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garde de l'Evêque de Thaffalonique: qui n'aiant point voulu condamner le nom d'Acace après AN. 494été averti plusieurs fois, avoit enfin été retranché de la communion du faint Siege. Ne croiez pas, ajoûte-t-il, ce que l'on vous dit, qu'Acace a été abfous. Il eft mort condamné, & il ne nous eft plus permis de juger de celui qui a comparu au jugement de Dieu. Ne croiez pas non plus ceux qui difent, qu'il ne s'agit ici que des mœurs & non de la religion; & que le faint Siege a du reffentiment, de ce qu'il croit avoir été méprifé par Acace. Vous voiez qu'il s'agit d'introduire l'herefie avec les noms des Heretiques; & le faint Siege a fi peu de reffentiment, qu'il eft prêt de recevoir à bras ouverts tous ceux qui l'ont meprifé, s'ils reviennent fincerement à la Communion catholique. La lettre eft du troifiéme d'Août, fous le confulat d'Afterius & de Prefidius, en 494

Le Pape Gelafe reçut enfuite des lettres des mêmes Evêques où ils paroiffent touchez de cette objection des Schifmatiques, qu'Acace n'étoit pas legitimement condamné, ne l'aiant point été dans un concile tenu exprès : vû principalement qu'il étoit l'Evêque de la ville imperiale. Le Pape leur répondit par une grande lettre, où Ep. 13. il traite à fond toute l'affaire d'Acace. Parcou-P. 1199. rez, dit-il, ce qui s'eft paffé depuis les Apôtres, & vous verrez que nos Peres les Evêques catholiques, aiant une fois condamné en concile chaque herefie, ont voulu que ce qu'ils avoient decidé demeurât inébranlable: fans permettre, qu'il fût remis en queftion: prévoiant très-fagement, qu'autrement il n'y auroit rien de folide dans les jugemens de l'Eglife. Car quelque manifeste que foit une verité, l'erreur ne manque jamais d'objections étant foûtenue par l'opiniâtreté, au défaut de la raison. Ils ont donc jugé suffifant, p. 12004

de

de condamner l'herefie avec fon auteur; & de AN. 495. declarer, que quiconque à l'avenir communiqueroit à la même erreur, feroit compris dans la premiere condamnation. Ainfi Sabellius a été condamné dans un Concile : ainfi les Ariens au concile de Nicée : ainfi Eunomius, Macedonius, Neftorius. Tout cela bien confideré, nous nous affurons qu'aucun vrai Chrétien ne peut ignorer, que c'eft principalement au premier Siege à exécuter les decrets des Conciles, approuvez par le confentement de l'Eglife univerfelle; puifque ce Siege confirme les Conciles par fon autorité, & en conferve l'observation, en vertu de fa primauté. Il faut fe fouvenir que c'eft le Pape Gelafe qui parle ainfi.

Le faint Siege, continue-t-il, aiant des preuves certaines qu'Acace s'étoit écarté de la Communion catholique, a été long-tems fans le croire; parce qu'il avoit fouvent été lui-même l'exécuteur de fes jugemens contre les heretiques. On n'a point ceflé de l'avertir par lettres, penSup. XXIX dant près de trois ans. On lui a envoié une dé13.58. putation d'Evêques, avec des lettres pour l'exhorter à ne fe pas feparer de l'Unité catholique, p.1101. & à venir ou envoier pour fe défendre contre les accufations graves de Jean Evêque d'Alexandrie. Car encore qu'on ne dût point tenir de nouveau Concile, il n'y avoit point d'Evêque, qui dût éviter le jugement du premier Siege : qui s'étoit adreffé l'Evêque du fecond Siege, qui Sup.n. 14. n'avoit point d'autre Juge. Acace au lieu de fa

tisfaire, a corrompu les Legats, pour s'efforcer d'attirer le faint Siege dans la communion des heretiques; & par fes lettres a declaré, qu'il communiquoit à Pierre d'Alexandrie, le louant & faifant des reproches contre Jean : fans ofer venir ni envoier, pour foûtenir ce qu'il avançoit. Acace a donc été condamné en vertu du concile

de

de Calcedoine; & le faint Siege l'a retranché de fa communion, pour ne pas tomber dans celle AN. 495. de Pierre d'Alexandrie, avec lequel Acace communiquoit.

C'est ainfi que Timothée Elure & Pierre d'Alexandrie, qui paffoient pour Evêques du fecond Siege, ont été condamnez fans nouveau Concile, par la feule autorité du faint Siege, à la pourfuite d'Acace même. C'est à nos adverfaires à montrer que Pierre ait été juftifié. Toute l'Eglife fçait que le Siege de faint Pierre a droit d'abfoudre des jugemens de tous les Evêques : & de juger de toute l'Eglife, fans que perfonne puiffe juger fon jugement; puifque les Canons veulent que l'on puiffe y appeller de toutes les parties du monde, & qu'il n'eft pas permis d'appeller de lui. Acace n'a donc eu aucun pouvoir d'abfoudre Pierre d'Alexandrie, fans la participation du faint Siege, qui l'avoit condamné. Qu'on dife par quel Concile il l'a fait, lui qui n'étoit qu'un fimple Evêque dépendant de la Metropole d'Heraclée ?

Souvent même fans Concile precedent, le faint Siege a abfous ce qu'un Concile avoit condamné injuftement; & condamné ceux qui le meritoient. Le Pape Gelafe apporte les exemples de faint Athanafe, de faint Jean Chryfoftome, de faint Flavien. Il infifte fur ce dernier, & parlant du brigandage d'Ephefe, & du concile de Calcedoine, il dit: Un Concile illegitime, c'est-àdire contraire à l'Ecriture, à la Doctrine des Peres, aux Canons, que toute l'Eglife a rejetté, & principalement le faint Siege, a pû & dû être revoqué par un Concile legitime, reçu de toute P'Eglife, & approuvé du faint Siege; mais un Concile legitime, ne peut être revoqué en aucune maniere. Je leur demande donc, continue- p. 1104. t-il, ce qu'ils croient d'Eutichés: s'ils le tiennent

pour

pour heretique ou non ? S'ils ne le croient pas AN. 495. heretique; pourquoi ufent-ils de détours? Qu'ils fe declarent ouvertement Eutyquiens: auffi-bien voit-on affez, que leur attachement à ceux qui communiquent à ces heretiques, n'est qu'un artifice pour nous engager dans la même erreur fans la nommer. Mais s'ils n'ofent pas nier qu'Eutichés fût heretique, il faut qu'ils approuvent le -concile de Calcedoine; & qu'ils confeffent que quiconque s'est écarté de la foi de ce Concile, ou a communiqué à ceux qui s'en étoient écartez, eft engagé dans fa condamnation, fans qu'il ait été befoin de nouveau Concile?

P. 1205:

Qu'on dife par quel Concile Acace, lui-même, a depofé Jean Evêque du fecond Siege, à qui on ne reprochoit rien contre la Foi catholique pour mettre à fa place, Pierre heretique manifefte, qu'il avoit lui-même condamné? Par quel Concile Acace a-t-il fait chaffer Calendion Evêque, du troifiéme Siege, & dans tout l'Orient tant d'Evêques catholiques & fans reproches, pour leur fubftituer des gens chargez de crimes? Veut-on l'excuser par l'autorité de l'Empereur? Pourquoi a-t-il refifté, quand il a voulu, au tyran Bafilifque & à l'Empereur Zenon, luimême, pour ne pas communiquer à Pierre d'Antioche? Il pouvoit auffi, s'il eût voulu, lui refifter dans le refte. Mais l'Empereur Zenon declare dans fes lettres qu'il a tout fait par le con1 p. 1206. feil d'Acace; & Acace le reconnoît lui-même. S'il ne pouvoit feul s'oppofer à l'Empereur, que n'écrivoit-il au faint Siege, pour agir de concert, & ramener l'Empereur à la raifon? Pofons le cas qu'il n'y eût point eu de Concile, dont le faint Siege fût l'exécuteur, avec qui pouvoit-on tenir un Concile fur l'affaire d'Acace? avec ceux qui étoient visiblement fes complices, qui avoient été mis à la place des Evêques catholiques, chaf

fez

p. 1207.

fez avec violence par tout l'Orient, & qui communiquoient aux heretiques? Il n'étoit donc pas AN. 495. poffible de tenir un Concile, outre qu'il n'en étoit pas befoin après le Concile de Calcedoine. Nous avons ri de la prerogative qu'ils veulent attribuer à Acace, pour avoir été Evêque de la ville imperiale. L'Empereur n'a-t-il pas longtems demeuré à Ravenne, à Milan, à Sirmium, à Treves? Les Evêques de ces villes ont-ils pour cela excedé les bornes que l'antiquité leur a prefcrites? S'il s'agit de la dignité des villes, les Evêques du fecond & du troifiéme fiege ont plus de dignité, que l'Evêque d'une ville, qui n'a pas même le droit de metropole. Autre eft la puiffance de l'empire feculier, autre la distribution des dignitez Ecclefiaftiques. Pour petite que foit une ville, elle ne diminuë point la grandeur du Prince qui s'y trouve prefent; mais auffi la prefence de l'Empereur ne change point l'ordre de la religion & cette ville doit plutôt profiter d'un tel avantage pour conferver la liberté de la religion; en demeurant tranquillement dans fes bornes. Qu'ils écoutent l'Empereur Marcien, qui n'ayant pû rien obtenir pour l'élevation de l'Evêque de C. P. donna de grandes louanges au Pape Leon de fainte memoire, pour avoir défendu les canons. Qu'ils écoutent l'Evêque Anatolius, qui difoit que cette entreprise venoit plutôt du clergé & du peuple de C. P. que de lui, & que le Pape en étoit le maître. Saint Leon lui-même qui avoit confirmé le concile de Cal- XXVIII. cedoine, caffa tout ce qui s'y étoit fait de nouveau contre les canons de Nicée, & outre le pouvoir qu'il avoit donné à fes legats. Sous le Pape Simplicius, Probus Evêque de Canufe legat du faint Siege, foutint en prefence de l'Em-" pereur Leon , que cette pretention étoit mal fondée.

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Sub.

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XXVIII.

n. 13.

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