice, & le mit dans les archives de l'Eglife.

XXII.

Enfuite il affembla un Concile dans la Bafilique de faint Pierre, où il fit paffer un decret, qui lui donnoit pouvoir de defigner fon Succeffeur après quoi, il obligea les Evêques par écrit & par ferment, à reconnoître que ce feroit le Diacre Vigile. Mais peu de tems après on tint un autre Concile, où ce decret fut caffé, comme contraire aux canons & à la dignité du faint Siege; & le Pape Boniface fe confefla coupable de leze majefté: fans doute à caufe de la part que le Roi devoit avoir dans l'élection du Pape. Il brûla le decret en prefence de tous les Evêques, du Clergé & du Senat. On loue toutefois Boniface, d'avoir fait des liberalitez à fon Clergé, & de leur avoir diftribué une grande quantité de vivres dans un peril.de famine.

De fon tems on tint un Concile à Tolede, la Concile cinquième année du regne d'Amalaric, Ere 565. de Tolede, le feiziéme des calendes de Juin : c'est-à-dire, 0.4.17 34. le dix-feptiéme de Mai 531. Montant Evêque

de Tolede y prefida, accompagné de cinq au-
tres; & on y fit cinq canons, dont le premier
marque
ainfi les interftices des ordinations. Ceux
que leurs. parens deftineront dès l'enfance à la
clericature, feront d'abord tonfurez & mis au
rang des Lecteurs pour être inftruits dans la
maifon de l'Eglife, en prefence de l'Evêque, par
celui qui leur fera prépofé. Quand ils auront
dix-huit ans accomplis, l'Evêque leur deman-
dera, en prefence du Clergé & du peuple, s'ils
veulent fe marier: car nous ne pouvons leur
åter la liberté accordée par l'Apôtre. S'ils pro-

mettent

la perte de la parole ne lui a point nui, puis qu'il n'avoit pas changé de fentiment. La confeffion des autres ne lui auroit de rien fervi à cet âge-là, fi la fienne n'avoit precedé : mais il ". 7• a cru quand il connoiffoit, & a reçu le Sacrement encore en vie, quoi que fans connoiffance. Nous ne baptifons point les morts; parce 9. que chacun doit être jugé fuivant ce qu'il a fait dans fon corps, & que le corps fans ame ne peut recevoir la rémiffion des pechez. Ainfi il faut s'en tenir ferme aux canons, qui veulent que c. 10. les malades, qui ne peuvent répondre, foient baptifez fur la foi de ceux qui témoignent qu'ils le veulent être. Quant à ceux qui meurent avant c. 11. que d'avoir reçu le corps & le fang de JESUSCHRIST il ne faut point en être en peine. Car chacun de nous commence à participer à ce pain, quand il commence à être membre du même corps, c'eft-à-dire, de JESUS-CHRIST: ce qui fe fait au Baptême. Pour preuve de cette verité, faint Fulgence rapporte un fermon de faint Augustin aux nouveaux baptifez. Et c'est en confequence de cette doctrine, que l'on a ceffe depuis plufieurs fiecles de donner, même aux enfans, l'Euchariftie avec le Baptême.

:

Le dernier ouvrage de faint Fulgence, eft la Epift. 18. lettre au Comte Regin, qui l'avoit confulté fur deux points. Le premier de doctrine, fi le corps de JESUS-CHRIST étoit corruptible: le fecond de morale, fur la vie que doit mener un homme de guerre. La premiere queftion avoit commencé être agitée depuis peu entre les Eutyquiens d'Alexandrie, fous le Patriarche Timothée, comme il a été dit.

Saint Fulgence répondit fur cette question, que le corps de JESUS-CHRIST étoit corruptible en un fens, puis qu'il étoit fujet à la faim, à la foif & aux autres incommoditez femblables; Tome VII.

mais

Sup.n.31.

mais qu'après fa mort, il n'a point été sujet à AN. 533 la pourriture, ni pendant fa vie mortelle aux paffions, qui préviennent la raison & caufent

des troubles involontaires. Il ne put achever cet

ouvrage, étant prévenu par la mort ; & Regin Fer para obligea le Diacre Ferrand à y suppléer, & à lui net. ad Reg. donner les inftructions de morale qu'il avoit demandées.

P.153.

XXXVII.

ce.

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Saint Fulgence environ un an avant fa mort, Mort de quitta fecretement fon Eglife & fa communauté, S. Fulgen- & fe retira dans l'île Circine, fur un petit roVita c. 29. cher où il avoit fait un autre Monaftere. Il y redoubla fes mortifications & fes larmes, comme s'il n'eût fait que commencer mais la charité l'obligea de revenir à fon Monaftere, où il tomba malade, & fouffrit pendant plus de deux mois des douleurs très-aiguës, difant continuellement : Seigneur, donnez-moi maintenant la patience, & enfuite le pardon. Les medecins lui vouloient perfuader de fe baigner: mais il ne voulut rien relâcher de fon aufterité ordinaire. Se fentant près de fa fin, il affembla tous fes Clercs, & fes Moines, & leur demanda pardon de la feverité dont il craignoit d'avoir ufé envers eux. Il diftribua ce qui lui reftoit d'argent aux veuves, aux orphelins, aux étrangers les nommant tous par leur nom; & n'oublia pas fes Clercs. Enfin il mourut le premier jour de Janvier 533. la vingt-cinquiéme de fon pontificat,& la foixantecinquième année de fon âge. Il fut enterré dans une Eglife de la ville de Rufpe, où il avoit mis des reliques des Apôtres; & où, fuivant l'ancienne coûtume, on n'avoit encore enterré auMartyr. cun mort. L'Eglife honore fa memoire le jour Rom.1.Jan, de fon decès; & fa vie, écrite comme l'on croit, par le Diacre Ferrand fon disciple, est adressée à Felicien fon fucceffeur.

XXXVIII

Denis le

Petit.

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C'eft peut-être au même Felicien, que Denis

le

Bibl. PP to.3.p.166.

le Petit adreffa la verfion de la lettre de Proclus de C. P. aux Armeniens, qu'il traduifit par fon ordre, pour autorifer cette propofition: Un de la Trinité a fouffert. Il y joint une preface, où A prouve fuccintement la verité de cette propofition, & fon utilité contre les Neftoriens. Denis furnommé le Petit, à caufe de fa taille, étoit un Moine, Prêtre de l'Eglife Romaine, trèsfameux pour fa doctrine & pour fa vertu. Quoi- Caffiod.dique Scythe de nation, il avoit les mœurs tout- vin, lett. c. à-fait Romaines; & fçavoit fi parfaitement le 23. grec & le latin, qu'il traduifoit également en lifant, le grec en latin & le latin en grec. Auffi fit-il plufieurs verfions de livres grecs: entre autres, à la priere d'Etienne Evêque de Salone, il traduifit le code des canons ecclefiaftiques, dont il y avoit déja une ancienne version, mais affez confuse. Cet ouvrage fut fi bien reçu, que quel- decr. ques années après Denis fit encore le recueil de toutes les lettres decretales des Papes qu'il put trouver, à la priere de Julien Prêtre de l'Eglife Romaine du titre de fainte Anaftafie, disciple du Pape faint Gelafe. Ce recueil comprend les lettres de huit Papes: Sirice, Innocent, Zofime, Boniface, Celestin, Leon, Gelase, Anaftafe.

que,

Praf. Cod.

Can

Praf. in

Denis le Petit étoit fçavant dans la Dialectil'Arithmetique & l'Aftronomie ; & il eft l'auteur du calcul des années depuis l'Incarnation de JESUS-CHRIST, dont nous nous fervons à prefent. Car voiant le cycle pafcal de faint Cyrille près de finir en l'année 248. de Dioeletien, c'est-à-dire, 531. de JESUS-CHRIST; ilen fit un de quatre-vingts-quinze ans pour continuer celui de faint Cyrille. Mais au lieu du nom odieux de Diocletien, que faint Cyrille avoit mis fuivant la coûtume de fon tems & de fon païs, Denis aima mieux mettre le nom de Epift. 4. JE- Diony..ad

02

doctr. temp.

Petron. ap. JESUS-CHRIST, & compter les années de Petav. 111. 'Incarnation: depuis laquelle il trouva que la 6.2.3. premiere de fon cycle étoit 532. Les chronologiftes des derniers tems ont trouvé qu'il s'étoit méconté; & l'opinion la plus commune eft, qu'il a prévenu de quatre ans la veritable année de l'Incarnation. Il avoit fi bien étudié l'EcrituCaffiod.ibid. re fainte, qu'il étoit toûjours prêt à répondre fur le champ, à toutes les questions qu'on lui faifoit. Mais avec toute fa fcience il étoit trèsfimple & très-humble; & quoique fort éloquent, il parloit peu. Sa vie étoit pure & mortifiée, fans aucune fingularité. C'eft le témoignage qu'en rendoit après la mort Caffiodore, qui avoit vécu plufieurs années avec lui, & qui l'invoquoit

Epift.Joan.

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C.

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comme un Saint.

XXXIX. Cependant le Pape Jean faifoit fon poffible Condam- pour ramener à la raison le Moine Cyrus dépunation des té des Acemetes, & ceux qui étoient venus à Acemetes. Rome avec lui combattre cette propofition: Un de la Trinité a fouffert. Ils demeurerent obstito.4.p.1746. nez, & le Pape les déclara exclus de fa communion & de toute l'Eglife catholique, comme ils Liber.brev. l'étoient déja de celle de leur Evêque, le Patriarche de C. P. Il y eut toutefois à Rome quelques Moines, qui fe feparerent à cette occafion de la communion du Pape, & aimerent mieux fuivre les députez des Acemetes. Le Pape fit donc réponse à l'Empereur Juftinien, approuvant l'édit qu'il avoit propofé fur la foi, du confentement des Evêques; & pour le faire plus expreffément, il infere la lettre de l'Empereur dans la fienne. Ainfi il approuve authentiquement cette propofition: Un de la Trinité a fouffert, de la maniere que l'Empereur l'avoit énoncée, après avoir expliqué la foi de la Trinité & de l'Incarnation, & en y ajoûtant qu'il a fouffert dans fa chair. Le Pape marque enfuite comme il a condamné les

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