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miner de nouveau la lettre d'Ibas approuvée dans AN. 547. le concile de Calcedoine autrement que tous les decrets du concile feront revoquez en doute. Il conclut par ces trois propofitions, aufquelles il veut que l'on s'attache inviolablement : de n'admettre aucune revifion de ce qui a été décidé au concile de Calcedoine : de ne point accufer les morts que perfonne ne prétende obliger les autres à foufcrire à ce qu'il a écrit.

to. 5. conc. P. 324.

XXVI.

C. P.

L'Empereur Juftinien aiant envoié en Afrique fon édit pour la condamnation des trois chapitres, un Evêque nommé Pontien lui écrivit louant fon zele & approuvant fa confeffion de foi; puis il ajoûte: A la fin de vôtre lettre nous avons vu, ce qui ne nous afflige pas peu, que nous devons condamner Theodore, les écrits de Theodoret, & la lettre d'lbas. Leurs écrits ne font point venus jufques à nous. S'ils y viennent, & que nous y lifions quelque chofe contre la Foi, nous y ferons attention; mais nous ne pouvons condamner les auteurs qui font morts. S'ils vivoient encore, & qu'étant repris ils ne condamnaffent pas leurs erreurs, il feroit très-jufte de les condamner: maintenant à qui prononcerons-nous nôtre jugement? Mais je crains, Seigneur, que fous prétexte de les condamner on ne releve l'herefie d'Eutychés. Nous vous fupplions de conferver la paix fous vôtre regne: de peur que voulant condamner les morts, vous ne faffiez mourir plufieurs vivans, comme défobéiffans; & que vous n'en rendiez compte à celui qui viendra juges les vivans & les morts.

Le Pape Vigile étant encore en chemin reçut Le Pape une lettre de l'Empereur, qui l'exhortoit à garder Vigile à la paix avec Mennas & les autres Evêques. Ce Facund. qui lui donna occafion d'écrire à Mennas, qu'il IV.c. 3. & étoit prêt à maintenir la paix, pourvu qu'elle fût ad Moc. p. veritable & utile à l'Eglife: mais qu'il étoit bien

573.

chr.

22.

informé de ce qui s'étoit paffé à C. P., l'exhortant à reparer fa faute. Enfin le Pape arriva à C. P. le AN. 547 · huitiéme des calendes de Février, indiction dixié- Mariell me, fous le fixiéme poftconfulat de Bafile: c'està-dire le vingt-cinquiéme de Janvier 547. L'Em- Theoph. an pereur Juftinien le reçut avec grand honneur: & toutefois le Pape fufpendit pour quatre mois de fa communion le Patriarche Mennas, parce qu'il avoit foufcrit la condamnation des trois chapitres. Il publia auffi une fentence de condamna- Greg. II. tion contre l'Imperatrice Theodora & les Ace- ep. 36. phales. Toutefois il s'appaifa enfuite, & à la priere Theoph. p.1 de l'Imperatrice il reçut Mennas à fa commu- 191. nion le 29. de Juin; fête des SS. Apôtres faint Pierre & faint Paul. On paffa plus avant; & on Epift. ad les le preffa de condamner lui-même les trois chapi- gat. p. 407. tres, avec tant de violence, qu'il s'écria publiquement dans une affemblée : Je vous déclare que quoique vous me teniez captif, vous ne tenez pas faint Pierre. Cependant il tint un concile avec les Evêques qui lui étoient unis, au nombre d'environ foixante & dix: mais après plufieurs actions

C.

il rompit le concile, & pria les Evêques qui y Facund. 1 affiftoient de donner chacun leur avis par écrit. conc. Moe. Aiant reçu ces écrits il les envoia quelques jours P. 572. après au Palais, où on les garda avec les foufcriptions de ceux qui avoient condamné les trois chapitres. Le Pape rendit raison aux Evêques de cette conduite, en difant: Pourquoi garder pardevers nous ces réponses contraires au concile de Calcedoine, afin qu'on les trouve quelque jour dans les archives de l'Eglife Romaine, & qu'on croie que nous les avons approuvées? Portons-les au Palais, & qu'ils en faffent ce qu'ils voudront. Facundus Evêque Africain donna pour Pref réponse l'extrait de l'ouvrage pour les trois chapitres, qu'il publia depuis. Enfin le Pape donna lui-même fon avis le Samedi faint onzième d'A

551. E. No

vril de cette année 548. Il le nomme jugement, AN. 548. Fudicatum, & il y condamne les trois chapitres, Epift. ad fans préjudice du concile de Calcedoine; & à la Rufic. P. charge que perfonne ne parlera plus de cette va collect. queftion, ni de vive voix ni par écrit. Le Pape Baluz p. crut pouvoir ufer de cette condefcendance dans 1495.Epift. une queftion de fait, où la foi n'étoit point inad legat. P tereffée. Il donna fon Judicatum à Mennas à qui 407. D.Ep. il étoit adreffé, & en envoia copie à Rome au Diacre Pelage.

ad Theod.

P. 335. 4.

Toutefois le Pape ne contenta perfonne par cet écrit. Les ennemis des trois chapitres etoient choquez de la reserve : Sauf l'autorité du concile de Calcedoine : & les défenfeurs des trois chapitres étoient indignez, que le Pape fe fût laiffé induire à les condamner. Or ces derniers étoient en grand nombre. Car c'étoit tous les Evêques d'Afrique, d'Illyrie & de Dalmatie: qui à ce fujet fe retirerent de la communion du Pape. Il fut même abandonné par deux de fes Diacres les plus confidens, Ruftique & Sebastien; qui vers le commencement de l'an 549. fe declarerent contre le Judicatum : & manderent dans les provinces, que le Pape Vigile avoit abandonné le concile de Calcedoine. Ils écrivirent entr'autres à Epift. ad Aurelien Evêque d'Arles, qui pour s'éclaircir de la verité envoia à C. P. un nommé Anaftafe avec des lettres au Pape."

Aurel. P.

553. E.

XXVII. Deux ans auparavant faint Aurelien fonda un Regle de monaftere pour des hommes dans la ville d'Arfaint Au- les par la liberalité du Roi Childebert, & fit relien. confirmer par le Pape Vigile cette fondation : epift. 116, qui fut faite le quinziéme des calendes de DeIn finereg. cembre indiction onzième, la cinquième année

Greg. VII.

ou plûtôt là fixiéme après le confulat de Bafile, c'eft-à-dire, l'an 547. On mit dans l'Eglife des reliques de la vraie Croix, de la fainte Vierge, de faint Jean-Baptifte, & de plufieurs autres Saints.

Cod. reg.

C. R.

C. 14.

c. 15.

Dent:

6.32.

Saint Aurelien donna à ces Moines une Regle, où il leur ordonne une clôture tres-exacte, leur dé- tom. 1. p. fendant de fortir de leur vie du monaftere : & de 100. recevoir aucun laïque dans la maison ni dans l'Eglife, mais feulement dans le parloir. Pour les femmes, il leur défend abfolument de les voir: même entre eux ils ne pourront fe parler en fecret. En cas qu'il faille donner la difcipline, il défend .35% d'en donner plus de trente-neuf coups fuivant la loi de Moïfe. Il veut que tous apprennent à lire; XXV. 3. & qu'ils lifent depuis prime jufques à tierce: qu'ils: 4. s'occupent de bonnes pensées pendant le travail, . 18. & qu'ils travaillent même pendant les leçons des 19. nocturnes, de peur de s'endormir. Il leur défend. 51. de manger de la chair, & permet feulement aux infirmes de la volaille; & à la communauté du poiffon à certains jours. On voit ici la distinction entre la volaille & la groffe viande. A la fin de fa Regle, faint Aurelien préfcrit en détail l'ordre de la pfalmodie, affez different de celui de faint Benoît. Il donna auffi une Regle à des Religieu- Cod. reg.to. fes, copiée fur celle des hommes, prefque mot 3. P. 60.

à mot.

me concile

Il affifta au cinquiéme concile d'Orleans qui XXVIII. fut tenu le cinquième des calendes de Novem- Cinquiébre, la trente-huitième année du Roi Childebert, d'Orleans. indiction treiziéme : c'eft-à-dire, le vingt-huitié- to. 5.81 me d'octobre l'an 549. Cinquante Evêques s'y 390. trouverent, & vingt & un y envoierent leurs députez. Il y avoit neuf Metropolitains. Saint Sacerdos de Lion 'qui prefidoit au concile. Saint Aurelien d'Arles, Hefychius de Vienne, faint -Nicet de Tréves, Defiré de Bourges, Afpafius d'Eaufe, Conftitut de Sens, Urbicus de Befançon', & Avolus d'Aix. Entre les autres Evêques les plus illuftres font, faint Agricole de Challon, qui tint ce Siege quarante-huit ans, & en vécut quatrevingts-trois. Il étoit de race de Senateurs, fage,

Greg. V. poli, éloquent. Il fit des bâtimens confiderables .46.gl. dans fa ville; entre autres une Eglife ornée de Conf. c. 86. marbres, de mofaïque, de colonnes. Ce faint

Greg.Tur. vit. PP. s. 6.

Evêque ne dînoit jamais, & ne faifoit qu'un repas. Il mourut l'an 580. On y voit encore faint Gal de Clermont, S. Eleuthere d'Auxerre, Tetrique de Langres, faint Lo de Coutances, faint Lubin de Chartres, faint Aubin d'Angers, faint Firmin d'Uzez. Marc Evêque d'Orleans n'y affifta pas, parce qu'il étoit accufé & exilé; & c'étoit pour le juger, que le Roi Childebert avoit fait affembler un fi grand concile, non feulement de fon roiaume, mais des deux autres. Mais l'accufation fut trouvée vaine, & Marc rétabli dans sa ville & dans fon Siege.

Ce concile fit vingt-quatre canons, dont le premier condamne également les erreurs d'Eutychés & de Neftorius, comme condamnées par le faint Siege. Ce qui fut ordonné fans doute, à caufe de la difpute des trois chapitres : dont les accufateurs & les défenfeurs fe reprochoient muc. 8. tuellement ces herefies. Pour la discipline: Pendant la vacance du Siege épiscopal, aucun Evêque ne pourra ordonner des Clercs, ni confacrer des autels, ou rien prendre des biens de l'Eglife vacante, fous peine d'interdiction pour un an. Il 4.10. n'eft point permis d'acheter l'épifcopat mais l'Evêque doit être confacré par le Metropolitain, & fes comprovinciaux, fuivant l'élection du clergé & du peuple avec le confentement du Roi. 11. On ne donnera point à un peuple un Evêque qu'il refufe; & on n'obligera point le peuple ou le clergé à s'y foumettre, par l'oppreffion des perfonnes puiffantes: autrement l'Evêque ainfi ordonné par fimonie ou par violence, fera dépofé. Ces canons font voir que la liberté des élections diminuoit depuis la domination des barbares.

:

La divifion des roiaumes troubloit auffi la dif

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