avoient été témoins. L'Eglife honore fa memoiMartyr. R. re le douziéme de Novembre. Ses Reliques font gardées dans le monaftere appellé de fon nom

12. Nov.

24.6.3.

S. Milan de la Cogolla, fitué à trois lieuës de
Najare.

Dans une autre partie d'Espagne & vers la mer Mediterranée vivoit auffi S. Donat, qui pasfoit dans le fiecle fuivant, pour avoir apporté Ild. de vir. le premier en Efpagne l'obfervance & la regle monaftique. Il fut difciple d'un Hermite en Afrique & y gouverna lui-même une grande communauté. Mais voiant le païs menacé de la violence des barbares, foit des Vandales Ariens, foit des Maures Païens, il craignit que fon troupeau ne fût diffipé; s'embarqua & paffa en Efpagne avec environ foixante & dix Moines & grand nombre de livres. Il y fut affifté par une femme illuftre & vertueufe, nommée Mincée ou Minchée, & fonda le monaftere de Servit près de Chative au roiaume de Valence. Il étoit fameux par fes miracles fous l'Empereur Juftin le jeune; & eut pour fucceffeur Eutrope, qui étoit en grande reputation dès la feconde année de MauJoan. Bill. rice. Il fut depuis Evêque de Valence; & on Chr. an. 5. avoit deux lettres de lui, l'une à Licinien EvêJust. & 2.

Maur. Ifid, que de Carthagene, où il lui demandoit pourquoi on donnoit l'onction du Crême aux enfans baptifez l'autre à Pierre Evêque d'Iturbique, Ced. reg. touchant la difcipline monaftique. Nous avons *0.3.p.132. cette derniere: où il répond à ceux qui l'accu

6.32.

VII.

foient de trop de rigueur, en difant qu'il ne fait que maintenir l'ufage qu'il a trouvé dans fon monaftere, & qu'un petit nombre de Moines fervens, vaut mieux qu'un grand nombre de relâchez.

En Gaule le Roi Sigebert incontinent après Lettres de fon avenement à la couronne rappella faint NiTreves, cet Evêque de Treves, que le Roi Clotaire fon

S. Nicet de

pere

pere avoit envoié en exil, parce qu'il l'avoit ex- Greg. vit. communié plufieurs fois pour fes injuftices. Mais .c. 17. Sigebert ne voulut prendre poffeffion de fon roiau- ". 3. me qu'avec les bonnes graces d'un fi grand Evêque, comme il lui en écrivit lui-même. Quelque tems après faint Nicet écrivit à Clodofinde, foeur des Rois François, & époufe d'Alboin Roi des Lombards, à l'occafion des Ambaffadeurs qu'elle avoit envoiés aux Rois fes freres. Il l'ex- to 5. conc.. horte à travailler à la converfion du Roi fon P. 333. époux, qui étoit Arien, & met dans fa lettre plufieurs paffages de l'Ecriture, & plufieurs raifons contre cette herefie : conjurant la Reine de bien lire cette lettre, & de l'expliquer fouvent au Roi. Il finit par un argument plus proportionné à l'esprit des barbares, tiré des miracles qui fe faifoient dans les Eglifes des Catholiques, & non dans celles des Ariens. Il les renvoie à l'Eglife de faint Martin, à faint Germain d'Auxerre, à faint Hilaire, à faint Loup de Troyes, & ajoûte: Que dirai-je de faint Remi & de faint Medard, que vous avez vûs comme je croi. Vous avez ouï dire à vôtre aieule Clotilde d'heureuse memoire, comme elle vint en France, & comme elle convertit le Roi Clovis à la religion catholique. Comme il étoit fort habile il ne voulut point fe rendre qu'il ne connût la verité. Mais aiant vû les preuves de ce que je viens de dire, il fe profterna humblement à la porte de faint Martin, & fe fit baptifer fans delai. Vous fçavez les avantages qu'il eut depuis fon baptême contre les Rois Alaric & Gondebaud, heretiques.

Quelque tems après faint Nicet écrivit à l'Em-to.s.com pereur Juftinien, par un Prêtre nommé Lactan- P.832, ce, qui étoit venu en Gaule vifiter les lieux faints. Dans cette lettre le faint Evêque exhorte fortement l'Empereur, avec toute l'autorité que lui

don

VIII.

Sup.

n.31.

6.39.

4.4.P.557.

donnoient fes vertus, & près de quarante ans d'Epifcopat, à renoncer à l'erreur qu'il avoit embraffée sur la fin de fon regne, & pour laquelle il avoit persecuté de faints Evêques. Il lui declare nettement que toute l'Italie, l'Afrique, l'Espagne & la Gaule anathématifoient fon nom.

Saint Nicet mourut peu de tems après, & eut pour Succeffeur dans le Siege de Tréves, faint Magneric fon difciple, qui fonda un monaftere en l'honneur de faint Martin de Tours, au même lieu où ce Saint avoit établi une Eglise; & ce monaftere fubfifte encore. Saint Magneric éleva dans fon clergé faint Gaugeric, depuis Evêque de Cambrai.

L'erreur de l'Empereur Juftinien, fur laquelle Erreur de faint Nicet lui écrivit, étoit celle des IncorrupJuftinien. tibles, rejettons des Eutyquiens: qui lui fut XXXII. infpirée par quelques Origeniftes, & principalement comme l'on croit par Theodore de Cappadoce. C'eft où aboutit enfin l'inquiétude de Evagr. IV. P'Empereur, & fa curiofité fur la religion. Il dreffa donc un édit, où il disoit, que le corps Vita fant de JESUS-CHRIST étoit incorruptible: c'eftEutych. ap. à-dire, que dès qu'il fut formé dans le fein de Bol.6.Apr. fa fainte Mere, il n'étoit fufceptible d'aucun changement ni d'aucune alteration, pas même par les paffions naturelles & innocentes, comme la faim & la foif. Enforte qu'avant fa mort il mangeoit fans befoin, comme après fa refurreEtion. Juftinien voulut que tous les Evêques approuvaffent cette doctrine, & s'efforça même d'y attirer fix Evêques Africains, qu'il avoit fait venir à C.P. l'an 564., trente-huitiéme de Victor Tan. fon regne. Ils étoient tous grands défenfeurs Chr. in fine. des trois chapitres, entre autres Victor de Tunone. Mais ils lui refifterent en face, auffi-bien qu'au Patriarche Eutyquius, qu'ils regardoient comme heretique, parce qu'il avoit prefidé à

la

la condamnation des trois chapitres. Auffi furent-ils separez les uns des autres, & enfermez AN. 565. en divers monafteres de C. P.

Au refte le faint Patriarche Eutyquius refifta fortement à l'erreur de l'Empereur car quand il lui presenta fon édit pour le foufcrire, il le refufa, en lui remontrant que ce n'étoit point la doctrine des Apôtres. De cette opinion, difoit-il, s'enfuit neceffairement que l'Incarnation n'a été qu'imaginaire. Car comment un corps incorruptible a-t-il été circoncis ou nourri du lait de fa mere? Comment a-t-il pû fur la croix être percé par les cloux & par la lance? On ne peut le nommer incorruptible, qu'en ce qu'il n'étoit fouillé d'aucune tache du peché, & ne fut point corrompu dans le fepulcre.

IX.

Exil de

Saint Eutyquins aiant fait tous fes efforts pour defabuser l'Empereur ceux qui lui infpiroient S. Eutycette erreur, lui perfuaderent auffi de le chaffer quius. de fon Siege. Donc le jour de faint Timothée vingt-deuxième de Janvier l'an 565.; comme le Patriarche celebroit le faint Sacrifice dans le Palais d'Hormifdas, un tribun vint avec des foldats fe faifir de la maifon patriarcale. On prit fes domeftiques, & on les fepara les uns des autres, pour les obliger à dépofer contre lui: afin de le condamner avec quelque vrai-semblance. Après qu'il eut achevé le Sacrifice, il demeura dans le fanctuaire, étant averti que s'il en fortoit, il feroit en danger de fa vie : il se tint devant l'autel en fes habits ordinaires, & pria pour l'Eglife, jufques à la troifiéme heure de la nuit. Puis il prit un peu de nourriture & de repos; & un Officier nommé Etherius, vint avec une troupe de gens armez, & l'emmena dans le monaftere nommé Choracudis, dépouillé de tout, excepté de fon pallium, qu'il portoit toûjours, & qu'Etherius ne voulut point c. 8. .77

lui ôter, quoique quelques Clercs l'en follicitaflent. AN. 565. Mais comme il étoit fort mal, à caufe de la pauvreté de ce monaftere, on le transfera le lendemain à celui d'Hofias.

Theoph. an. Cependant on ordonna à fa place Patriarche 38 p. 203. de C.P. Jean le Scholaftique Syrien, apocrifiaire Evagr. IV. d'Antioche; & huit jours aprés aiant affemblé 38.

quelques Evêques, on cita devant eux faint Eutyquius, pour fe défendre fur les requêtes prefentées contre lui où il étoit accufé de fe fervir d'onctions, de manger des viandes délicates, & de prier long-tems à genoux, peut-être les Dimanches; & d'autres crimes femblables. Il fut cité trois fois, pour garder les regles, & répondit toûjours: Si on me juge canoniquement, fi on me rend mon clergé & ma dignité, j'irai, je prendrai mes accufateurs mêmes pour témoins. Ils le condamnerent par défaut, & lui de fon côté les prévint, en déclarant qu'ils avoient encouru les peines canoniques. Enfuite on le transfera à l'île nommée Principe dans la Vita fandt. Propondide puis on le conduifit à Amafée méEutych.c.s. tropole du Pont, dans le monaftere qu'il avoit autrefois gouverné. Il y demeura douze ans, & y fit plufieurs miracles."

n41.

X.

Tous les Patriarches & plufieurs Evêques reSaint Ana- fuferent de fouferire à l'édit de l'Empereur, & ftafe d'An- lui refifterent dans les conciles & par des écrits Evagy. IV. particuliers. Quant aux Evêques d'Orient, lorfque

tioche.

6.33.

l'Empereur demanda leur foufcription, ils s'en défendirent, en difant qu'ils fuivoient l'exemple d'Anaftafe Evêque d'Antioche. Il avoit fuccedé peu de tems auparavant à Domnin, & n'étoit pas moins eftimable par fa vertu que par fa doctrine. Il étoit très-ferme dans les chofes effentiel5. 40. les de la religion fans negliger les plus petites : affable fans foibleffe, pour ceux qui ne lui convenoient pas, & fevere fans être inacceffible. Il

écou