Martyrius & Theodore Cappadocien surnommé Vita S.Sub Sup. XXXII. quête que les Abbez d'Orient, joints à ceux de n. 54. : Ĉ. P. presenterent au Pape Agapit. Domitien y 60.5.cons. prend la qualité de Prêtre & Archimandrite du P.35.6. monastere de Martyrius, & Theodore: de Diacre & Moine de la nouvelle Laure. Ils trouverent moien de fe faire connoître à l'Empereur, & aquirent tant de crédit à la Cour, que dans la fuite ils devinrent tous deux Archevêques : Domitien d'Ancyre en Galatie, Theodore de Cefarée en Cappadoce; leur crédit donna du courage à Nonnus & aux fiens, & ils s'appliquerent plus fortement à répandre la doctrine d'Origene par toute la Paletine. L'Abbé Melitas successeur de faint Sabas, étant mort cinq jours après lui , Gelase lui fucceda Vita S Sab. au commencement de la quinziéme indiction : P. 332. c'est-à-dire , vers la fin de l'an' 536. Voiant les progrès que faisoit l'Origenisme dans sa communauté, il prit l'avis de saint Jean le Silentieux, & avec le secours de trois autres Moines, il fit lire dans l'Eglise le traité d'Antipater Evêque de Bofre contre les dogmes d'Origene. Les Origenistes en furent irritez ; & comme ils tenoient des assemblées à part, on en chaffa environ quarante de la Laure de saint Sabas, Ils allerent à la nouvelle Laure , trouver Nonnus & P. 363 Leonce de Byzance , qui aiant assemblé tous les chefs de la sécte , leur conseilla d'aller attaquer ouvertement la grande Laure. Ils allerent d'abord au monastere de faint Theodose, croiant attirer à leur parti l'Abbé Sophrone : mais leur entreprise fut vaine. Pleins de confusion , & de fureur , ils envoierent en divers lieux, & amasse R 4 rent 1 rent des pics , des crocs, des leviers de fer , & d'autres outils semblables, avec des païsans pour les aider ; & marcherent vers la grande Laure, à dessein de la détruire. Mais quoiqu'il fût environ huit heures du matin , ils furent tellement aveuglez, qu'ils marcherent tout le jour par des lieux rudes & impraticables , & fe trouverent le lendemain près d'un autre monastere. Ce qui fut regardé comme un miracle de faiät Sabas. 2.364.n.88. Dans le même tems Ephrem , Patriarche. d'Antioche, vint en Palestine avec Eusebe de Cy zique , Hypace d'Ephefe, & le Diacre Pelage, Smp. n. 1. pour la déposition de Paul d'Alexandrie, comme il a été dit. Eusébe étant venu à Jerusalem après le Concile , Leonce de Byzance l'alla trouver lui amenant ceux qui avoient été chassez de la grande Laure; & qui fe plaignoient de leur Abbé Gelase, comme aiant divisé la communauté, & pris le parti de leur's adversaires. Eusebe trompé par Leonce, qui ne lui avoit point parlé de l'Órigenisme : envoia querir l'Abbé Gelafe, & l'obligea à recevoir ceux qu'il avoit chassez , ou à chasser leurs adversaires. Gelase prit le dernier parti ; & envoia hors de la laure , fix Moines orthodoxes, qui souffrirent volontiers cette persecution, & s'en allerent à Antioche : où ils rae conterent au Patriarche Ephrem ce qui étoit arrivé, & lui montrerent les livres d'Antipater de Bofre. Le Patriarche y aiant appris les erreurs у 8.365. d'Origene , & fçachant ce que les Origenistes avoient fait à Jerusalem : publia une lettre fynodique, par laquelle il anathématifa la doctrine d'Origene. Quand on l'eut appris à Jerusalem Nonnus & les fiens soutenus par Leonce , qui étoit à C.P., & par Domitien d'Ancyre, & Theodore de Cesarée, voulurent contraindre Pierre Patriarche de Jerusalem , d'ôter des dyptiques le nom d'Ephrem d'Antioche. Cela excita un grand grand tumulte , Pierre envoia querir fecretement les Abbez Sophrone & Gelafe, & leur ordonna de lui presenter une requête contre les Origenistes, où ils le conjuraffent de ne point ôter des dyptiques le nom d'Ephrem. Ils le firent , & le Patriarche Pierre aiánt reçu cette requête l'envoia à l'Empereur, lui écrivant les defordres qu'avoient fait les Origenistes. C'étoit donc cette lettre & cette requête , dont étoient chargez les Moines de Jerusalem, qui vinrent trouver à C. P. le Diacre Pelage Legat du faint Siege. Pelage qui étoit opposé à Thcodore de Cap- IV. Edit de padoce, & fçavoit qu'il étoit Origeniste : se joignit á Mennas Patriarche de C.P. pour appuier Lib. brev. auprès de l'Empereur la requête des Moines de .. 13 Palestine, & faire condamner Origene. Leurs poursuites réussirent , d'autant plus facilement que l'Empereur Juftinien aimoit à decider fur la Religion. Ainsi il fit dreffer un long édit, où pre- 10.5.come. mierement il expose les erreurs attribuées à Ori-P.635.E. gene, & les rapporte à fix chefs. 1. Sur la Tri- 8.638.C. nité : le Pere eft plus grand que le Fils, le Fils que le Saint-Esprit : & le Saint-Esprit plus grand que les autres esprits. Le Fils ne peut voir le Pere, ni le Saint-Esprit voir le Fils; & ce que nous formes à l'égard du Fils , le Fils l'est à l'égard du Pére. 2. Sur la création : la puissance de Dieu est bornée, & il n'a pû faire qu'un certain nombre d'esprits, & une certaine quantité de matiere, dont il pût disposer. Les genres & les efpeces sont coéternels à Dieu : Il y a eu & y aura plusieurs mondes : en sorte que Dieu n'a jamais été fans créatures. 3. Les fubtances 'raisonnables n'ont été atta- Sup. liv.v. chées å des corps que pour les punir; & les ames n. 54.00.6. des hommes en particulier , ont été d'abord conc.p.639. des intelligences pures & faintes ; qui s'étant RS dégou D. p.661. E. dégoutées de la contemplation divine , & tournées au mal, ont été jettées dans des corps pour les punir. 4. Le ciel, le soleil, la lune, les étoi les & les eaux qui font sur les cieux, font anip. 663. A. mez & raisonnables. 5. A la resurrection, les P.666. A. corps humains seront de figure ronde. 6. La punition de tous les méchans hommes & démons finira, & ils seront rétablis en leur premier état. Ces erreurs sont rapportées dans l'édit, & refutées fort au long, par les autoritez de l'Ecriture, & des Peres : particulierement la troisiéme, qui établit la préexistence des ames , & la fixiéme qui nie l'éternité des peines. Ensuite l'Empereur ajoûte , parlant toûjours au patriarche Mennas: 2.670. B. C'est pourquoi nous vous exhortons à assembler tous les Evêques, qui se trouveront en cette ville imperiale, & les Abbez de ce monastere; & les obliger tous à anathématiser par écrit l'impie Origene surnommé Adamantius, jadis Prêtre de l'Eglise d'Alexandrie, avec ses dogmes abominables , & les articles ci-joints : que vôtre Beatitude envoie des copies de ce qu'elle aura fait sur ce sujet, à tous les autres Evêques & à tous les Superieurs des monasteres, afin qu'ils en fassent autant : & qu'à l'avenir on n'ordonne ni Evêques ni Abbez, qu'ils n'aient anathématisé Origene avec tous les autres heretiques que l'on condamne, suivant la coûtume. Nous en avons écrit autant au Pape Vigile, & aux autres Patriarches. p. 671. Ensuite sont plusieurs extraits des livres d'Ori9.678. D. gene, & neuf anathêmes contre les erreurs pre cedentes & contre quelques autres sur l'incarnation : sçavoir , que l'ame de JESUS-CHRIST étoit avant que d'être unie au Verbe : que son corps avoit été formé au sein de la Vierge, avant que d'être uni au Verbe & à son ame; & qu'il devoir dans un fiecle futur être crucifié les démons, comme il l'a été pour les hommes. pour A la Aurres Nov. 57 A la fin est un dixiéme anathême contre la personne d'Origene & ses sectateurs. Tel est l'édit An. 538. de l'Empereur Juftinien. Le patriarche Mennas, Lib.brev. & les Evêques qui se trouverent à C. P. y fouf-6.23. crivirent. Ensuite il fut envoié au Pape Vigile, à Zoïle patriarche d'Alexandrie, à Ephrem d'Antioche & à Pierre de Jerusalem , qui y souscrivirent tous. Domitien d’Ancyre & Theodore de Vita S. Euth. Cesarée, furent eux-mêmes obligez d'y souscrire : mais il parut dans la suite combien c'étoit P.365.Co malgré eux. Juftinien fit vers le même tems plusieurs con v. ftitutions touchant les matieres ecclesiastiques. Joix de JuIl y en a deux de l'an 538. adressées au patriar- Itinen. che Mennas : dont la premiere ordonne, que les Clercs qui se retireront du service ne pourront être rétablis; & qu'à leur place on en subftitucra d'autres, à qui les pensions des premiers feront paiées : sans que les oeconomes puissent les appliquer à leur profit. Les Fondateurs des 6,2. Eglises ne peuvent y mettre de leur autorité des Clercs pour les servir : mais seulement les preferter à l'Evêque. Où l'on voit l'origine du droit Sup.live XXVI. de patronage : comme j'ai marqué sur le premier concile d'Orange. L'autre loi de la même Nuw.67. année défend de bâtir aucune nouvelle Eglise, avant que l'Evêque faffe fa priere au lieu destiné, & y plante la croix en procession, pour rendre la chose publique: que le Fondateur soit convenu. avec l'Evêque, du fonds qu'il veut donner pour le luminaire , les vases facrez , & l'entretien des Ministres; & que celui qui rétablira une ancienne Eglise tombant en ruine, passera pour Fondateur. La même loi défend aux ceconomes des 6.3. Eglises, d'envoier aux Evêques non residens de quoi fubfifter à C. P. s'ils y séjournent plus du Sun. liv. tems permis : c'est-à-dire, plus d'une année. XXXII. Il y a trois grandes loix de l'an 541. dont la 26 pre- Nov. 137. n. 54 n. so, |