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qu'il avoit commencé contre les Acephales, & en compofa un autre pour la condamnation des AN. 546. trois chapitres ou plutôt Theodore de Cap

padoce le compofa fous le nom de l'Empereur.

Il eft en forme d'édit ou de lettre adreffée à tou- to. 5. cons. te l'Eglife, & porte le titre de confeffion de P.68 3. foi.

En effet l'Empereur y expofe d'abord fa créance fur la Trinité, puis fur l'Incarnation, où il s'étend davantage, & explique cette expreffion de faint Cyrille : Une nature incarnée. Il p 690. C. declare enfuite qu'il reçoit les quatre conciles P. 702 D. generaux; & ajoûte treize anathêmes, dont P.703. les dix premiers ne contiennent que la doctrine catholique fur l'Incarnation: mais les trois derniers portent la condamnation expreffe des trois chapitres en ces termes: Si quelqu'un défend P. 706.Theodore de Mopfuefte & ne l'anathématise pas, lui, fes écrits & fes fectateurs, qu'il foit anathême. Si quelqu'un défend les écrits de Theo- p.707. doret faits pour Neftorius contre faint Cyrille & contre fes douze articles: fi quelqu'un les louë & ne les anathématife pas, qu'il foit anathême. Si quelqu'un défend la lettre impie, que l'on dit avoir été écrite par Ibas à Maris Perfan heretique fi quelqu'un lá défend en tout ou en partie & ne l'anathématife pas, qu'il foit anathême. En chacun de fès articles font exprimées les principales erreurs attribuées à Theodore, à Theodoret & à Ibas.

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Enfuite l'Empereur répond à quelques objeétions. Que le concile de Calcedoine a approuvé la lettre d'Ibas que l'on peut condamner les er- p. 714. D. reurs de Theodore de Mopfuefte fans condamner fa perfonne enfin que l'on ne doit point condamner les morts, ce qu'il traite fort au long. La conclufion eft, que fi quelqu'un ne fe rend pas à cette doctrine, il en rendra compte

:

au

au jugement de Dieu ainfi c'eft plûtôt une inAN. 546. ftruction qu'une loi. Elle eft fans date, mais on convient qu'elle fut publiée l'an 546.

XXII.

an. 549.

On obligea tous les Evêques à y foufcrire, & Soufcri- l'Empereur leur écrivit des lettres très-preffanptions des Evêques., tes; premierement Mennas Patriarche de C. P. Facund. qui d'abord en fit difficulté, difant que c'étoit IV.c.4 contrevenir au concile de Calcedoine : toutefois Via. Tun. il foufcrivit. Etienne Diacre & Legat de l'Eglife Romaine à C. P. qui avoit fuccedé à Pelage, fit des reproches à Mennas d'avoir ainfi varié, après avoir promis de ne rien faire fans le faint Siege. Mennas lui répondit, qu'il ne s'étoit rendu, que parce qu'on lui avoit promis avec ferment, de lui rendre fa foufcription, fi l'Evêque de Rome Facund. ne l'approuvoit pas. Toutefois le Diacre Etienne IV.. 3. fe retira de la communion de Mennas; & nereçut ceux qui avoient communiqué avec lui, qu'aId. cont. près qu'ils en eurent fait fatisfaction. Dacius de Moc.p.575. Milan & plufieurs autres Evêques qui fe trouIV. c. 4. voient à C. P. fe feparerent de la communion de Mennas & un grand nombre d'autres Catholi ques. Zoile Patriarche d'Alexandrie foufcrivit la condamnation des trois chapitres. Ephrem d'Antioche en aiant reçu l'ordre refufa d'abord d'y obéir mais après qu'on l'eut menacé de le chaffer, il fe rendit. Pierre de Jerufalem déclara avec ferment devant une grande multitude de Moines, qui s'étoient affemblez auprès de lui, que fi quelqu'un confentoit à ce nouveau decret, il faifoit contre le concile de Calcedoine; & toutefois il y confentit comme les autres. Plufieurs Evêques protefterent contre les foufcriptions que Mennas de C. P. les obligeoit de donner, comVid. Tan me contraires au concile; & en donnerent des libelles au Diacre Etienne pour les envoier au Pape. On recompenfoit liberalement les Evêques qui approuvoient la condamnation des trois cha

8.171.

an. 549.

Lib. brev, in fine.

:

pitres;

Phod. cod. 228.p.7744 cod. 229. P.

pitres; ceux qui le refufoient étoient déposez, ou envoiez en exil; plufieurs s'enfuirent & fe cache- AN. 546. rent. Le scandale fut tel, que Theodore de Cappadoce difoit lui-même depuis: que Pelage & lui meritoient d'être brûlez vifs, pour l'avoir excité. Les deux Patriarches d'Antioche & de Jerufalem moururent peu de tems après à Ephrem fucceda Domnus, & à Pierre Macaire, l'un & l'autre second du nom. Ephrem avoit écrit plufieurs ouvrages pour la défenfe du concile de Calcedoine, de faint Cyrille, & de faint Leon, dont Phothius nous a confervé des extraits. On y trouvoit les actes d'un concile d'Antioche, où Syncletique Evêque de Tarfe avoit été accufé 789.p.781 comme fufpect d'Herefie, parce qu'il avoit reçu de quelques perfonnes des libelles qui n'étoient pas orthodoxes. On accufoit auffi le moine Etienne fyncelle de Syncletique; & ils furent tous deux convaincus de l'erreur d'Eutychés. Mais enfin on obligea Syncletique à profeffer la Foi catholique. Cette même année 546. il y eut differens avis XXIII à C. P. touchant le jour de Pâque. Le peuple la Pâque. croiant que ce devoit être le premier jour d'ATheopho vril, fit le dernier jour gras le Dimanche qua- an. 19. triéme de Février : mais l'Empereur mieux in- P. 190, formé ordonna, que l'on vendît encore de la chair toute la femaine jufqu'au dimanche fuivant onziéme de Février parce que Pâque ne devoit être que le huitiéme d'Avril. Les bouchers tuerent & étalerent: mais perfonne n'acheta ni ne mangea de la viande. On ne laiffa pas de celebrer la Pâque commé l'Empereur l'avoit ordon-, né; & il fe trouva que le peuple avoit trop jeû

Erreur fur

né d'une semaine. Les Grecs commencent leur Goar.net abftinence après le Dimanche que nous nommons in Theoph. de la fexagefime, & eux Tes Apócreos : c'est-à- P·594, dire le Dimanche gras. Le lundi fuivant & toute la femaine ils ne mangent plus de viande, mais

feulé

:

feulement des laitages & des oeufs d'où vient AN. 546. le nom du Dimanche de la Quinquagefime qu'ils appellent Tes tyrophágou : c'est-à-dire le Dimanche du fromage. Le lundi fuivant ils entrent en carême, & commencent le jeûne & l'entiere abstinence, non feulement des oeufs & des laitages, mais du poiffon & de l'huile. La raifon pourquoi ils commencent plûtôt que nous, eft qu'ils ne jeûnent point les famedis non plus que les Dimanches, excepté le Samedi saint.

XXIV.

prend Ro

me.

IV. c. 3.

P. 675.

6.16.

Cependant le Pape Vigile aiant eu ordre de Totila l'Empereur d'aller à C. P., demeura long-tems en Sicile. Il y vit Dacius Evêque de Milan, qui s'éProcop.III. toit retiré à C. P. en 539. après que fa ville eut Goth.c.16. été ruinée par les Goths & y retourna avec le Facund. Pape, de qui il apprit ce qui fe passoit à C. P. cont. Moc, & le fcandale que caufoit la condamnation des trois chapitres. Zoile patriarche d'Alexandrie aiant appris que le Pape venoit, envoia au-devant de lui en Sicile: fe plaignant qu'il avoit été conProcop. III. traint de foufcrire à cette condamnation. PenG. 6. 15. dant ce féjour le Pape envoia de Sicile grand nombre de vaiffeaux chargez de bled pour fecourir Rome affiegée par les Goths: mais les vaiffeaux furent pris par les ennemis à Porto, & Rome demeura affamée : c'étoit à la fin de l'an 546. onziéme de cette guerre. Alors le Diacre Pelage emploia une grande partie de l'argent qu'il avoit apporté de C. P. à foulager le peuple : ce qui accrut beaucoup fa reputation déja grande. Les Romains preffez de la famine le prierent d'aller trouver Totila, pour obtenir une tréve de quelques jours promettant de fe rendre, fi dans ce terme il ne leur venoit du fecours de 6. 20% C. P., mais il n'en put rien obtenir. Enfin Totila prit Rome par intelligence le feiziéme des calendes de Janvier, la fixième année après le confulat de Bafile, indiction dixiéme : c'est-à-dire le dixfeptiéme de Decembre 546.

Chr.

Marcell.

Toti

UNITEROIDAD OURTRET

BIBLIOTECA

Totila vint faire fes prieres dans l'Eglife de faint Pierre, où plufieurs des principaux Ro- AN. 546. mains s'étoient refugiez. Le Diacre Pelage y vint, tenant l'Evangile entre fes mains, & dit à Totila Seigneur, épargnez les vôtres. Totila répondit en lui infultant: Vous venez donc à prefent en pofture de fuppliant? C'eft, dit Pelage, parce que Dieu m'a foûmis à vous: mais, Seigneur, épargnez vos fujets. Totila fe rendit à fes prieres, & défendit aux Goths de tuer perfonne & d'infulter aux femmes: mais il permit le pillage. Ainfi les Senateurs & les plus riches citoiens furent reduits à l'aumône : entr'autres Rufticienne veuve de Boëce & fille de Symmaque, qui avoit toûjours été très-liberale envers les pauvres. Les murailles de Rome furent abbatues, quelques maifons ruinées, & la ville reduite en folitude pendant plus de quarante jours: enforte qu'il n'y 'demeura que des bêtes. Totila fe retira après ce pillage; & Belifaire, qui étoit arrivé en Italie, vint enfuite à Rome, & commença à relever fes murailles.

Procop.

C. 24.

Africains

pour les

Facund

IV. c. 3.

Pelage & un autre Diacre de l'Eglife Romai- XXV. ne nommé Anatolius, aiant appris la condamnation des trois chapitres, & prenant foin de trois chapil'Eglife, comme il étoit de leur devoir en l'ab- tres. fence du Pape, écrivirent à Ferrand Diacre de Carthage, de déliberer ferieufement fur cette affaire avec fon Evêque & les autres, qu'il connoîtroit les plus zelez & les plus inftruits, & demander leur commune refolution. Dans la lettre ils ne diffimuloient pas, que cette condamnation avoit été faite par la fuggeftion des Acephales contre le concile de Calcedoine & la lettre de faint Leon. Ferrand ne répondit que long- In oper. tems après, & toutefois avant que les Eglifes Ferr. ed. 1649. P. d'Afrique fe fuffent declarées; & dans fa repon-19 fe, que nous avons, il dit, que l'on ne peut exa

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