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venable d'ufer du pain fans levain, & qu'en cela nous ne judaïfons point, puifque nous ne le faifons point AN. 1101. pour imiter les Juifs, non plus que celui qui pendant la femaine de Pâque mangeroit du pain fans levain, parce qu'il l'aimeroit mieux, ou parce qu'il n'en auroit point d'autre.

Valeran écrivit ensuite à S. Anselme, pour le con- ap. Anselm. p、 fulter fur la diverfité des cerémonies qui s'obfervoient 57. en divers lieux dans la celébration du faint facrifice, particulierement les fignes de croix que l'on fait fur I'hoftie & fur le calice; & l'ufage de couvrir le calice, foit avec le corporal, foit avec un linge plié : ce qu'il prétend n'être pas convenable, parce que J. C. fut expofé nud fur la croix. A la fin de fa lettre il ajoute : l'églife catholique glorifie Dieu de mon changement: d'adverfaire de l'église Romaine je fuis devenu trèsagréable au pape Pafcal & admis dans fes conseils avec les cardinaux. J'étois toutefois à la cour de l'empereur Henri, comme Joseph à celle de Pharaon, sans participer à fes pechez.

Anfelme dans fa réponse falue Valeran comme évêque, & le felicite de fa reconciliation avec le pape: puis répondant à fes questions il dit : qu'il feroit bon que l'on celebrât les facremens d'une maniere uniforme par toute l'églife; mais quand ces diverfitez ne touchent point à la fubftance du facrement, il faut plûtôt les tolerer en paix, que les condamner avec fcandale. Et elles font venues des differentes manieres dont les hommes jugent des convenances & des bienféances. Quant à l'ufage de couvrir le calice il dit: Quoique J. C. ait été crucifié hors la ville & à découvert, on a toutefois raifon d'offrir le faint fa

crifice fous un toit pour éviter le vent ou la pluïe: de AN. 1101. même quoiqu'il ait été crucifié nud, on fait bien de couvrir le calice, de peur qu'il n'y tombe une mouche ou quelque ordure. C'est plûtôt par notre vie que par ces fortes de cerémonies que nous devons imiter la pauvreté de J. C. & les mépris qu'il a foufferts.

XVIII. Brunon arche

Egilbert archevêque de Treves, mourut dans le vêque de Treves. fchifme le cinquiéme de Septembre 1101. après avoir Hift. Trevir. to. tenu ce fiege vingt-deux ans huit mois & trois jours; 12. Spicil. p. 240. & il y eut près de quatre mois de vacance. Entre plu

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fiours fujets dignes de remplir cette place, qui fe trouvoient dans le clergé de Treves, le plus diftingué étoit Brunon né en Franconie de la premiere nobleffe, & tellement aimé des feigneurs, qu'on l'avoit fait prevôt de Treves, de Spire, de S. Florent à Coblens, & archidiacre. L'empereur Henri étant venu tenir fa cour à Maïence à la fête de Noël de la même année 1101. les citoïens de Treves vinrent lui demander Brunon pour archevêque : les feigneurs joignirent leurs prieres, & l'empereur lui donna l'inveftiture par l'anneau & la croffe, & ordonna qu'il fût facré. Il le fut à Maïence même le treiziéme de Janvier 1102. par Adalberon de Mets, Jean de Spire, & Richer de Verdun, en présence de Ruthard archevêque de Maï ence, Frideric de Cologne & plusieurs autres évêques, qui tous par conféquent reconnoiffoient Henri pour empereur & communiquoient avec lui. Brunon fit fon entrée à Treves le jour de la Purification.

L'année précedente 1101. S. Bruno le fondateur des Chartreux, mourut dans fon monaftere de Squillace en Calabre. Se sentant près de fa fin, il assembla sa

AN. 1101.

communauté, & leur raconta toute la fuite de fa vie depuis fon enfance par forme de confeffion generale. Enfuite il expofa par un long difcours fa foi fur la Trinité & conclut ainfi : Je croi auffi les facremens que l'églife croit & honore ; & nommément que le pain & le vin confacrez fur l'autel font le vrai corps de N. S. J. C. fa vraie chair & fon vrai fang que nous recevons pour la rémiffion de nos pechez, & dans l'efperance du falutéternel. Il mourut enfuite le dimanche fixième jour d'Octobre, & fut enterré derriere le grand autel de l'église de ce monaftere dédiée à faint Eftienne. Les Chartreux envoïerent,felon la coutume, des lettres en diverses provinces & jufques en Angleterre, pour donner avis de fa mort & demander des prieres pour fon ame. On a conservé plufieurs réponses des églises, qui contiennent des éloges de faint Bruno la plûpart en vers, où l'on avouë qu'il a moins befoin des prieres des autres qu'ils n'ont befoin des fiennes. En ces réponses l'églife de Reims le reconnoît pour fon éleve, & témoigne qu'il a quitté le monde dans le tems de fa plus grande profperité, lorfqu'il étoit comblé d'honneur & de richeffes. L'église de Paris le nomme la gloire des docteurs, & celle d'Angers le nomme leur maître, & dit qu'il falloit être habile pour profiter de fes leçons : prefque tous relevent fa doctrine.

Ibid.

Comme depuis fa retraite il n'avoit fongé qu'à fe cacher & avoit infpiré à fes difciples le même amour de l'obfcurité & du filence, perfonne n'écrivit alors fa vie ni l'histoire de fon ordre ; & ce grand faint ne fut canonifé que plus de quatre cens ans après par le pape Leon X. J'ai rapporté ce que dit de lui Guibert S. liv, xxklė

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par le confeil des feigneurs, déclara qu'il iroit à Rome, AN. 1102. & qu'il y assembleroit un concile vers le premier jour to. x. conc. p. 727. de Février, pour y examiner fa cause & celle du pape, & rétablir l'union entre l'empire & le facerdoce. Toutefois il ne tint point fa promesse, & n'envoïa point témoigner fa foumiffion au pape, au contraire. on fçut qu'il avoit voulu faire élire un autre pape que Pascal, mais qu'il n'y avoit pas réuffi.

Après la mi-carême, c'est-à-dire vers la fin du mois de Mars 1102. le pape tint à Rome un grand concile, où fe trouverent tous les évêques de Poüille, de Campanie, de Sicile, de Tofcane, en un mot de toute Î'Italie, & les députez de plufieurs Ultramontains. On y dreffa cette formule de ferment contre les fchifmatiques : J'anathématife toute heréfie, & principalement celle qui trouble l'état préfent de l'églife, & qui enfeigne qu'il faut mépriser l'anathême & les cenfures de l'églife; & je promets obéiffance au pape Pascal & à fes fucceffeurs en présence de J. C. & de l'église; affirmant ce qu'elle affirme, & condamnant ce qu'elle condamne. On y confirma l'excommunication prononcée contre l'empereur Henri par Gregoire VII. & Urbain II. & Pascal la publia de la bouche le jeudi-faint troifiéme d'Avril dans l'églife de Latran, en présence d'un peuple infini de diverses nations: déclarant qu'il vouloit qu'elle fut connuë de tous principalement des Ultrainontains, afin qu'ils s'abstinffent de fa communion.

On rapporte au ferment dreffé en ce concile, une lettre de Pascal II. adreffée à l'archevêque de Poepift. 6. logne, c'est-à-dire de Gnefnie, où il dit : Vous nous avez mandé que le roi & les feigneurs s'étonnoient

que

que nos nonces vous aïent offert le pallium, à condition de prêter le ferment qu'ils avoient porté d'ici AN. 1102% par écrit. Ils disent que J. C. a défendu tout ferment dans l'évangile, & qu'on ne trouve point que les apôtres ni les conciles en aïent ordonné aucun : enfin ils ont été d'avis que vous ne deviez point prêter ce ferment. Mais c'est la neceffité qui nous oblige à exiger ce ferment, pour conferver la foi, l'obéïffance & l'unité de l'églife: ce n'eft pas pour notre interêt particulier, c'eft feulement pour montrer que vous êtes membre de l'église Catholique & uni avec son chef. Les Saxons & les Danois font plus éloignez que vous, & toutefois leurs métropolitains prêtent le même ferment,reçoivent avec honneur les légats du saint siege, & envoïent à Rome non feulement tous les trois ans mais tous les ans. En cette lettre le pape foutient que les conciles n'ont point fait de loi pour l'église Romaine, puifque c'est elle qui donne l'autorité aux conciles: mais avant les fauffes décretales nous ne voïons point de fondement à cette maxime. On trouve la même lettre mot pour mot, mais plus abregée, adref, Epift. s. fée à l'archevêque de Palerme.

vez

XXI.

en Angleterre.

p. 61.

Cependant les députez d'Angleterre étant arri- Suite de l'affaire à Rome, & aïant expliqué au pape le fujet de des inveftitures leur voïage & les intentions du roi, il ne trouva sup.n. 14% point de paroles pour exprimer fon étonnement; & Edmer. 3. Novar. il leur répondit avec indignation, que quand il iroit de fa tête, les menaces d'un homme ne lui feroient jamais abolir les decrets des faints peres. Il écrivit deux lettres fur ce fujet, l'une au roi Henri, l'autre à l'archevêque Anfelme. Dans la lettre au roi il com- o. x. cone. ep. 97. mence par le féliciter fur fon avenement à la cou

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