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qui font demeurez dans leurs erreurs s'uniffent AN. 556. entre-eux, & font de grands efforts pour troubler & divifer l'Eglife. Tant que nous avons - été à C. P., ils envoioient ici, en Italie des lettres fous nôtre nom, prétendant que nous difions que l'on avoit alteré la Foi catholique:: ils apportent encore ici à prefent contre nous, des lettres fans nom. Ce font principalement les Neftoriens, qui prétendent n'être pas éloignez du fentiment du concile de Calcedoine & -du Pape Leon, quoiqu'il ait condamné NestoFrius; en ce qu'il foutenoit deux natures feparées. Ici même ils ont allarmé quelques Evêques fimples, qui ne fçavoient pas les premiers élemens de la Foi, qui n'entendent pas la que-ftion, & ne comprennent pas quel grand bien c'eft, de ne point s'écarter de la Foi catholique. Ce qui nous a fait long-tems fouffrir des perfecutions à C. P. c'eft ce que nous avons marqué, que du vivant de l'Imperatrice, tout ce que l'on agitoit dans les affaires de l'Eglife nous étoit fufpect. Cette lettre qui fut envoiée par Rufin, eft datée du onziéme de Decembre 556.

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Le Pape aiant reçu les lettres du Roi & de Sapaudus, le declara Vicaire du faint Siege par toute la Gaule, & lui accorda l'ufage du pallium par une lettre du troifiéme de Fevrier 557. En même tems il envoia au Roi Childebert une confeffion de foi très-ample, où il explique les myfteres de la Trinité & de l'Incarnation, par rapport aux dernieres herefies; & la doctrine de la refurrection des morts, apparemment à cau, fe des Origeniftes.barlo Epift. 15. Enfuite le Pape écrivit encore à Sapaudus pour fçavoir fi le Roi & les Evêques de Gaule étoient contens de fa confeffion de foi. Il luire commande & à fon pere Placide les Romains qui s'étoient refugiez en Gaule, par la crainte

des

des ennemis, qui ravagoient l'Italie. Il le fait fouvenir d'envoier les habits dont il avoit déja parlé. Car, dit-il, la pauvreté & la nudité eft telle en cette ville, que nous ne pouvons regarder des gens de naiffance honnête, qui avoient autrefois du bien, fans avoir le cœur ferré de douleur. Cette lettre eft du treiziéme d'Avril de la même année 557.

Conciles

d'Arles & de Paris.

Quelques années auparavant Sapaudus avoit LVIII. prefidé au cinquiéme concile d'Arles, tenu le troifiéme des calendes de Juillet, la quarantetroifiéme année de Childebert : c'eft-à-dire, le vingt-neuviéme de Juin 554. Il y affifta onze to s.come. Evêques, & huit deputez des abfens, fçavoir p-798. quatre Prêtres, deux Archidiacres, & deux Diacres. Ils étoient de la province d'Arles & des deux provinces voifines, la feconde Narbonoife & les Alpes maritimes. On fit en ce concile fept canons dont le premier porte, que les Evêques comprovinciaux fe conformeront à l'Eglife d'Arles, touchant la forme des pains que l'on offre fur l'autel. Les monafteres tant d'hom- 6. 2. 3. sẵ mes que de filles, font foumis à la jurisdiction de l'Evêque diocefain. Les Clercs ne degrade- .6. ront point les fonds, dont l'Evêque leur a accordé l'ufage, fous peine de difcipline : c'est-àdire de punition corporelle, pour les jeunes Clercs. On nommoit ainfi ceux qui étoient audeffous des foûdiacres.

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V.le Cointe.an. 557

n. 10.

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Le troifiéme concile de Paris fut tenu, com- to.5.p8144 me l'on croit, en 557. & on y fit dix canons, qui tendent principalement à empêcher l'ufurpation du bien des Eglifes. Car quelques-uns leur donnoient liberalement, d'autres les pilloient. Entre ceux qui faifoient du bien aux Eglife, le Duc Crodin eft remarquable. Souvent fondoit de nouvelles métairies, faifoit cultiver des terres, planter des vignes, bâtir des mai

fons:

Greg. VI bit c. 0.

Conc, Pari

fons puis il appelloit les Evêques qui n'étoient pas riches, leur donnoit un repas, & ensuite la maison même, avec la vaiffelle d'argent, les tapifferies, les meubles, les domeftiques, les terres & les hommes qui les cultivoient. Il mourut l'an 582. âgé de foixante & dix ans. Le concile de Paris prononce excommunication contre ceux qui retiendront les biens donnez à l'Eglise jusques à ce qu'ils les reftituent; & on déclare qu'ils font meurtriers des pauvres. On défend de fe mettre en poffeffion des biens de l'Eglife, fous pretexte de les conferver pendant les interregnes. Si l'ufurpateur demeure dans un autre diocese, l'Evêque de l'Eglife pillée en écrira à fon confrere qui avertira l'ufurpateur, & s'il eft befoin emploiera les cenfures contre lui. Enfin, disent les Evêques, il n'est pas jufte que nous foions les fimples gardiens des chartres des Eglifes, plutôt .. que les défenfeurs de fes biens. On défend fous les mêmes peines l'invafion des biens propres des Evêques, comme appartenans auffi aux Eglifes ; & en general toute ufurpation du bien d'au1.6. trui principalement fous pretexte de conceffion du Roi.

On abufoit auffi de l'autorité du Prince, pour époufer des veuves, ou des filles malgré elles & leurs parens le concile le défend fous peine d'ex| 24. 5. communication; & renouvelle les défenses de toutes les conjonctions illicites, foit entre parens & alliez, foit avec les perfonnes confacrées à Dieu. Mais il y avoit un abus plus important de l'autorité des Rois: c'étoit pour forcer les 1.8. élections des Evêques. C'eft pourquoi le concile ordonne, que les canons feront obfervez. Que l'on n'ordonnera point d'Evêque malgré les citoyens, mais celui que le clergé & le peuple auroit choifi avec une pleine liberté. Qu'il ne fera point intrus par le commandement du Prince,

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ou par quelque paction que ce soit, contre la volonté du Metropolitain & des Evêques comprovinciaux. Que fi quelqu'un a ufurpé l'épifcopat par ordre du Roi, aucun des Evêques de la province ne le recevra, fous peine d'être retranché de la communion des autres. Quant aux ordinations déja faites, le Metropolitain en jugera avec fes comprovinciaux, & avec les Evêques voifins qu'il choifira.

A ces canons foufcrivirent quinze Evêques, dont les plus connus font, Probien Archevêque de Bourges fucceffeur de faint Defiré, faint Pretextat Archevêque de Rouen, faint Leonce de Bourdeaux, faint Germain Evêque de Paris, faint Euphrone de Tours élû l'année precedente 556. du confentement du Roi Clotaire : faint Felix de Nantes, Domitien d'Angers fucceffeur d'Eutrope, faint Paterne d'Avranches, faint Chaletric de Chartres fucceffeur de faint Lubin, mort auffi l'année precedente $56. faint Samfon pre- Greg. IV. mier Evêque de Dol en Bretagne. Saint Paterne 15. X. Evêque d'Avranches, nommé autrement faint "30 Patier ou faint Pair, nâquit à Poitiers & embraffa la vie monaftique dans l'Abbaïe de Ansion, connue aujourd'hui sous le nom de faint Jouin de Marnes. Pour mener une vie plus auftere, il paffa dans le diocefe de Coutances, dont l'Evêque Leoncien l'ordonna Prêtre quelques années après. Il avoit un talent particulier pour gagner des ames ainfi il convertit plufieurs idolâtres, car il y en avoit encore en ces quartiers reculez; & porta tant de perfonnes à quitter le monde, qu'il fonda plufieurs monafteres, non feulement dans le Cotentin, mais dans le Maine & la Bretaigne. L'Eglife honore fa memoire le feiziéme Martyr. R. d'Avril.

16. Apr.

LIX. Saint Ger

Mais le plus illuftre de ces Evêques eft faint Germain de Paris. Il nâquit à Autun de parens main de

no- Paris.

20.1.48. S nobles; fon pere fe nommoit Eleuthere, fame Ben.p.34 re Eufebie, & il fut élevé dans la pieté par un

de fes parens nommé Scopilion. Agrippin Evêque d'Autun l'ordonna Diacre, & trois ans après il l'ordonna Prêtre. Nectiare Succeffeur d'Agrippin le fit Abbé de faint Symphorien; & dès-lors il eut le don des miracles. Après la mort d'Eufebe, il fut élu Evêque de Paris vers l'an 555. & continua de pratiquer la vie monaftique. Le Roi Childebert lui aiant un jour envoié fix mille fous d'or pour les pauvres, il en distribua trois mille; & quand il revint au Palais, le Roi lui demanda s'il en avoit encore. Il répondit qu'il en avoit la moitié, parce qu'il n'avoit pas trouvé affez de pauvres. Donnez le refte, dit le Roi nous ne manquerons pas, Dieu aidant, de quoi donner; & faisant rompre fa vaiffelle d'or & d'argent, il la donna à l'Evêque.

Quelque tems après ce Concile, faint Germain dédia l'Eglife de faint Vincent, aujourd'hui faint Germain des prez, que le Roi Childebert avoit fait bâtir à cette occafion. En l'année 542. Childebert & fon frere Clotaire, firent G 111. la guerre en Espagne, & affiegerent Saragoffe. f.c. 19, Les habitans fe revêtirent de cilices & s'impo ferent des jeûnes; les femmes étoient vétuës de noir, & mettoient de la cendre fur leurs che. veux épars. En ce trifte équipage ils portoient autour des murailles la tunique de faint Vincent, chantans des pfeaumes. Les affiegeans crurent d'abord que les affiegez faifoient quelque malefice. Mais aiant appris que l'on portoit la tunique de faint Vincent, ils furent faifis de crainte: le Roi Childebert demanda l'Evêque, qui vint avec des prefens. Mais le Roi le pria de lui donner des reliques de faint Vincent, & l'Evêque lui donna l'étole du Saint, gardant la

Gefta

Franc.c.26.

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