Moines Acemetes: exhortant toutefois l'Empereur à les recevoir, s'ils renoncent à leurs erreurs. Cette lettre eft datée du huitiéme des calendes d'Avril, fous le quatriéme confulat de Juftinien avec Paulin : c'eft-à-dire, du vingt-cinquiéme de Mars 534.

AN. 534.

Epift. 3:

P.1751.

Après que le Pape eut envoié les députez de l'Empereur, il écrivit aux Senateurs de Rome, pour les inftruire fuivant leur defir, de la réponfe qu'il leur avoit faite. L'Empereur, dit-il, nous a marqué, qu'il s'étoit élevé trois questions: fçavoir, fi JESUS-CHRIST peut être nommé un de la Trinité s'il a fouffert en fa chair, la divinité demeurant impaffible: fi la fainte Vierge Marie doit être nommée mere de Dieu, proprement & veritablement. Nous avons approuvé la foi de l'Empereur, & montré qu'il eft ainfi par l'Ecriture & les Peres. Enfuite il rapporte des autoritez fur. chacune de ces propofitions. Le premier des Peres qu'il cite eft faint Augu ftin, dont l'Eglife Romaine, dit-il, fuit & obferve la doctrine, felon les decrets de mes predeceffeurs. A la fin de la lettre il déclare, que l'Eglife Romaine condamne les Moines Acemetes, qui ont paru évidemment être Neftoriens. C'eft pourquoi, ajoûte-t-il, fuivant les canons qui obligent d'éviter les excommuniez, je vous avertis de ne pas même leur parler, & de n'avoir rien de commun avec eux. Au refte les lettres du Pape Jean fur cette matiere, 'ne font point contraires à celles du Pape Hormifda. Car Sup. il témoigne feulement être mal content des Moines de Scythie, fans condamner ni leurs perfonnes, ni la propofition qu'ils foûtenoient; au lieu que le Pape Jean approuve expreffément cette propofition, & excommunie les Moines Acemetes qui la rejettoient.

L'Empereur Juftinien aiant reçu la lettre du

03

X L.

Code de

Pape, Juftinien.

Pape, l'infera dans fon Code, qu'il publia pour AN. 534 la feconde fois, le quinziéme de Novembre de 1.8.C de fanla même année 534. Dès le commencement de if Trin. fon regne, il entreprit de reformer les loix Romaines; & d'abord il fit compofer un code, c'est-à-dire, un recueil des conftitutions choi1.1. de no. fies des Empereurs precedens. Il en donna l'orCod. fat 1. dre en 528. & l'ouvrage étant executé, il le fit 2. ibid. publier l'année fuivante 529. Enfuite il entreprit de faire un corps de tous les ouvrages les plus utiles des anciens Jurifconfultes, dont il fit ranger les extraits fous certains titres, & y donna le nom de Digefte ou Pandectes. L'ordre en fut donné le quinziéme de Decembre 530. & l'ouvrage étant achevé fut confirmé & publié le fei1.1. de Vet. Ziéme Decembre 533. Enfuite Juftinien fit comFur. en 1.3. pofer les Inftitutes pour fervir d'introduction à

Ibid.

ces livres. Puis il fit corriger fon code, & en publia une feconde édition plus parfaite cette année 534., & c'eft, celle que nous avons aujourd'hui. Il fe fervit pour ces ouvrages des plus fameux Jurifconfultes de fon tems & des principaux Officiers de fon empire: entre autres de Tribonien Quêteur, c'eft-à-dire, comme Chancelier. Il étoit veritablement fort fçavant, mais Procop. 1. auffi fort avare: enforte qu'il vendoit la justice, Perf. c. 24. & faifoit ou fuprimoit tous les jours de nouvelles loix, fuivant les interêts des particuliers. Il étoit agréable & beau parleur, & flatoit Juftinien, lui perfuadant qu'il ne mourroit point. Car il étoit païen ou plutôt fans religion : entierement éloigné du chriftianifme. Ce qui eft peut-être la caufe qu'il a laiffé quelques veftiges de paganisme dans les écrits des anciens Jurifconfultes, dont il a compofé le Digeste.

25.

Suiv. v.

Tribon.

XLI.

Vers le même tems le Pape Jean reçut les letConciles tres de faint Cefaire d'Arles, & de quelques au tres Evêques de Gaule, touchant Contumeliofus

de Gaule,

ep.4.5.6.

Evêque de Riés, convaincu de plufieurs crimes par fa propre confeffion. Sur quoi le Pape écri- AN. 534. vit trois lettres, l'une à faint Cefaire, l'autre aux Evêques, la troifiéme au Clergé de l'Eglife de Riés par lefquelles il ordonne, que Contumeliofus fera interdit de toutes fes fonctions, & enfermé dans un Monaftere, pour faire penitence: après toutefois qu'il aura demandé cette permiffion aux Evêques, par une requête où il confeffe fon peché ; que cependant fon Eglife fera adminiftrée par un Vifiteur, qui ne fe mêlera que de la celebration des faints mysteres: fans toucher aux ordinations des Clercs, ni au temporel de l'Eglife. Ces lettres font du feptiéme d'Avril, fous le confulat de Paulin le jeune: c'est-à-dire, en 534. L'on trouve enfuite une exhortation, que l'on croit être de faint Cefaire, contre ceux qui vouloient que les Clercs convaincus de crime, & particulierement d'adultere, pûffent être rétablis dans le miniftere; & en general contre le relâchement, qui commençoit à s'introduire fur la penitence, au mépris de l'ancienne difcipline.

Nous avons deux conciles de Gaule, dont l'un eft de l'année precedente, l'autre de la fuivante. Car le fecond concile d'Orleans fut affem- to.4 p. 779€ blé par ordre des trois Rois, Theodoric, Childebert & Clotaire fils de Clovis, la vingt deuxiéme année de fon regne, le neuviéme des calendes de Juillet c'eft-à-dire, le vingt-troifiéme de Juin 533. On y fit vingt-un canons contre

la fimonie & divers autres abus. Il eft défendu Can 3.4.5. d'ordonner un Prêtre ou un Diacre non lettré, c. 13. ou qui ne fçait pas la forme de baptifer. Il eft .18. défendu de donner à l'avenir à des femmes la benediction de diaconeffe, à cause de la fragilité du fexe. On défend aux Abbez, aux Reclus & .13. aux Prêtres, de donner des lettres pacifiques: 0 4

les

C. 22.

6. 20.

les Abbez qui méprifent les ordres des Evêques, feront excommuniez. On excommunie ceux qui retournent à l'idolatrie, ou mangent des viandes immolées, & même ceux qui mangent 15. des animaux tuez par les bêtes, étoufez ou morts . 12. de maladie. On recevra les oblations de ceux

XLII.

ques de

Gaule.

qui ont été tuez en quelque crime: pourvu qu'ils ne fe foient pas tuez eux-mêmes. On défend d'accomplir des vœux en chantant, en buvans, ou en folâtrant, parce que de tels vœux irritent Dieu, plûtôt qu'ils ne l'appaisent.

Ces canons furent foufcrits par vingt-fix EvêSaints Evêques prefens, & par cinq Prêtres, pour autant d'abfens. Il y en a des quatre provinces Lionnoifes, & des trois Aquitaines; & les plus remarquables font: Honorat Archevêque de Bourges, qui prefidoit au Concile, Leonce Evêque Martyr. d'Orleans, qui fouferit le fecond, Eleuthére Evê15. Aug. d'Auxerre, que l'Eglife honore comme Saint, le feiziéme d'Août. Leon Archevêque de Sens Martyr. honoré auffi comme Saint, le vingt-deuxième 32. Apr. d'Avril, y envoia feulement un député. Mais

Bibl. nov.

80.1. p. 419.

Greg, X.

hift. c. ult.

que

Flavius de Rouen & Injuriofus de Tours y affifterent en perfonne; & quoiqu'Archevêques ils foufcrivirent après des Evêques : ce qui montre qu'on fuivoit le rang d'ordination, fans avoir égard à la dignité des fieges. Flavius eft honoré dans fon Eglife fous le nom de faint Flieu, & fon corps eft à faint Martin de Pontoise. De fon tems le Roi Clotaire fonda à Rouen le Monaftere de faint Pierre & faint Paul : qui depuis a pris le nom de faint Ouen.

Injuriofus étoit le quinziéme Evêque de Tours. Il inftitua dans fon Eglife l'office de tierce & de fexte, & refifta avec fermeté au Roi Clotaire, Id. IV. hift. quand il ordonna que toutes les Eglifes de fon roiaume païaffent au Fifc la troifiéme partie de leurs revenus. Tous les autres Evêques s'y étoient

6.2.

fou

foumis même par écrit, quoiqu'à regret: mais Injuriofus refufa courageufement de foufcrire à cette impofition, & dit au Roi: Si vous pretendez ôter à Dieu les biens qui lui font confacrez, il vous ôtera bien-tôt vôtre roiaume. Car il n'eft pas jufte que vos greniers foient remplis. des aumônes des pauvres. Vous devez plûtôt en tirer dequoi les nourrir. Aiant ainfi parlé, il fe retira en colere fans dire adieu. Le Roi touché de ce difcours, & craignant la puiffance de faint Martin, envoia après l'Evêque, lui demanda pardon, condamna ce qu'il avoit fait, & le pria d'interceder pour lui auprès du Saint.

Alta S.

PF.c.6.

Il y eut encore deux faints Evêques au fecond Martyr. concile d'Orleans: faint Lo ou Lauto de Cou- 22. Sep. tances, que l'Eglife honore le vingt-deuxième de Septembre; & faint Gal de Clermont, dont la fête eft le premier de Juillet. Ce dernier étoit Martyr. de la premiere nobleffe d'Auvergne, fils de Geor- 1.Jul. ge Senateur & de Leocadie defcendue de la ra- Ben. to. 1. ce de Vertius Epagathus, martyrifé à Lyon p.116. fous Marc Aurele. Comme Gal étoit aîné, fon ex Greg. pere vouloit le marier: mais il fe retira à un Tur. Vit. Monaftere voifin nommé alors Cremone, auSup. liv. jourd'hui Cornon: dont l'Abbé aiant obtenu le IV. n. 12, confentemeut de fon pere, le fit Clerc en lui donnant la tonfure, & le reçut dans fa communauté. Saint Quintien alors Evêque de Clermont étant venu à ce Monaftere, & l'aiant ouï chanter, l'emmena à la ville & le retint avec lui. La .6.n.3. beauté de fa voix le fit auffi cherir du Roi Theodoric, & il le prit à fa fuite avec plufieurs autres Clercs de Clermont qu'il emmena à Treves. Mais il vouloit toûjours avoir Gal avec lui; & le Saint étant à Cologne, y brûla un temple d'idoles, que l'on adoroit encore. Après la mort de faint Quintien, le Prêtre Impetrat oncle de faint Gal lui confeilla d'en aller donner prompte

Sup liv.

XXXI n.3.

Vit. PP.