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HISTOIRE

ECCLESIASTIQUE.

LIVRE SOIXANTE-CINQUIE ME.

AN. 1099.

I.

Pascal II. pape:

Bertold. an.

1999.

E faint fiege ne vaqua que quinze jours
après la mort du pape Urbain II. & on
élut pour lui fucceder Rainier cardinal
prêtre du titre de S. Clement. Il étoit Petr. Pifan ap.
né à Blede en Toscane à huit licues de

Rome, mais il fut mis dès fon enfance à Clugny & y.
embraffa la profeffion monaftique. Il n'avoit que
vingt ans quand fon abbé l'ayant envoyé à Rome
pour les affaires du monaftere : le pape Gregoire VII.

Papebr. Conat. p. 202. & ap. Baron. an. 1100.

an: & fut enterré dans l'églife du faint Sepulchre, AN. 1100. où fut auffi la sepulture de ses succeffeurs. Son frere Baudouin comte d'Edeffe fut reconnu roi de Jerufalem, & on lui manda d'y venir inceffamment. Cependant le comte Garnier qui commandoit à Jerufalem, refufa d'en reconnoître le patriarche pour feigneur, & de lui livrer la tour de David & la ville de Joppé fuivant la promeffe que Godefroi en avoit faite; & Daïmbert jugeant bien que le nouveau roi Baudouin ne feroit pas plus facile, écrivit à Boëmond prince d'Antioche en ces termes :

sup. liv. LXIII.

8.20.

4.

Vous fçavez que vous m'avez élu malgré moi pour être patriarche de Jerufalem ; & je fçai ce que j'y ai fouffert. A peine le duc Godefroi laiffoit à l'église ce que le patriarche avoit tenu fous les Turcs: jufqu'à ce qu'il s'eft reconnu & lui a reftitué tous fes droits, fe rendant vaffal du S. Sepulchre & le nôtre, & remet, tant en notre pouvoir la tour de Dayld, toute la ville de Jerufalem avec fes dépendances & ce qu'il avoit à Joppé. Il a promis tout cela publiquement à Pâque & l'a confirmé au lit de la mort. Toutefois après fon décès le comte Garnier a fortifié contre nous la tour de David, & a mandé à Baudouin de venir au plûtôt s'emparer violemment des biens de l'églife. En cette extrémité je n'ai après Dieu d'efperance qu'en vous feul. Si vous avez de la pieté, & fi vous ne voulez pas degenerer de la gloire de votre pere, qui délivra epere, qui délivra le pape Gregoire afficgé à Rome, hâtez-vous de venir au fecours de cette églife, comme vous me l'avez promis. Ecrivez donc à Baudouin pour lui défendre de venir fans notre permiffion : lui montrant qu'il n'est

pas raisonnable d'avoir effuïé tant de travaux & de perils pour délivrer cette églife, & la réduire à préfent AN. 1100. fous la fervitude de ceux à qui elle doit commander, comme étant leur mere. Que s'il ne veut pas fe rendre à la raison, je vous conjure par l'obéïffance que vous devez à faint Pierre, de l'empêcher de venir par tous les moiens poffibles, même par force s'il est necesfaire.

:

On voit par cette lettre qu'il ne tint pas au patriarche d'exciter une guerre civile entre les princes croisez mais la providence en difpofa autrement. Car Boëmond avoit été pris par les Turcs quinze jours avant la mort de Godefroi ; & Baudouin étant arrivé à Jerufalem, fe reconcilia avec le patriarche Daïmbert: nonobftant les efforts de l'archidiacre Arnoul, qui avoit prétendu au patriarcat, & qui étoit ".67. toujours puiffant par fes richeffes & fes artifices. Enfin Baudouin fut couronné roi par Daïmbert à Bethlehem le jour de Noël de la même année 1100. & regna dixfept ans.

lui

Sup.

liv: LXIV.

III. Concile d'Anfe.

Chr. Vird. p.

254.

Tom. I. conc.

726.

12. 21.

Hugues archevêque de Lion aïant deffein d'aller à Jerufalem, envoïa des députez au pape lui en demander la permiffion, que le pape lui accorda, mandant de venir lui-même à Rome, afin de rece- p. voir la légation d'Afic, comme il avoit eu celle de Bourgogne dont il s'étoit fi dignement acquitté. Ce-up. liv. xxtv. pendant il le prioit d'inftruire autant qu'il lui feroit poffible des légats qu'il devoit envoïer. J'entens les deux cardinaux Jean & Benoît, qui vinrent en France cette année. Les députez de l'archevêque de Lion étant revenu avec cette réponse du pape, il afsembla ses suffragans & le clergé de fon diocese,

afin d'obtenir un fubfide pour les frais de fon voïage. AN. 1100. Ce fut le principal fujet du concile d'Anse tenu l'an 1100. où affifterent les quatre archevêques de Lion, de Cantorberi, de Tours & de Bourges; & huit évêques, d'Autun, de Mâcon, de Challon,d'Auxerre, de Paris, de Die & deux autres. Après avoir établi la paix, c'est-à-dire, comme je croi, la treve de Dieu, on parla du voïage de Jerufalem, & ceux qui étoient demeurez après avoir promis d'y aller, furent excommuniez, jusqu'à ce qu'ils euffent accompli leur vou.

à Lion

IV.

vor. p. 55.
Sup. liv. LXIV.

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L'archevêque de Cantorberi qui afsista au concile Saint Anfelme d'Anfe étoit S. Anfelme, que l'état de fes affaires reEdmer. 12. No- tenoit à Lion depuis plus d'un an. Le concile de Rome du mois de Mai 1099. étant fini, Anfelme partit dès le lendemain, voïant le peu de fecours qu'il avoit à efperer du papc. Après avoir évité plufieurs perils par le chemin il arriva à Lion, où l'archevêque le reçut avec toute la joïe & tout le refpect poffible; & Anfelme réfolut de s'y arrêter, aïant perdu toute efperance de retourner en Angleterre du vivant du roi Guillaume le roux. L'archevêque de Lion lui cedoit par tout la premiere place, & vouloit qu'il fît les ordinations, les dédicaces & les autres fonctions épifcopales. Plufieurs s'empreffoient à recevoir de fa main le facrement de Confirmation; mais il ne le p. 23. op. Anf. p. donnoit jamais fans la permiffion de l'archevêque 6.3.13. diocefain, Pendant ce féjour de Lion il écrivit le livre

$7.

Edmer 2. vita

de la conception virginale & du peché originel. Il n'y eft pas question de la maniere dont la fainte Vierge a été conçûë, mais comment elle a conçû le Verbe. incarné ; & l'auteur y montre que quand le fils de la

vierge auroit été un pur homme, il auroit été tel que AN. 1100. le premier homme, fans peché originel. Il traite ici amplement de la nature de ce peché.

Cependant il apprit la mort du pape Urbain II. & II. Epiß. 40; la promotion de Pascal, à qui il écrivit une lettre, où il explique ainfi le fujet de fa retraite d'Angleterre : Je voïois plufieurs maux que je ne pouvois corriger, & qu'il ne m'étoit pas permis de tolerer. Le roi vouloit que je confentiffe à fes volontez, qu'il appelloit fes droits ; & qui étoient contraires à loi de Dieu. Car il ne vouloit pas que l'on reconnût le pape en Angleterre fans fon ordre, ni que je lui écriviffe ou que j'en reçuffe des lettres. Depuis treize ans qu'il regne, il n'a point permis de tenir de concile dans son roïaume. Il donnoit les terres de l'église à ses vaffaux ; & fi je demandois confeil, tous les évêques du roïaume, & mes fuffragans mêmes refufoient de me le donner, finon conformément à la volonté du roi. Je demandai permiffion d'aller confulter le faint fiege fur mes devoirs : le roi répondit, qu'il se tenoit offenfé de la feule demande de ce congé : que je lui en fiffe fatisfaction, ou que je fortiffe promptement de fon roïaume. J'aimai mieux fortir, & auffitôt le roi s'empara de tout l'archevêché, laissant seulement aux moines le vivre & le vêtement ; & nonobstant les avertissemens du défunt pape, il continuë encore dans cette ufurpation. Voici la troifiéme année que je fuis forti d'Angleterre, j'ai dépenfé le peu que j'avois emporté, & beaucoup plus, que j'ai emprunté & que je dois encore ; & je fubfifte par la liberalité de l'archevêque de Lion. Je ne le dis pas par le defir de retourner en Angleterre, mais pour vous

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