Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& dit au Roi fon Epoux : Les dieux que vous adorez ne font rien, ils ne peuvent aider ni à eux ni aux autres; puifqu'ils font faits de bois, de pierre ou de métail. Ceux dont on leur a donné les noms n'étoient que des hommes, & des hommes criminels. Il faut plutôt adorer le Créateur de l'univers qui a fait luire le foleil, orné le ciel d'étoiles, rempli la terre d'animaux, & formé de fa main l'homme, à qui il a foûmis toutes les créatures. Ce difcours ne perfuada point Clovis, mais Clotilde ne laiffa pas de préparer le baptême de fon fils: & fit orner l'Eglife de tapifferies, pour attirer au moins le Roi par cet exterieur. L'enfant fut baptifé & nommé Ingomer, mais il mourut, portant encore l'habit blanc; c'est-àdire, dans la femaine de fon baptême. Clovis en fit des reproches ameres à Clotilde, & lui dit: Sil avoit été confacré au nom de mes dieux, il ne feroit pas mort: mais étant baptifé au nom du vôtre, il ne pouvoit vivre. La Reine répondit: Je rends graces à Dieu, qui ne m'a pas jugé indigne de porter un enfant qu'il a appellé à fon roiaume. Elle eut enfuite un autre fils qu'elle fit baptifer, & le nomma Clodomer. Il tomba auffi malade, & le Roi dit : il ne peut en arriver autrement, il mourra incontinent comme fon frere, aiant été baptifé au nom de vôtre 3¤à Christ. Il guerit toutefois par les prieres de la

mere.

Elle ne ceffoit d'exhorter le Roi à quitter les idoles, & à reconnoître le vrai Dieu; mais elle ne put le perfuader, jufqu'à ce qu'il fe trouva en peril, faifant la guerre aux peuples que l'on nommoit proprement Allemans. Il leur donna une bataille où les François furent battus, & prêts à être défaits. Alors Clovis élevant les yeux au ciel, dit, avec larmes : JESUS-CHRIST que Clotilde dit être le Fils du Dieu vivant, j'implore ton

fecours.

Vita S.Fed.

ap. Bell. 6.

fecours. Si tu me donnes la victoire, je croiraí AN. 496. en toi, & me ferai baptifer en ton nom. J'ai invoqué mes dieux, mais je vois qu'ils n'ont point de pouvoir. Je t'invoque maintenant, & je veux croire en toi, délivrez-moi feulement de mes ennemis. Comme il parloit ainfi, les Allemans tournerent le dos, & commencerent à fuir, & voiant leur Roi tué, ils fe foûmirent, & demanderent quartier. C'étoit la quinzième année du regne de Clovis, 496. de JESUS-CHRIST. Au retour de cette expedition, Clovis paffant par Toul, prit un faint Prêtre nommé Vedaste ou Vaft, qui vivoit depuis quelque tems en reFebr. traite, & qui l'inftruifit pendant le chemin pour XLVI. le préparer au baptême qu'il defiroit. Alors la Baptême Reine fit venir fecretement faint Remi, qui conde Clovis. tinua de l'inftruire. Saint Pere, dit le Roi: je Greg. c. 31. vous écoute volontiers, mais il refte une difficulté le peuple qui m'obéït ne voudra point quitter fes dieux. Je vais leur parler fuivant vos inftructions. Il affembla donc les François, mais avant qu'il leur parlât, ils le prévinrent, & touchez de Dieu, ils s'écrierent tous d'une voix: Seigneur, nous quittons les dieux mortels, & nous fommes prêts à fuivre le Dieu immortel que Remi enfeigne. On prépara tout pour le baptême du Roi, & des François. Saint Remi & faint Vaft continuerent de les inftruire, & leur faifoient obferver fuivant les canons, quelques jours de jeûne & de penitence. Cependant plufieurs Evêques fe rendirent à Reims pour cette folemnité; & fans differer jufques à Pâque,. Hincm on jugea à propos de la faire le jour de Noël.

vita S. Re

On avoit tapiffe les rues depuis le logis du Roi mig.ap.Sur. 13 Januar, jufqu'à l'Eglife, qui étoit éclairée de cierges parfumez, & le baptiftere rempli d'odeurs exquifes. On marcha en proceffion, portant les Croix & les Evangiles, & chantant des Litanies. Saint Re

mi tenoit Clovis par la main, fuivi de la Reine & du peuple. En marchant le Roi lui dit : Mon AN. 496. Pere, eft-ce là le Roiaume de Dieu que vous me promettez? Non, répondit l'Evêque, ce n'eft que le commencement du chemin pour y arriver. Dans l'action du baptême, il lui dit : Baiffes la tête, fier Sicambre, adores ce que tu as brûlé, & brûles ce que tu as adoré. Il baptifa enfuite Alboflede fœur du Roi, & trois mille perfonnes de fon armée; c'eft-à-dire, des François, qui n'étoient encore qu'un corps de troupes répandu dans les Gaules. Alboflede mourut peu de tems après; & comme le Roi en étoit fenfiblement affligé, faint Remi lui écrivit une lettre de con- Epift. Refolation, où il lui reprefente qu'aiant confervé la mig 10.4. grace de fon baptême, il eft à croire qu'elle a conc.p.1168. reçu la couronne des Vierges. Lantilde autre fœur de Clovis, qui étoit tombée dans l'herefie Arienne, aiant profeffé la Foi catholique, reçut l'onction du faint chrême; c'eft-à-dire, la Confirmation. Le Roi après fon baptême donna à Hincm.vifaint Remi plufieurs terres en diverfes provinces, & les plus puiffans des Francs à proportion; mais faint Remi les diftribua à diverfes Eglifes, de peur que les François ne cruffent qu'il eût travaillé à leur converfion par interêt. Il en donna une partie confiderable à l'Eglife de fainte Marie de la ville de Laon, où il avoit été élevé; & y établit pour Evêque Genebaud, homme noble, & inftruit dans les lettres faintes & profanes. Il avoit époufé la niece de faint Remi, & s'en étoit feparé pour vivre dans la pieté. Telle fut l'origine de l'Evêché de Laon, qui faifoit auparavant partie du Diocese de Reims. Clovis fit bâtir plufieurs autres Eglifes, donna de grands biens à plufieurs, & follicita par un édit tous fes fujets à fe faire Chrétiens. C'étoit alors le feul Prince catholique. L'Empereur Anastase favori

ta.

e. S. Me lan.ap Bol.

6. Januar,

foit les Eutyquiens: Thrafamond Roi des Vandales, en Afrique : Theodoric Roi des Oftrogots, en Italie: Alaric Roi des Vifigots, en Efpagne Gondebaud Roi des Bourguignons, étoient Ariens.

Saint Avit Evêque de Vienne, écrivit auffi à To.4. conc. Clovis une lettre, où il le felicite particuliereP. 1266. D. ment de la circonftance du jour de fon baptême, Epift. Aqui a été celui de la nativité de Nôtre-Seigneur. viti.46. Il fouhaite que Dieu fe ferve de ce Roi pour amener à fa connoiffance les nations plus éloignées, qui font encore dans leur ignorance naturelle, & l'exhorte à leur envoier des Ambaffadeurs pour cet effet. Il parle des nations Germaniques d'au-delà du Rhin.

XLVII.

écrit à

reur.

Le Pape Anaftafe dès le commencement de Le Pape fon Pontificat écrivit à l'Empereur Anastase, reAnaftafe levant la pieté qu'il avoit témoignée dans fa vie l'Empe- privée, & le priant de procurer la paix des Eglifes en fupprimant le nom d'Acace. Mais comme Epift. 1. quelques-uns pretendoient que depuis qu'Acace to. 4 conc. avoit été condamné par le Pape Felix, il n'avoit p. 1278. plus eu le pouvoir de faire aucune fonction : le 7.7. Pape Anaftafe déclare, qu'il tient pour valables les baptêmes & les ordinations conferées par Acace parce que l'indignité du ministre ne nuit .5. point à la vertu des Sacremens. Il prie auffi l'Empereur de ramener les Alexandrins à l'unité de l'Eglife. Cette lettre fut envoiée par deux Evêques, Crefconius & Germain, qui accompagnerent le patrice Festus, envoié de Rome à C.P. pour quelques affaires publiques. Ils y trouverent deux Apocrifiaires de l'Eglife d'Alexandrie, Diofcore Prêtre & Cheremond Lecteur qui les chargerent d'un memoire, pour demander d'être reçus à la communion du Pape. Ils pretendoient que la divifion des deux Eglifes n'étoit venue, que de la mauvaise traduction de

[ocr errors]

la

la lettre de faint Leon à Flavien ; & pour montrer qu'ils étoient Catholiques, ils inferoient une confeffion de foi, où ils recevoient les trois premiers Conciles, & condamnoient Eutychés comme Neftorius: mais fans faire aucune mention du concile de Calcedoine. Ils foutenoient que Diofcore, Timothée & Pierre n'avoient jamais eu autre foi que la leur; mais cette déclaration captieufe fut fans effet.

Vers le même tems; c'eft-à-dire, l'an 498. Theoph huitiéme de l'Empereur Anastase, le Patriarche P122. Macedonius, de concert avec lui, voulut réunir les Monafteres de C. P. qui s'étoient feparez de la communion du Patriarche, à caufe de l'henotique de Zenon, qu'il avoit fouferit. Macedonius ne pouvant y réuffir, conseilla à l'Empereur d'affembler les Evêques presens, & de confirmer par écrit ce qui avoit été ordonné au concile de Calcedoine : ce qui fut exécuté, & on dreffa des actes. Mais les Moines catholiques ne s'en contenterent pas, & Macedonius les voiant fermes à rejetter l'henotique, & à souffrir l'exil, plutôt que de communiquer à ceux qui le recevoient : fut d'avis de les laiffer en liberté fans exciter une perfecution contre eux. Les Monafteres qui fe fignalerent le plus en cette occafion. furent ceux de Dius, de Baffien, des Acemetes, & de fainte Matrone.

Vita S. Matr.ap. Sur.8.Nov

Elle fouffrit beaucoup elle-même de la part d'un Diacre nommé Chryfaore, qui vouloit l'o- AN. 498. bliger à communiquer à ceux qui recevoient l'henotique ; & une autre Religieufe très-fçavante nommée Sophie, montra auffi une grande conftance. Sainte Matrone étoit de Perge en Pamphilie aiant quitté fon mari, elle entra d'abord dans un Monaftere d'hommes: mais elle y fut reconnue, & paffa à Emese en Phenicie, où elle gouverna une Communauté de fil

les.

« AnteriorContinuar »