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cer des charges publiques, d'avoir des efelaves AN. 589. Chrétiens, ou d'époufer des Chrétiennes ; & s'ils p. 1018. en ont des enfans on les fera baptiser. En ce concile de Tolede que l'on compte pour le troifiéme, faint Leandre fit un fermon fur l'heureux changement de l'Eglife d'Espagne : qui fe trouvoit libre après une fi rade persecution, & 8. 1015. voioit tous ses enfans réunis, Le Roi Recarede fit une ordonnance pour la confirmation des decrets de ce Concile, fous peine d'excommunication pour les Clercs pour les Laïques, de confifcation de biens ou même d'éxit, suivant la qualité des perfonnes.

LVII. En execution du concile de Tolede, les EvêConcile de Narbo- ques de la partie des Gaules qui obéïffoient aux Goths, s'affemblerent à Narbone le premier to. 5.cone. jour de Novembre, la même année 589. qua2.1028, triéme de Recarede. Ils étoient huit en tout :

ne.

fçavoir, Migece Evêque de Narbone Metropolitain, Sedatus de Beziers, Benenatus d'Elne, Boëce de Maguelone, Pelage de Nîmes, Tigride d'Agde, Serge de Carcaffone, Agrippin de Lodeve. Ils avoient tous affifté au concile de Tolede en perfonne ou par leurs deputez. En ce concile de Narbone ils firent quinze canons, dont voici les difpofitions les plus remarqua

bles.

Can.. On chantera Gloria à la fin de chaque Pfeau.4. me, & à chaque divifion des grands Pleaumes.

Sans doute on regardoit cette priere comme une profeffion de foi abregée contre les Ariens. Tout homme libre ou efclave, Goth, Romain, Syrien, Grec ou Juif, s'abftiendra de tout travait le dimanche: fous peine à l'homme libre de paier fix fous d'or, à l'efclave d'avoir cent coups de fouet. On voit ici les nations qui se trouvoient dans cette partie des Gaules. Les Goths font nommez les premiers comme maîtres :

les

les Romains font les anciens habitans, les SyAN. 589. riens & les Grecs, les étrangers qui venoient y trafiquer. Les peines temporelles marquées dans : 9.14. ce canon & dans quelques autres, montrent que les Juges feculiers affiftoient au concile: comme il avoit été ordonné par le dix-huitiéme ca non du concile de Tolede.

Aucun Prêtre ni Diacre ne fortira du fanctuai- «. 12) re pendant qu'on celebre la Meffe; & avant qu'elle foit achevée, aucun Diacre, Soûdiacre ou Lecteur ne fe dépouillera de l'aube. On voit ici l'ufage de l'aube pour tous les Clercs, mais pendant le service feulement. Les Soûdiacres, 131 les Portiers & les autres Clercs, rendront fidélement leur fervice, & tireront la portiere à leurs anciens. J'appelle ainfi les rideaux qui étoient aux portes des Eglifes. La peine eft pour les Soûdiacres, privation de leurs gages, & pour les autres le fouet. Les Clercs obeïront à leurs .10. Evêques, en se rendant aux lieux où ils les ont deftinez pour fervir. Il y a plufieurs canons en c. 5.7. ce concile pour reprimer la defobéiffance des Clercs, & leur peu de foumiffion. Il est défen- c. 11. du d'ordonner un Prêtre ou un Diacre qui ne fcache pas lire. Défense aux Clercs de porter . 1. des habits de pourpre, ou de s'arrêter à causer c. 3. dans les places publiques. Les Abbez des mona- c.6. fteres où les Clercs font mis pour être corrigez, les doivent faire vivre en penitence. Défenfe à c. 14. = qui que ce foit de confulter les devins ou for#ciers: ceux qui fe difent tels, feront fuftigez & 3 vendus, & le prix donné aux pauvres. Défenfe .15. de fêter le jeudi, comme confacré à Jupiter.

Au mois de Juin de la même année 589. il LIII y eut un concile à C. P. en la caufe de Gregoi-Gregoire dre patriarche d'Antioche. Afterius Comte d'orient étant entré en differend avec lui, avoit at- Evagr. VI, tiré à fon parti les premiers de la ville & le petit . 7.

peuple:

che.

peuple enforte que l'on difoit des injures i AN. 589. Evêque par les rues, & jufques fur les thea tres. Le Comte Jean fucceffeur d'Afterius fut chargé par l'Empereur d'examiner ce differend: mais il augmenta le defordre, en affichant publiquement, que fi quelqu'un vouloit accuser P'Evêque, il recevroit fa plainte. Il reçut en effet des libelles, qui chargeoient l'Evêque d'avoir commis adultere avec la propre fœur, & ďa voir fouvent troublé la tranquillité de la ville. Gregoire offrit de fe défendre devant le Comte d'Orient fur ce dernier chef: fur les autres il appella à l'Empereur, & au concile. Il alla donc

C. P. menant avec lui pour lui fervir de confeil Evagre fcholaftique, c'eft-à-dire Avocat, qui raconte ce fait dans fon hiftoire ecclefiaftique. Tous les Patriarches affifterent à ce jugement en perfonne, ou par leurs députez le Senat y affifta auffi & plufieurs Métropolitains ; & la cause aiant été examinée, après plufieurs féances, Gregoire fut renvoié abfous; & l'accufateur fouetté Valef. in par la ville & banni. On peut remarquer ici que Evagr. Gregoire étant accufé d'incefte par un Laïque, appelle à l'Empereur & au Concile : qu'il eft jugé par le Senat avec les Evêques, & que le Senat eft nommé après les Patriarches, mais avant les Métropolitains.

Evagr. VI.

6.8.

hic.

Quatre mois après ce voiage de l'Evêque Gre goire, le dernier jour d'Hyperberetée, l'an 637. V. Valef d'Antioche: c'eft-à-dire, le trente-uniéme d'Oc tobre 589., il arriva encore un tremblement de terre à Antioche où il perit environ foixante mille perfonnes, & entre autres le Comte Afte Evagr. VI. rius; mais l'Evêque Gregoire s'en fauva. Peu de tems après l'Empereur le chargea de ramener i fon devoir l'armée d'Orient, qui s'étoit revoltée. On fçavoit le credit qu'il avoit fur elle parce qu'il avoit donné le l'argent aux uns, aux autres

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des

des habits & des vivres, forfqu'ils paffoient chez lui, étant nouvellement enrollez. Il affembla donc les principaux de l'armée à Litarbe, à trois cens ftades ou quinze lieuës d'Antioche; & quoi qu'il fût incommodé, il leur parla de fon lit fi fortement, accompagnant fon difcours de beau- 6, 12, 13. coup de larmes, qu'il les changea en un moment. Ils demanderent à fortir pour déliberer ensemble, puis ils vinrent lui dire qu'ils fe remettoient entre fes mains. Il leur propofa de demander Philippique pour general, fuivant l'intention de l'Empereur: mais ils dirent, que toute l'armée étoit engagée par de grands fermens à ne le pas recevoir. Gregoire leur dit fans hefiter: Je fuis Evêque par la mifericorde de Dieu, j'ai le pouvoir de lier & de délier fur la terre & au ciel; & il leur cita les paroles de JESUS-CHRIST, VOUlant dire qu'il pouvoit les abfoudre de leur ferment. Les foldats y confentirent: il fit des prieres pour les reconcilier à Dieu, puis il leur donna le corps de Nôtre-Seigneur; & aiant fait étendre fur l'herbe des nattes où ils s'affirent, il les traita tous à fouper, quoiqu'ils fuffent au nombre de deux-mille. C'étoit le lundi de la femaine fainte, & il s'en retourna le lendemain. Il fit auffi-tôt venir Philippique, qui étoit à Tarfe quand il fut arrivé à Antioche, les foldats fe mirent à genoux devant lui, prenant pour interceffeurs ceux qui venoient de recevoir le baptême. Ils marcherent enfuite fous fa conduite contre les Perfes, & l'Empereur Maurice voulut que l'Evêque Gregoire allât à l'armée.

Le concile de C. P. où Gregoire d'Antioche fut juftifié, fervit de pretexte au Patriarche Jean le jeûneur pour prendre le titre d'Evêque univerfel. Mais fi-tôt que le Pape Pelage l'eut ap- Greg. IV. pris, il envoia des lettres, par lefquelles, de l'au- epift.35.384 torité de faint Pierre, il caffa les actes de ce

con

concile; & défendit au Diacre qui étoit fon Nonce auprès de l'Empereur, d'affifter à la Meffe avec Lib. II. Jean. C'étoit Laurent Archidiacre de l'Eglife epift. Greg. Romaine, depuis déposé par faint Gregoire, à qui il avoit fuccedé en la nonciature de Conftantinople.

init,

LIX.

lage aux

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Les Evêques d'Iftrie demeuroient toûjours Lettre du dans le fchifme, pour la défense, des trois chaPape Pepitres; & leur chef étoit Elie Patriarche d'AquiEvêques lée, refident à Grade. Le Pape Pelage fut longd'Iftrie. tems fans leur écrire, à caufe des hoftilitez des Lombards: mais l'Exarque Smaragde aiant fait la paix, le Pape écrivit à ces Evêques une preEpift. s. miere lettre, pour les exhorter å se réunir à som.5.conc. l'Eglife. Saint Pierre, dit-il, a reçu le comman8.940. dement de confirmer fes freres, & il lui a été Luc.XXII. promis que fa foi ne manqueroit point : mais

32.

pour lever les mauvaifes impreffions, que l'on pourroit vous avoir donées de la nôtre : fçachez, que c'eft celle du concile de Nieée : du concile de C. P. fous Theodofe du premier concile d'Ephefe, auquel a prefidé nôtre predeceffeur Celeftin & Cyrille d'Alexandrie: celle du concile de Calcedoine, où le Pape Leon de fainte memoire a préfidé par fes Legats ; & que nous recevons en tout fa lettre à Flavien.

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que

Cette lettre du Pape Pelage fut envoiée par Redemptus Evêque, & Quodvultdeus Abbé du monaftere de faint Pierre de Rome. Les Evêques d'Iftrie répondirent par un écrit, où ils n'entroient dans aucun examen foutenant la queftion étoit décidée : & leurs députez ne Epift. 6. voulurent recevoir aucun éclairciffement. Sur P.644. quoi le Pape Pelage leur écrivit une feconde lettre, où il fe plaint de ce procedé ; & répondant à l'autorité de faint Leon, dont ils vouloient fe prevaloir, il montre qu'il n'a approuvé le concile de Calcedoine, que quant à la definition de

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