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ne,

V. Coint.

miers étoient Archevêques de Lion, de Viende Sens & de Bourges; & il y en a fept 583. m. 12. qui font honorez comme Saints. En ce concile Ibid. n. 43. on fit dix-neuf canons, dont voici les plus remarquables. Défense aux Clercs de porter des Can. 5. `armes, ou l'habit & la chauffure des feculiers, fous peine de trente jours de prifon, au pain & à l'eau. Défense aux Juges feculiers, fous peine d'excommunication, de pourfuivre aucun Clerc ou le faire emprisonner, excepté pour crime: c'eft-à-dire, homicide, larcin ou malefice. Dé- .8. fenfe aux Clercs de s'accufer ou fe poursuivre l'un l'autre devant le Juge feculier, fous peine aux moindres Clercs de trente-neuf coups de difcipline aux Clercs majeurs de trente jours de prifon. Tous leurs differends doivent être terminez par l'Evêque, les Prêtres ou l'Archidiacre. Les Clercs doivent fe trouver les jours de fête auprès de l'Evêque, pour lui rendre leur fervice. Depuis la faint Martin jufques à Noël, on doit jeûner le lundi, le mercredi & le vendredi; ces jours-là celebrer le facrifice comme en Carême, c'est-à-dire, le foir, & lire les canons, afin que perfonne ne prétende les ignorer. On croit que ce jeûne ne regardoit que les Clercs, & on y voit l'origine de l'Avent.

fit

La même année 583. vingt-deuxième de Gon- to. 5. p.973. tran, fut tenu un Concile à Lion, que l'on compte pour le troifiéme. Prifque Evêque de Lion y prefida, & il y affifta en tout huit Evêques, avec douze députez des abfens. On y fix canons dont le fecond recommande aux Evêques, d'ufer de précaution dans les lettres de recommandation qu'ils donnent aux captifs, Can. 5. & d'y mettre la date & le prix de la rançon. Il eft défendu aux Evêques de celebrer hors de leur Eglife, les fêtes de Noël ou de Pâque, excepté les cas de maladie ou d'ordre du Roi. Les lé- c.6.

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hift.c.45.

preux de chaque cité & de fon territoire, doivent être nourris & entretenus aux dépens de l'Eglife, par les foins de l'Evêque, afin qu'ils ne foient pas vagabons. C'eft ce qui fe paffoit fous le regne de Gontran.

XI. Le Roi Chilperic voulut fe mêler auffi de la Vanité de religion, mais bien plus avant ; & fit un écrit Chilperic. Greg. V. Pour ordonner, que l'on nommât la fainte Trinité fimplement Dieu, fans distinction de perfonnes. Difant qu'il étoit indigne de Dieu de lui donner le nom de perfonne, comme à un homme corporel & foutenant que le même eft Pere, Fils & Saint-Efprit. Après avoir fait lire cet écrit à Gregoire de Tours, il lui dit : Je veux que vous croïez ainfi, vous & les autres, qui enfeignent dans les Eglifes. Gregoire lui répondit: Seigneur, quitez cette créance, & fuivez celle que les Docteurs nous ont enfeignée après les Apôtres, comme faint Hilaire & faint Eufebe. 11 entendoit celui de Verceil: croiez ce que vous avez vous-même confeffé au baptême. Le Roi lui dit en colere: Je fçai bien qu'Hilaire & Eufebe font mes plus grands ennemis en cette matiere. Vous devez craindre, reprit Gregoire, d'offenfer Dieu ni fes Saints. Ce n'eft pas le Pere qui s'eft incarné : ni le SaintEfprit; c'eft le Fils c'eft lui qui a souffert, & non pas le Pere ou le Saint-Efprit; & cette distinction de perfonnes ne s'entend pas corporellement comme vous penfez, mais spirituelle

ment.

Le Roi toûjours irrité, lui dit : Je m'expliquerai à de plus habiles gens que vous, qui feront de mon avis; & peu de jours après faint Salvius d'Albi étant venu, il lui fit lire le même écrit. Le faint Evêque en eut tant d'horreur, que s'il avoit pû atteindre au papier il l'eût déGreg. VI. chiré; & le Roi voiant la resistance des Evêc. ult

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ques, quita fon deffein. Il fit auffi des hymnes & des meffes, qui ne furent point approuvées. Il compofa d'autres livres en vers, à l'imitation de Sedulius mais il n'y obfervoit pas la quantité des fyllabes. Il voulut ajoûter quatre lettres à l'alphabet, & il envoia des ordres par toutes les villes de fon roiaume, pour faire inftruire ainsi les enfans, & faire corriger les anciens livres, fuivant cette nouvelle ortographe: mais elle ne fut pas fuivie. Chilperic médifoit volontiers des Evêques, & les tournoit en ridicule en fon particulier. Il fe plaignoit qu'il n'y avoit qu'eux qui regnoient, & qui s'attiroient toute L'autorité, & que l'Eglife poffedoit toutes les richeffes.

&

Saint Salvi, car c'eft fous ce nom qu'il eft plus connu, après avoir long-tems vécu dans le fiecle, & pourfuivi les affaires temporelles avec les Juges, fans toutefois s'abandonner aux vices de la jeuneffe; quitta le monde par le défir d'une plus grande perfection, & entra dans un monaftere, où il vécut long-tems, & en fut élu Abbé. Alors il conçut un plus grand amour pour la retraite & la mortification, & s'enferma entierement après avoir dit adieu à fa communauté. Il ne laiffoit pas de répondre aux étrangers qui le venoient voir, de prier pour eux, leur donner des eulogies, qui fouvent gueriffoient les malades. Etant attaqué d'une groffe fiévre, il paffa pour mort on le lava, on le revêtit, on le mit fur un brancard, & on paffa la nuit à prier auprès de lui. Le lendemain matin, on le vit remuer, il parut s'éveiller d'un profond fommeil, il ouvrit les yeux, & levant les mains au ciel, il dit: Ah, Seigneur, pourquoi m'avez-vous renvoié en ce féjour tenebreux? I fe leva entierement guéri fans vouloir parler: mais trois jours après il ra

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XLI.

S. Salvi. Greg. VII.

C. La

conta comme deux Anges l'avoient enlevé au ciel où il avoit vu la gloire du Paradis, & avoit été renvoié malgré lui, pour vivre encore fur la terre. Gregoire de Tours prend Dieu à témoin, qu'il avoit appris cette hiftoire de fa propre bouche & on peut croire que dans le tems qu'il parut mort, il vit ces merveilles, foit en fonge, foit en vifion furnaturelle.

Long-tems après faint Salvi fut tiré de fa cellule, & ordonné malgré lui Evêque d'Albi. Au bout d'environ dix ans, la ville fut affligée d'une maladie contagieufe mais il ne quitta point fon troupeau, quoique reduit à un petit nombre, & ne ceffoit point d'exhorter les malades à fe preparer à la mort. Il étoit fi defintereffé, que fi on l'obligeoit à recevoir de l'argent, il le donnoit auffi-tôt aux pauvres. Il Greg.VIII. mourut vers l'an 584., & eut pour Succeffeur Defiré. L'Eglife honore faint Salvi le dixiéme Martyr. de Septembre.

6.22.'

10. Septem.

ne,

Le Roi Chilperic fit mourir un Seigneur nom. mé Dacco, par la perfidie du Duc Dracolen: qui aiant furpris Dacco le mena au Roi à Brai& contre fon ferment lui perfuada de lui ôter la vie. Dacco voiant qu'il ne pouvoit éviter la mort, demanda la penitence à un Prêtre à l'infçu du Roi; & l'aiant reçue il fut executé. On voit ici la confeffion à l'article de la mort, & la penitence fecrette: car Dacco n'étoit plus Greg. V. en état d'accomplir une penitence publique. On c. 16. Ma- voit auffi que l'on n'accordoit pas la penitence bill. praf.in facramentelle à ceux qui étoient condamnez à 1. obf. 14. mort, puifqu'il falut la cacher au Roi, & cet ufage a duré long-tems depuis.

Sac.3.part.

n. 98.

XLII. Le Roi Chilperic ajant appris que Leudafte Concile de Comte de Tours avoit fait beaucoup de mal aux Braine. Eglifes, & au peuple, l'ota de cette charge, & Leudafte, ennemi depuis long-tems de l'Evêque

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Gregoire, l'accufa de vouloir livrer la ville au Roi Childebert. Comme Chilperic ne le crut pas, il ajoûta que Gregoire difoit, que la Reine Fredegonde commettoit adultere avec Bertran Evêque de Bourdeaux. Le Roi Chilperic irrité, fit battre Leudafte à coups de poing & de pied, le chargea de chaînes, & le mit en prifon. Toutefois il fit affembler les Evêques à Braine, à trois lieuës de Soiffons, & y fit venir Gregoire & Bertran. Le Roi y vint lui-même, & aiant falué les Evêques & reçu leur be- " so nediction, il s'affit. Alors l'Evêque Bertran interpella Gregoire, comme fon accufateur. Gregoire nia qu'il eût ainfi parlé de la Reine & de lui avouant toutefois qu'il l'avoit ouï dire à d'autres.

Le Roi dit aux Evêques : Comme mon honneur eft intéreffé en cette caufe, fi vous croiez que l'on doive entendre des témoins contre un Evêque, les voici tous prêts: fi vous croiez qu'il s'en faille rapporter à fa confcience, ditesfe: je fuis prêt de vous écouter. Le principal témoin étoit le Soûdiacre Riculfe, à qui Leudafte avoit fait efperer l'évêché de Tours. Les Evêques admirerent tous la moderation du Roi, & dirent: On ne doit pas croire un inferieur contre un Evêque; & l'on convint, que Gregoire après avoir dit la Meffe fur trois autels, fe purgeroit par ferment; & quoique cette maniere de fe juftifier fût contraire aux canons, la pratiqua à caufe de l'interêt du Roi : c'est ainfi qu'en parle Gregoire lui-même. Les Evêques vinrent enfuite trouver le Roi, & lui dirent: L'Evêque Gregoire a accompli tout ce qui avoit été ordonné: vous devez maintenant être excommunié avec Bertran, accufateur de fon confrere. C'eft que Gregoire étant justifié, ils demeuroient convaincus de calomnie. Moi, A a 5

on

dit

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