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Aimoth. lib. II.c.196

10.

Act.to,.

p.254.

tunique. Ainfi les François leverent le fiege; & Childebert étant de retour à Paris, fit bâtir une Eglife en l'honneur de faint Vincent : où il mit fon étole avec quantité de vafes précieux, de calices, de croix, de couvertures d'évangiles, qu'il avoit apportées de Tolede: entre au- ita fandt tres une croix d'or, ornée de pierreries, à caufe Draftov. de laquelle il fit bâtir cette Eglife en forme de croix. Elle étoit foutenuë de colomnes de marbre, la voute ornée de lambris dorez, les murailles de peintures à fond d'or, le pavé de pieces de rapport: le toit étoit couvert de cuivre doré, ce qui fit que le peuple la nomma faint Germain doré. Il y avoit quatre autels aux quatre extrémitez: le principal au levant, fut dédié en l'honneur de la fainte Croix & de faint Vincent, dont l'étole y fut enfermée : l'autel qui étoit au feptentrion, fut dédié aux faints Martyrs Ferreol & Ferrution : celui du midi, à faint Julien de Brioude: celui du couchant, à faint Gervais, faint Protais, faint Celse enfant, & faint George. Il y avoit au midi un autre oratoire dédié à faint Symphorien; un autre au feptentrion, à faint Pierre.

Le Roi donna à cette Eglife quantité d'ornemens précieux, & de grands revenus en fonds de terre; & pria faint Germain d'y établir une communauté de Moines: ce que le faint Evêque exécuta, & donna lui-même plufieurs terres de fon patrimoine, dans l'Auxerrois & le All to. 31 Nivernois, afin de fournir"'abondamment de p..p.93 l'huile & de la cire pour le luminaire de cette Eglife. Il y mit pour Abbé faint Doctrovée, qui avoit été fon difciple à faint Symphorien d'Autun ; & qu'il avoit inftruit, felon la regle de faint Antoine & de faint Bafile. L'Eglife n'étoit pas encore dédiée, quand le Roi Childebert: fe trouva malade à l'extrémité. C'étoit vers la fin

du

du mois de Decembre, & il étoit venu à Paris plufieurs Evêques & plufieurs Grands, pour ceTebrer la tête de Noël avec le Roi. Saint Germain profita de l'occafion, & fit la dédicace avec fix Evêques, le dixième des calendes de Janvier: confacrant tous les autels en l'honneur des Saints que j'ai marquez. Le Roi Childebert mourut le même jour vingt-troifiéme de Decembre l'an 558., quarante-troifiéme de foa regne il fut enterré dans la même Eglife de faint Vincent, & la ceremonie de fes funerailles, fuivit immediatement celle de la dédicace. Conc. Aur. Outre ce monaftere de faint Vincent, le Roi V. c.15. Childebert avoit fondé un hôpital à Lion, un 20.5.p.394. monaftere d'hommes à Arles; & donné une S. Greg. VII. Epift. terre à faint Calais, pour la fondation de celui qui porte fon nom.

116.

LX.
Autres

Saints de
Gaule.

P. 642,

Saint Calais ou Carilefe étoit natif d'Auvergne, & aiant été élevé dans le monaftere de Menat, il en fortit avec S. Avit, pour se mettre fous la conduite de S. Maximien près d'Orleans. Vita fand. Enfuite ils fe retirerent dans une folitude du Carilefi Perche, où par la liberalité du Roi Childebert, A.to.. ils bâtirent un monaftere qui porte encore le nom de S. Avit: mais il eft à present habité par des Religieufes. Saint Calais paffa dans le Maine, & des bienfaits du même Roi fonda un monaftere près la riviere d'Anifole, aujourd'hui Anille dont il prit le nom mais par la fuite il a pris le nom de S. Calais, qui mourut vers l'an 540. Les femmes n'entroient point dans ce monaftere, même dans l'Eglife: pratique affez ordinaire en ce tems-là. L'Eglife de France honore plufieurs autres Saints, qui habitoient alors les V.hift. faint folitudes du Perche & du Maine: entre autres Ben liv, faint Lomer ou Launomar, faint Almer, faint Frambauld, & d'autres moins connus.

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Le Roi Childebert pendant les dernieres an

nées

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min.

nées de fa vie, avoit retenu à Paris faint Ferreol Evêque d'Uzés, qu'on lui avoit rendu fufpect, Vita ap Ant. Do parce que voulant gagner les Juifs à JESUSCHRIST, il mangeoit fouvent avec eux, & leur faifoit des prefens. Saint Ferreol étoit fils du fenateur Ansbert, & defcendu d'un autre Ferreol, Préfet du pretoire des Gaules. En 553. il fucceda à faint Firmin fon oncle, Evêque d'Uzés, & deux ans après il fut relegué à Paris, où il demeura trois ans. Le Roi qui l'y retenoit ne laiffoit pas de le refpecter, & enfin aiant reconnu fa fainteté, il le renvoia avec honneur & chargé de prefens. Saint Ferreol étant de retour, chaffa de la ville d'Uzés & de tout le diocefe les Juifs qui ne voulurent pas fe convertir.

Il fonda un monaftere qui portoit fon nom,

& lui donna une regle qu'il adreffa à Lucrece Cod. regul. Evêque de Die, la foumettant à fon jugement. to.2.p.116. Lucrece avoit été Moine à Bodane & difciple

c. II.

du faint Abbé Marius. Ce monaftere fitué dans Vita Mar. le diocese de Sifteron, n'eft plus qu'un Prieuré ap. Boll. 27. Janu nommé Beuvon, dependant de l'île-Barbe. Saint & to. 1. Ferreol ordonne dans fa regle, que tous les Moi- A&. SS. nes fçachent lire, & aprennent les Pfeaumes par Len.p.105. cœur, même ceux qui gardent les troupeaux : c. 19.269 qu'ils foient toujours occupez de la lecture ou du travail des mains. Que ceux qui ne peuvent c. 28. labourer écrivent, faffent des filets pour la pêche, ou des fouliers. Il leur défend la chaffe. Ils c. 34. ne porteront point de chemises de toile. L'Abbé c, 31. ne pourra affranchir un efclave du monaftere, que du confentement de tous les freres. Ce qui .36. montre qu'ils avoient des ferfs. On ne baptifera c.15. point dans le monaftere. C'eft ce qui m'a paru de plus remarquable dans la regle de Ş. Ferreol. Il compofa auffi quelques livres de lettres à l'imitation de Sidonius. &cut jufques à l'an 581

Le

Pelage
Jean LII.
Pape.

Lib. Pon

tif.

il

Le Pape Pelage mourut peu de tems après le AN. 559. Roi Childebert, fçavoir le fecond jour de Mars 559. aiant tenu le faint Siege trois ans & dix LXI. mois. En deux ordinations au mois de DecemMort de bre, il avoit fait vingt-fix Prêtres, neuf Diacres, & quarante-neuf Evêques. Son fucceffeur fut Jean III. furnommé Catellin fils d'Anastase, qui portoit le titre d'illuftre. Il tint le fiege près de treize ans. Quand le Pape Pelage mourut, commençoit à bâtir l'Eglife des Apôtres S. PhiBeda. de 6. lippe & S. Jaques : le Pape Jean l'acheva, & y ar.an.4518. fit peindre plufieurs hiftoires, partie en mofaï8.28. D. que, partie avec des couleurs. Il en fit la dédicace; d'où l'on croit qu'eft venue la fête de ces deux Apôtres, le premier jour de Mai. Le Pape Jean augmenta & rétablit les cimetieres des Martyrs; & ordonna que tous les Dimanches l'Eglife de Latran y fourniroit le pain, le vin, & le luminaire.

Boll..Mai

LXII.

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De fon tems le fameux Caffiodore mourut Caffiodo- dans une extrême vieilleffe. Il étoit de la plus illuftre nobleffe Romaine, né à Squillace en Calabre vers l'an 470. Il fut le principal ministre du Roi Theodoric: conful en 514. Prefet du pretoire fous Athalaric, Theodat & Vitige. Après la chûte de ce Prince, & vers l'an 540. il quitta le monde âgé d'environ foixante & dix ans, & fe retira au monaftere de Viviers, qu'il bâtit dans une de fes terres près du lieu de fa naifDivin.let, fance. La petite riviere de Pelene qui y paffoit

6.29.

arrofoit les jardins, & faifoit tourner les moulins. La mer étoit fi proche, que les Moines y pouvoient aisément pêcher; & on avoit pratiqué dans la montagne des refervoirs pour conferver le poiffon. Il y avoit des fontaines, qui fournif foient de l'eau pour boire & pour les bains, à l'ufage des malades. Is Moines trouvoient touses fortes de commotez fans fortir du monaftere.

ftere. Il y avoit des lampes compofées avec tel .38.
artifice, qu'elles brûloient long-tems, fans qu'on
y touchât, des horloges au foleil & des clepfy-
dres ou horloges d'eau: mais fur tout il
y avoit
une riche bibliotheque. Dans le monaftere de
Viviers étoient des cœnobites; & tout proche
fur la montagne étoit le monaftere de Castel,
pour les Anachoretes : qui après avoir été éprou- c. 194
vez dans la communauté étoient jugez capables
d'une plus parfaite folitude. Ainfi ce monastere
étoit double; & c'eft apparemment par cette
raifon qu'il avoit deux Abbez, Calcedonius & c. 320
Geronce.

Dans cette retraite, Caffiodore composa plu-
fieurs ouvrages. Premierement un commentaire
fur les Pfeaumes. Car aiant commencé à les
goûter, il s'y appliqua entierement: mais y trou-
vant beaucoup d'obfcurité, il eut recours au
commentaire de faint Augustin, & en fit un lui-
même, tiré non-feulement de ce Pere, mais
de plufieurs autres. Enfuite il compofa l'inftitu-
tion des divines Ecritures, qui eft une inftru-
tion à fes Moines, fur la maniere de les étu-
dier, & illa commence ainfi : Voiant avec quelle
ardeur on étudioit les lettres humaines, j'ai été
fenfiblement affligé, de voir qu'il n'y avoit point
de profeffeurs publics des Ecritures divines. Je
m'efforçai de faire avec le Pape Agapit, que l'on
en établit à Rome à frais communs; comme
on dit qu'il y en a eu long-tems à Alexandrie,
&
que les Juifs en ont encore à Nifibe: mais les
guerres & les troubles de l'Italie, aiant rendu
entierement impoffible l'accompliffement de mon
defir j'efpere y fuppléer en quelque façon par
cet ouvrage.

Il veut que l'on entende l'Ecriture fuivant les explications approuvées des Peres: que d'abord on apprenne le pfeautier par coeur, puis qu'on Tome VII.

X

life

Pref.inftit

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