vertirent à fon exemple: mais Athalocus Evêque Arien en mourut de regret.

AN. 589.

La converfion de Recarede caufa toutefois quelques mouvemens, qu'il fut obligé de reprimer. Dès la feconde année de fon regne un Evê- Jo. Bicl. que Arien nommé Sunna avec Seggon & quelques autres voulurent fe revolter: mais ils furent découverts on envoia Sunna en éxil, & on bannit auffi Seggon en Galice, après lui avoir coupé les mains. La troifiéme année on découvrit une autre conjuration de l'Evêque Uldila & de la Reine Gosvinte, belle mere de Recarede. Elle avoit feint de fe joindre à fes interêts; & même d'être catholique auffi-bien qu'Uldila: mais on reconnut qu'ils faifoient femblant de prendre la communion, & la jettoient. Uldila fut envoié en éxil; & Gofvinte toûjours ennemie des Catholiques mourut dans le même

tems.

:

Troifiéme concile de

Pour affermir la converfion des Goths, le Roi LVI. Recarede affembla à Tolede un Concile de tous les païs de fon obéiffance, où se trouverent de Tolede. foixante & douze Evêques : fçavoir cinq Métro to. 5. conce politains Euphemius de Tolede, pour la Car- p.589. petanie faint Leandre de Seville, pour la Betique: Migetius de Narbone, pour la Gaule: Pantard de Brague, pour la Galice. Il y avoit foixante & quatre Evêques prefens, & les deputez des autres. Quand ils furent tous à Tolede, le Roi les exhorta à fe preparer au Concile par les jeûnes, les veilles & les prieres. On ordonna donc un jeûne de trois jours, après lefquels le Con-cile s'affembla le fixiéme jour de Mai, la quatriéme année du regne de Recarede, Ere 627., c'eft-à-dire l'an 589. Le Roi y étoit prefent; & d'abord il fit lire fa profeffion de toi touchant le myftere de la Trinité, où il declare, qu'il veut ramener tous fes fujets à la même créance. Vous Bb 6:

avez

avez ici, dit-il, l'illuftre nation des Goths, qui AN. 589. bien qu'elle ait été jufques à prefent feparée de l'Eglife univerfelle, par la malice de fes Docteurs y revient maintenant avec moi de tout fon cœur. Vous avez auffi la nation très-nombreuse des Sueves, qui aiant été entraînée par d'autres dans l'herefie, a été ramenée à la verité par nos foins. J'offre ces peuples par vos mains, comme un facrifice agréable à Dieu : c'est à vous à les inftruire dans la doctrine catholique. Enfuite il reprend fa confeffion de foi, en declarant qu'il anathématife Arius, fa doctrine & fes complices qu'il reçoit le concile de Nicée, le concile de C. P. contre Macedonius, le premier concile d'Ephese contre Neftorius, & le concile de Calcedoine contre Eutychés & Diofcore; & en general tous les Conciles orthodoxes, qui s'accordent avec ces quatre. Recevez, dit-il, cette declaration de nous & de nôtre nation, écrite & confirmée de nos foufcriptions, & la gardez avec les monumens canoniques pour être à l'avenir un témoignage devant Dieu & devant les hommes contre celui qui voudroit s'en dédire.

Enfuite étoient inferées les définitions des quatre Conciles generaux : puis les foufcriptions du 1002. C. Roi Recarede & de la Reine Baddo fon épouse, fur lefquelles le Concile fit plufieurs acclamations de joie rendant gloire à Dieu pour cette heureuse réunion, & fouhaitant au Roi la gloire 8.1000. prefente & la couronne éternelle. Puis par ordre du Concile un Evêque catholique dit aux Evêques & aux autres nouveaux convertis : Nous fommes obligez par nôtre devoir & par l'avertiffement du Roi, de vous demander ce que vous condamnez dans l'herefie, & ce que vous croiez dans l'Eglife catholique : afin qu'il paroiffe que vous êtes veritablement fes membres, en

con

condamnant l'herefie Arienne avec tous fes dogmes, fes offices, fa communion, fes livres. AN. 589. Alors les Evêques convertis, avec leurs Clercs & les principaux de la nation des Goths, répondirent tous d'une voix : Quoique nous aions déja fait ce que vous defirez, dans le tems de nôtre. converfion : nous fommes prêts de le faire encore : & de confeffer tout ce que vous nous avez montré être le meilleur.

c. 16.

Enfuite on prononça vingt-trois articles, avec anathême contre les principales erreurs des Ariens en particulier. On y recevoit entre autres la foi Can. 11. des quatre Conciles on y rejettoit le libelle Sup. n. 44. compofé la douzième année du Roi Levigilde, . 17. c'est-à-dire, le decret du conciliabule de Tolede: on rejettoit nommément le concile de Rimini, le grand fort des Ariens. Enfuite les nouveaux p. 1008. convertis foufcrivirent. Premierement, huit Evêques, dont les noms barbares montrent affez qu'ils étoient Goths: puis les Prêtres & les Diacres, puis les Seigneurs. Après quoi le Roi propofa de regler la difcipline; & on fit vingt-trois canons ? pour reparer les breches que l'herefie avoit faites en fomentant tous les defordres.

6. I.

On ordonne d'abord en general l'obfervation de tous les anciens canons, & des épîtres fynodales des Papes. Sans préjudice de ces faintes loix, qui ordonnent deux Conciles tous les ans ; . 18. & attendu la longueur du chemin, & la pauvreté des Eglifes d'Efpagne, on ordonne que les Evêques s'affembleront une fois l'année au lieu choifi par le Métropolitain & que les Juges des lieux & les Intendans des domaines du Roi, fe. trouveront au Concile le premier jour de Novembre, pour apprendre la maniere dont ils doivent gouverner les peuples, de la bouche des Evêques, qui leur font donnez pour inspecteurs. Avant que le Concile fe fepare, on marquera le

lieu du fuivant: afin que le Métropolitain ne foit AN. 589. pas obligé d'envoier des lettres de convocation.

6.3.

Pour fortifier la foi des peuples, on leur fera chanter à la Messe le Symbole du concile de Conftantinople, à l'imitation des Eglifes Orientales. 1.5. Les Evêques, les Prêtres & les Diacres Ariens vivoient maritalement avec leurs femmes. Li Concile le défend à ceux qui font convertis : leur ordonnant de fe feparer de chambre, & même de maifon, s'il fe peut. On fera toûjours lecture 7. de l'Ecriture fainte à la table des Evêques. Les Clercs ne poursuivront point leurs confreres de4.13. vant les Juges feculiers: fous peine de perte de

la caufe, & d'excommunication. Les Eglifes 1. 9. nouvellement converties de l'Arianifme, appar

tiendront avec leurs biens à l'Evêque diocefain. 6.3. Défense aux Evêques d'aliener les biens de leurs 1.4. Eglifes: toutefois fi un Evêque veut deftiner une Eglife de fon diocese pour y établir un mo naftere, il le peut, du confentement du Concile. 4.19. L'Evêque aura la difpofition de tous les biens de l'Eglife, fans que les Fondateurs puiffent la lui 10. ôter. Mais il n'eft point permis à l'Evêque de charger les Prêtres & les Diacres de courvées ou d'impofitions nouvelles, au delà des anciens droits des Evêques fur les paroiffes..

1.6.

Les affranchis de l'Evêque, ou ceux qui font recommandez à l'Eglife, feront fous la prote1.3. &tion des Evêques. Les Clercs qui ont été tirez des familles fifcales, demeureront attachez à leur Eglife, en paiant leur capitation: fans que perfonne puiffe les revendiquer, fous pretexte de . 15. donation du Prince. Si un ferf fifcalin a fondé & doté une Eglife, l'Evêque en procurera la f. 11. confirmation du Prince. Défense aux Juges &

aux Intendans, d'impofer des courvées aux ferfs .10. des Eglifes, des Evêques, & des Clercs. Détenfe de contraindre les veuves ou les filles à fe marier.

Tou

Touchant les penitens, le Concile parle ainfi: Nous avons appris qu'en quelques Eglifes AN. 589. les pecheurs font penitence, non felon les canons, mais d'une maniere très-honteufe: enforte qu'ils demandent au Prêtre de les reconcilier, toutes les fois qu'il leur plaît de pecher. Pour reprimer une entreprise fi execrable, le Concile ordonne , que celui qui fe repent de fon peché, foit premierement fufpendu de la communion, & vienne fouvent recevoir l'impofition des mains avec les autres penitens. Après avoir accompli le tems de la fatisfaction, il fera rétabli à la communion, fuivant que l'Evêque jugera à propos. Mais ceux qui retombent dans leurs pechez pendant le tems de la penitence, ou après la reconciliation, feront condamnez fuivant la feverité des anciens canons. C'est-à-dire, qu'ils ne feront plus reçus à la penitence. Pour prévenir les rechûtes, l'Evêque 12, ou le Prêtre, avant que d'accorder la penitence, commencera par couper les cheveux à celui qui la demande, fi c'est un homme, ou lui faire changer d'habit, fi c'eft une femme.

Aux enterremens des Chrétiens on fe conten-, 22, tera de chanter des pfeaumes, pour marquer l'efperance de la refurrection: fans chanter des cantiques funebres, ou fe frapper la poitrine : 13. c'eft que ces marques de deuil fentoient le paganifme. On retranchera des folemnitez des Saints, les danfes & les chanfons impures: il faut fe fouvenir que c'eft en Espagne. Il eft ordonné 16 d'abolir par toute l'Efpagne & la Gaule, tous les reftes d'idolâtrie, joignant l'autorité temporelle avec la spirituelle. On défend fur tout très- c. 17. expreffément aux peres, de faire mourir les enfans, qui font le fruit de leur débauche, & dont Sup. liv. ils fe trouvent furchargez : qui étoit un refte III. n. 40, des mœurs païennes. Défense aux Juifs d'exer- c. 14.

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